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Les moines
n°640

Liban

1808 – 1858

Nimatullah Al-Hardini, empli de la grâce de Dieu

Au Liban, en 1828, Youssef Al-Hardini entre dans un monastère maronite ; il a vingt ans et prend le nom de Nimatullah (« grâce de Dieu ») au moment où il prononce ses vœux. Il s’attache à chercher et à suivre le Christ toute sa vie, partageant son temps entre la prière, le travail manuel, l’étude et le service des âmes. À la fin de l’année 1858, à l’âge de cinquante ans, il contracte une pneumonie et décède. Le 16 mai 2004, Jean-Paul II, lors de la canonisation de saint Nimatullah, dit de lui : « Il s’est donné totalement au Seigneur dans une vie de grand renoncement, montrant que l’amour de Dieu est la seule véritable source de joie et de bonheur pour l’homme. »

Statue de saint Hardini, à côté de sa maison à Hardine (Liban) / © Alamy
Statue de saint Hardini, à côté de sa maison à Hardine (Liban) / © Alamy

Les raisons d'y croire :

  • En 1858, au seuil de la mort, alors qu’il souffre d’une pleurésie, c’est à la Vierge Marie qu’il confie son âme. Le tombeau du moine est ouvert en 1898, en 1914, en 1923, en 1924 et en 1927, sur ordre des commissions informatives, et les témoins des exhumations ont attesté sur la foi du serment que le corps était intact et sec, bien des années après son décès.
  • Mais, plus que sur la conservation intacte de son corps, la réputation de sainteté de frère Al-Hardini repose sur la vie exemplaire et vertueuse qu’il a menée. Ce serviteur de Dieu jouit de qualités exceptionnelles, mais fuit toujours les honneurs. Lorsqu’il est nommé assistant général de son ordre monastique, il n’en accepte la charge que par obéissance, car ses supérieurs ecclésiastiques lui demandent de consacrer une partie de sa vie pour le bien commun de l’ordre maronite. Au rang où il est promu, Hardini demeure d’une grande humilité, se comportant toujours comme un simple moine, refusant tous les honneurs et les avantages de sa fonction.
  • De son vivant déjà, les villageois sont habitués à venir solliciter de lui des prières pour écarter les fléaux, pour bénir l’eau, pour guérir des maladies. Dieu, par son intercession, se plaît à faire des merveilles.
  • La première a lieu au monastère Saint-Arthème de Qottarah : les provisions de blé diminuent tant, en plein hiver glacial, que le frère économe alerte son supérieur. Celui-ci arrive accompagné du frère Al-Hardini, qui, discrètement, prend de l’eau, la bénit, asperge le cellier et s’en va prier. Quelques heures après, des cris retentissent dans le couvent, car les caisses sont miraculeusement remplies au point qu’elles ne peuvent plus rien contenir ! Tous accourent, sauf le père Al-Hardini, en adoration devant le saint sacrement.
  • Après sa mort, les faveurs et faits prodigieux se multiplient (une cinquantaine environ sont cités dans la copie publique du procès de canonisation), dont le plus marquant concerne une femme druze (minorité musulmane) qui a fait secrètement un vœu : s’il lui naît enfin un enfant, elle ira sur le tombeau du saint dans la montagne – le frère Al-Hardini est aussi admiré par les musulmans – et elle fera baptiser le bébé. Sa demande exaucée, elle se met en route comme elle l’avait promis.
  • Mais alors qu’elle est encore à trois heures de marche de sa destination, l’enfant qu’elle porte meurt dans ses bras. En sanglotant, elle continue son chemin jusqu’au bout, dépose son fardeau sur la tombe et se retire, épuisée, à l’ombre d’un arbre pour invoquer celui par qui elle avait obtenu de devenir mère. Ses larmes sont de douleur, mais aussi d’espoir. Un jeune moine qui sort du monastère vient la trouver : « Femme, lui dit-il,viens à ton petit, il pleure ! — Il ne peut pas pleurer, lui répond-elle, il est mort ! » Sur le tombeau, en effet, l’enfant s’agite. À cause du bruit et de l’agitation, tous les moines sortent. Sur le champ, l’enfant est baptisé.

  • Sans le vouloir et sans le savoir, frère Al-Hardini fut le déclencheur d’un grand renouvellement de foi et de piété, et le fondateur d’une école de la sainteté à laquelle sainte Rafqa et saint Charbel, ses disciples, ont puisé de grandes forces.

Synthèse :

« Les os de nos ancêtres défunts sont des os de saints, et ces os débordent des cimetières de nos montagnes et de nos vallées », ne cessent de répéter les maronites.

En quittant Beyrouth, ce matin-là, en direction du nord du Liban, c’est vers la « Qadisha » que nous allons, cette illustre « Vallée des saints » qui a abrité au début du christianisme une myriade de moines, d’abord, puis surtout d’ermites. Plus tard, lors de l’invasion ottomane qui a duré quatre siècles, cette sainte vallée a invisibilisé et protégé la population chrétienne catholique qui s’y était réfugiée. C’est assez dire l’émotion qui nous habite quand, quittant le tohu-bohu des routes libanaises, nous commençons l’ascension vers la montagne.

Ce n’est pas un hasard si, ici, un cercle très étroit abrite les tombeaux des trois plus grands saints libanais canonisés récemment : saint Charbel, sainte Rafqa, et saint Hardini. Car, avant 1920, le Liban ne comprenait en fait que la région appelée Montagne libanaise (ou Mont-Liban). Ces grands serviteurs de Dieu sont donc nés et ont vécu au pied des fameux cèdres, sur les contreforts râpeux et raides de la Qadisha.

« L’homme est le fils de son milieu », dit un proverbe libanais. Cela s’applique – on ne peut mieux – à ce saint très particulier, saint Al-Hardini, qui a été un modèle pour les deux autres, saint Charbel et sainte Rafqa. Très peu connu en Europe, il est temps de le découvrir dans son contexte national, ecclésial et monastique.

Youssef Kassab Al-Hardini est né en 1808 à Hardine, un village maronite de la Montagne libanaise, dans une famille chrétienne aisée, très pratiquante. Il est le quatrième enfant d’une fratrie de six (quatre garçons et deux filles). Seuls deux d’entre eux se marieront. Les autres deviendront religieux. Dans cette ambiance de foi, de piété, d’honnêteté et de travail, Youssef grandit dans la discrétion avec un net penchant pour la dévotion. Il est scolarisé à Saint-Antoine de Houb, dans un monastère où il apprend l’arabe et le syriaque, mais il s’adonne aussi au travail manuel sur les terres de ses parents. À vingt ans, en 1828, il quitte tout pour aller embrasser la vie monastique dans l’ordre libanais maronite.

Il est reçu au noviciat du monastère Saint-Antoine de Qozhaya, où il prend le nom de Ni’matullah (« la grâce de Dieu ») pour une période de probation de deux ans. Sa journée est divisée entre la prière, la lecture de la Bible et des pères, et le travail manuel. Le 14 novembre 1830, il reçoit l’habit monacal et se donne totalement à Dieu. Fidèle aux quatre vertus monastiques – « la chasteté, l’obéissance, l’humilité (la Mère de toutes les vertus) et la pauvreté » –, il fait sienne la constitution de son ordre : « Le moine doit être soit en prière, soit au travail, soit en mission. » Ses supérieurs, au vu de ses aptitudes, décident d’orienter frère Al-Hardini vers le sacerdoce.

La deuxième partie ecclésiale de sa vie se déroule au monastère Saint-Cyprien de Kfifane, au scolasticat de l’ordre, où il commence des études philosophiques et théologiques. Trois ans après, il est ordonné prêtre. Le point culminant de sa vie est la célébration du saint sacrifice de la messe ; il professera qu’une journée, en fait, se divise en deux parties : une moitié pour préparer la célébration divine et l’autre pour en faire l’action de grâces.

Saint Hardini est un prêtre travailleur. Non seulement il cultive la terre pour subvenir aux propres besoins vitaux de la communauté, mais il s’adonne aussi à un travail manuel délicat dans son atelier : la reliure des livres. Il deviendra maître enseignant dans la matière, mais aussi instituteur et professeur de théologie morale et des scolastiques. On rapporte que ce moine austère et ascète, mais aussi intelligent et instruit dans toutes les sciences de l’époque, était, par sa patience, sa douceur et la clarté de ses méthodes, un fin pédagogue ouvert à toutes les cultures.

Des six lettres écrites dans sa vie et retrouvées après sa mort, il en est une qui résume sa joie dans la plénitude de sa vocation : « Le moine dans son monastère est comme un roi dans son palais : son règne, c’est son ordre ; son armée sont ses confrères ; sa gloire est dans sa vertu ; sa couronne est l’amour de Dieu et de son ordre ; son sceptre est constitué par sa chasteté et sa pureté ; ses armes sont sa pauvreté, son obéissance et ses prières ; son manteau de pourpre est dans son humilité et son abnégation. »

Jean-Claude et Geneviève Antakli, écrivains et biologistes.


Aller plus loin :

  • Sur le site Internet du Vatican, une notice biographique est disponible, ainsi que l’homélie faite par Jean-Paul II à l’occasion de sa canonisation (disponible en plusieurs langues).

En savoir plus :

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