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Histoires providentielles
n°190

Rome

Les 7 et 8 décembre 1996

Le lancement des « Vierges pèlerines » dans le monde a été permis par la Providence de Dieu

Le mouvement de prière des « Vierges pèlerines » est lancé en France entre le 8 septembre 1995 et le 22 septembre 1996, autour de 108 statues et icônes de la Mère de Dieu. Il propose tous les soirs des veillées de prière, dans toute la France, pendant un an. L’initiative devait se prolonger de 1996 à 2000 dans tous les pays du monde pour contribuer à répondre à l’appel du pape Jean-Paul II, qui demandait de préparer le Grand Jubilé de l’an 2000 dans la prière avec Marie, « comme dans un Nouvel Avent ».

Pour permettre ce départ dans le monde, la bénédiction du pape, fixée le 7 décembre 1996, salle Paul VI, à Rome, est attendue comme un moment clé très important. Environ 1 500 personnes, venant de plusieurs pays, ont fait spécialement le déplacement à Rome avec les 250 statues et icônes, qui doivent être bénies par le Saint-Père, mais personne ne sait qu’un piège avait été mis en place par quelques personnes qui n’apprécient pas l’initiative. Secrètement, ils ont obtenu qu’un ordre soit donné aux gardes suisses de « refouler les Français » et leurs statues au dernier moment, à l’entrée de la salle Paul VI.

Mais, de manière totalement providentielle, les organisateurs de l’événement ont appris deux jours à l’avance ce qui se manigance et, par chance, avec l’aide de Dieu et selon la volonté du pape Jean-Paul II, qui n’a pas été informé, la bénédiction des statues et icônes peut finalement se faire le lendemain 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception, à midi, place Saint-Pierre, juste après l’angélus (cf. documentaire Au nom de Marie, à partir de 32 min). Une semaine après, le patriarche de Constantinople bénit à son tour le départ des Vierges pèlerines au Phanar, à Istanbul, en Turquie, le 14 décembre 1996.

C’est ainsi que le mouvement de prière a pu se lancer et se déployer durant 4 ans dans 120 pays du monde, générant des centaines de milliers de veillées de prière, jusqu’à la « nuit de la paix » organisée dans le « champ des bergers » qui marquera, à Bethléem, le 24 décembre 1999, le 2000e Noël.

© Shutterstock / Zwiebackesser
© Shutterstock / Zwiebackesser

Les raisons d'y croire :

  • Il n’y avait aucune chance que les organisateurs de l’événement puissent apprendre ce qui se tramait dans leur dos, et qui aurait été un coup fatal au projet des « Vierges pèlerines ». Mais il se trouve que, par un hasard très providentiel, Birthe Lejeune, épouse du professeur Jérôme Lejeune, leur suggère de rendre visite à son amie Christine de Marcellus Vollmer, qu’ils ne connaissent pas, et qui se trouve être l’épouse d’Alberto Vollmer, alors ambassadeur du Venezuela au Vatican. C’est également de manière providentielle que Christine a l’idée d’appeler son amie, Gladys Meza Romero, elle aussi vénézuélienne, et épouse du suisse Alois Estermann, capitaine des gardes suisses à Rome, pour savoir comment se présente la soirée du 7 décembre.
  • Quand Christine Vollmer évoque ce rendez-vous, Gladys reste un moment en silence, puis elle dit : « Je ne peux pas ne pas te le dire parce que tu es la femme de notre ambassadeur, mais les Français et leurs statues vont être refoulés. L’ordre est déjà donné aux gardes suisses. Nous ne sommes que trois ou quatre à le savoir dans Rome. »

  • Il est déjà miraculeux d’apprendre l’existence de ce piège, mais comment en sortir ? Par chance, Mgr Paul-Marie Hnilica, que les organisateurs connaissent, est justement à Rome ce jour-là, disponible, et il doit rencontrer providentiellement le Saint-Père le soir même pour un rendez-vous de travail, ce qui permit de débloquer la situation en un temps record !
  • C’est ainsi que, loin d’être arrêtées le 7 décembre 1996, les « Vierges pèlerines » ont pu être lancées dans le monde à partir de cette bénédiction par le pape Jean-Paul II, à Rome, le 8 décembre, place Saint-Pierre, juste avant une deuxième bénédiction, une semaine plus tard, à Istanbul, le 14 décembre 1996, par le patriarche de Constantinople (ibid. à partir de 32 min).

Synthèse :

Après la conversion d’Edmond Fricoteaux et l’installation de la statue de Notre Dame de France à Baillet-en-France, le 15 octobre 1988, le projet de faire pèleriner des images de la Vierge Marie dans toute la France puis dans le monde pour préparer le Grand Jubilé de l’an 2000 naît dans la prière aux pieds de la Mère de Dieu, à Baillet et à Lisieux. En 1994, tous les évêques de France sont sollicités pour évoquer cette initiative. Trente d’entre eux seront visités, et leurs conseils seront intégrés dans le projet qui se lance finalement le 8 septembre 1995, un an avant la venue du pape Jean-Paul II à Reims pour célébrer le 1500e anniversaire du baptême de Clovis. Durant une année, 108 statues et icônes de la Mère de Dieu vont ainsi pèleriner dans toute la France, de paroisse en paroisse, jusqu’en septembre 1996.

À l’issue de cette année de prière, les « Vierges pèlerines » doivent partir dans le monde entier pour préparer le Grand Jubilé de l’an 2000 dans la prière, avec Marie, comme dans un « Nouvel Avent », selon les vœux du pape Jean-Paul II. Tout semble bien se mettre en place, puisque le Vatican a répondu à une lettre demandant une bénédiction des statues et icônes qui partiront dans les premiers pays, en proposant que ce soit fait par le pape le samedi 7 décembre 1996, lors de la prière du chapelet, salle Paul VI, pour le premier samedi du mois. Mais, en France, plusieurs personnes sont hostiles à cette idée, et les organisateurs se souviennent en particulier d’une réunion de bilan de l’année de prières en France, où les avis de certains des plus hauts représentants de l’Église en France sont très divergents.

À l’approche de l’événement, qui mobilise 1 500 personnes venues de différents pays et porteuses de 250 statues et icônes de la Mère de Dieu, les organisateurs se rendent à Rome trois jours à l’avance et, après avoir vérifié que l’organisation est bien en place, et n’ayant pas d’obligation spéciale, ils ont le temps d’aller visiter le 6 décembre au matin une personne que Birthe Lejeune, épouse de professeur Jérôme Lejeune, leur a recommandée : son amie Christine de Marcellus Vollmer, qu’ils ne connaissent pas et qui se trouve être l’épouse d’Alberto Vollmer, alors ambassadeur du Venezuela au Vatican. L’accueil est très amical, sur une magnifique terrasse dominant la vieille ville de Rome, et, lorsque la soirée du 7 décembre est évoquée, Christine a l’idée d’appeler son amie, Gladys Meza Romero, vénézuélienne elle aussi, et épouse du Suisse Alois Estermann, capitaine des gardes suisses à Rome. Gladys et Alois sont malheureusement connus pour avoir été assassinés moins de deux ans plus tard, le 4 mai 1998, dans des circonstances obscures, par un garde suisse apparemment devenu fou.

L’appel du 6 décembre est très surprenant, car, lorsque Christine Vollmer lui parle de tout cela, Gladys Estermann reste un moment en silence, puis elle dit : « Je ne peux pas ne pas te le dire, parce que tu es la femme de notre ambassadeur, mais les Français et leurs statues vont être refoulés. L’ordre est déjà donné aux gardes suisses. Nous ne sommes que trois ou quatre à le savoir dans Rome. » Sidération, stupeur et incompréhension, bien sûr, des organisateurs, qui s’attendaient à tout sauf à cela ! Mais que faire ? Après quelques instants de réflexion, il est décidé d’appeler Mgr Paul-Marie Hnilica, qui est un proche du pape, pour lui demander conseil. Par chance, il est à Rome, il est libre et il donne rendez-vous en début d’après-midi, expliquant qu’il doit rencontrer le Saint-Père le soir même pour travailler sur une encyclique ! C’est ainsi que le pape est contacté incroyablement vite au sujet de ce problème inattendu. La soirée du 6 décembre se passe cependant sans nouvelles, mais les organisateurs ont quand même une bonne surprise ce jour-là : celle de recevoir par fax une réponse de Bartholoméos Ier, patriarche de Constantinople, qui accepte, après plusieurs mois d’attente, de recevoir une délégation des « Vierges pèlerines » à Istanbul, au Phanar, pour une bénédiction solennelle au nom du monde orthodoxe. Immédiatement, la nouvelle est transmise à Mgr Hnilica et, dans la journée du 7 décembre, les organisateurs apprennent qu’un rendez-vous leur est finalement donné par le pape le 8 décembre, place Saint-Pierre, pour une bénédiction des statues et des icônes juste après l’angélus de midi.

Sur le moment, la nouvelle est accueillie avec une grande joie : le 8 décembre, c’est bien plus beau que le 7 décembre et, place Saint-Pierre, c’est mille fois mieux que salle Paul VI. Plus tard, les organisateurs apprendront que, lors des apparitions de Montichiari, la Vierge Marie a demandé que l’on prie tout spécialement le 8 décembre de 12 h à 13 h, désignant ce temps comme « l’heure de grâce pour le monde entier ». Or, c’est précisément à ce moment que les 250 images de Marie sont bénies à Rome, mais la cérémonie ne se passe pas exactement comme les organisateurs l’espéraient. Alois Estermann rappellera pour dire qu’il était difficile de changer l’ordre donné aussi à la police italienne d’empêcher les pèlerins d’entrer dans la salle, mais il confirmera que, la place Saint-Pierre étant un terrain public, personne ne pourrait défendre d’y entrer le dimanche. Le Saint-Père Jean-Paul II, en effet, bénit les statues et icônes de manière spéciale à l’issue de la prière de l’angélus, ajoutant une rapide deuxième bénédiction à celle qui est habituelle : « Je bénis tous les objets de culte que vous avez avec vous. Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Amen » (ibid. 32 min), mais rien d’autre ! Pas un mot d’encouragement pour le mouvement des Vierges pèlerines, ni pour les 1 500 pèlerins venus spécialement ! Sur le moment, c’est comme une douche froide, une nouvelle incompréhension. Pourquoi si peu ?

L’explication arrive quelques minutes plus tard. Mgr Hnilica et Wanda Poltawska, une autre amie intime du pape, viennent retrouver les organisateurs, et Mgr Hnilica explique tous les événements des derniers jours. Il a vu une première fois le pape le 6 au soir. Il n’était pas informé de l’annulation du 7 décembre, qui avait été décidée par le cardinal Re, à la suite d’une demande provenant de certains prélats français, et il s’en est dit contrarié. C’est lui qui a décidé, personnellement, la solution du 8 décembre, place Saint-Pierre, à 12 h, pour résoudre le problème. Mais quelques heures plus tard, Mgr Hnilica, très attaché à la recherche de l’unité avec les orthodoxes, a reçu une copie du fax envoyé par le patriarche de Constantinople, et il a dit être immédiatement retourné voir le Saint-Père le 7 décembre au matin, pour lui dire : « Très Saint-Père, c’est formidable ! Les deux poumons de l’Église vont pouvoir prier ensemble autour de la Mère de Dieu pour préparer le grand Jubilé de l’an 2000. Et vous pouvez, dimanche, encourager très fortement tout cela ! » Mais le Saint-Père aurait répondu, avec des larmes dans les yeux, selon le témoignage de Mgr Hnilica : « Je ne peux pas. Les évêques de France sont contre. Je bénirai les statues, mais je ne peux pas faire plus. » Les « Vierges pèlerines » ont finalement été bénies à Rome de manière tout à fait providentielle, mais sans les encouragements et paroles que beaucoup attendaient. Une semaine plus tard, en revanche, à Istanbul, le patriarche de Constantinople, libéré de ces contraintes, déclare au cours d’une réception très chaleureuse : « Je bénis de tout mon cœur vos efforts pour apporter le message du Christ et de sa Mère, la Sainte Vierge au monde actuel et surtout aux jeunes » (ibid. 32min).

C’est ainsi que ce mouvement de prière et de paix a pu se lancer en Orient et en Occident, et se déployer largement durant quatre ans, dans 120 pays du monde, générant des centaines de milliers de veillées de prière, jusqu’à la « nuit de la paix » organisée dans le « champ des bergers » qui marquera, à Bethléem, le 24 décembre 1999, le 2000e Noël. C’est à partir de tout cela que sont nés le projet du Centre international Marie de Nazareth et l’Association qui porte aujourd’hui le projet des 1 000 raisons de croire.

Olivier Bonnassies


Au-delà des raisons d'y croire :

Nous sommes tous invités à « prendre Marie chez nous » (Jn 19,27), comme l’apôtre Jean au pied de la Croix, ce qui peut se faire notamment, comme le propose la confrérie Notre-Dame de France, en plaçant une image de Notre Dame de France au cœur de son foyer.


Aller plus loin :

Au nom de Marie : le documentaire de 52 minutes de Pierre Barnérias, qui raconte toute l’histoire des Vierges pèlerines, de 1994 à 2000.


En savoir plus :

Le livre de la confrérie Notre-Dame de France : Notre Dame de France en images, tome 2, Éditions Téqui, 1997.

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