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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les Apôtres
n°498

Galilée

Ier siècle

Saint André, le premier des apôtres appelés par Jésus

André est né en Galilée, à Bethsaïde. Comme son frère Simon, il exerce l’activité de pêcheur sur le lac de Tibériade. Disciple de saint Jean-Baptiste, c’est le premier apôtre que Jésus-Christ a appelé à le suivre : la Tradition lui donne pour cette raison le titre de « Protoclet », c’est-à-dire « premier appelé ». C’est par André que Simon a connu le Christ, qui lui donnera plus tard le nom de Pierre. André meurt attaché à une croix sous l’empereur Néron, probablement le 30 novembre de l’an 60.

Saint André, par Camillo Rusconi, à Saint-Jean-de-Latran de Rome. / © CC BY-SA 4.0/Baba-patrimoine.fr
Saint André, par Camillo Rusconi, à Saint-Jean-de-Latran de Rome. / © CC BY-SA 4.0/Baba-patrimoine.fr

Les raisons d'y croire :

  • L’évêque Eusèbe de Césarée (né vers 265 et mort en 339) compose son Histoire ecclésiastique à partir d’une abondante documentation. Exposant les noms des peuples éloignés vers lesquels les apôtres furent envoyés, il rapporte que saint André reçut en partage la Scythie (Histoire ecclésiastique, livre III, 1). Il ne s’agit pas du pays des Scythes (au nord de la mer Caspienne, le long du fleuve Volga) mais de la Scythie inférieure – territoire enclavé entre le Danube au nord et à l’ouest et la mer Noire à l’est, soit sur une contrée partagée aujourd’hui à parts égales entre la Roumanie au nord et la Bulgarie au sud.
  • Eusèbe cite l’écrivain ecclésiastique Papias, auteur de l’ouvrage intitulé Explication des sentences du Seigneur. Ce dernier compte saint André parmi les « anciens » (presbuteroi, en grec) qui ont connu le Christ. Papias ajoute qu’il a été lui-même instruit des paroles et des actions de Jésus-Christ durant sa vie terrestre par les disciples des apôtres. Or, le témoignage des apôtres au sujet du Christ est à ses yeux irréfutable, parce qu’ils l’ont prouvé en lui consacrant sa vie et en mourant pour lui : « Je n’hésiterai pas à ajouter ce que j’ai appris des presbytres et dont j’ai fort bien conservé le souvenir, pour confirmer la vérité de mes explications. Car ce n’était pas auprès des beaux parleurs que je me plaisais, comme le font la plupart, mais auprès de ceux qui enseignaient le vrai ; je n’aimais pas ceux qui rapportaient des préceptes étrangers, mais ceux qui transmettaient les commandements imposés par le Seigneur à notre foi et nés de la vérité elle-même. Quand, quelque part, je rencontrais ceux qui avaient été dans la compagnie des presbytres, je cherchais à savoir les propos des presbytres : ce qu’avait dit André ou Pierre ou Philippe ou Thomas ou Jacques ou Jean ou Matthieu... » (Histoire ecclésiastique, III, 39, 3-4).

  • André reconnaît en Jésus le Messie à la description que Jean le Baptiste, dont il était disciple, en avait faite (Jn 1,35-40). Outre saint Jean l’évangéliste et saint Luc, le même témoignage est porté par saint Marc (Mc 1,16-18). Saint Matthieu confirme à son tour ces informations (Mt 4,18-20).
  • Dans le récit historique des actions des apôtres, qui s’intitule les Actes des Apôtres, saint Luc aussi présente André parmi les apôtres. Cela se passe peu après que le Christ les a quittés pour remonter vivant, avec son corps, auprès de son Père (Ac 1,1-13).
  • Le nom de saint André figure au canon de la messe, dans la première liste des apôtres, après le Memento des vivants : « Unis dans une même communion, nous vénérons d’abord la mémoire de la glorieuse Marie toujours vierge, mère de notre Dieu et Seigneur Jésus-Christ, puis celle [...] de vos bienheureux apôtres et martyrs [...] André... » Or, le canon a été composé très tôt, à partir des traditions antiques, vers le IVe siècle.

  • C’est André qui, alors qu’une foule immense était venue écouter le Christ, lui amène le jeune garçon qui avait cinq pains et deux poissons. Le Christ, voulant manifester clairement le miracle qu’il allait réaliser, avait demandé ce qui pouvait être trouvé pour nourrir cette grande assemblée. André, présentant le garçon qui tenait son panier, ajoute : « Mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ? » Quand le pain et les poissons eurent été distribués et que tous les hommes présents eurent été rassasiés, les restes, une fois réunis, remplirent douze corbeilles (Jn 6,5-13). Ce miracle évident à la vue de tous les témoins – un estomac rassasié n’est pas susceptible d’illusion – précède le discours sur le « pain de vie » : le Christ veut montrer à ses auditeurs que, puisqu’il est capable de multiplier la nourriture, il faut aussi le croire quand il explique que la nourriture de l’âme est la communion à son propre corps (Jn 6,26-27 et 48-69).

  • Après la Pentecôte, André part annoncer la mort et de la résurrection de Jésus-Christ autour de la mer Noire. Son service de l’Évangile prend fin par le martyre à Patras, en Grèce, au nord-ouest du Péloponnèse, où il choisit de subir le supplice de la crucifixion plutôt que de faire offrande aux dieux romains.

Synthèse :

Peut-être parce qu’il fut le premier apôtre appelé par le Christ, André sert d’intermédiaire vers lui. C’est par son entremise que les Grecs qui sont montés à Jérusalem à l’occasion de la fête de la Pâque peuvent voir Jésus-Christ : l’apôtre Philippe, à qui ils avaient d’abord présenté leur requête, les envoie à André (Jn 12,20-22). Le prénom « André », grec et non sémite, montre que la famille de saint Pierre et de saint André était ouverte à la culture grecque. La langue grecque était d’ailleurs parlée en Galilée. La réaction de Philippe s’explique donc tout naturellement. On comprend aussi pourquoi saint André, après la Pentecôte, fut envoyé prêcher l’Évangile au monde grec.

André fait partie du groupe plus intime des apôtres, que le Christ prend avec lui pour leur expliquer certains points de la sainte Écriture (Mc 13,3-5).

Les reliques de saint André sont emportées de Patras à Constantinople au IVe siècle. Puis le chef (c’est-à-dire la tête) est séparé du corps, qui est acquis par le cardinal Pierre de Capoue, légat du pape en Orient après la prise de Constantinople par les croisés en 1204. Le 8 mai 1208, le prélat fait transférer la dépouille en Italie, à Amalfi, afin de la mettre à l’abri des profanations, où elle repose encore. Le chef du saint, pour sa part, quitte Patras pour Rome en novembre 1460, lorsque Thomas Paléologue, fils de l’empereur byzantin Manuel II Paléologue, l’offre au pape Pie II pour obtenir ses bonnes grâces. Le prince ne possède plus, depuis la chute de Constantinople en 1453, que la moitié nord-ouest de la Morée (l’actuel Péloponnèse) – son frère Démétrios gouvernant la part sud-est. Mais quand, en 1460, le sultan Mehmed II conquiert définitivement le despotat de Morée, Thomas s’enfuit à Rome demander asile au souverain pontife. C’est le 12 avril 1462, dimanche des Rameaux, que le chef du saint Apôtre est solennellement reçu par le pontife, qui va le chercher en grande pompe jusqu’au pont Milvius, ancienne porte de la ville, où il le reçoit des mains du cardinal Bessarion, avant de le déposer le lendemain dans la basilique Saint-Pierre. L’affluence populaire est considérable et le cortège du clergé, qui marche deux par deux et sans intervalle, est si long que les premiers religieux sont déjà parvenus à Saint-Pierre que le pape n’a pas encore quitté le pont Saint-Ange. Pour s’assurer de son authenticité, le cardinal Bessarion s’était auparavant rendu à la citadelle de Narni, où Thomas Paléologue avait soigneusement enfermé la précieuse relique.

Il est possible que la croix qui servit au martyre de saint André fût une croix transverse, c’est-à-dire aux branches égales : ce type de croix était appelée crux decussata par les Romains (pour sa ressemblance avec le decussis : X, qui figure le chiffre dix). Elle est maintenant qualifiée par le nom de l’apôtre. Une partie de celle qui a servi à son supplice est toujours conservée aujourd’hui dans la basilique Saint-André de Patras, en Grèce, construite pour abriter également le chef du saint, donné à l’évêque métropolite orthodoxe de la ville par Paul VI en 1960.

Docteur en philosophie, Vincent-Marie Thomas est prêtre.


Au-delà des raisons d'y croire :

  • Les Actes du martyre de saint André ne sont même pas, au dire d’Eusèbe de Césarée, à ranger parmi les écrits apocryphes, dont la valeur historique est débattue, mais seraient « des élucubrations d’hérétiques... absurdes et impies » (Histoire ecclésiastique, III, 25). Ce jugement sévère est cependant récusé ultérieurement par nombre d’historiens, et l’iconographie s’est largement inspirée des récits de ces Actes pour illustrer la vie du saint.
  • Le sculpteur Le Bernin construisit l’une des quatre niches, autour du chœur de la basilique Saint-Pierre, sous la coupole, pour conserver le corps de l’apôtre saint André. Le corps de saint André était en effet considéré comme l’une des quatre reliques les plus vénérables de la basilique, avec un fragment de la Croix du Christ recouvrée par l’impératrice sainte Hélène, mère de Constantin, la lance dont se servit le centurion romain pour percer le côté du Christ, mort sur la Croix, et le voile avec lequel sainte Véronique essuya le visage de Christ au cours de sa montée douloureuse vers le Calvaire. Les statues qui ornent les niches ont été sculptées par Michel-Ange.

Aller plus loin :

Saint Jean, Évangile.


En savoir plus :

  • Benoît XVI, « Audience générale du 11 octobre 2006 ».
  • Saint Matthieu, Évangile.
  • Saint Marc, Évangile.
  • Saint Luc, Actes des Apôtres.
  • Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, Paris, Cerf, Sources chrétiennes, no 31, 2001, tome I : livres I-IV, 440 p. Le texte de l’ouvrage est disponible en ligne dans la traduction d’Émile Grapin.
  • Henri Vast, Le Cardinal Bessarion (1403 – 1472). Étude sur la chrétienté et la Renaissance vers le milieu du XVe siècle, Hachette, 1878. L’auteur rapporte l’épisode de la réception du chef de saint André à Rome pages 257-258. Disponible en ligne.
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