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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Corps conservés des saints
n°346

Jura (France)

607 – 699

Saint-Claude, vertueux dans la vie et dans la mort

La vie de saint Claude est marquée par l’humilité et la tranquillité. Il ne fait ni grand voyage ni évangélisation miraculeuse. Reclus dans son monastère, ce sont ses vertus et son zèle dans la foi qui lui attirent la reconnaissance et font de lui un abbé et un évêque exemplaires. Cependant, c’est un bien curieux destin que celui de saint Claude qui, de son vivant, choisit une vie retirée du monde, et qui, après sa mort et cinq siècles d’oubli, connaît la gloire par la conservation exceptionnelle de son corps, les miracles opérés auprès de ses reliques et les pèlerinages que ceux-ci entraînent.

Claude de Besançon, basilique de Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle). / © CC0, wikimedia.
Claude de Besançon, basilique de Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle). / © CC0, wikimedia.

Les raisons d'y croire :

  • Alors que Claude est promis à une carrière militaire prometteuse, il y renonce pour donner sa vie au Christ. C’est une perspective qui ne lui apportera a priori aucune gloire humaine et il faut une foi profonde pour renoncer à la notoriété et à tous les avantages qu’elle permet, surtout à une époque où les conditions de vie sont difficiles pour le peuple et pour les moines.
  • Claude refuse tout d’abord la charge d’évêque, ne s’en pensant pas digne. Il se plie finalement avec humilité à la volonté de Dieu. À cette fonction, il continue de mener une vie monacale, ascétique et frugale – il ne prend qu’un seul repas par jour !
  • Claude pense toute sa vie durant à la subsistance de son monastère, à la survie des pauvres et à la vie spirituelle des fidèles dont il a la charge en tant qu’évêque. Il ne pense jamais à lui, mais se donne entièrement dans sa tâche auprès des autres.
  • L’incorruptibilité du corps de saint Claude est découverte cinq siècles après sa mort, en 1160. C’est là que commence pour lui la gloire, puisque de nombreux pèlerins afflueront jusqu’à l’abbaye pendant des siècles.
  • Cette incorruptibilité est encore attestée par neuf médecins en 1754 ; le procès-verbal de l’ouverture de la châsse est disponible en ligne. On peut y lire : « Nous ne pouvons nous dispenser de juger qu’il [le corps de saint Claude] n’a jamais été embaumé» « Son incorruptibilité, pendant un laps de temps aussi considérable que celui de près de douze siècles […] étant au-dessus de la conception et des lumières de notre art, nous ne pouvons la contempler qu’avec admiration comme surnaturelle et miraculeuse. »

  • L’abbaye Saint-Claude devient au XIIe siècle le plus grand lieu de pèlerinage d’Occident, semblable à Lourdes de nos jours. Les rois de France et plusieurs saints s’y rendent. Un tel engouement s’explique par les nombreux miracles recensés par les pèlerins : signes, guérisons et conversions… Parmi eux, celui d’un enfant mort ramené à la vie sur le tombeau du saint. Ce miracle, comme tant d’autres, est corroboré par plusieurs témoins avant d’être consigné avec détail dans des manuscrits.
  • La renommée de saint Claude prend une telle ampleur que la ville de Condat et l’abbaye prennent le nom « Saint-Claude ». On n’imagine pas qu’une telle décision soit prise si des choses extraordinaires ne sont pas à l’œuvre.

Synthèse :

Claude est né vers 607 à Salins, une commune du Jura, dans une famille de notables gallo-romains. Son père était gouverneur de la ville de Besançon. Très tôt nourri par les lectures des vies de saints, il est cependant assigné au métier des armes par ses parents et devient militaire. Bien que le démon l’ait tenté en lui faisant miroiter les richesses qu’une vie militaire lui aurait procurées, il choisit, vers l’âge de vingt ans, de quitter l’armée pour se consacrer au Christ. Il se rend chez les clercs du chapitre de la cathédrale de Besançon, qui vivent selon une règle établie par leur évêque, saint Donat. Claude se distingue rapidement par ses vertus et son zèle dans la foi, l’étendue de ses connaissances, son élocution, ce qui lui vaut d’être chargé par l’évêque d’enseigner dans l’école de la cathédrale. Il mène une vie ascétique, avec un seul repas par jour, et fait preuve d’une frugalité exemplaire.

Après une douzaine d’années passées au chapitre, il choisit d’intégrer le monastère de Condat, l’un des monastères les plus réputés de l’époque. Là encore, alors qu’il ne se nourrit que de racines et dort sur un grabat, il fait l’admiration de ses frères par son ascèse et son zèle divins. L’abbé en place lui propose plusieurs fois de prendre sa place, mais il s’y refuse systématiquement, préférant rester dans l’humilité de sa position de simple moine. Cependant, à la mort de l’abbé, il doit se plier à la volonté de ses frères et devient ainsi abbé du monastère de Condat.

Il se démène alors pour assurer la subsistance de son monastère et se rend auprès du roi Clovis II pour demander des subsides, qu’il obtient grâce à l’épouse de ce dernier, sainte Bathilde. Cela va aider à assurer l’agrandissement des bâtiments, mais surtout à nourrir ses frères moines, ainsi que les pèlerins et pauvres de la région qui affluent vers le monastère, qui commence à rayonner dans toute la Gaule. Claude introduit la règle de saint Benoit au sein du monastère et enseigne aux moines à observer les saintes vertus.

À la mort de l’évêque de Besançon, une querelle éclate entre les clercs et le peuple pour désigner son successeur. Alors que tous se mettent en prière, une voix du Ciel fait l’unanimité et désigne Claude comme successeur épiscopal. Ce dernier refuse dans un premier temps, puis se plie à la volonté du peuple et de Dieu. Il est conduit à Besançon en grande liesse. En tant qu’évêque, il continue à montrer de grandes vertus et vit avec ses chanoines. Il visite régulièrement les infortunés, exhorte ses fidèles au repentir et aux œuvres de charité, travaille d’arrache-pied à la conversion des pécheurs. Il continue cependant à veiller sur ses moines du monastère de Saint-Donat. Au bout de sept ans d’épiscopat, en 693, il constate que la discipline de ses moines se relâche et il décide de quitter sa fonction épiscopale pour retourner au monastère. Il y demeure six ans avant de remettre son âme à Dieu, le 6 juin 699, à l’âge de quatre-vingt-douze ans, un âge particulièrement élevé pour l’époque.

Mais l’aura de saint Claude ne s’arrête pas là. Au XIIe siècle, on découvre son corps incorrompu, et des miracles se multiplient auprès de ses reliques. C’est vers cette époque que la ville de Condat prend le nom de Saint-Claude, qui devient alors un lieu de pèlerinage très célèbre. Parmi les illustres personnages qui se sont rendus à Saint-Claude, on peut citer Louis XI, sainte Jeanne de Chantal, Anne de Bretagne et saint François de Sales, pour ne citer que les plus connus. De nombreux miracles ont lieu à Saint-Claude, parmi lesquels celui d’un enfant mort ramené à la vie. C’est pourquoi on représente souvent saint Claude avec un enfant. Sont évoqués aussi des aveugles qui retrouvent la vue et des paralysés qui remarchent.

En 1754, plusieurs docteurs attestent à nouveau, ébahis, de l’état de son corps incorrompu. Malheureusement, les révolutionnaires s’emparent en 1794 des reliques du saint et brûlent son corps. Seul son bras gauche en réchappe : il est authentifié par l’un des médecins ayant examiné le corps cinquante ans auparavant. Il est aujourd’hui conservé dans un reliquaire de la cathédrale de Saint-Claude.

Camille Mino di Ca, récemment baptisée, s’est convertie à cinquante ans. Passionnée par les récits de conversion et les vies de saints, elle rédige pour Hozana et d’autres supports. Elle pratique l’écriture sous différentes formes, y compris la biographie, le théâtre, la poésie et la chanson.


Au-delà des raisons d'y croire :

La vie et les miracles de saint Claude sont représentés dans plusieurs lieux : les vitraux de l’église Saint-Étienne-du-Mont, à Paris, les vitraux de l’église Saint-Gervais-Saint-Protais, à Gisors, les vitraux anciens de l’église Saint-Étienne de Beauvais, etc.


Aller plus loin :

Conférence du diocèse de Saint-Claude (Jura), donnée le dimanche 7 juin 2013 en la fête de Saint-Claude : « La foi de saint Claude ».


En savoir plus :

  • Renée Tramond, Saint Claude et sa miraculeuse survie, Téqui, 1964.
  • Sur la page Wikipédia « Abbaye de Saint-Claude », le paragraphe sur le miracle de saint Claude et la note reprenant le procès-verbal de l’ouverture de la châsse en 1754.
  • Dom Benoît, Histoire de l'abbaye de Saint-Claude, volume I, Chartreuse de Notre-Dame-des-Prés, 1890-1892.
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