Pauline Jaricot miraculeusement guérie par sainte Philomène

Synthèse :

Pauline Jaricot (1799 – 1862) est une laïque lyonnaise. À dix-sept ans, elle renonce à la vie mondaine pour se consacrer à l’annonce de l’Évangile et à la charité à travers les œuvres qu’elle a fondées : l’Œuvre de la propagation de la foi (pour les missions), le Rosaire vivant (pour étendre la dévotion à la prière du rosaire ainsi que la lecture des bons livres) et le petit groupe des Filles de Marie réunies autour d’elle dans sa maison de Lyon, rebaptisée « Lorette », en hommage à la maison de la Sainte Vierge.

Pauline a toujours été de santé fragile. Elle souffre de palpitations cardiaques, et une mauvaise chute à l’âge de quinze ans l’immobilise plusieurs mois, laissant aussi des désordres dans son système nerveux. Mais, en 1835, son état de santé se détériore gravement. Elle a du mal à s’alimenter, le moindre mouvement la fait souffrir, et elle doit se déplacer en fauteuil. Son médecin, qui la pense condamnée, n’a plus rien à lui prescrire, et attend simplement que la mort l’emporte, ce qui ne saurait tarder.

Mais Pauline a un dernier recours : elle veut confier sa guérison à l’intercession de sainte Philomène, pour laquelle elle a une grande dévotion. Au début du siècle, des ossements avaient été découverts dans les catacombes de Rome, et les inscriptions qui les entouraient avaient été interprétées comme identifiant une vierge martyre du nom de Philomène. Les reliques avaient ensuite été transportées dans la ville de Mugnano, près de Naples, où un culte local avait été autorisé. C’est là que Pauline veut se rendre. Son médecin, n’ayant de toute façon pour elle aucun espoir de survie, l’y autorise, même s’il ne voit pas très bien comment elle pourrait supporter un tel voyage.

Le voyage est effectivement éprouvant. Arrivée en Savoie, Pauline doit s’y arrêter plusieurs jours tant elle est affaiblie, et elle-même craint de mourir sans avoir pu arriver au terme de son pèlerinage. Mais elle reprend quelques forces, suffisamment pour atteindre Rome, ou elle souhaite faire étape. La fondatrice de la Propagation de la foi et du Rosaire vivant est déjà connue et estimée dans la capitale de l’Église, aussi lui aménage-t-on une rencontre avec le pape Grégoire XVI. Pauline expose au souverain pontife le motif de son pèlerinage, et lui demande d’autoriser que le culte de sainte Philomène soit étendu à l’Église universelle. Le pape promet : si par l’intercession de sainte Philomène la malade recouvre la santé, il autorisera le culte de la sainte martyre pour toute l’Église. Vu l’état de santé de la femme qu’il voit devant lui, le pape est persuadé que cette promesse ne l’engage pas à grand-chose.

Finalement, Pauline et ses compagnons de voyage arrivent à Mugnano le samedi 8 août, deux jours avant la fête de sainte Philomène. Le lendemain, dimanche 9, Pauline est amenée au tombeau de la martyre. Elle y reste un long moment immobile, comme morte. Mais Pauline se sent envahie par une force renouvelée : elle sait qu’elle est en train de guérir ! Ses douleurs s’apaisent, son visage retrouve des couleurs. Elle se lève : plus besoin de fauteuil ; Pauline est capable de marcher, et de remonter seule jusqu’à sa chambre. Elle est guérie.

Immédiatement, la rumeur se répand dans la ville : la mourante qui était arrivée la veille, la voilà qui marche à nouveau ! Le lendemain, 10 août, la fête de sainte Philomène est un triomphe : tout le monde vient voir la miraculée, à qui l’on demande de marcher encore et encore, pour témoigner aux yeux de tous de la grâce reçue par l’intercession de la sainte martyre.

Sur le trajet du retour en France, Pauline Jaricot ne manque pas de passer par Rome, pour signaler au pape le succès de son pèlerinage. En voyant Pauline guérie, Grégoire XVI est saisi d’étonnement : cette femme qu’il avait vue au seuil de la mort, la voilà qui se tient debout devant lui. Le pape demande alors à la miraculée de faire quelques pas devant lui, pour montrer qu’elle a retrouvé son autonomie. Pauline s’exécute, au grand scandale des camériers qui entourent le souverain pontife : comment cette femme se permet-elle de gesticuler ainsi, d’avancer et de reculer, devant le vicaire du Christ ? Pauline rappelle alors au pape sa promesse : il doit maintenant répandre le culte de la sainte martyre. Grégoire XVI tient parole et, en 1837, le culte de sainte Philomène est étendu à l’Église universelle.

Au-delà des raisons d'y croire :

Au XXe siècle, la critique historique a remis en cause l’authenticité de la vie de sainte Philomène : en l’absence de toute source – et l’interprétation donnée aux inscriptions des catacombes ayant été contestée –, il n’est pas possible pour l’historien d’affirmer que les ossements retrouvés soient ceux de la vierge martyre Philomène. L’histoire seule ne peut pas dire si sainte Philomène a existé. Mais ce qui est certain, c’est que l’intercession de sainte Philomène a bien guéri Pauline Jaricot !

Aller plus loin :

Catherine Masson, Pauline Jaricot. 1799 – 1862. Biographie. « J’ai tout appris à vos pieds, Seigneur », Paris, Éditions du Cerf, 2019.

En savoir plus :

• Cécilia Giacovelli, Pauline Jaricot. Biographie, Paris, Mame, 2005.
• Élisabeth Sainte-Marie Perrin, Pauline Jaricot. Fondatrice de la Société pour la propagation de la foi (1799 – 1862), Paris, J. de Gigord éditeur, 1926.
• Le site de l’association des Amis de Pauline Jaricot.
• Hugo Ruher, « Le cœur de cette religieuse exceptionnellement bien conservé fascine la science depuis plus de 160 ans », in Géo (en ligne), 10 février / 5 mars 2023.
• Agnès Pinard Legry et Sixtine Waché, « La guérison de Mayline, le miracle attribué à Pauline Jaricot », sur le site Aleteia, 29 mai 2020.