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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Une vague de charité unique au monde
n°437

Allemagne, Italie, États-Unis, Pays-Bas

1855 – 1938

Mère Marie-Thérèse de Saint-Joseph, « un ange de réconfort et de paix »

Marie-Thérèse de Saint-Joseph (1855 – 1938) est la fondatrice d’une congrégation rattachée à l’ordre du Carmel, les « Carmélites du Divin Cœur de Jésus », dont la vie est à la fois contemplative et apostolique : charité envers tous les pauvres sans exception, à commencer par les enfants. Pourtant, rien ne laissait présager une telle réalisation. Née dans une famille luthérienne, Ana Maria (la future Marie-Thérèse de Saint-Joseph) met des années à entrer dans l’Église catholique et, au début, les problèmes ne manquent pas. Dieu s’en mêle. En quelques mois, c’est un revirement complet de situation. La congrégation essaime. Elle compte aujourd’hui des communautés dans le monde entier.

© Shutterstock/Pheelings media
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Les raisons d'y croire :

  • Sa conversion au catholicisme n’a rien d’anodin ou de superficiel : c’est un changement de vie radical qui entraîne – la jeune femme en est consciente – une série de graves difficultés, à tous niveaux : renvoi de la maison paternelle, perte d’emploi, solitude, dénuement matériel...
  • Attirée depuis sa jeunesse par la vie contemplative, elle souhaite entrer au Carmel, mais sa demande tourne court. Un prêtre assure pourtant qu’un jour, elle sera « une fille de sainte Thérèse d’Avila ». De fait, la nouvelle congrégation fondée par la bienheureuse sera admise dans l’ordre du Carmel en 1897.

  • Marie-Thérèse de Saint-Joseph reçoit plusieurs autres signes du Ciel. Le 2 juillet 1891, elle fait un rêve prophétique : elle voit une grande maison inconnue sur laquelle est fixée une sorte d’écriteau où il est indiqué qu’il s’agit d’une bâtisse destinée aux sans-abri. Au printemps 1904, ce rêve devient réalité lorsque le cardinal Francesco Satolli l’autorise à occuper une maison à Rocca di Papa (Italie).
  • Ce même 2 juillet, elle a une révélation intérieure : Jésus lui dit qu’elle vivra le temps nécessaire pour que sa congrégation se répande « dans le monde entier ». Elle a alors trente-six ans et sa congrégation est, à cette date, à l’état embryonnaire.

  • Outre la contemplation inhérente à la tradition du Carmel, la congrégation que fonde mère Marie-Thérèse de Saint-Joseph repose amplement sur la charité. Il ne s’agit aucunement d’une idée vague ou d’un concept : le travail qu’elle accomplit auprès des démunis est très concret et inscrit dans la durée. Le soin et l’attention que la bienheureuse prodigue aux exclus, à une époque de l’histoire européenne où le national-socialisme condamnait ces derniers dans son pays natal, témoignent de ce qui l’inspire profondément : l’Évangile.
  • Après un début assez difficile, la congrégation des Carmélites du Divin Cœur de Jésus suit une expansion stupéfiante : outre les fondations dans toute l’Europe, la bienheureuse séjourne aux États-Unis de septembre 1912 au 21 juillet 1920. Elle y ouvre quinze nouveaux couvents, soit près de deux communautés par an. Son œuvre, implanté sur les cinq continents, excède de loin le projet initial de la fondatrice.
  • Un miracle de guérison a été reconnu véritable dans le cadre de sa béatification. En 1996, Maria Giuseppina Pieters-Mass, qui souffre de dermatomycose, onychomycose et acrodynie, induisant des douleurs insupportables aux pieds, est guérie de manière inexpliquée après avoir commencé une neuvaine en l’honneur de mère Marie-Thérèse de Saint-Joseph. Le 19 décembre 2005, le pape Benoît XVI a reconnu par décret le miracle de cette guérison restée inexplicable pour tous les médecins. Juste avant de mourir, le 20 septembre 1938, mère Marie-Thérèse de Saint-Joseph avait écrit : « Être en mesure de sécher les larmes, de guérir les blessures d’âmes depuis les hauteurs du Ciel, ceci est mon ardent désir. »

Synthèse :

Née le 19 juin 1855 à Sandow (Allemagne, Brandebourg), dans une famille luthérienne – son père est pasteur et sa mère, une personne dévouée à la charité –, Ana Maria Tauscher van den Bosch reçoit une éducation chrétienne solide et diversifiée avec ses deux sœurs, Lisa et Magdalena. Son enfance est heureuse, sans soucis matériels ni drame d’aucune sorte. Mais la jeune fille ressent un appel intérieur, une invitation à dépasser le confort personnel et la vie bien réglée d’une famille luthérienne dans l’Allemagne des années 1860. En attendant, elle effectue une scolarité satisfaisante, jusqu’au jour de 1865 où sa santé devenue fragile la contraint à quitter les bancs de l’école.

En mai 1862, son père est nommé surintendant à Arnswalde (Pologne actuelle). La famille l’accompagne. Là, l’adolescente observe sa mère accomplir de multiples actionscaritatives, ce à quoi viennent s’ajouter le catéchisme et des réunions de prières. Ana Maria accompagne fréquemment sa mère dans ses déplacements. Elle y découvre la réalité de la pauvreté. Son amour pour les nécessiteux remonte à cette période.

En 1865, son père est nommé à Berlin. Ana Maria est alors malade et elle ne peut se rendre à l’école pendant de longues semaines. En 1870, ses parents l’envoient, avec sa sœur Lisa, dans une école religieuse pour jeunes filles située à la campagne. C’est une merveilleuse découverte pour la jeune fille. Pour la première fois de son existence, elle a sous les yeux la réalité d’une communauté contemplative. Elle veut rejoindre ces femmes données au Seigneur. Sa santé s’améliore. Son projet religieux s’affermit peu à peu.

Parallèlement, la foi luthérienne de ses parents commence sérieusement à l’indisposer par certains de ses aspects, ce qui soulève interrogations et surprises de sa famille. À Pâques 1872, son père lui demande de rentrer à la maison à l’occasion de sa confirmation. L’année suivante, on lui propose de se marier avec un jeune homme bien sous tous rapports. Elle décline immédiatement l’offre en expliquant qu’elle entend se consacrer entièrement à Dieu et entrer dans un couvent de contemplatives. De cet instant date la rupture familiale, qui sera consommée lors de sa conversion à la foi catholique.

En 1874, après la mort de sa mère, Ana Maria prend en charge le foyer familial. Elle va rester cinq longues années dans cette situation qui, pour elle, est devenue étouffante sur le plan spirituel. En 1879, son père se remarie. Elle peut alors quitter le foyer pour réaliser son projet, pense-t-elle. Dans un premier temps, prudemment, pour ne pas froisser les siens, elle regroupe plusieurs amies au sein d’une association destinée à la fabrication de petits objets dont la vente doit servir à financer des projets d’aide aux pauvres. Dieu lui vient alors en aide. On lui propose le poste de directrice de l’asile psychiatrique de Cologne (Allemagne). Elle accepte, bien qu’elle soit sans expérience particulière. Alors qu’elle est confrontée chaque jour aux détresses des personnes souffrant de troubles mentaux, son projet visant à fonder un groupe religieux reconnu, axé sur la prière et la charité, fait son chemin dans son esprit et dans son cœur.

Mais comment répondre à l’appel de Jésus en restant luthérienne ? Progressivement, elle se rapproche de la foi romaine. Il lui faudra plusieurs mois pour demander son admission dans l’Église catholique, d’autant qu’elle mesure consciemment les ennuis que sa conversion va entraîner. Le 30 octobre 1888, c’est le grand jour : elle est reçue dans l’Église. Ce n’est pas à ses yeux un reniement, mais un accomplissement de son baptême.

Sa famille ne le voit pas de cet œil. Une colère violente s’abat sur la jeune femme. Renvoyée du domicile familial, exclue de son poste de directrice de l’asile de Cologne, c’est en quelques jours une chute sociale. Mais elle ne désespère jamais, sachant combien Dieu viendra à son secours, tôt ou tard. Le temps libre qui lui est alors imposé lui permet de lire davantage. Elle tombe rapidement sur le Livre de la vie, de sainte Thérèse d’Avila. C’est une découverte, doublée d’un choc : le Carmel correspond parfaitement à ses attentes, à sa vision de sa vie en Dieu, à ses aspirations intérieures.

La partie n’est pas encore gagnée. Son confesseur d’alors, homme bon mais peu brillant en matière de discernement, la dissuade de demander son admission dans un couvent carmélitain. Obéissante, Ana Maria suit sa décision, ce qui lui coûte beaucoup. Elle passe alors de petits boulots en petits boulots. Mais ce n’est aucunement du temps perdu. Elle est une nouvelle fois confrontée dans son existence à la misère de ses contemporains et, à cette époque, à celle des enfants des rues de Berlin. C’est pour leur venir en aide qu’elle envisage de créer sérieusement une congrégation religieuse. Mais par où commencer ? Elle est laïque, sans le sou, sans relations.

Le 2 juillet 1891, elle fait un songe prémonitoire : elle voit une vaste maison qu’elle ne connaît pas mais qui lui semble destinée à tous les sans-abri. Une illumination intérieure la pousse à agir. Dès le lendemain, le projet de congrégation des « Carmélites du Divin cœur de Jésus » est établi. Ana Maria prendra pour nom en religion Marie-Thérèse de Saint-Joseph. Les religieuses seront des contemplatives non cloîtrées : elles devront effectuer un travail apostolique et caritatif dans le monde, tout en suivant les heures liturgiques propres au Carmel. La future bienheureuse explique : « Nous ne devons pas nous contenter d’être seulement tabernacle, habitation de Dieu, mais instruments de Dieu dont le Divin Sauveur puisse se servir pour le salut des âmes […]. Chaque carmélite du Divin Cœur de Jésus doit, comme un ange de réconfort et de paix, descendre des hauteurs du Carmel vers les hommes chargés de douleurs. »

La première mission débute très lentement. En août 1891, trois enfants sont pris en charge. C’est un début modeste, mais réel. La fondatrice loue Dieu. Progressivement, enfants abandonnés, orphelins, victimes diverses, vieillards et chômeurs deviennent l’objet des sollicitations de la congrégation. À la fin de 1892, celle-ci a déjà accueilli soixante-douze enfants. Pourtant, rien n’est épargné à la fondatrice. Le cardinal Georg von Kopp, prince-évêque de Breslau, lui interdit de porter l’habit religieux et les tracas financiers se multiplient. Certaine du devenir de son œuvre, la bienheureuse quitte son pays et gagne l’Italie, où elle pense trouver des appuis.

En 1897, le général de l’ordre du Carmel accepte de la recevoir à Rome. Celui-ci lui permet d’ouvrir un noviciat pour les nouvelles recrues de sa congrégation. C’est un revirement. Jamais plus la bienheureuse n’aura à souffrir matériellement. C’est aux Pays-Bas qu’elle ouvre son noviciat l’année suivante. Quatorze novices sont accueillies chaleureusement dans des locaux assez étroits. En 1901, la fondatrice met sur pied un second noviciat au Royaume-Uni.

Les succès s’enchaînent, comme si Dieu lui-même menait à présent les affaires. Le contraste avec les années antérieures est flagrant. En 1903, la bienheureuse se rend à Crémone, où elle fonde une maison pour les enfants pauvres. En juin 1904, le cardinal Francesco Satolli lui permet d’aménager dans une maison de Rocca di Papa, non loin de Rome. Cette bâtisse est surnommée le « Carmel du Divin Cœur de Jésus ». C’est là que Marie-Thérèse de Saint-Joseph et ses premières sœurs prononcent leurs vœux, le 3 janvier 1906. Auparavant, la bienheureuse avait eu la joie d’apprendre que sa congrégation allait être admise dans l’ordre du Carmel (1897).

Les fondations se multiplient en Allemagne. D’autres projets, bien plus lointains, voient le jour. En 1912, elle part pour les États-Unis, où elle va rester huit ans, le temps de fonder quinze nouveaux couvents ! Après la Première Guerre mondiale, elle établit la maison mère de la congrégation à Sittard, aux Pays-Bas. Elle y passe le reste de ses jours. Fatiguée, mais pleine de reconnaissance envers Dieu de l’avoir si admirablement aidée dans sa fondation, elle réalise enfin son vœu le plus cher, celui de sa jeunesse : vivre dans la contemplation des mystères de Dieu, en continuant néanmoins la formation et l’accompagnement spirituel de ses sœurs.

Le 20 septembre 1938, entourée des religieuses, elle rend son dernier soupir. En 2002, saint Jean-Paul II déclare Marie-Thérèse de Saint-Joseph vénérable. Le 19 décembre 2005, le pape Benoît XVI approuve le miracle nécessaire à sa béatification, dont la célébration a lieu dans la cathédrale de Ruremonde (Pays-Bas) le 13 mai 2006.

Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.


Au-delà des raisons d'y croire :

La bienheureuse Marie-Thérèse de Saint-Joseph associe merveilleusement Marthe et Marie (cf. Lc 10,38-42), en basant son activité apostolique en faveur des pauvres sur la prière et la contemplation, dans l’observance des règles de vie du Carmel.


Aller plus loin :

La bibliothèque monastique propose une notice biographique : « Bienheureuse Marie-Thérèse de Saint-Joseph Tauscher van den Bosch ».


En savoir plus :

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