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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Guérisons miraculeuses
n°593

Liban

1832 – 1914

La terre du tombeau de sainte Rafqa

Sainte Rafqa est née en 1832 à Himlaya, dans la montagne, à quelques kilomètres de Beyrouth (Liban). Elle perd sa mère à l’âge de sept ans. À quinze ans, elle sait déjà vouloir devenir religieuse, mais elle doit lutter contre les desseins de sa famille, qui souhaite la marier. Elle fait sa profession solennelle au sein de l’Ordre maronite libanais en 1872 au couvent Saint-Simon, à Aïto. Sa santé se dégrade gravement à partir de 1885. Rafqa a vécu quatre-vingt-deux ans, dont vingt-neuf de souffrances, qu’elle supportait avec joie, patience et prière pour l’amour du Christ. Si les médecins n’ont pas été capables de lui rendre la santé, sa mission depuis le Ciel semble être de guérir le corps et l’âme de ceux qui l’invoquent avec confiance par le contact physique avec la terre de sa tombe.

© CC BY-SA 4.0/rafka info
© CC BY-SA 4.0/rafka info

Les raisons d'y croire :

  • En embrassant la vie religieuse, Rafqa répond bien à un appel surnaturel. Elle maintient son choix, même si son père tente à plusieurs reprises de la faire revenir. En 1871, une crise secoue et dissout la congrégation des Mariamettes, dans laquelle Rafqa se trouve. Troublée par cette situation, elle prie pour que le Seigneur la guide, et elle entend sans tarder une voix lui répondre : « Tu resteras religieuse. » Le soir même, Rafqa voit en songe trois saints. Saint Antoine le Grand, « père des moines », lui dit à deux reprises : « Entre dans l’Ordre libanais maronite. » Le transfert est facilité et elle est acceptée immédiatement.

  • En octobre 1885, Rafqa demande au Seigneur de la faire participer à sa Passion rédemptrice, c’est-à-dire de souffrir avec Jésus sur la croix pour sauver des âmes. Pour formuler une telle prière, il faut un amour immense et véritable de Jésus et des hommes. À partir de ce jour, la santé de Rafqa se dégrade et tous les soins s’avèrent inefficaces.
  • Elle devient complètement aveugle en 1899 et, atteinte d’une tuberculose osseuse, elle est progressivement paralysée. Malgré les douleurs physiques qu’elle endure, le visage de Rafqa est toujours rayonnant et paisible. Elle accueille tous les maux avec joie et patience parce que, par eux, elle se rapproche du Christ.
  • Après sa mort, le 23 mars 1914, Rafqa est inhumée rapidement. Pendant deux nuits consécutives, les villageois de Jbrata et les moniales qui viennent se recueillir observent une lumière inexpliquée qui illumine le tombeau de la défunte.
  • Rafqa ne tarde pas à accorder des faveurs. Guérisons et miracles se produisent et se multiplient. Le 27 mars 1914, quatre jours seulement après la mort de sœur Rafqa, mère Ursula Doumit, la mère supérieure de Rafqa, qui est atteinte d’un cancer de la gorge depuis sept ans, guérit après avoir avalé de la terre du tombeau de Rafqa. Une personne non identifiée lui avait donné cette consigne étrange à travers la porte de sa chambre. Son cancer, une excroissance bien visible sur la gorge, a disparu instantanément.
  • La mère supérieure, profondément convaincue qu’elle doit sa guérison à l’intercession céleste de Rafqa, recommande le remède insolite à une autre malade, atteinte de typhoïde depuis huit jours. Dès l’ingestion, la petite fille moribonde se met à suer abondamment : la fièvre tombe et elle guérit, elle aussi.
  • Ces deux guérisons sont les premières d’une longue série.

Synthèse :

Au début du troisième millénaire, Dieu accorde à l’Église maronite la grâce de proclamer la sainteté de deux de ses enfants, la religieuse Rafqa, de Himlaya, et le père Nimatullah Al-Hardini, le 10 juin 2001 pour l’une et le 16 mai 2004 pour l’autre. Au sein de l’Ordre maronite libanais, c’est l’exemple de la vie de prières et d’intense apostolat de saint Hardini, qui a suscité les vocations de saint Charbel et de sainte Rafqa, formés tous deux à son école : une spiritualité se nourrissant des Pères de l’Église tout en s’incarnant dans les choses de la vie quotidienne, sans oublier le désir d’une consécration totale à Dieu. Ce qui les relie et illumine leur parcours, c’est la fidélité absolue aux quatre vœux qu’ils ont respectés au cours de leur vie religieuse, dans la plénitude de la charité : l’obéissance, la chasteté, la pauvreté et l’humilité.

Le patriarche maronite, Sa Béatitude Bechara Raï, a inauguré en mai 2018 à Himlaya un sanctuaire dédié à sainte Rafqa, complété par un complexe pastoral pour l’accueil des fidèles et des pèlerins. Monseigneur Raï rappelait que « le secret de sainte Rafqa était d’entendre la parole de Dieu, base et esprit de la vie chrétienne qui donne tout son cœur à la présence chrétienne au Liban et dans tout le Proche-Orient ». Lors de sa canonisation, la prière de saint Jean-Paul II a souligné la fécondité spirituelle de la souffrance vécue en union à celle du Christ et a appelé la sainte à veiller sur tous ceux qui la connaissent, en particulier sur les peuples du Moyen-Orient confrontés à la spirale destructrice et stérile de la violence.

« Boutrossieh », c’est-à-dire « Pierrette », fille unique de Mourad Saber et de Rafqa Gemayel, voit le jour le 29 juin 1832 à Himlaya. Elle est baptisée le 7 juillet dans une famille très chrétienne qui subit rapidement l’épreuve de la mort de la maman, alors que la petite fille n’a que sept ans. Quatre ans après, en raison de difficultés financières, son père la place chez des amis à Damas (Syrie), dans la famille El-Badwi, originaire du Liban. De retour chez elle, en 1847, son père remarié est bien décidé à lui trouver un prétendant. Elle s’y refuse et entre dans la congrégation des Mariamettes, au couvent Notre-Dame-de-la-Délivrance, à Bikfaya, où, malgré toutes les sollicitations, elle refuse de revenir à la maison.

En 1862, elle a trente ans. Ayant prononcé ses vœux temporaires, elle est envoyée au séminaire de Ghazir, où elle profite de ses moments libres pour approfondir ses connaissances spirituelles et générales : elle y étudiera la langue arabe, la calligraphie et le calcul. On lui demande alors d’aller enseigner le catéchisme aux jeunes filles à Deir El-Qamar, où elle assiste aux événements sanglants entre chrétiens et druzes, qui aboutiront au terrible massacre des chrétiens maronites.

Forte de ses expériences, elle fonde en 1864 une école pour l’éducation des jeunes filles. Mais, en 1871, la congrégation des Mariamettes est dissoute. En songe, saint Georges, saint Siméon le Stylite et saint Antoine le Grand lui apparaissent et lui demandent d’entrer dans l’Ordre maronite libanais,d’abord au monastère de Mar Semaan Al-Qarn, où elle reçoit l’habit de novice et le prénom de sa maman, Rafqa. Elle sera un exemple vivant pour les moniales, par son observation stricte des règles de la communauté qu’elle a épousée.

En 1885, elle demande avec ferveur au Seigneur, lors de la fête de Notre-Dame du Rosaire, de la faire participer à sa Passion rédemptrice, et, le soir même, elle est atteinte de douleurs violentes aux yeux et à la tête. Tous les soins utilisés s’avérant inefficaces, elle est transportée en urgence à l’hôpital américain de Beyrouth, où on l’opère sans anesthésie, selon sa volonté. Une erreur médicale lui fait perdre un œil dans d’atroces souffrances ; l’autre sera rapidement atteint lui aussi.

En 1897, l’ordre la transfère au couvent Mar Semaan (Saint-Siméon), à Aïto, près de Zgharta, au nord Liban, près du couvent nouvellement construit de Saint-Joseph, à Jrebta. Parce qu’elles sont très attachées à Rafqa, les cinq moniales transférées ont insisté pour que sœur Rafqa les rejoigne. Elle est pourtant aveugle et presque paralysée, atteinte – on le découvrira après sa mort – d’une tuberculose ostéo-articulaire. Malgré cela, son visage est toujours rayonnant et paisible. Avec humour, elle se prétend plus heureuse que la reine d’Angleterre, accueillant ses souffrances avec joie et patience, en union avec le Christ et par amour pour lui. Bien que très éduquée et imprégnée d’une grande spiritualité, sœur Rafqa participe aux tâches les plus obscures, les plus ingrates. Elle considère l’humilité comme essentielle pour parvenir au perfectionnement de toutes les autres vertus. Elle respecte parfaitement la constitution de son ordre, qui dit : « La moniale doit être soit en prière, soit au travail, soit en mission. » « Heureux les humbles », proclame le Christ (Mt 5,3). « Les humbles posséderont la terre, réjouis d’une grande paix » dit le psalmiste (Ps 36,11).

Mais sa santé se dégrade fortement et son corps devient progressivement totalement décharné. Le 23 mars 1914, après vingt-neuf ans de douleurs insupportables, Rafqa demande à recevoir la sainte communion, puis remet son esprit à Jésus, Marie et Joseph, qu’elle a ardemment appelés. Sa dépouille est inhumée rapidement et, pendant deux nuits consécutives, une lumière illumine le tombeau de la défunte. Les villageois viennent s’y recueillir en nombre, sollicitant des grâces particulières. Guérisons et miracles se produisent et se multiplient, si bien que le 10 de chaque mois, des pèlerins décident de venir célébrer, par une longue procession, celle qu’ils considèrent déjà « sainte ».

Les enquêtes sur les vies de sainte Rafqa, du père Al-Hardini et de Charbel Makhlouf commencent le 21 avril 1926 et se terminent le 26 septembre 1927, sous le pape Pie XI. Évêques, prêtres, moines et moniales, laïcs hommes et femmes, médecins, tous témoignent en faveur de leur sainteté. Mais, à cause de la Seconde Guerre mondiale, l’Ordre libanais ne poursuit pas le procès. Ce n’est que dans les années 1950, notamment après la « grande exhumation de saint Charbel », à Annaya, à la suite des événements extraordinaires qui se produisent, que l’Ordre nomme un postulateur. Celui-ci introduit et instruit en juillet 1966 la cause des trois religieux auprès de la Congrégation pour la cause des saints, à Rome. Rafqa est canonisée le 10 juin 2001 par Jean-Paul II ; elle contribue depuis d’une manière très particulière au renouvellement de la ferveur des religieuses, qui poursuivent la voie de la perfection en restant fidèles au saint Évangile du Christ.

Dans l’année 2018, quelques mois après l’inauguration du sanctuaire à Himlaya, nous avons rencontré Sa Béatitude, le cardinal Béchara Raï. Nous nous étonnions que cette sainte, si vénérée au Liban, soit si peu connue en Europe. Il soulignait alors que, « dans les activités pastorales nombreuses et variées de sœur Rafqa, ses vertus ont rayonné au sein des établissements qu’elle a fondés, bien au-delà du nord Liban. Sa piété, sa foi dans le Seigneur, son amour pour lui, l’ont conduite à partager jusqu’à la fin de sa vie avec joie, puisqu’elle les avait appelées, ses souffrances et sa Passion. Et si les médecins n’ont pas été capables de lui rendre la santé (ce qu’elle n’a jamais demandé), sa mission aujourd’hui consiste à guérir le corps et l’âme de ceux qui l’invoquent avec confiance, par le contact physique avec la terre de sa tombe ». C’est d’ailleurs auprès de Sa Béatitude que nous avons appris les principaux miracles ou faveurs que le Ciel avait envoyés, en commençant par la guérison, le 27 mars 1914, quatre jours seulement après la mort de sœur Rafqa, de mère Ursula Doumit, sa mère supérieure, atteinte d’un cancer de la gorge depuis sept ans.

Cette nuit-là, alors qu’elle est très fatiguée, une religieuse frappe à sa porte, la priant de se procurer de la terre du tombeau de Rafqa, de la mélanger à des aliments et de l’avaler. Le lendemain, comme elle avait interdit sa porte, elle s’enquiert auprès de ses religieuses de celle qui a désobéi : aucune d’entre elles ! Mère Ursula a une intuition. Elle se rend près du tombeau pour faire ce qui lui a été demandé par la voix mystérieuse... La tumeur disparaît : elle est guérie instantanément.

Le jour même, elle va être témoin cette fois-ci d’un deuxième miracle : elle reçoit dans son bureau Chahine Farraane, qui vient de Sghar, une région voisine. Brisé, il l’informe que sa fille Madeleine, atteinte de typhoïde depuis huit jours, est mourante. Il lui demande de l’argent pour faire appel à un médecin qui pourrait tenter de la sauver. « Ayez la foi, lui dit-elle, prenez un peu de terre de la tombe de sœur Rafqa, diluez-la dans un peu d’eau et faites-la-lui boire, sans rien dire à personne. Dieu exaucera votre demande par l’intermédiaire de sa servante. »Connaissant la réputation de sœur Rafqa, que l’on vient d’inhumer, l’homme obéit sans comprendre. Dès l’ingestion, sa fille moribonde se met à suer abondamment : la fièvre tombe, elle est guérie.

Mais c’est le miracle d’Élisabeth Nakhli, née en 1902 et résidant à Tourza, qui va susciter la décision de béatifier sœur Rafqa. En 1936, on détecte chez cette jeune femme de trente-quatre ans une tumeur maligne de l’utérus. En 1937, elle est hospitalisée à l’Hôtel-Dieu, à Beyrouth, pendant quatre mois, sans pouvoir être guérie. Alors qu’elle est mourante, ses parents décident de la ramener chez elle. Pendant le voyage, elle entend sa sœur prier sœur Rafqa d’intercéder pour elle. Élisabeth demande alors qu’on la conduise au tombeau de la religieuse pour prier. Le lendemain, se sentant mieux, elle constate l’arrêt des saignements, et son état s’améliore jusqu’à sa guérison complète. Le miracle est constaté et attesté, Élisabeth vivra encore trente ans !

La guérison de Céline Rebeiz, une petite fille de deux ans atteinte d’une tumeur au rein gauche, est décisive pour le procès de canonisation de la bienheureuse Rafqa. Les témoignages des événements sont nombreux et ont permis de constituer un dossier précis et concordant. Après le diagnostic et deux cycles de chimiothérapie, l’enfant subit l’ablation du rein, dont la masse tumorale retirée est de 750 grammes. Des métastases ont atteint le foie et, avant une nouvelle intervention chirurgicale, une dernière chimiothérapie est prévue. Une amie, dévote de la bienheureuse Rafqa remet aux parents de Céline un peu de terre de sa tombe et leur recommande d’en donner à manger à l’enfant dans la nourriture qu’on lui propose. Mais Céline regimbe… alors qu’elle détourne la tête, sa mère réussit à lui en glisser une cuillerée et l’enfant en redemande immédiatement, à la grande surprise de l’infirmière. Puis elle se lève et fait quelques pas dans les couloirs avec d’autres enfants. L’amélioration de sa santé est telle que la dernière intervention chirurgicale n’aura jamais lieu. Céline est déclarée guérie et, le 23 novembre 1985, l’oncologue qui a convoqué sa mère pour clore le dossier s’entend répondre : « Je l’ai déjà fermé, docteur, avec la bienheureuse Rafqa, vous faites comme vous voulez ! »

Geneviève et Jean Claude Antakli, écrivains et biologistes.


Au-delà des raisons d'y croire :

Sainte Rafqa est patronne des malades, des affligés et des souffrants. Moniale dans l’Ordre Maronite, elle est aussi la première femme libanaise et proche-orientale à avoir été déclarée sainte.


Aller plus loin :

L’article du journal L’Orient-Le Jour : « L’esprit dans lequel elle a vécu continue d’imprégner son couvent de Jrebta ».


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