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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les papes
n°30

Italie, Bulgarie, Turquie, France, Vatican

1881-1963

Saint Jean XXIII, un pape d'obéissance et de paix

Jean XXIII, malgré son court pontificat de 1958 à 1963, marque les esprits. Derrière ses traits d’humour et son affabilité, sa bonté est foncièrement évangélique. Elle s’accompagne aussi d’intelligence, comme en témoignent ses habiles capacités diplomatiques. Aussi bien avant qu’après son élection pontificale, Jean XXIII œuvre pour la paix. Il a l’audace et l’initiative extraordinaire de convoquer le concile Vatican II, l’événement ecclésial le plus important du XXe siècle.

© CC0/wikimedia
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Les raisons d'y croire :

  • La convocation du concile Vatican II (1962-1965) est d’un courage fou et d’une inspiration surnaturelle : il s’agit de réunir plus de 2 500 évêques provenant du monde entier, y compris de Chine et du bloc communiste, réaliser un vaste aggiornamento et « rénover » l’Église. Même si Jean XXIII ne voit pas les conclusions du concile, l’héritage qu’il laisse est immense.
  • Jean XXIII est un artisan de paix hors du commun. Il fait usage de ses compétences diplomatiques afin d’apaiser plusieurs situations extrêmement difficiles (tensions religieuses dans les Balkans, épuration en France de l’après-guerre, crise des missiles de Cuba, etc.). Il organise en Turquie le sauvetage de plusieurs dizaines de milliers de Juifs fuyant l’Holocauste.
  • Jean XXIII est convaincu que « l’Église ne doit pas seulement s’occuper des catholiques, mais du monde », car Dieu propose son salut à tout homme. Cette dimension universelle est déjà dans les Écritures, mais Jean XXIII la rappelle à un moment opportun et agit selon ce principe de façon exemplaire.
  • Le discours à la lune prononcé spontanément par Jean XXIII le 11 octobre 1962 est historique. Attiré par les prières d’une foule immense rassemblée place Saint-Pierre, le Pape sort sur son balcon pour une allocution émouvante d’une humanité profonde. 
  • Les Carnets que Jean XXIII a tenus tout au long de sa vie retracent la vie de cet homme qui fut un grand spirituel en même temps qu’un homme d’Église ouvert au monde. On y voit l’évolution d’une âme, attachée d’abord à travailler à sa propre perfection, s’étendant ensuite, sans négliger ce premier soin, aux dimensions du monde entier.
     
  • Le procès canonique a conclu à l'héroïcité des vertus chrétiennes exercées par Jean XXIII mais exceptionnellement il n'y a pas eu de reconnaissance d'un miracle pour la canonisation du pape, le pape François décidant de s'en passer. Mais le miracle qui a ouvert la voie à la béatification a eu lieu le 25 mai 1966, en faveur d'une religieuse italienne, sœur Caterina Capitani, de la congrégation des Filles de la charité, considérée comme mourante par les médecins à la suite d'une opération en vue de l'ablation d'une tumeur à l'estomac et qui a soudainement guéri, après en avoir appelé à l'intercession du pape défunt.
     
  • Enfin, à l'ouverture en janvier 2001 du triple cercueil en sapin, chêne rouvre et plomb où il reposait, son corps est découvert en excellent état de conservation.

Synthèse :

Né en 1881, Angelo Giuseppe Roncalli est issu d’une famille pauvre de paysans lombards. Il présente des dispositions à l’étude dont il peut tirer parti, grâce au soutien d’un oncle et du curé de sa paroisse. Il est admis au petit séminaire de Bergame et, à l’issue de ses études en 1904, est ordonné prêtre. 

Il devient secrétaire de Mgr Radinsky, très engagé en faveur des ouvriers. Angelo Roncalli garde tout au long de sa vie la volonté de répondre aux problématiques sociales. Il mène une vie extraordinaire, marquée par une carrière diplomatique brillante, avant même son élection comme souverain pontife. Il est drôle, affable et aimable, tout en se montrant ferme lorsqu’il s’agit de défendre les positions de l’Église et des dogmes. 

En 1925, le pape Pie XI l’envoie en Bulgarie en tant que visiteur apostolique. Sa visite a pour objectif de réorganiser l’Église uniate (catholiques de rite orthodoxe) et d’apaiser le climat tendu entre la minorité catholique et les orthodoxes : « Les bons sentiments vers nos frères séparés ne sont pas suffisants, si vous les aimez vraiment, donnez-leur le bon exemple et transformez votre amour en action » (sermon de Mgr Roncalli, 1924). Ces missions sont un succès, il est nommé délégué apostolique en 1931 puis est affecté en Turquie en 1935.  

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Mgr Roncalli tâche de faire passer en Palestine les Juifs des Balkans. Agissant en conformité avec Pie XII, il fournit des papiers et convainc les autorités turques d’affréter des trains. Plusieurs dizaines de milliers de Juifs sont sauvés par ses actions. À cet égard, l’ouvrage d’Alexandre Adler, Une affaire de famille : Jean XXIII, les juifs et les chrétiens (2014, Cerf), est un témoignage précieux fondé sur la grand-mère de l’auteur, Maria Bauer, qui habitait Istanbul et qui connut Mgr Angelo Roncalli pendant la guerre. 

En 1944, il est envoyé à Paris dans le climat difficile de l’épuration d’après-guerre. Mgr Roncalli y œuvre admirablement pour la réconciliation de la société française. Il est le premier observateur du Saint-Siège à l’Unesco. Il est créé cardinal en 1953, puis nommé patriarche de Venise.

En 1958, suite à la mort de Pie XII, le cardinal Roncalli est élu : il prend le nom de Jean XXIII. Censé être un « pape de transition », il parvient, durant son pontificat de quatre ans et demi, à marquer profondément les esprits. Il délaisse la majesté pontificale, demeure jovial et accessible, et sort souvent du Vatican, en effectuant par exemple des visites d’hôpitaux, d’écoles et de prisons ( il est notamment acclamé par les détenus d’une prison de Rome le 1er janvier 1959). 

En tant que pape, il continue de mettre à profit ses talents diplomatiques en positionnant le Saint-Siège dans un rôle d’arbitre durant la guerre froide. Le 25 octobre 1962, lors de la crise de Cuba, il lance un célèbre appel pour la paix adressé aux États-Unis et à l’URSS. Il promulgue aussi l’encycliquePacem in terris (avril 1963) où il expose que la paix ne peut être assurée par l’équilibre de la terreur, mais se fonde sur la paix des esprits, la justice, le respect des traités et l’honnêteté en diplomatie. Il prône un désarmement multilatéral et négocié. 

Jean XXIII a conscience de la nécessité de se rénover perpétuellement, aussi bien à titre personnel que pour l’Église. À la surprise générale, trois mois après son élection, il convoque un concile (réunion de tous les évêques du monde), désigné depuis sous le nom « Vatican II ». C’est sans doute ce qui lui vaut sa réputation de « réformateur moderniste ». Les typologies politiques (droite, gauche, réactionnaire, révolutionnaire…) ne rendent pourtant pas bien compte de la réalité ecclésiale. Le 11 octobre 1962, le Pape affirme durant le discours d’ouverture du concile :  « La tâche principale du Concile œcuménique, c’est de faire en sorte que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit gardé et proposé de façon plus efficace. »

Il veut que ce concile soit pastoral, et non dogmatique, qu’il soit l’impulsion d’un renouveau de l’Église et d’un rapprochement fraternel avec les chrétiens des autres confessions et avec les Juifs. Son successeur Paul VI poursuivra cette œuvre, facteur à la fois de fidélité et d’ouverture.

Le 3 juin 1963, à l’issue d’une longue agonie, Jean XXIII meurt d’un cancer de l’estomac. Il est béatifié en 2000 par Jean-Paul II. En janvier 2001, à l’ouverture du cercueil où il repose, son corps est découvert en excellent état de conservation. 

En 2014, les papes Jean XXIII et Jean-Paul II sont déclarés saints le même jour par le pape François, en présence du pape émérite Benoît XVI. Moment unique, ce « jour des quatre Papes » est l’occasion de manifester l’unité et la continuité de l’Église dans la complémentarité de ses grands serviteurs, d’un siècle à l’autre, face aux grands défis du monde moderne.

Solveig Parent


Au-delà des raisons d'y croire :

Connaître les tenants et les aboutissants du concile Vatican II est indispensable pour comprendre l’Église d’aujourd’hui. L’application qui a été faite de Vatican II à la fin des années 1960 a dépassé les recommandations du concile. Il est bon de lire directement dans les documents officiels ce qui est dit.


Aller plus loin :

Vidéo d’Arnaud Dumouch, La vie de saint Jean XXIII, le bon pape Jean et le Concile Vatican II.


En savoir plus :

  • La prière « Décalogue de la sérénité » de saint Jean XXIII.
  • Jean XXIII, encyclique Pacem in terris, avril 1963.
  • Jean XXIII, Journal de l’âme, 2014, Cerf (extraits choisis des Carnets par le père Rouillard).
  • Alexandre Adler, Une affaire de famille : Jean XXIII, les juifs et les chrétiens, 2014, Cerf.
  • Yves Chiron, Jean XXIII, un pape inattendu, 2017, Tallandier.
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