Le pape Jean-Paul Ier au chevet d’une fillette

Synthèse :

Albino Luciani vient au monde en 1912 dans une famille d’agriculteurs à Canale d’Agordo (Italie, Vénétie). Toute sa vie, celui qui deviendra pape sous le nom de Jean-Paul Ier gardera la nostalgie de ses racines rurales et du bonheur champêtre de sa jeunesse.

C’est un enfant doué et il est vite repéré par ses maîtres. Lui ne songe qu’à servir Dieu. Il s’engage dans la voie du sacerdoce. Au terme de son cursus au séminaire, il soutient une thèse de théologie à l’université pontificale grégorienne de Rome, puis est ordonné prêtre le 7 juillet 1935.

Le 27 décembre 1958, Mgr Giuseppe Roncalli, patriarche de Venise, futur Jean XXIIII, appréciant hautement la foi et le zèle pastoral du père Luciani, ordonne celui-ci évêque pour le siège de Vittorio Veneto (Italie, Vénétie). Dès lors, son ascension au sein des plus hautes instances de l’Église est fulgurante.

Il participe au concile Vatican II et succède, le 15 décembre 1969, au cardinal Urbani comme patriarche de Venise. Le 5 mars 1973, saint Paul VI le crée cardinal. Le 26 août 1978, premier jour du conclave, il est élu successeur de saint Pierre sous le nom de Jean-Paul Ier. C’est le 263e pape de l’histoire. D’une humilité sans pareille (sa devise épiscopale est « Humilitas »), il s’adresse ainsi aux cardinaux qui viennent de l’élire : « Que Dieu vous pardonne ce que vous venez de faire. » Son pontificat est extrêmement bref. Au matin du 29 septembre 1978, il est retrouvé mort dans son lit, victime d’un arrêt cardiaque. Le « pape au sourire » n’a régné que trente-trois jours.

Sa cause de béatification est introduite en 2003. Le 9 novembre 2017, le pape François reconnaît ses vertus héroïques, faisant de lui un vénérable de Dieu. Le 13 octobre 2021, le souverain pontife autorise la Congrégation pour la cause des saints à promulguer un décret reconnaissant la guérison d’une fillette argentine par l’intercession de l’ancien patriarche de Venise. La voie de la béatification est ouverte. Elle est célébrée le 4 septembre 2022 sur la place Saint-Pierre, à Rome.

Cette fillette de onze ans, c’est Candela Giarda, de Parana. Le 20 mars 2011, elle souffre d’une violente migraine qui va persister les jours suivants. Le 27 mars, d’autres troubles compliquent le tableau clinique : température élevée, vomissements, douleur à la tête, troubles du comportement et de la parole. Elle est transportée en urgence à l’hôpital de Parana, où les médecins lui font subir une batterie d’examens. Le diagnostic tombe : il s’agit d’une « encéphalopathie inflammatoire aiguë sévère, d’une épilepsie réfractaire maligne et d’un choc septique ».

C’est extrêmement grave. Les médecins décident de l’intuber. Victime de convulsions, Candela sombre dans le coma. Sa vie ne tient plus qu’au respirateur auquel elle est reliée. Sa mère, Roxana, perd tout espoir.

Sans aucune amélioration de son état, elle est transférée le 26 mai 2011 à la fondation Favaloro, à Buenos Aires, dans l’unité de soins intensifs. Le 22 juillet 2011, on diagnostique une infection des bronches. Candela ne pèse plus que dix-neuf kilos. Les médecins convoquent la famille afin de les préparer à une mort imminente. « Nous ne pouvons rien faire d’autre, Candela va mourir ce soir », disent les praticiens à sa mère.

Roxana décide de s’arrêter à la paroisse Nuestra Senora de la Rabida, située non loin de la clinique, au centre de la capitale argentine, où, depuis quelques semaines, elle se rend à la messe et où elle se confie au curé, le père José Dabusti, qui est attaché à la cause de Jean-Paul Ier. Elle lui demande de venir voir sa fille agonisante.

« Je suis parti tout de suite à l’hôpital, explique le curé. Dans la chambre de réanimation de Candela, il y avait quelques infirmières. J’ai proposé à tous de prier ensemble en posant chacun sa main sur le corps de la fillette. Sans hésiter, j’ai ensuite tout naturellement proposé à Roxana de prier par l’intercession de Jean-Paul Ier pour la guérison de Candela. Seulement, elle ne savait pas qui était le "pape au sourire". Je lui ai alors expliqué les raisons pour lesquelles Jean-Paul Ier pouvait l’aider… »

Quelques heures plus tard, l’état de Candela se met brusquement à s’améliorer sans aucun traitement thérapeutique nouveau. Les médecins, éberlués, sont contraints de se rendre à l’évidence : la fillette vient de guérir, contre toute attente d’une quelconque rémission naturelle. De manière inexpliquée, la « stabilité hémodynamique et respiratoire » est complètement rétablie.

Le 8 août 2011, Candela n’est plus intubée. Le 25 août, son épilepsie disparaît à tout jamais et, le 5 septembre, la fillette quitte l’hôpital. Elle mène depuis une vie épanouie, en excellente santé.

Aller plus loin :

L’article de Vatican News : « Jean-Paul Ier sera béatifié le 4 septembre 2022 ».

En savoir plus :

• L’article d’Aleteia : « Le miracle qui va faire de Jean-Paul Ier un bienheureux ».
• Sur le site Internet cath.ch : « Un prêtre prie Jean-Paul Ier pour la guérison d’une jeune fille ».
• Christophe Henning, Petite Vie de Jean-Paul Ier, Paris, Artège, 2021.
• Raymond Seabeck et Lauretta Seabeck, The Smiling Pope: The Life and Teaching of John Paul I, Our Sunday Visitor Publishing, 2004.