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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les anges et leurs manifestations
n°447

En tous lieux

De tout temps

Les anges gardiens « pour te garder en toutes tes voies »

Au début du XVIIe siècle, à Rome, dans le quartier du Panthéon, l’on frappe à la porte d’un prêtre reconnu pour sa sainteté, Camille de Lellis, fondateur des Ministres des Infirmes, ou Camilliens – ordre religieux dévoué aux malades et aux blessés des champs de bataille. Par humilité, Camille a renoncé à ses fonctions de supérieur pour vivre dans ce quartier défavorisé. Quand il ouvre, il voit un adolescent qui l’implore : « Padre, venez vite, pour l’amour de Dieu ! Ma grand-mère est en train de mourir ! » Camille prend les saintes huiles et suit le garçon jusqu’à un immeuble misérable où gît dans une mansarde une vieille femme à l’agonie. En voyant entrer le religieux, la moribonde s’écrie : « Padre, c’est le Ciel qui vous envoie ! J’ai eu si peur de mourir toute seule, sans les sacrements ! » Camille lui dit de remercier son petit-fils, mais la mourante secoue la tête : « Padre, je n’ai pas de petit-fils… J’ai perdu toute ma famille… et les voisins n’ont même pas vu que j’étais malade. » Camille se tourne vers le seuil où, à la seconde, se tenait le jeune homme, mais il constate qu’il n’y a personne.

© Shutterstock/soniya999
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Les raisons d'y croire :

  • La pauvre femme explique à Camille que, quand elle s’est vue partir abandonnée de Dieu et des hommes, elle a appelé à l’aide le seul dont elle savait qu’il était auprès d’elle – son ange gardien – et lui a demandé d’aller chercher un prêtre. L’ange y est allé, c’est son rôle, en toute discrétion, car les esprits célestes, quand ils se mêlent à nous, détestent être reconnus pour ce qu’ils sont.
  • Cette histoire, qui figure dans le procès de canonisation de saint Camille de Lellis, est tout à fait cohérente avec le rôle que les anges gardiens tiennent auprès de nous selon les Écritures : « Nous garder en toutes nos voies » (Ps 90,11), veiller sur nous avec, pour première préoccupation, non de nous mettre à l’abri des problèmes et malheurs, mais de nous ramener sains et saufs à la Maison du Père, après avoirvictorieusement échappé jusqu’au bout aux pièges des démons. Assurer les derniers sacrements à leur protégé est donc à leurs yeux une mission essentielle.

  • L’existence des anges est affirmée à plusieurs reprises dans la Bible. La première mention de la présence d’un ange gardien à nos côtés figure dans la Genèse (48,16) où Jacob évoque « l’ange qui l’a sauvé de tout mal ».

  • Jésus lui-même, dans l’Évangile (Mt 18,10), affirme leur présence près de nous et le respect qui leur dû en présentant aux disciples l’enfant qui est le modèle à suivre pour mériter le Ciel : « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis en vérité, leurs anges dans le Ciel voient sans cesse la face de mon Père. »

  • De même, dans les Actes des Apôtres (Ac 12,14-16), c’est son ange gardien qui, au prix d’une intervention miraculeuse, fait évader saint Pierre de la prison où Hérode le détient avec l’intention de le faire mettre à mort.
  • Des anges gardiens, le catéchisme de l’Église catholique enseigne : « On appelle anges gardiens les anges que Dieu a destinés pour nous guider et nous garder dans la voie du salut. Ils nous assistent par leurs bonnes inspirations et, nous rappelant nos devoirs, ils nous guident dans les chemins du bien. Ils offrent à Dieu ses prières et nous obtiennent ses grâces. Nous devons être reconnaissants à la divine bonté de nous les avoir donnés et à eux du soin qu’ils prennent de nous. » L’ange est donc en présence de Dieu, qu’il adore inlassablement, sans toutefois jamais nous quitter.

  • L’on objecte souvent que, si toute l’humanité possédait un ange qui la conseillait et la guidait, il ne se produirait aucun drame en ce monde, car nul ne pourrait commettre le mal. C’est oublier que Dieu a fait libres ses créatures et n’a rien voulu leur imposer en les dotant d’un censeur qui briderait leur libre arbitre. Le pouvoir des anges gardiens est donc limité et ils ne peuvent ni pénétrer dans nos pensées ni nous interdire de mal agir.
  • Ainsi que l’affirment Tertullien, Augustin, Ambroise, Jean Chrysostome et bien d’autres, tout homme, même non chrétien, reçoit à sa naissance un ange gardien qui ne le quittera jamais jusqu’à sa mort. Cependant, plus une âme est éloignée de Dieu et de ses lumières, moins l’ange aura de facilité pour attirer son attention, l’aider et la guider.
  • Les anges gardiens ne sont pas là pour nous procurer une science ou des biens honnêtes et nécessaires que le travail peut nous donner. Il ne faut pas les confondre avec des êtres magiques tel le génie de la lampe d’Aladin ou la fée de Cendrillon. Parfaitement soumis à Dieu, ils veulent nous maintenir dans son amitié, quand pour cela nous devrions connaître épreuves et malheurs.

Synthèse :

Sous l’influence de la pensée moderne, l’Église, au XXe siècle, a quasiment banni de son enseignement l’ange gardien, trop souvent devenu dans l’iconographie une bonne d’enfants chargée de veiller sur les bambins imprudents. En fait, l’ange n’est pas un personnage infantilisant mais un prince céleste, dont la bonté à notre égard est, selon le joli mot du père Lamy, curé de La Courneuve et grand familier de l’univers angélique, celle « d’un grand frère plein de sollicitude pour des cadets indigents ».

À la différence des démons, anges déchus qui détestent l’humanité et œuvrent à la séparer de Dieu pour l’éternité, les anges gardiens veulent notre bien véritable. Ils sont toujours près de nous, ce qui représente, dans la pesante solitude du monde actuel, un puissant secours. De tous nos proches, ils sont les seuls qui ne nous abandonneront jamais et dont l’amour ne se flétrira jamais, quels que soient nos fautes et nos manquements. Même s’ils font toujours preuve d’une extrême discrétion, à l’instar de l’archange Raphaël – archétype de l’ange gardien, qui protège Tobie et Sara sans jamais se faire reconnaître pour ce qu’il est, sauf à la fin de l’histoire –, il est probable qu’ils sont bien plus présents autour de nous que nous l’imaginons ; peut-être même en croisons-nous souvent sans les reconnaître. Saint Paul le dit d’ailleurs : « Ne savez-vous pas que certains d’entre vous ont logé des anges ? »

Il importe donc de nous souvenir de leur présence à nos côtés, de les honorer comme ils le méritent et de ne jamais hésiter à faire appel à eux avec confiance dans nos difficultés.

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.


Au-delà des raisons d'y croire :

  • Le pape Pie XII les appelait « nos compagnons d’éternité » car il est exact que, si nous sommes sauvés et méritons d’aller au Ciel, notre protecteur angélique ne nous quittera jamais, et restera même près de nous au purgatoire. En revanche, si nous avons le malheur de nous damner, nous perdrons sa présence définitivement.


Aller plus loin :

  • Jean-Paul II, Les Anges, 1994. Disponible en anglais et dans de nombreuses langues.

En savoir plus :

  • Jean Daniélou, Les Anges et leur mission, Chèvetogne, 1953.
  • Philippe Faure, Les Anges, Le Cerf, 1988.
  • Maria Pia Giudici, Qui sont les anges ?, Nouvelle Cité, 1985.
  • Georges Huber, Mon ange marchera devant toi, Saint-Paul, 1972.
  • Dom Bernard-Marie Maréchaux, Anges et démons, 1903.
  • Dom Louis Zerbi, Les Anges, leçons et considérations tirées des œuvres de saint Thomas d’Aquin, 1897.
  • Anne Bernet, Enquête sur les anges, édition poche chez Ephata, 2024.
  • Le magazine 1 000 raisons de croire, numéro 3 et son dossier spécial : « Oui, anges et démons existent ! ».
  • La vidéo de la chaîne YouTube 1 000 raisons de croire : Qui est mon ange gardien ?
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