Sainte Geneviève, patronne de Paris

Synthèse :

Geneviève naît à une période charnière de notre histoire, entre Antiquité et Moyen Âge. Issue d’une famille de la noblesse gallo-romaine, elle est la fille unique d’un magistrat. À l’âge de sept ans, Geneviève rencontre Germain d’Auxerre, qui lui demande si elle veut consacrer sa vie à Dieu. À sa réponse positive spontanée, l’évêque lui remet un médaillon percé d’une croix qui ne quittera plus Geneviève de toute sa vie.

Quelques années après, Geneviève devient vierge consacrée. Elle mène une vie simple faite de charité et de prière. Mais ses parents décèdent alors qu’elle n’a qu’une vingtaine d’années. Elle hérite alors de la charge de magistrat de son père et part à Paris où elle siège au conseil municipal de la ville.

À l’époque, la situation politique est complexe. Dans cet Empire romain d’Occident sur le déclin, les peuples barbares sont déjà installés en plusieurs royaumes qui encadrent notre future capitale. Les plus puissants sont les Wisigoths au sud-ouest et les Francs au nord-est. Les croyances se partagent entre paganisme, christianisme et arianisme, une hérésie chrétienne qui nie la divinité du Christ. En 451, Attila, le chef des Huns, peuple venu de l’est, va bousculer cet équilibre précaire. Car lui ne s’installe pas, il détruit. Tout. Il tue. Tout le monde. À son approche, les Parisiens terrorisés veulent fuir.

Seule Geneviève veut rester et défendre sa ville par la prière. Avec quelques femmes, elle se réfugie dans une chapelle, dont elle sort régulièrement pour encourager les Parisiens à rester et à prier. Beaucoup de femmes écoutent Geneviève et les hommes, qui ne peuvent pas partir sans leurs femmes, sont furieux. À l’exact moment où ils s’apprêtent à jeter Geneviève dans la Seine, l’archidiacre Sedulius arrive d’Auxerre avec les eulogies, pains bénits donnés pour Geneviève par l’évêque Germain au moment de mourir. « Arrêtez !,crie Sedulius.Celle dont vous projetez la mort est l’élue de Dieu. Les derniers mots de l’évêque Germain ont été pour elle. Voici ces eulogies qu’il m’a envoyé vous apporter comme preuve de sa bénédiction. » La célébrité de l’évêque Germain est si forte que les hommes décident de suivre l’avis de Geneviève. La population de Paris reste et prie avec elle. Peu de temps après, les barbares coalisés l’emportent face aux Huns. À partir de cet événement, l’autorité de Geneviève va s’imposer sur les plans politique et spirituel.

Elle va prendre une place de plus en plus importante au sein du conseil municipal, jusqu’à tenir l’équivalent du rôle de maire. Elle va continuer de prendre soin des pauvres, des miséreux et des malades. Véritable guide spirituel des Parisiens, elle va surtout chercher à enraciner la foi chrétienne sur son territoire. Ainsi, Geneviève va construire la première église Saint-Denis. En les initiant, elle va encourager les pèlerinages sur le tombeau du premier évêque de Paris, saint Denis, mais également sur celui de l’évangélisateur des Gaules, saint Martin de Tours.

Une vingtaine d’années après l’épisode des Huns, ce sont les Francs qui font le siège de la cité, la menaçant de famine. Geneviève refuse d’ouvrir les portes de la ville à Childéric, roi des Francs, tant qu’il n’est pas baptisé. Geneviève organise une expédition de onze bateaux pour remonter la Seine vers ses terres de Meaux. Après d’innombrables péripéties, elle parvient à ramener suffisamment de blé, de farine et de pain pour nourrir la population affamée.

Pendant des années, les Francs vont tenter à plusieurs reprises de reprendre Paris. Mais Geneviève et les Parisiens vont continuer de résister. Geneviève est convaincue que va émerger un puissant royaume chrétien dont Paris sera le centre. Clovis, fils de Childéric, succède à son père. Comme lui, il est persuadé que Geneviève finira par céder et lui ouvrir les portes de Paris – ville tentante tant par sa prospérité nouvelle que par sa position stratégique. Les prières de Geneviève pour la conversion du roi des Francs sont incessantes, et la providence va lui donner deux alliés de poids : l’évêque Remi de Reims, dont le pouvoir est très important, et, l’épouse de Clovis, Clotilde, fervente chrétienne. Tous trois prient et œuvrent activement à la conversion du roi des Francs.

Le roi Clovis tourne finalement son espoir vers le Christ lors de la bataille de Tolbiac. Voyant la victoire lui échapper, il se serait écrié : « Jésus, Dieu de Clotilde, si tu me donnes la victoire contre mes ennemis, je me convertirai en ton nom. » À cet instant, les ennemis de Clovis auraient commencé à perdre du terrain. Le jour de Noël 496, sous les yeux de sa femme, le puissant roi des Francs reçoit le baptême des mains de l’évêque Remi à Reims, avec trois mille de ses soldats. Quelques jours après, Geneviève ouvre les portes de Paris à Clovis et lui laisse les clefs de la cité. Quelques années plus tard, Clovis fera de Paris la capitale du royaume des Francs, scellant à tout jamais l’histoire de notre pays. Il deviendra un puissant royaume chrétien pendant mille trois cents ans.

Au-delà des raisons d'y croire :

Sainte Geneviève était une personne exceptionnelle qui a donné toute sa vie pour Dieu et pour les Parisiens. Tout ce qu’elle faisait était inspiré par sa prière constante. Elle avait de multiples talents, qu’elle a su mettre au service de notre pays. Elle avait aussi une solide formation, une connaissance très fine de la géopolitique de son époque ainsi qu’un don de prescience. Tout cela lui a donné l’inspiration qu’un puissant royaume unifié autour de Paris et bâti sur la foi chrétienne verrait le jour. Elle a gardé confiance pendant des dizaines d’années, et ce malgré les événements éprouvants de son époque. Toute sa vie, Geneviève a eu raison d’espérer contre toute espérance. Les Huns ont été battus. Les Francs se sont convertis au christianisme. Un puissant royaume franc chrétien a été fondé. Après le baptême de Clovis, qui inspirera la cérémonie du sacre des rois de France, ce sont mille trois cents ans de royauté chrétienne qui vont suivre.

Nous pouvons approfondir notre connaissance de l’histoire de France en lisant la vie de sainte Geneviève. Cela nous donnera beaucoup d’espérance pour notre pays. Et nous pouvons la prier pour la reconversion de la France en suivant son conseil : « Priez et demeurez. Jésus-Christ vous donnera la victoire. »

Aller plus loin :

Delphine Pasteau, Geneviève, mystique et femme d’action, Éditions de l’Emmanuel, 2020.

En savoir plus :

• Geneviève Chauvel, Sainte Geneviève, premier maire de Paris, L’Archipel, 2017.
• Joël Schmidt, Sainte Geneviève. La fin de la Gaule romaine, Perrin, 1990 (rééditions 1999, 2012).
• Janine Hourcade, Sainte Geneviève, hier et aujourd’hui, Paris, Médiaspaul, 1998.
• Max Gallo, Geneviève de Paris. Lumière d’une sainte dans un siècle obscur, Paris, XO éditions, 2013.
• Delphine Pasteau, Sainte Geneviève, collection Témoins de l’Invisible, Éditions Emmanuel Jeunesse, 2023.
• Sur le site Internet Schola Sainte Cécile, l’article « Les processions des reliques de sainte Geneviève ».
• L'exposition numérique de « l'Église Catholique à Paris » : Sainte Geneviève 2020.
• Les autres articles 1000 raisons de croire parus sur sainte Geneviève, notamment « Le miracle des ardents ».