L’hostie incombustible de Morrovalle

Dans la nuit du 15 au 16 avril 1560, un violent incendie ravage l’église de Morrovalle (Marches, Italie). Presque rien ne subsiste de l’édifice, englouti dans les flammes en quelques heures à peine. Trois jours plus tard, le père Baptiste d’Ascoli, curé de Morrovalle, fouille ce qui reste de son église et découvre, intacte, immaculée, totalement préservée des flammes, la grande hostie qu’il a lui-même consacrée avant le drame. Une longue enquête conclut à la vérité des faits. Un pèlerinage important se met en place avec l’approbation du pape Pie IV.

Les raisons d'y croire :

• Un morceau de pain azyme pesant quelques grammes ne peut résister à la chaleur et aux flammes d’un incendie dont la puissance ravage une église en quelques heures à peine. Sur le plan matériel, il est impossible que l’hostie retrouvée ait été préservée alors que les poutres, les charpentes et tout le mobilier intérieur ont été dévorés en peu de temps et que les murs et le toit se sont éboulés.

• L’hostie est trouvée avec un ciboire, qui est lui-même notablement brûlé, montrant bien que l’objet et ce qu’il contenait étaient dans l’église au moment de l’incendie.

• S’il s’agissait d’une tromperie, on ne comprend pas la raison pour laquelle l’auteur de la manigance aurait dissimulé l’hostie dans un lieu si inaccessible (sous un bloc de marbre, dans une anfractuosité) qui avait toutes les chances de n’être inspecté par personne. Mettre l’hostie glorieusement en évidence au milieu des restes du brasier aurait bien plus d’effet.

• S’il avait tout orchestré, le père Baptiste, pour brouiller ses traces, se serait arrangé pour ne pas être celui qui trouve l’hostie intacte. Par ailleurs, l’enquête épiscopale s’est prononcée en faveur de l’intégrité, de la sincérité et de la foi de cet homme.

• Une supercherie organisée par plusieurs complices n’est pas plus convaincante : il faudrait que les frères franciscains du couvent, le curé du village et l’évêque soient tous ensemble de mèche ! Inutile de dire qu’une telle théorie du complot est vide de sens. Rappelons que la province des Marches, dans laquelle se trouve Morrovalle, appartient aux États pontificaux depuis 1532 : il eut été pour le moins hasardeux de manigancer une telle tromperie sur un territoire soumis à la juridiction directe du souverain pontife…

• Plusieurs villageois accourent aux cris du père Baptiste dès l’instant où il trouve l’hostie, qui est ensuite confiée à la garde de plusieurs moines, ne laissant le loisir à personne de modifier l’état des choses découvertes.

• Les autorités épiscopales mettent très rapidement sur pied une commission d’enquête des plus rigoureuses composée de cinq cardinaux et de plusieurs théologiens ; à l’issue du travail d’investigation, qui dure plusieurs mois, les membres rendent un avis unanimement favorable, ne voyant de traces ni d’une fraude ni d’une tromperie.

• En septembre de la même année, le pape Pie IV promulgue une bulle autorisant le culte à la sainte hostie de Morrovalle : décision d’une grande portée et rare dans l’histoire du christianisme, le Saint-Siège exerçant depuis toujours une prudence importante à l’égard des phénomènes réputés extraordinaires.

• Le nombre des pèlerins se rendant à Morrovalle après 1560 ne cesse de croître, dans des proportions si importantes que l’église est agrandie et que la ville devient un centre de pèlerinage parmi les plus importants de la péninsule italienne.

• Les fruits spirituels du miracle ont été consignés au fil des ans par les autorités civiles et religieuses de Morrovalle ; on y dénombre des guérisons inexplicables et des conversions qui ne le sont pas moins.

• L’hostie miraculeuse se conserva quelques dizaines d’années, jusqu’au XVIIe siècle, quand on en perdit la trace. Mais il reste aujourd’hui encore le couvercle du ciboire rescapé des flammes.