Recevoir les raisons de croire
< Toutes les raisons sont ici !
TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Des juifs découvrent le Messie
n°533

Alsace et Paris (France)

1802 – 1884

Théodore Ratisbonne a trouvé « la paix, la lumière et le bonheur »

Prêtre, fondateur de la congrégation Notre-Dame de Sion, Théodore Ratisbonne est le deuxième enfant d’une grande famille alsacienne de confession juive. À vingt ans, le jeune homme cherche un sens à la vie à travers la lecture. Il suit des cours de philosophie, envisage une carrière d’avocat puis de médecin, à laquelle il renonce. Il fait ensuite la connaissance de Louise Humann, qui lui fait découvrir la foi chrétienne : sa vocation est née. Il est baptisé en 1827, puis Dieu l’appelle au sacerdoce. Avant sa mort, le 10 janvier 1884, Théodore reçoit une dernière bénédiction du pape Léon XIII.

Inscription à la porte de Notre-Dame de Sion, à Jérusalem. / © SuperJew, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons.
Inscription à la porte de Notre-Dame de Sion, à Jérusalem. / © SuperJew, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons.

Les raisons d'y croire :

  • La conversion de Théodore Ratisbonne est humainement inexplicable : ses parents et sa parentèle vivent à des années-lumière du catholicisme. Théodore devient même franc-maçon pendant quelques années… Tant dans ses origines familiales que dans son parcours de vie jusqu’en 1827, rien ne semblait préparer Théodore à devenir prêtre.
  • Sa conversion lui coûte car sa famille rompt momentanément avec lui. Mais suivre le Christ est désormais le plus important pour Théodore.
  • Cette conversion est fructueuse en tous domaines. En effet, la vie chrétienne de Théodore est singulièrement riche d’un point de vue à la fois spirituel et humain : fidélité au baptême, vie sacerdotale d’une très grande richesse, engagements caritatifs nombreux et durables, fondation d’une congrégation, écriture d’ouvrages historiques et spirituels de grande qualité…
  • Cette vitalité et l’étendue des actions caritatives et pastorales menées par Théodore témoignent de la profondeur de sa vie mystique. En effet, ses engagements multiples, notamment en faveur des pauvres, traduisent une énergie peu commune qui a pour origine la prière et une foi inébranlable en Jésus et en Marie.
  • En 1843, en créant la congrégation des Sœurs de Notre-Dame de Sion pour l’éducation des filles israélites les plus démunies, le désir de Théodore est de partager « la paix, la lumière et le bonheur » qu’il a trouvés lors de sa conversion au christianisme.

  • Toute la vie chrétienne de Théodore est placée sous la protection de la Vierge Marie, dont il perçoit les signes à de multiples reprises. En 1840, il rencontre de manière providentielle l’abbé Desgenettes, fondateur de l’archiconfrérie du Très Saint et Immaculé Cœur de Marie pour la conversion des pécheurs, dont il devient le sous-directeur. Il interprète l’apparition mariale qui convertit son frère Alphonse en 1842 comme un encouragement spirituel de la Mère de Dieu, etc. Selon ses propres dires, la Vierge Marie l’aide et l’encourage dans son désir d’évangéliser les juifs de son temps. Le jour de son baptême, il prend d’ailleurs le nom de Marie-Théodore.
  • Le caractère universel de la charité qu’il exerce et sa tolérance à l’égard de chacun méritent d’être notés, car ils rejoignent la conception contemporaine : lorsque sa congrégation essaime en Palestine, les religieuses, selon ses directives, s’occupent indifféremment d’enfants juifs, chrétiens ou musulmans.
  • Une polémique est apparue au sujet de prétendues conversions forcées auxquelles Théodore aurait pris part. Il faut rétablir l’entière vérité : il n’a jamais cessé de proclamer, à l’oral et par écrit, son amour pour le peuple d’Israël, auquel il appartient lui-même. Selon lui, les juifs sont les pères des chrétiens dans l’ordre de la foi : idée singulièrement actuelle que le concile Vatican II reprendra. Théodore Ratisbonne désire évangéliser par  la prière, l’exemple, la douceur et l’écoute, et non par la force, car, à ses yeux, le christianisme est l’accomplissement du judaïsme.

Synthèse :

Fils du banquier Jean Auguste Ratisbonne, Théodore est le deuxième enfant d’une fratrie israélite connue en Alsace, qui en comptera dix. Il mène d’abord des études au collège à Strasbourg, puis, en 1815, avec son frère Gustave, à la pension Sachs de Francfort. En 1818, son père l’envoie à Paris pour être initié aux affaires. Il y apprend la mort brutale de sa mère. C’est un choc. De retour à Strasbourg, il est employé dans la compagnie financière de la famille, sous l’autorité de son oncle Louis. N’y trouvant aucun intérêt, il sollicite son père pour obtenir la permission d’aller préparer son baccalauréat ; à cette fin, il s’installe en reclus dans une propriété de la famille. Le 2 mai 1820, en compagnie d’un de ses frères, il est admis dans une loge maçonnique strasbourgeoise. Il en démissionnera en 1825.

Il passe son baccalauréat ès lettres le 3 août 1823, obtient sa licence en droit (26 janvier 1826), puis prête le serment d’avocat à Colmar (4 avril 1826). Le 31 décembre suivant, il passe le baccalauréat ès sciences physiques et s’inscrit en faculté de médecine. Mais il renonce à la carrière médicale en novembre 1827. Parallèlement, la providence l’initie à ce qui deviendra son activité essentielle le reste de ses jours : l’éducation. Il dirige l’École d’encouragement au travail, fondée par le consistoire israélite, dont fait partie son père ; il y fait merveille, selon son entourage, jusqu’à sa démission au début de 1828. Car, entre-temps, il s’est converti au christianisme, ce qui l’oblige à se démettre de ses fonctions.

En effet, le 13 mai 1823, Théodore s’est inscrit comme auditeur au cours privé de l’abbé Louis Bautain, célèbre philosophe, dont l’enseignement est dispensé au domicile de mademoiselle Humann, juive convertie, qui va jouer un rôle de première importance dans le cheminement du jeune homme. Elle l’engage notamment à lire la Bible en lui disant : « Devenez un bon israélite. » Mademoiselle Humann est l’une des trois signataires du « Pacte de Turquestein », en 1797 : l’engagement par lequel trois personnes (Monseigneur Colmar, Louise Humann et madame Breck) ont promis solennellement de consacrer leur vie à Dieu et au service des autres ; ils furent notamment actifs dans l’éducation de la jeunesse, face aux restrictions imposées aux communautés religieuses enseignantes pendant la Révolution française. Théodore devient le « fils spirituel » de mademoiselle Humann et reçoit le baptême en 1827. Désormais, seul Dieu compte.

Il rompt momentanément avec sa famille et est accueilli en octobre 1828 par Mgr Le Pappe de Trévern à la « Petite Sorbonne » de Molsheim (le séminaire) pour se préparer au sacerdoce. Ordonné prêtre le 18 décembre 1830, il fait partie du groupe réuni autour de l’abbé Bautain et se voit confier des classes scolaires, avec l’enseignement de la géologie. Il est en même temps vicaire à la paroisse de la cathédrale, où il multiplie les initiatives en faveur de la catéchèse.

Il trouve également le temps d’écrire. Il mène à bien une biographie spirituelle de saint Bernard, qui lui vaut d’être bientôt décoré par le pape Grégoire XVI.

Après la mort de mademoiselle Humann en 1836 et la fin de son enseignement, Théodore s’établit à Paris, où il devient vicaire de la paroisse de Notre-Dame-des-Victoires, où le curé, l’abbé Desgenettes, à la suite à une inspiration mystique, a fondé une archiconfrérie célèbre destinée à la conversion des pécheurs. Parallèlement, il se dévoue comme aumônier de l’orphelinat des Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, rue Plumet.

Il apprend la conversion de son frère Alphonse, à la suite d’une apparition mariale dans une église romaine. C’est un choc décisif. Il a l’intuition que Marie l’appelle également à entreprendre quelque chose pour l’éducation des jeunes filles juives démunies. Il reçoit tout d’abord quelques enfants, confiés par leurs familles, afin de les initier à la foi chrétienne. Leur nombre devenant très important, il fait appel à ses anciennes paroissiennes de Strasbourg, les « Dames de Sion » : c’est ainsi que naît bientôt une communauté religieuse autour de lui et de quelques femmes qui l’assistent. L’œuvre ne cesse de se développer : orphelinats, écoles et pensionnats voient le jour en très peu de temps. L’archevêque de Paris adopte une règle pour la communauté, conformément au droit canonique. Les religieuses sont autorisées à prononcer leurs vœux.

Le fondateur voit dans cette congrégation une vocation d’amour. « Avant tout, nous devons aimer le peuple d’Israël », répète-t-il autour de lui. Son intuition est que sa congrégation est appelée à incarner dans l’Église l’amour éternel de Dieu pour le peuple d’Israël. Il faut souligner la nouveauté d’une telle pensée à l’époque, où un antijudaïsme séculaire perturbait souvent les rapports entre catholiques et juifs.

Dans les décennies qui suivent, les religieuses construisent et dirigent nombre d’écoles pour filles et s’occupent aussi de nombreux orphelins et enfants défavorisés, de différentes confessions. Elles acquièrent une excellente réputation en matière pédagogique.

La congrégation des Sœurs de Notre-Dame de Sion obtient l’approbation définitive du Saint-Siège en 1873. Des communautés naissent un peu partout à travers le monde : Palestine, Turquie, Brésil, Belgique, etc.

Théodore rend son âme à Dieu à Paris le 10 janvier 1884. Mgr Guibert, archevêque de Paris, lui administre les derniers sacrements, et le pape Léon XIII lui adresse sa bénédiction.

Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.


Au-delà des raisons d'y croire :

La papauté a soutenu, encouragé et récompensé Théodore de diverses manières. Le pape Grégoire XVI le fait chevalier de l’ordre de Saint-Sylvestre et lui adresse ses félicitations pour son livre sur saint Bernard ; ce même souverain pontife lui donne sa bénédiction en 1843 après qu’une femme juive dans le besoin lui a demandé de la soutenir matériellement et d’élever ses deux filles ; Léon XIII le nomme protonotaire apostolique ; dès 1847, Pie IX promulgue un bref apostolique accordant des indulgences plénières aux « Dames de Sion » et, en 1873, la congrégation est définitivement reconnue.


Aller plus loin :

Les Pères Ratisbonne et Notre-Dame de Sion, 2e éd., Paris, Beauchesne, 1919.


En savoir plus :

  • Le T.R.P. M. Théodore Ratisbonne, Paris, Poussielgue, 1905, 2 vol.
  • Frédéric Gugelot, « De Ratisbonne à Lustiger. Les convertis à l’époque contemporaine », Archives juives. Revue d’histoire des Juifs de France, 2002, 1, vol. 35, p. 8-26.
  • Les différents écrits de Théodore Ratisbonne : Thèse sur le mariage, 1826 ; Essai sur l’éducation morale, 1828 ; Histoire de saint Bernard et de son siècle, 1842 ; Manuel des mères chrétiennes, 1859 ; Méditations de saint Bernard sur la vie présente et future, 1864 ; Annales des mères chrétiennes, 1866-1870 ; La Question juive, 1868 ; Le Pape, 1870 ; Allégories à l’usage des petits et des grands enfants, 1870 ; Rayons de vérité, 1874 ; Réponses aux questions d’un israélite de notre temps, 1878…
  • L’article 1 000 raisons de croire : « Le rendez-vous mystique d’Alphonse Ratisbonne ».
  • Marguerite Aron, Prêtres et religieuses de Notre-Dame de Sion, Grasset, 1936.
Partager cette raison

LES RAISONS DE LA SEMAINE

Les saints , Des juifs découvrent le Messie
Edith Stein « unie au Christ, telle une catholique, et à son peuple telle une juive »
Les saints , Des juifs découvrent le Messie
Edith Stein, "unita a Cristo come una cattolica e al suo popolo come un'ebrea".
Les saints , Des juifs découvrent le Messie
Edith Stein - Saint Benedicta of the Cross: "A daughter of Israel who, during the Nazi persecutions, remained united with faith and love to the Crucified Lord, Jesus Christ, as a Catholic, and to her people as a Jew"
Les saints , Des juifs découvrent le Messie
Edith Stein "unida a Cristo, como una católica, y a su pueblo como una judía".
Les grands témoins de la foi
Aron Jean-Marie Lustiger, un choix de Dieu
Les grands témoins de la foi
Aron Jean-Marie Lustiger, una scelta di Dio
Les grands témoins de la foi
Cardinal Aron Jean-Marie Lustiger: Chosen by God
Les grands témoins de la foi
Aron Jean-Marie Lustiger, una elección de Dios
Des juifs découvrent le Messie , Témoignages de rencontres avec le Christ
Max Jacob : la conversion inattendue d’un artiste libertin
Des juifs découvrent le Messie , Témoignages de rencontres avec le Christ
Max Jacob: la conversione inaspettata di un artista libertino
Des juifs découvrent le Messie , Témoignages de rencontres avec le Christ
Max Jacob: a liberal gay Jewish artist converts to Catholicism (1909)
Des juifs découvrent le Messie , Témoignages de rencontres avec le Christ
Max Jacob: la inesperada conversión de un artista libertino
Guérisons miraculeuses , Des juifs découvrent le Messie
Un juif découvre le Messie à la suite de la guérison miraculeuse de sa mère : Patrick Elcabache
Guérisons miraculeuses , Des juifs découvrent le Messie
Un ebreo scopre il Messia dopo la guarigione miracolosa di sua madre: Patrick Elcabache
Guérisons miraculeuses , Des juifs découvrent le Messie
Patrick Elcabache: a Jew discovers the Messiah after his mother is miraculously cured in the name of Jesus
Guérisons miraculeuses , Des juifs découvrent le Messie
Un judío descubre al Mesías tras la curación milagrosa de su madre: Patrick Elcabache
Des juifs découvrent le Messie
Le rendez-vous mystique d’Alphonse Ratisbonne
Des juifs découvrent le Messie
L'appuntamento mistico di Alfonso Ratisbonne
Des juifs découvrent le Messie
La cita mística de Alfonso de Ratisbona
Des juifs découvrent le Messie
Our Lady of the Miraculous Medal and the conversion of Alphonse Ratisbonne
Des juifs découvrent le Messie
François-Xavier Samson Libermann, israélite converti à la foi en Jésus-Christ
Des juifs découvrent le Messie
Olivier : de Pessah à la Pâque chrétienne
Des juifs découvrent le Messie
Destiné à être rabbin, François Jacob Libermann devient prêtre
Des juifs découvrent le Messie
Théodore Ratisbonne a trouvé « la paix, la lumière et le bonheur »