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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Stigmates
n°477

Rhénanie-du-Nord-Westphalie (Allemagne)

1242 – 1312

Bienheureuse Christine de Stommeln, épouse mystique de Jésus Christ

Née dans une famille de laboureurs allemands à Stommeln, près de Cologne (Allemagne), Christine passe une enfance paisible parmi les siens, sans difficultés matérielles ni affectives. Dès ses cinq ans, Dieu lui accorde expériences extraordinaires et révélations privées, l’invitant peu à peu à devenir religieuse. Acceptant de donner sa vie pour Jésus, elle intègre une communauté de béguines, où sa vie mystique acquiert une intensité exceptionnelle : visions, locutions, don de connaissance, stigmates… Parallèlement, elle subit des attaques diaboliques d’une violence inouïe. Christine von Stommeln fait l'objet d'une vénération dès son vivant et meurt à l'âge de soixante-dix ans, le 6 novembre 1312.

© Shutterstock, Billion Photos.
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Les raisons d'y croire :

  • Toutes les sources historiques sur la vie de Christine s’accordent pour dire qu’elle a cinq ans lorsqu’elle dit avoir eu sa première vision de l’Enfant Jésus. Il est inenvisageable que Christine ait inventé une telle histoire : cette vision présente un contenu élaboré sur le plan doctrinal, surtout pour un âge aussi précoce.
  • D’autres contemporaines de Christine eurent des visions ressemblantes, comme Claire de Montefalco († 1308). Il est impossible que Christine ait purement copié, car les récits n’ont pu parvenir à ses oreilles, mais cela montre bien qu’il ne s’agit pas d’un pur produit de son imagination.
  • Cette expérience fait naître chez la fillette un désir, bien réel, de vivre en présence de Jésus. Ce dernier n’est pas envisagé comme un « camarade » humain, mais comme le Fils de Dieu confessé par l’Église catholique. Ce désir n’aurait pas pu naître spontanément chez cette enfant de cinq ans, ni être imposé par sa famille ou par le clergé local…
  • En 1251 (elle a neuf ans), la Vierge Marie aussi la visite. C’est la première apparition mariale de sa vie ; elle en aura d’autres. Il n’y a pas la moindre approximation théologique et nul manque de clarté dans la description de la Vierge. Cette mariophanie présente tous les caractères d’une expérience authentique et l’évolution spirituelle ultérieure de Christine en est une conséquence fructueuse.
  • De surcroît, lors de cette apparition, la Vierge apprend à l’enfant une prière liturgique ignorée de Christine et de son entourage, et à peine sue par le clergé catholique de la région : la « séquence du Saint-Esprit ».
  • Christine est restée quasiment analphabète jusqu’à sa mort. Les prêtres sont contraints de lui traduire en langue vernaculaire les paroles liturgiques et chaque récit spirituel. Mais, de façon inexplicable, elle comprend néanmoins parfois de longs textes latins pour des occasions précises.
  • En 1257, Christine, devenue béguine à Cologne, devient l’une des premières femmes stigmatisées de l’histoire, recevant les plaies de la Passion aux deux mains et aux deux pieds, ainsi que la blessure de la couronne d’épines autour de la tête. Toute la communauté et des dizaines de visiteurs extérieurs assistent au phénomène, qui se répète à plusieurs occasions.
  • Ses plaies présentent absolument toutes les caractéristiques anatomiques et physiologiques des stigmates : elles ne s’infectent ni ne suppurent et s’ouvrent et se referment d’elles-mêmes, sans intervention humaine ; pas n’importe quand, mais à des moments précis du calendrier liturgique (Vendredi saint et Semaine sainte). Ces blessures, profondes et douloureuses, n’empêchent pas la bienheureuse de participer à la vie de sa communauté. Enfin, elles suivent et accompagnent de longues extases au cours desquelles Christine participe à la Passion.
  • Parmi les autres phénomènes inexplicables, les attaques démoniaques occupent une place particulière que ses contemporains n’ont pas manqué de souligner. De multiples hématomes répandus sur tout son corps montrent la violence des coups portés par des mains invisibles. Certains d’entre eux apparaissent en présence de plusieurs témoins : aucune fraude n’est possible. Des marques de brûlures profondes surgissent sur sa peau en un instant. Des araignées et des serpents sont retrouvés dans sa cellule, à Cologne, alors que l’environnement naturel du lieu en est exempt. Ses sœurs en religion sont frappées par des « matérialisations » de puces sur elle ; de la vermine envahit ses draps et contamine sa nourriture, des excréments recouvrent ses vêtements...
  • La source première de la vie de Christine est l’œuvre de son ami spirituel Pierre de Dacie (1235 – 1289), qui rédige le Codex Juliacensis (archives diocésaines d’Aix-la-Chapelle et bibliothèque de l’université Heinrich Heine de Düsseldorf, manuscrit Hs 599/6324). Attribuer le surnaturel à l’imagination de l’auteur serait méconnaître complètement cet homme. Celui-ci n’est pas le premier venu, mais une personnalité influente et respectée de son époque. Dominicain suédois, il étudie d’abord à Cologne, ensuite à Paris, auprès de saint Thomas d’Aquin († 1270), puis devient lui-même enseignant et côtoie l’autre immense figure de son ordre, saint Albert le Grand († 1280). L’homme est un théologien d’une grande érudition, dont la mission est d’enseigner la doctrine catholique et de discerner les événements de la vie mystique.
  • Le long et minutieux témoignage de Pierre de Dacie démontre que les différentes expériences mystiques de la bienheureuse sont bien réelles, indépendantes de sa volonté et ne répondant à aucune loi naturelle connue. De surcroît, elles se révèlent très fructueuses sur le plan spirituel, renforçant l’union que Jésus a contractée avec elle, et dilatant la charité dont elle témoigne à chaque instant de son existence en faveur de chaque être qu’elle rencontre.
  • Christine n’a pas le profil d’une déséquilibrée mentale. C’est une humble personne, charitable, dévouée à sa communauté, pieuse et sans excès. Sa personnalité est celle d’une solide croyante, parfaitement intégrée dans la société du début du XIVe siècle.
  • Un premier miracle sur la tombe de Christine a lieu en 1338 : le comte Dietrich de Clèves, malade de graves crises de goutte, contre lesquelles les médecins de l’époque sont impuissants, est guéri instantanément et définitivement après avoir touché les ossements de la bienheureuse. En 1908, le pape saint Pie X a béatifié Christine de Stommeln et fixé sa fête liturgique au 6 novembre.
  • Ses reliques ont survécu miraculeusement à la destruction totale de l’église du prévôt de Juliers, où elles étaient conservées, lors du raid aérien des Alliés sur la région, le 16 novembre 1944.

Synthèse :

Christina von Stommeln vient au monde le 24 juillet 1242 à Stommeln, un lieu-dit du bourg allemand de Pulheim, non loin de Cologne. Ses parents, Heinrich et Hilla Bruso, sont des laboureurs assez aisés. La famille ne semble jamais avoir souffert de la faim ni enduré d’autres privations. La fillette, intelligente, éveillée et curieuse de tout, a une première vision – celle de l’Enfant Jésus – quand elle n’a encore que cinq ans.

Elle grandit entourée de l’amour des siens. Son père veut lui donner une bonne éducation, mais la fillette pense avant tout à Dieu, aimant prier, se retirer dans le silence, et écouter sa mère ou le curé lui raconter l’histoire biblique. Bien que ne sachant ni lire ni écrire, elle acquiert mystérieusement une connaissance de l’histoire sainte qui dépasse ses capacités naturelles. Son entourage la surprend parfois à lire un passage de la Bible, bien qu’elle n’ait jamais appris à lire. Mais, habituellement, elle est incapable d’écrire et elle dicte en langue vernaculaire les messages qu’elle reçoit de Jésus ou de la Vierge Marie, que les prêtres de son entourage traduisent en latin.

À dix ans, elle a une vision de Jésus qui explique qu’il la choisit comme épouse mystique. Trois ans plus tard, son père, qui n’entend rien à la mystique, essaye d’arranger son mariage avec un jeune voisin. La réponse de la bienheureuse ne se fait pas attendre : elle quitte la maison et rejoint la communauté des béguines de Cologne, dans laquelle elle est admise.

En 1259, les stigmates apparaissent sur son corps (mains, pieds, et couronne d’épines à la tête). Ces blessures ignorent les processus physiologiques habituels : elles s’ouvrent à des dates très précises du calendrier liturgique et ne nécessitent aucun acte médical. Parallèlement, elle tombe régulièrement en extase – extases au cours desquelleselle voit Jésus et Marie – et revit la Passion, physiquement mais aussi moralement. Ses souffrances deviennent énormes.

Puis le diable se met à l’attaquer, au grand désarroi de son entourage. Des araignées, des serpents et de la vermine apparaissent sur elle et ses vêtements. Elle est violemment frappée par des mains invisibles, empêchée de dormir et de parler des jours durant… Cet ensemble de manifestations inexplicables, ainsi que sa santé devenue fragile, provoquent son renvoi du béguinage de Cologne. Elle vit alors quelque temps d’aumône, puis retourne à Stommeln, où elle reste jusqu’en 1259 dans la maison familiale, puis à partir de 1262 au béguinage local.

En 1267, elle fait la rencontre en tous points providentielle du dominicain suédois Pierre (Petrus) de Dacie, ancien compagnon de saint Thomas d’Aquin et de saint Albert le Grand. Jusqu’à sa disparition, en 1289, le frère prêcheur accompagnera et soutiendra Christine. Théologien averti, il est le témoin oculaire de multiples phénomènes extraordinaires : stigmates, extases, sévices diaboliques, etc. Il discerne à travers ces manifestations la proximité de sa protégée avec le Ciel. C’est à lui que nous devons le témoignage écrit fondamental sur la vie spirituelle de la bienheureuse, dont la première traduction en suédois date seulement du XXe siècle. On pense que Pierre a rencontré Christine au moins une quinzaine de fois. Après son retour en Suède, leur amitié spirituelle ne prend pas fin mais continue au fil d’une correspondance épistolaire régulière, jusqu’à la mort du dominicain en 1289. Avant même l’annonce de sa disparition à Christine, tous les phénomènes mystiques cessent d’un coup.

Bien que la ferme de ses parents ait brûlé en 1278, et bien qu’un de ses frères ait rejoint le monastère dominicain de Västeras, en Suède (grâce à Pierre de Dacie) ; Christine refuse de s’installer dans ce pays, malgré les propositions qui lui sont alors faites. Elle emménage dans un petit cloître de Stommeln, où elle mène une vie de prière et de solitude, ne retournant dans le monde que pour accomplir des actions caritatives.

C’est là qu’elle s’éteint en odeur de sainteté le 6 novembre 1312, âgée de soixante-dix ans. Initialement inhumée dans le cimetière de Stommeln, contre le mur de l’église (ce qui marque déjà le culte que lui vouent ses contemporains), sa dépouille est déplacée à plusieurs reprises : d’abord dans l’église, puis, en 1342, à Nideggen, et enfin, en 1569, à la Propsteikirche de Juliers, où un monument en son honneur est édifié. Il y est toujours visible aujourd’hui. En 1908, le pape saint Pie X béatifie Christine de Stommeln, l’une des premières femmes stigmatisées de l’histoire, dont la mémoire a traversé les siècles.

Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.


Au-delà des raisons d'y croire :

Paradoxalement, ce qui frappe avant tout dans la vie de la bienheureuse, avant même la prodigieuse succession de phénomènes miraculeux dûment authentifiés, c’est la qualité évangélique de sa vie quotidienne et l’épaisseur inaltérable de sa charité, y compris à l’égard de ses sœurs béguines, qui lui demandent de quitter le béguinage en raison de la floraison de ses états mystiques. Quel que soit l’endroit où elle vécut, Christine témoigna sans cesse qu’à ses yeux, l’amour du Christ surpassait tout. Ses stigmates, ses visions, son union mystique avec Jésus et sa participation aux souffrances de la Passion traduisent la puissance vivifiante de cet amour.


Aller plus loin :

Pierre de Dacie, L’Amour et la dilection : la vie de Christine de Stommeln, suivi de lettres de Pierre et de Christine, William Blake and Co., 2005.


En savoir plus :

  • Monika Asztalos, « Petrus de Dacia. De gratia naturam ditante sive de virtutibus Christinae Stumbelensis »,Acta Universitatis Stockholmiensis 28, 1982.
  • Anna J. Martin et Peter Dinzelbacher, Christina von Stommeln, Mediaevistik 4, 1991.
  • Christine Ruhrberg, Der literarische Körper der Heiligen. Leben und Viten der Christina von Stommeln (1242 – 1312), Francke, 1995.
  • John Coakley, « A marriage and its observer: Christine of Stommeln, the Heavenly Bridegroom, and Friar Peter of Dacia », dans Catherine Mooney (éd.), Gendered voices, Medieval saints and their interpreters, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 1999.
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