La loi de Dieu n’est pas arbitraire

Le christianisme, contrairement à bien d’autres religions, affirme que la loi donnée par Dieu est n’a d’autre objectif que le bien de l’homme. Les commandements ne sont pas faits pour oppresser, mais pour conduire à l’épanouissement et à la sainteté. Dieu, en créant la nature humaine, y a inscrit une orientation vers le bien, et c’est en cohérence avec elle qu’il donne sa loi. Ces lois ne sont donc pas des ordonnances arbitraires, mais des repères posés par amour, pour guider l’homme vers la vraie liberté. En les suivant, il devient pleinement lui-même. En s’en détournant, ce n’est pas Dieu que l’on blesse d’abord, mais soi-même, car on va contre sa propre nature. Ce constat, frappant par sa justesse, constitue un argument fort en faveur de la vérité de la foi chrétienne.

Les raisons d'y croire :

Des équivalents aux dix commandements ont été retrouvés dans de nombreuses cultures anciennes : le Code d’Hammourabi en Mésopotamie, les Confessions négatives d’Égypte, ou encore les enseignements de Confucius en Chine. Loin d’invalider la révélation faite à Moïse, cette convergence témoigne au contraire que les commandements donnés par Dieu sont en parfaite harmonie avec la nature humaine. En les donnant aux hommes d’une manière formelle, Dieu a voulu éclairer d’une lumière nouvelle les exigences inscrites au plus profond de notre être.

La révélation chrétienne expose que Dieu est amour et qu’il nous a créés, non pour que nous soyons ses serviteurs, mais pour que nous établissions avec lui une relation d’amour. C’est pourquoi les commandements de Dieu nous ont été donnés pour permettre à la nature humaine de s’épanouir vers ce pour quoi l’homme a été créé : aimer Dieu. Seule une personne pleinement libre et accomplie est véritablement capable d’aimer. Celui ou celle qui est blessé, asservi ou entravé ne peut pleinement vivre l’amour auquel il est appelé.

L’Église catholique, seule parmi les traditions religieuses, a toujours affirmé avec force la cohérence profonde et la complémentarité entre foi et raison. Ce que Dieu révèle aux hommes, et ce qu’il attend d’eux, n’entre jamais en contradiction avec ce que les lumières de la raison humaine peuvent nous faire découvrir.

La formulation des commandements de manière négative est, elle aussi, le signe d’une grande sagesse. De manière peut-être contre-intuitive, seuls des commandements formulés négativement (par exemple : « Tu ne commettras pas l’adultère ») permettent une véritable liberté à travers un large choix de possibles. À l’inverse, des commandements formulés de manière positive – plus en vogue aujourd’hui – se révèlent en fait plus restrictifs et oppressifs.

Synthèse :

Il est remarquable que l’Église catholique ait toujours affirmé la parfaitecorrespondance entre la loi divine et la loi naturelle, c’est-à-dire entre la loi donnée par Dieu et la loi morale inscrite dans le cœur de l’homme.

La loi naturelle est comme une lumière qui éclaire notre intelligence sur ce qui est bien et ce qui est mal. Elle découle directement de notre nature et elle est ainsi présente au plus profond de notre être. Elle n’est pas un règlement, mais plutôt un instinct, une conséquence directe de ce que nous sommes.

Par exemple, en tant qu’êtres vivants, nous sommes naturellement orientés vers la vie et instinctivement portés à la préserver. Ainsi, la mort nous apparaît toujours comme un mal contraire à notre nature. C’est pourquoi le meurtre est un acte contraire à la loi naturelle.

De même, en tant qu’êtres humains et donc en tant qu’êtres intelligents, nous désirons spontanément connaître la vérité, car la vérité est l’objet de l’intelligence. Par conséquent, le mensonge et le faux témoignage, qui sont contraires à la vérité, vont à l’encontre de notre nature, donc à l’encontre de la loi naturelle.

La correspondance entre loi de Dieu et loi naturelle est telle que, si notre intelligence pouvait atteindre la perfection, le code moral que nous établirions correspondrait exactement à la loi divine. Voilà pourquoi, pour reprendre les exemples précédents, les cinquième et huitième commandements affirment respectivement : « Tu ne tueras point » et « Tu ne porteras pas de faux témoignage ».

Cette identité entre loi divine et loi naturelle n’est revendiquée que par les chrétiens. Ceux-ci affirment que la loi de Dieu n’est pas arbitraire. En effet, les chrétiens proclament que Dieu est amour et qu’il nous a créés, non pour que nous soyons ses serviteurs, mais pour établir avec nous une relation d’amour.

Ainsi, les lois données par Dieu ne sont pas faites pour « nous mettre sous contrôle », mais pour épanouir notre nature. De fait, seul un être épanoui est capable d’aimer selon toute la mesure de sa nature. Au contraire, un être blessé aura comme des barrières au déploiement de son amour.

Les lois de Dieu sont faites pour notre épanouissement et notre libération, et non pour être un fardeau. Si elles nous apparaissent ainsi, c’est parce que nous portons en nous le poids du péché originel, qui nous rend le mal plus facile à faire que le bien. Pour faire le mal, en effet, il suffit de se laisser glisser et de céder à nos tendances naturelles, tandis que pour faire le bien, il faut livrer un véritable combat contre soi-même.

Voilà pourquoi les chrétiens affirment que les commandements sont un chemin de liberté et d’épanouissement. Ils nous conduisent progressivement à aimer Dieu et notre prochain toujours davantage.

Certains objecteront que les commandements de Dieu, transmis par l’Église, sont oppressifs et restrictifs, comme en témoigne leur tournure souvent négative (« Tu ne voleras pas », « Tu ne convoiteras pas », etc.). Ils préféreraient des commandements formulés positivement, perçus comme plus inspirants et moins contraignants.

À cela, nous répondrons deux choses. Premièrement, malgré les apparences, ce sont précisément les commandements formulés de manière positive qui s’avèrent oppressifs et tendent vers le totalitarisme, tandis que ceux exprimés de façon négative ouvrent à la liberté.

Prenons un exemple : si l’on me commande de ne pas aller au travail en voiture (commandement négatif), je reste libre de choisir n’importe quel autre moyen de transport, tant que ce n’est pas la voiture. Je peux y aller en train, à moto, à vélo, en skateboard, en marchant ou en courant, etc. En revanche, si l’on me commande d’aller au travail à vélo (commandement positif), je n’ai alors plus aucun choix : ma liberté est supprimée. Ainsi, un commandement formulé de manière négative garantit une certaine liberté, tandis qu’un commandement positif tend à être contraignant, voire oppressif.

Deuxièmement, certains commandements de Dieu sont formulés de manière positive, comme : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force », « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », ou encore « Tu honoreras ton père et ta mère ». Il s’agit des commandements qui concernent l’amour, car l’amour, par nature, ne connaît pas de limite. « Aime et fais ce que tu veux », disait saint Augustin. En effet, l’amour authentique englobe tous les actes bons et ne peut jamais être oppressif (nous parlons évidemment ici de l’amour vrai et non d’un simulacre).

En définitive, loin d’être arbitraire, contraignante ou étrangère à notre nature, la loi divine que recueille le christianisme se révèle parfaitement accordée aux aspirations les plus profondes de l’être humain. Ce constat, frappant par sa justesse, constitue un argument fort en faveur de la vérité de la foi chrétienne : elle n’impose rien qui ne soit déjà secrètement inscrit au cœur de l’homme.

Antoine de Montalivet a étudié la philosophie et la théologie au séminaire diocésain de Fréjus-Toulon.

Aller plus loin :

Consulter le Catéchisme de l’Église Catholique, articles 1776 à 1802 et 1954 à 1960.

En savoir plus :

L’article de « Questions de fond » d’Aleteia : « Qu’est-ce que la loi naturelle ? »
Document publié par le frère Serge-Thomas Bonino, O.P. dela Commission théologique internationale« À la recherche d’une éthique universelle : nouveau regard sur la loi naturelle ».
Concile Vatican II, Gaudium et spes, aux numéros 16, 22, 74 et 75.