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Reliques
n°529

Cologne (Allemagne)

Depuis 1164

Les reliques de trois Rois mages à Cologne

Depuis 1164, Cologne affirme détenir les reliques des trois Rois mages. Les foules qu’elles ont attirées depuis des siècles ont justifié la construction de la colossale cathédrale rhénane. Tandis que l’on s’acharne à réduire à néant les récits des Évangiles de l’enfance du Christ, plusieurs études scientifiques ont été menées sur les squelettes et les tissus conservés à l’intérieur de la somptueuse châsse des rois mages. Les conclusions des analyses écartent fermement l’hypothèse d’une escroquerie médiévale.

Vitrail de Édouard Didron, cathédrale Saint-Front, Périgueux, Dordogne, France. / © Père Igor, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons.
Vitrail de Édouard Didron, cathédrale Saint-Front, Périgueux, Dordogne, France. / © Père Igor, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons.

Les raisons d'y croire :

  • L’itinéraire précis d’objets, même très précieux ou très vénérés, à travers l’histoire est parfois difficile à retracer. Mais, en ce qui concerne les reliques attribuées depuis l’Antiquité chrétienne aux Rois mages, nous sommes bien documentés. Nous savons qu’elles furent rapportées par l’impératrice Hélène, mère de Constantin.
  • En effet, Hélène a entrepris de retrouver les reliques liées à la vie de Jésus. C’est pourquoi, en 330, elle se rend aux sources de la foi chrétienne, en Terre sainte. L’impératrice et les autorités religieuses ont procédé avec ordre et méthode, en mettant les objets à l’épreuve pour vérifier s’ils opéraient des miracles, tel le bois de la croix qui ressuscita une morte. L’on peut donc conclure à leur probable authenticité, d’autant que ces reliques sont destinées aux sanctuaires prestigieux de Rome et Constantinople.
  • Le chroniqueur allemand Jean d’Hidelsheim, qui écrit au XIVe siècle mais s’appuie sur des sources plus anciennes, rapporte que les reliques des trois Rois mages viennent de Perse, leur patrie, où Hélène les a fait acheter à prix d’or, puis transporter à Constantinople, où elles furent déposées et vénérées à Sainte-Sophie.
  • Vers la fin du IVe siècle, les reliques des Mages auraient été offertes à l’évêché de Milan, l’une des capitales impériales d’Occident. En tout cas, lors de la destruction de la basilique Sainte-Sophie en 532 (à l’occasion de la sédition contre Justinien), elles ne sont plus à Constantinople. C’est à Milan, dont il vient de s’emparer, que Frédéric Barberousse les retrouve cachées dans un monastère que ses troupes s’apprêtaient à détruire : le reliquaire, magnifique et de grand prix, se met à répandre une lumière prodigieuse. Apprenant qu’il s’agit des reliques de Gaspard, Melchior et Balthazar, l’empereur s’approprie ce trésor et le fait transférer en Allemagne, où il le confie à l’archevêque de Cologne, Rainald von Dassel. Le reliquaire lui parvient en 1164.
  • Les pèlerins affluent à Cologne, incitant à la construction d’un sanctuaire digne de ces saints personnages. La cathédrale de Cologne est donc en réalité une châsse géante pour abriter les trois Rois.
  • À partir du XVIIIe siècle, la tradition évangélique est ridiculisée ; le culte des Rois mages est attaqué plus violemment encore pendant le Kulturkampf du chancelier Bismarck. Ce contexte hostile incite l’archevêché de Cologne à faire procéder à de sérieuses vérifications scientifiques et médico-légales en 1863, pour le septième centenaire de l’arrivée des Rois dans la ville. On procède à l’ouverture de la châsse, et les médecins confirment qu’elle contient trois squelettes humains de sexe masculin, pratiquement entiers et d’âges différents.
  • Les investigations sont poussées davantage en 1981. À la demande de l’archevêque de Cologne, on procède à l’examen des étoffes entourant les reliques en recourant aux techniques modernes. Le linceul est confié pour analyse au professeur Daniël De Jonghe, du musée royal d’art et d’histoire de Bruxelles, spécialiste des tissus anciens, de même que des lambeaux des vêtements retrouvés sur les corps. Ces examens contribueront de manière bien plus significative que tout le reste à l’authentification des reliques.
  • Le linceul est incontestablement une soie de Chine importée – comme cela se faisait dans l’Antiquité, quand l’Empire du Milieu défendait sous peine de mort le secret de fabrication de ce produit de luxe –, vendue à l’état brut, c’est-à-dire blanche, puis teinte en Perse.
  • Sa couleur est pourpre. Or, il ne s’agit pas de teinture à base de garance ou de cochenille, mais de pourpre phénicienne véritable, extraite du murex, coquillage de grand prix donnant une teinte variant du violet au rose et d’un prix prohibitif, et à ce titre marque du pouvoir et de la royauté, réservée aux élites. De surcroît, l’étoffe déjà hors de prix a été lamée à l’or fin. Sa valeur est inestimable. Cette pourpre provient sans risque d’erreur d’ateliers de la région de Tyr.
  • Après de minutieuses recherches, le professeur De Jonghe découvre également, venant de Palmyre, en Syrie (plaque tournante du commerce entre la Perse et la Chine), un autre fragment de soie très ressemblant à celui de Cologne, et datable de la fin du premier siècle ou du début du second.
  • Quant aux lambeaux de vêtements de la châsse, ils ont appartenu à des costumes de grande valeur, réservés aux personnages d’importance : deux sont en damas, le troisième en taffetas. Leur procédé de fabrication est celui en usage au tournant des années 100 au Moyen-Orient.
  • Ces conclusions conduisent à considérer l’âge et l’authenticité des reliques, démontrant que les étoffes ne datent pas de l’époque médiévale, mais bien de la fin du premier siècle ou du début du second. Leur coût démontre l’incommensurable valeur accordée aux corps qu’elles enveloppent. L’on n’aurait pas enseveli ainsi un quelconque cadavre, même princier. Si toutes les questions suscitées par les reliques n’ont pas encore trouvé de réponse, l’on peut maintenant raisonnablement conclure que Cologne détient les corps des Rois mages.
  • Les Rois mages étaient venus jusqu’à Bethléem pour adorer le petit Enfant Jésus comme leur Sauveur et leur Seigneur. Ils avaient reconnu, en observant le Ciel, un signe annoncé dans les prophéties sur la naissance du Messie.

Synthèse :

Au chapitre II de son Évangile, saint Matthieu évoque trois Mages venus d’Orient à Jérusalem, en quête du roi des Juifs qui vient de naître, au grand dam du roi Hérode. Le mot « mage » désigne des membres de la classe sacerdotale perse appartenant à l’élite de leur peuple, aristocrates ou princes, réputés pour leurs compétences en astronomie.

Il n’y a rien de surprenant à ce que ces savants habitués à scruter le ciel aient repéré une étoile étrange, signalée également par leurs confrères chinois. Sans entrer dans la discussion pour savoir s’il s’agissait d’une conjonction astrale rare dans le signe des Poissons (explication rationaliste courante), ou d’un prodige ayant engendré pour un temps donné un astre nouveau, visible ou invisible selon les moments, et qui peut briller même en plein jour quand il s’agit de conduire les Mages à Bethléem, il faut, en revanche, s’étonner de la foi de ces trois hommes qui, connaissant les prophéties sur la naissance du Messie, quittent tout pour aller l’adorer.

Or, les mages babyloniens sont bien plus de trois, et la démarche de ceux que l’on appelle Gaspard, Melchior et Balthazar est donc remarquable, même s’il se peut, selon certaines traditions antiques, qu’ils aient été plus que trois à partir, mais que les autres se soient découragés en route. Le pape Benoît XVI a parfaitement résumé leur démarche quand il écrit : « Ils représentent l’attente intérieure de l’esprit humain […] à la rencontre du Christ. »

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.


Aller plus loin :

Chanoine Grégoire de Guillebon, Les Rois mages dans le mystère chrétien, Librim concept, 2020.


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