Recevoir les raisons de croire
< Toutes les raisons sont ici !
TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les saints
n°36

Russie et Ukraine

XIIIe siècle

L’étrange barque de saint Basile de Riazan

Les habitants de la ville de Mourom (Russie) font preuve de beaucoup d’attachement envers un prêtre, Basile, qui devient leur évêque. Un jour, une rumeur sulfureuse se répand à son sujet. Accusé de duplicité et de débauche, les habitants de Mourom veulent le punir et menacent même de le tuer. Basile parvient à quitter la ville sain et sauf, sur le fleuve Oka, miraculeusement transporté sur ses habits épiscopaux, qui lui font comme une barque. Les habitants de la ville, témoins de ce prodige, comprennent leur erreur et vénèrent depuis saint Basile.

Basile de Riazan, icône du xixe siècle. / © CC0/wikimedia
Basile de Riazan, icône du xixe siècle. / © CC0/wikimedia

Les raisons d'y croire :

  • Saint Basile, « thaumaturge de Riazan », est mentionné dans la Chronique Laurentienne (au sein de la compilation de tous les manuscrits médiévaux des chroniques russes). Sa présence comme évêque à Mourom puis à Riazan est aussi attestée par les archives ecclésiastiques orthodoxes. 
  • Les vertus morales et la charité de saint Basile sont avérées déjà de son vivant. La rumeur à son sujet est en contradiction totale avec la vie qu’il mène jusque-là, au-delà de tout soupçon. 
  • La première réaction de Basile n’est pas de s’enfuir ou de se justifier, mais d’aller prier devant une icône de la Vierge : l’icône de Notre-Dame de l’Assomption, déjà réputée miraculeuse à cette époque. 
  • Si la navigation surnaturelle de saint Basile est une invention, on comprend difficilement que les témoins aient choisi d'embellir la vie de l’homme qu’ils étaient prêts à égorger. Après cet événement, tous les habitants regrettent leurs actions et paroles adressées à l’encontre de leur évêque. 
  • Les reliques du saint sont retrouvées en parfait état 314 ans après sa mort. Les habitants de Riazan, qui vénèrent Basile depuis le prodige de la barque, financent la construction d’un monument à l’endroit où les reliques sont découvertes.
  • Le culte du saint n’a jamais périclité depuis le XIIIe siècle, persistant malgré la politique antireligieuse menée par le régime soviétique au XXe siècle.

Synthèse :

Prêtre et mystique russe, Basile devient évêque de Mourom (Russie centrale, Oblast de Vladimir). Avant son sacre, il est déjà aimé des fidèles, comme le montre l’extraordinaire engouement populaire à son égard : on vient nombreux pour prier avec lui dans l’église primitive en bois de la ville, où l’on garde une icône miraculeuse de Notre-Dame de l’Assomption amenée de Kiev (Ukraine) par le prince Constantin au siècle précédent.

Beaucoup voient en Basile un thaumaturge. Pourtant, Basile, chaque jour, met toutes ses forces à évangéliser les croyants, en leur apprenant que l’essentiel n’est pas le « merveilleux » mais la foi en Jésus-Christ. Comme les campagnes de l’Europe occidentale avant le VIIIe siècle, la Russie centrale du XIIIe siècle, évangélisée depuis à peine 300 ans (Mourom est fondée à la fin du IXe siècle) conserve des us et coutumes éloignées du christianisme : goût pour l’extraordinaire, recherche du merveilleux, pratique de la magie, chamanisme... Comme chrétien, et comme évêque, Basile s’insurge contre tout cela, se faisant incontestablement, ici et là, quelques adversaires.

Un jour, une rumeur naît dans Mourom : on a vu une silhouette féminine au balcon de l’évêque. Il n’en faut guère davantage pour que le bienheureux soit accusé de duplicité et de débauche par des personnes jalouses de sa réputation de sainteté. Il ne s’agit ni d’un coup monté ni d’un complot, mais d’une hallucination collective suggérée par le diable dont Basile lui-même affirme avoir été témoin ! 

C’est un événement choquant pour la population de la ville et des environs. Basile jouit alors d’une incroyable renommée et mène à bien beaucoup d'actions salutaires : savoir qu’il ait pu commettre une faute, c’est découvrir en lui une faiblesse intolérable.

Le saint est isolé. La foule s’en prend à lui, et à lui seul, sans chercher à passer par l'entremise d’un tribunal ecclésiastique. Le clergé est absent des textes historiques : à cette époque, les évêques résidant dans les campagnes retirées (la ville est située à plus de 300 kilomètres de Moscou) sont aidés d’un nombre restreint de prêtres, généralement des moines. De surcroît, un certain nombre d’entre eux mènent une vie érémitique.

La première réaction de Basile n’est pas de s’enfuir, ou d’essayer de se justifier, mais d’aller prier devant l’icône de la Vierge adorée des fidèles. Il ne demande pas aux habitants de le laisser se défendre avec des arguments rationnels, mais de le laisser prier jusqu’au lendemain, 15 heures ! Il prie ainsi une nuit entière dans l’église en bois où personne ne le dérange. Il demande à la Vierge Marie non de rester sain et sauf, ni de confondre qui que ce soit, mais de révéler son innocence à la population.

Et c’est ce qui va se passer : en début d’après-midi, il sort de l’église, vêtu de ses ornements épiscopaux et emportant dans ses bras l’icône mariale. Les gens, intrigués, décident de le suivre. Étrangement, il marche paisiblement jusqu’à la rive du fleuve Oka, non loin de l’entrée de la ville, sans chercher à prendre la fuite. Là, il s’agenouille, se met à prier, fait quelques pas au bord de l’eau, puis entre dans les flots sur lesquels il étend son manteau qui lui sert dès lors d’embarcation. Il remonte ainsi le fleuve à contre-courant. Ce miracle a lieu à 15 heures précises : à la minute exacte où prend fin la trêve que les habitants ont accordée la veille au saint !

Les récits historiques sont muets au sujet du trajet fluvial de Basile, entre Mourom et Raazan (Russie, Oblast de Riazan), mais on rapporte que, dès qu’il pose le pied sur la rive, Basile est accueilli à bras ouverts et on veut qu’il devienne évêque de la ville de Riazan, ce à quoi il consent. Les gens l’invitent à se présenter au prince Oleg Ivanovitch, qui le reçoit avec honneur.

La réputation du saint déborde de très loin la ville de Riazan pour atteindre toute la région. De surcroît, il porte l’icône de Notre-Dame de l’Assomption qui, pour les fidèles orthodoxes, compte énormément dans la vie spirituelle. Ils s’interrogent : comment les fidèles de Mourom ont-ils pu être trompés ?

Désormais, Basile va exercer son ministère dans la paix. Toutefois, il quittera Riazan avec ses habitants afin d’échapper aux Tatares qui déferlent bientôt sur la ville et ses alentours. Il trouve refuge à Pereïaslav (Ukraine, Oblast de Kiev) où il meurt le 3 juillet 1295.

Il est inhumé dans la cathédrale Saint-Boris-et-Saint-Gleb de Pereïaslav. Ses obsèques sont célébrées avec faste. On vient prier sur son tombeau et des miracles de guérison sont rapportés. Malgré les vicissitudes de l’histoire, son culte ne connaît aucune interruption. En revanche, on perd trace de ses reliques à la fin du Moyen Âge, celles-ci ayant été déplacées plusieurs fois pour les garder à l’abri.

Preuve que le culte n’a jamais disparu : Basile est proclamé saint en 1547. Le 10 juin 1609, ses reliques sont retrouvées, dans un état parfait de conservation. Elles sont transférées dans la cathédrale de Riazan lors d’une cérémonie présidée par l’évêque Thédodoret. En 1636, elles sont déposées dans un beau tombeau-reliquaire en pierre construit pour l’occasion. Au siècle suivant, les autorités religieuses érigent le lieu au rang de sanctuaire.

Le 4 octobre 1836, un monument en fonte, réalisé sous les ordres de Boris Glebsky, conservateur en chef de la cathédrale, est inauguré à l’emplacement précis où furent retrouvées les reliques saintes. L’ouvrage, financé par les commerçants de Riazan, résistera aux tentatives du régime soviétique s’évertuant à combattre la foi chrétienne. Les tentatives de faire taire la voix de saint Basile ont toutes échoué.

Patrick Sbalchiero


Au-delà des raisons d'y croire :

Au-delà des miracles que Dieu a accompli en la personne de Basile, la vie de celui-ci, sa fidélité à sa foi et sa charité envers tous, y compris dans la plus grande adversité, est un modèle de courage et d’abnégation.


Aller plus loin :

Makarios Mirolubov, Vie de saint Basile, évêque de Riazan, Moscou, 1875.


En savoir plus :

Dictionnaire de l’histoire des Saints célébrés dans l’Église russe et certains ascètes, vénérés localement, 2e éd., Saint-Pétersbourg, 1862, p. 49-50.

Partager cette raison

LES RAISONS DE LA SEMAINE

Les moines , Lévitations , Stigmates , Conversions d'athées , Témoignages de rencontres avec le Christ
Saint François, le pauvre d’Assise
Les saints , Corps conservés des saints , Stigmates
Sainte Rita de Cascia, celle qui espère contre toute espérance
L’Église , Les saints , Les apparitions et interventions mariales
Saint Simon Stock reçoit le scapulaire du Mont Carmel des mains de la Vierge Marie
Les saints
Saint Pascal Baylon, humble berger
Les saints
L’étrange barque de saint Basile de Riazan
Les saints , Corps conservés des saints
Saint Antoine de Padoue, le « saint que tout le monde aime »
Les saints , Conversions d'athées , Témoignages de rencontres avec le Christ
L’extraordinaire conversion de Micheline de Pesaro
Les saints , Les anges et leurs manifestations , Corps conservés des saints
Saint Antoine-Marie Zaccaria, médecin des corps et des âmes
Les saints
Les saints époux Louis et Zélie Martin
Les saints , La profondeur de la spiritualité chrétienne
Frère Marcel Van, une « étoile s’est levée en Orient »
Les saints
Sainte Anne et saint Joachim, parents de la Vierge Marie
Les saints
Saint Loup, l’évêque qui fit rebrousser chemin à Attila
Les saints
Saint Ignace de Loyola : à la plus grande gloire de Dieu
Les saints
Saint Nazaire, apôtre et martyre
Les saints , Des miracles étonnants , Guérisons miraculeuses
Saint Jean-Marie Vianney, la gloire mondiale d’un petit curé de campagne
Les moines , Les saints
Saint Dominique de Guzman, athlète de la foi
Les saints , Témoignages de rencontres avec le Christ
Sainte Faustine, apôtre de la divine miséricorde
Les saints , Les grands témoins de la foi
Ignace d’Antioche : successeur des apôtres et témoin de l’Évangile
Les saints
Antoine-Marie Claret, un tisserand devenu ambassadeur du Christ
Les saints
Alphonse Rodriguez, le saint portier jésuite
Les saints , Des miracles étonnants , Bilocations
Martin de Porrès revient hâter sa béatification
Les saints , Des miracles étonnants
Saint Martin de Tours, père de la France chrétienne
Les saints
Saint Albert le Grand, les noces de l'intelligence et de la foi
Les saints
Saint Grégoire le Thaumaturge
Les saints , Une vague de charité unique au monde , Corps conservés des saints
Virginia Centurione Bracelli : quand toutes les difficultés s’aplanissent
Les saints
Lorsque le moine Seraphim contemple le Saint-Esprit
Les saints , Les apparitions et interventions mariales , Des miracles étonnants , Corps conservés des saints
Saint Pierre Thomas : une confiance en la Vierge Marie à toute épreuve
Les saints
À Grenoble, le « saint abbé Gerin »
Les saints , Les apparitions et interventions mariales , Guérisons miraculeuses
Gabriel de l’Addolorata, le « jardinier de la Sainte Vierge »
Les saints , Les mystiques , Des miracles étonnants , Corps conservés des saints , Histoires providentielles
Sainte Rose de Viterbe : comment la prière change le monde
Les saints
Bienheureux Francisco Palau y Quer, un amoureux de l’Église
Les saints , Les apparitions et interventions mariales
La maturité surnaturelle de Francisco Marto, « consolateur de Dieu »
Les saints , Histoires providentielles
L’absolue confiance en Dieu de sainte Agnès de Montepulciano
Les saints
Sainte Catherine de Gênes, ou le feu de l’amour de Dieu
Les saints
Sainte Marie de l’Incarnation, « la sainte Thérèse du Nouveau Monde »
Les saints
Rosa Venerini ou la parfaite volonté de Dieu
Les saints
Camille de Soyécourt, comblée par Dieu de la vertu de force
Les saints
François de Girolamo lit dans les cœurs