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Inédies
n°121

Bavière

1898 – 1962

Thérèse Neumann : une véritable énigme pour la médecine

Thérèse Neumann, dont le procès de béatification a été lancé en 2005, est une paysanne bavaroise du XXe siècle que sa mauvaise santé empêche d’entrer dans les ordres, comme elle l’aurait souhaité. Par l’intercession de sainte Thérèse de Lisieux, elle bénéficie de guérisons spectaculaires. Dès son vivant, Thérèse Neumann a une réputation qui attire auprès d’elle de nombreux pèlerins et curieux venus pour observer les phénomènes mystiques auxquels elle est sujette. Après sa mort, le 18 septembre 1962, dix mille personnes assistent à ses obsèques. En ouvrant son procès de béatification, l’Église reconnaît Thérèse Neumann comme servante de Dieu, remarquable par sa piété, sa ferveur spirituelle et ses qualités humaines.

Thérèse Neumann en 1926. / © CC BY-SA 3.0 de/Bundesarchiv, Bild 102-00241 / Ferdinand Neumann - Bild urheberrechtlich geschützt
Thérèse Neumann en 1926. / © CC BY-SA 3.0 de/Bundesarchiv, Bild 102-00241 / Ferdinand Neumann - Bild urheberrechtlich geschützt

Les raisons d'y croire :

  • Alitée depuis un accident, en 1918, la santé de Thérèse Neumann est suivie par des médecins. Tous sont témoins de sa paralysie et de sa cécité. Elle est subitement et inexplicablement guérie d’une lésion irréversible du nerf optique le 29 avril 1923, jour de la béatification de sainte Thérèse de Lisieux que, justement, elle prie sans cesse. Le 17 mai 1925, alors qu’on célèbre la canonisation de cette même sainte, Thérèse retrouve l’usage complet de ses jambes.
  • Thérèse Neumann reçoit les stigmates en 1926. Toutes les tentatives médicales visant à fermer ou cicatriser ses plaies ont échoué. L’ouverture des stigmates épouse un cycle liturgique parfaitement clair : fermés la semaine, ils éclosent les vendredis, puis se referment à partir du dimanche. La quantité de sang versé par les plaies (au côté, sur les mains et les pieds, puis à la tête) est très au-delà des capacités sanguines habituelles du corps humain. De nombreuses photos ont été prises.
  • Pendant 36 ans, Thérèse Neumann n’a rien mangé ni bu, excepté l’hostie de la communion quotidienne. Cette inédie (capacité de se nourrir uniquement du saint sacrement) a été l’objet de surveillances médicales encore jamais réalisées. Ainsi, en 1927, Thérèse est admise dans une clinique de Konnersreuth pendant 14 jours et 14 nuits, et n’est jamais laissée seule : le rapport médical de 53 pages atteste la véracité de l’inédie et renonce à toute explication naturelle.
  • À cette époque, l’hygiène bucco-dentaire est moins aboutie qu’aujourd’hui. Le dentiste de Thérèse, le Dr Diener, souligne que son absence totale de carie n’aurait pas été possible si une flore bactérienne normale avait été présente dans sa bouche, puisque la nourriture induit des micro-organismes détruisant la dentition.
  • Le jeûne absolu de Thérèse, de Noël 1926 à sa mort, est par ailleurs corroboré indirectement par les nazis, qui lui ont supprimé sa carte de ravitaillement pendant la guerre.
  • Chaque vendredi, Thérèse vit la Passion : à chaque fois, elle perd 4 kg, qu’elle reprend les jours suivants sans boire ni manger.
  • Au cours d’extases, Thérèse s’exprime dans des langues inconnues d’elle (araméen, portugais, français...), parfaitement identifiées par des linguistes chevronnés, comme Franz-Olivier Wutz, professeur de langues bibliques à l’université d’Eichstätt, mais aussi dans un allemand remarquable, alors qu’elle s’exprime habituellement dans un dialecte bavarois caractérisé.
  • Lors de ses extases, des lévitations ont été rapportées par des dizaines de témoins au-dessus de tout soupçon.
  • Thérèse jouit du charisme de clairvoyance, qui lui fait connaître des événements lointains et des paroles prononcées à des dizaines de kilomètres d’elle, par des inconnus. 

Synthèse :

Aînée d’une famille de onze enfants, catholique pratiquante, Thérèse Neumann vient au monde à Konnersreuth, petit village de Bavière comptant moins d’un millier d’âmes. Son père, Ferdinand, est tailleur, et sa mère, Anna, est employée aux travaux des champs. Rapidement, Thérèse doit l’aider dans ses tâches quotidiennes. La fratrie est pauvre. Thérèse a fréquenté l’école primaire, tout en poursuivant ses devoirs agraires et domestiques.

Après avoir quitté l’école, Thérèse est d’abord placée chez un paysan du coin ; elle ne ménage pas ses forces et s’épanouit dans la nature, parmi les bêtes. Parallèlement, ses parents lui ont transmis le goût de la prière. Très tôt, elle veut servir Dieu en devenant religieuse, ou même missionnaire en Afrique. En 1914, son père est mobilisé. Il lui demande de ne pas entrer au couvent avant son retour, tant la maison a besoin d’elle.

Ferdinand rentre sain et sauf à Konnersreuth le 9 mars 1918. Le lendemain, Thérèse est victime d’un grave accidenten luttant avec d’autres contre un incendie qui s’est déclenché chez un voisin. Le pronostic est sombre : la colonne vertébrale est déboîtée et la moelle épinière est touchée. Son projet de vie contemplative s’écroule.Après des semaines d’hospitalisation, son état s’aggrave : paralysie des membres, trouble de la vue, etc. Un an après sa chute, jour pour jour, elle perd totalement la vue après être tombée d’une chaise où on l’avait assise. Les médecins diagnostiquent une lésion du nerf optique.

Thérèse reste alitée pendant quatre ans, jour et nuit, dans un état catastrophique : migraines, escarres, crampes... Elle demande le secours particulier de la « petite Thérèse », qu’elle connaît et dont son père lui a rapporté une image de France. Le 28 avril 1923, elle s’endort aveugle. Le lendemain, jour de la béatification de Thérèse de Lisieux, elle a recouvré la vue. Mais son corps demeure malade. Elle ne peut ni se lever ni faire de mouvements importants. Le 17 mai 1925, jour de la canonisation de la bienheureuse Thérèse de Lisieux, elle retrouve l’usage de ses jambes sans aucune explication naturelle. Thérèse a expliqué qu’elle avait entendu une « voix » lui demander si elle voulait guérir ; elle lui a répondu qu’elle voulait simplement faire la volonté de Dieu

L’année 1926 marque une étape décisive dans sa vie mystique : apparaissent les stigmates, les visions de la vie de Jésus, de Marie et de saints, comme sainte Bernadette Soubirous et saint Antoine de Padoue. La première plaie (au côté) naît d’une vision du Christ au jardin des Oliviers. Les semaines suivantes, les blessures aux mains, aux pieds et à la tête apparaissent à leur tour chaque vendredi, et se referment de manière inexplicable les dimanches. Ses parents, ses frères et ses sœurs, mais aussi plusieurs médecins rendus à son chevet, pensent d’abord à un phénomène naturel. On tente de cicatriser les blessures, mais en vain. Bandages, pansements et pommades n’ont pour effet que de faire enfler l’épiderme et d’accentuer les douleurs. À la fin de 1926, elle reçoit également la blessure de la couronne d’épines à la suite d’une vision de Jésus couronné : huit trous s’ouvrent spontanément autour de sa tête, laissant couler une quantité de sang incroyable.

Certains ont expliqué ces stigmates comme un signe corporel d’un conflit psychique, voire d’une « hystérie ». C’est une affirmation sans fondement d’aucune sorte : outre le fait que personne n’ait jamais observé l’apparition de telles plaies – profondes, sanglantes, irrespectueuses du processus naturel de cicatrisation – à la suite d’un déséquilibre psychologique, Thérèse fait tout son possible pour dissimuler les grâces extraordinaires dont elle bénéficie. Elle porte constamment des mitaines et des manches longues qui lui couvrent les mains.

À partir de Noël 1926, Thérèse se met à éprouver un dégoût pour la nourriture et la boisson. Elle cesse bientôt de s’alimenter. Au début, elle accepte quelques gouttes d’eau après la communion eucharistique quotidienne, à l’occasion de laquelle elle absorbe la petite quantité d’eau (une cuillère à café) servant à humidifier l’hostie, puis elle renonce même à cela. Quand on lui demande de quoi elle vit, elle répond : « Du Rédempteur ».

Le cas de Thérèse est parvenu aux oreilles du pape Pie XI au début de l’année 1927. Celui-ci demande à l’évêque de Regensburg, Mgr Anton von Henle, de faire hospitaliser la mystique afin de déterminer si, oui ou non, il s’agit d’une fraude ou d’un cas authentique. Pendant deux semaines, sous la responsabilité du célèbre médecin Agostino Gemelli, elle est soumise à une surveillance absolue. Deux médecins, éminents spécialistes, gèrent l’opération : Otto Seidl, chirurgien en chef de l’hôpital de Waldassen, et le docteur Ewald, professeur de psychiatrie à la faculté d’Erlangen. Quatre infirmières se relaient jour et nuit au chevet de Thérèse, sans aucune interruption. Les ordres des praticiens sont catégoriques : Thérèse « ne sera jamais laissée seule un seul instant […]. L’eau servant aux soins de la bouche sera mesurée avant usage et ce qui sera recraché sera déposé dans une coupe puis mesuré [...]. Toutes les excrétions corporelles seront recueillies, pesées puis expédiées à des fins d’analyse... »

Au terme de deux semaines d’observation dans de telles conditions, le résultat laisse les médecins (très sceptiques au départ) sans voix : Thérèse n’a rien absorbé, ni liquide, ni solide, hormis des parcelles d’hostie, soit « environ 45 cm³ en 15 jours, et une infime quantité d’eau, environ 10 cm³ en tout ». De surcroît, son métabolisme n’a subi aucune dégradation. Son poids est resté invariable du début à la fin de l’expérience.

Le 30 juillet 1927, le docteur Seidl envoie son rapport à l’évêché de Regensburg, dans lequel il écrit : « Sur la foi de nos observations, les religieuses [infirmières] et moi-même avons la ferme conviction qu’il est impossible que, durant le temps de l’enquête, Thérèse Neumann ait ingurgité autre chose que la sainte hostie, les quelques gouttes d’eau qui lui en permettent l’ingestion, et lors de ses soins d’hygiène buccale, une infime quantité d’eau... » De plus, les observations du psychiatre Ewald ne révèlent aucune pathologie mentale.

Les qualités humaines de Thérèse sont connues : simplicité, dévouement, courage, oubli de soi, gentillesse, énergie… et un sens de l’humour marqué. À l’un des innombrables visiteurs lui demandant si ses stigmates ne sontpas le fruit d’une autosuggestion, la marque d’un désir refoulé, elle lui répond de penser très fort qu’il est une vache pour voir si, par hasard, il ne lui pousserait pas des cornes.

Thérèse meurt d’une crise cardiaque à 64 ans. Plus de 10 000 personnes accompagnent dans son dernier voyage cette humble femme, amoureuse de Dieu, des fleurs et de ses animaux. En 2005, l’Église ouvre son procès de béatification.

Patrick Sbalchiero


Au-delà des raisons d'y croire :

Thérèse est une femme simple, sans éducation, sans culture ; son milieu de vie couvre un espace de quelques kilomètres et, de l’extérieur, rien ne la distingue d’une autre paysanne bavaroise : amour de la nature, des animaux, des fleurs et de son potager.


Aller plus loin :

Paoloa Giovetti, « Neumann (Thérèse), 1898 – 1962 », dans Patrick Sbalchiero (dir.), Dictionnaire des miracles et de l’extraordinaire chrétiens, Paris, Fayard, 2002, p. 569-571.


En savoir plus :

  • Fernand Remisch, Trente-trois ans avec Thérèse Neumann, Paris, Fayard, 1962.
  • Ennemond Boniface, Thérèse Neumann, la crucifiée de Konnersreuth devant l’histoire et la science, Paris, Lethielleux, 1979.
  • Helmut Fahsel, Thérèse Neumann, l’extraordinaire mystique de Konnersreuth, traduit de l’allemand, Paris, Le Jardin des Livres, 2009.
  • Patrick Sbalchiero, Enquête sur les miracles dans l’Église catholique, Paris, Artège, 2019, p. 140-145.
  • Vidéo d'Arnaud Dumouch « La vénérable Thérèse Neumann, stigmatisée de Bavière (+1962) »
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