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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les mystiques
n°162

Bretagne

1619 – 1667

Catherine Daniélou, témoin du Christ en Bretagne

Catherine Daniélou, née à Quimper (France, Finistère), a une jeunesse très difficile : elle est délaissée et battue. Mariée à un homme violent, elle est gratifiée par Dieu de charismes extraordinaires tels que des visions et des extases. Elle reçoit également les stigmates le vendredi saint, en 1640. Catherine est d’une prodigieuse modernité : elle est l’une des premières laïques à vivre de tels charismes, le plus souvent réservés aux personnes consacrées. Au-delà des manifestations sensibles, toute l’existence de Catherine est signe de Jésus : on sent dans sa vie remplie de peine et de souffrance la présence aimante de Jésus.

© Unsplash / Motoki Tonn
© Unsplash / Motoki Tonn

Les raisons d'y croire :

  • Les biographies de Catherine Daniélou rapportent les visions et extases dont elle a été gratifiée. Ces phénomènes ont été authentifiés par plusieurs personnes de son vivant.
  • La périodicité des stigmates dont Catherine est marquée en 1640, ainsi que leur évolution clinique, ne laisse planer aucun doute sur leur origine extranaturelle. L’ouverture des plaies suit le calendrier liturgique de l’Église et l’on n’observe ni suppuration ni infection.
  • Le bienheureux Julien Maunoir, qui a passé plusieurs années aux côtés de Catherine, atteste de la manière suivante de l’authenticité absolue de tous les phénomènes : « Je certifie comme témoin oculaire la plupart des choses qui sont en cette Vie [qu’il a rédigée] ; j’ai appris le reste, partie du P. Bernard, partie de ceux qui ont demeuré avec Catherine, et de ceux qui l’ont connue dès son bas âge. » 

  • Catherine ne sort jamais perturbée, attristée, agitée ou terrifiée de ses extases, mais, au contraire, sa vie morale et spirituelle en ressent toujours un bienfait immense. Cela laisse penser que ces phénomènes viennent bien de Dieu.
  • Catherine bénéficie notamment d’un accompagnement spirituel remarquable et continu qui la guide dans le discernement de ses charismes. Deux prêtres l’accompagnent, dont le bienheureux Julien Maunoir, en plus de l’évêque de Quimper.
  • Durant une de ses visions, le 5 mai 1662, elle voit la Vierge accompagnée d’un prêtre inconnu. Elle réalise peu après qu’il s’agit du père Michel Le Nobletz, mort justement la veille de l’apparition.
  • Les témoins de la mort de Catherine Daniélou, le 4 novembre 1667, ont affirmé sous serment que son visage est devenu radieux et lumineux, comme jamais il ne l’avait été, et il est resté ainsi jusqu’à son enterrement, cinq jours plus tard.

Synthèse :

Vers 1627, Catherine Daniélou, Quimpéroise âgée de huit ans, est en souffrance. Orpheline de père, délaissée et battue fréquemment par sa mère et son beau-père, maître tailleur de son état, elle est profondément malheureuse et ne sait pas de quoi sera fait son plus proche avenir. 

La fillette aime se promener dans la campagne où la nature fait écho en elle à la création de Dieu. La prière est la respiration de son âme ; elle aime les cérémonies religieuses où la mène parfois sa mère, sans qu’elle n’ait jamais le droit de lui confier son projet : servir Dieu en devenant religieuse. Aussi, ce projet demeure-t-il un secret enfoui. Seule la Vierge Marie le connaît car la fillette la prie fortement. En attendant, Catherine doit aider sa famille aux tâches ménagères, silencieusement, sans se plaindre ni se révolter.

Un jour, elle passe à proximité de la porte de Quimper, dite de la Tourbihan (ou Tourbie), bâtie au XIVe siècle, laquelle est surmontée d’une statue en pierre de Notre Dame. Là, Catherine, qui transporte des victuailles pour ses parents, lève soudainement le regard en direction de la statue mariale. Cette dernière s’efface littéralement pour laisser place à une très belle femme, jeune, nimbée d’une lumière magnifique, dont les pieds ne reposent sur rien de matériel.

L’apparition lui dit : « Prends courage, Catherine, mets ta confiance en moi et Dieu t’assistera. » La fillette en laisse tomber son chargement, se frotte les yeux et réagit de la sorte : « Qui êtes-vous donc pour me parler de la sorte ?  — Je suis Marie, Mère de Dieu, que tu salues tous les jours. » Est-ce un rêve ? Une illusion ? C’est impossible, la belle dame est toujours là ! Catherine lui répond en évoquant la dissemblance totale entre l’apparition et la statue de pierre figurant Notre Dame. Celle-ci conclut : « Je suis douce et tendre aux bonnes âmes, mais je suis aussi une pierre dure à ceux qui ne veulent pas quitter leurs péchés. » L’instant d’après, la dame s’est évanouie, laissant place à nouveau à la matérialité de la statue au sommet de la tour.

Le calvaire de Catherine continue cependant. Elle endure humiliations et violences physiques. Elle sent parfois que Dieu semble l’abandonner dans sa vallée de larmes. Mais, au fond d’elle, elle sait que ce n’est pas vrai. Le premier phénomène extraordinaire tient au fait qu’elle grandit en âge et en sagesse, malgré la pauvreté de sa condition. Quiconque aurait enduré ses mauvais traitements eût été plongé dans des troubles affectifs terribles sans l’aide de Dieu. Elle se relève, fait front intérieurement, manifestant une volonté surhumaine.

À partir de ses vingt ans, il lui arrive de tomber en extase à des moments divers de la journée et de la nuit. Il ne s’agit en aucun cas d’évanouissements, de malaises ou de pertes de connaissance, mais de ravissements mystiquescomme en témoignent largement les prêtres successifs qui croisent sa route. Dans ces états, elle voit Jésus, Marie ou parfois des saints. Elle reçoit des messages lui conseillant de continuer dans la prière, la fréquentation de la parole de Dieu, des sacrements et, surtout, de pratiquer activement la charité et le pardon vis-à-vis des personnes qui lui font du mal.

En 1640, pendant la Semaine sainte, elle ressent une douleur extrême aux mains, aux pieds, à la tête et au côté. Ce n’est ni une perturbation mentale ni une hallucination : son corps porte les blessures de la Passion du Christ. Son entourage prend peur. S’agit-il d’un miracle ou d’un phénomène diabolique ? De façon providentielle, le bienheureux père jésuite Julien Maunoir, qui sa vie durant a prêché 439 missions dans toute la Bretagne et converti 3 000 personnes, arrive à Quimper. Ayant appris les faits allégués autour de la personne de Catherine, Mgr René du Louët de Coetjunval, évêque de Quimper, lui demande, ainsi qu’à un autre prêtre, l’abbé Bernard, également jésuite, de prendre contact avec celle-ci et de discerner l’origine des prodiges. C’est le début d’un accompagnement spirituel qui va durer jusqu’à sa mort, à l’occasion d’un pèlerinage local dans le pays de Guerlédan (Côtes-d’Armor).

En attendant, les apparitions de la Vierge se multiplient, tantôt seule tantôt accompagnée de l’Enfant-Jésus, de saints (Corentin, Antoine d’Égypte, etc.). En décembre 1642, dans la cathédrale de Quimper, Catherine voit la Vierge Marie portant un beau chapelet à la ceinture, vêtue d’une robe blanche et d’un crêpe noir couvrant ses cheveux. D’autres mariophanies suivent, toutes vécues dans une profonde paix du cœur : en octobre 1644, dans l’église du sanctuaire de Sainte-Anne-d’Auray (Morbihan) ; le 14 octobre 1651 ; le 5 mai 1652 – phénomène dont nous devons dire un mot : ce jour-là, un prêtre est aux côtés de Marie ; Catherine ne parvient pas à l’identifier, mais elle apprendra plus tard qu’il s’agissait du père Michel Le Nobletz, mort la veille de l’apparition, le 4 mai – ; puis encore le 4 avril 1660 – cette fois, la Vierge est entourée « d’âmes du purgatoire » pour lesquelles Catherine à l’habitude prier depuis sa jeunesse.

Catherine Daniélou meurt le 4 novembre 1667 en odeur de sainteté, selon la formule usitée depuis des siècles – preuve que le clergé a discerné en elle la présence aimante de Jésus, dans cette vie contrariée à l’échelle humaine. Tous ceux qui ont assisté à son trépas ont témoigné d’une modification incroyable au niveau de son visage : « Une teinte vermeille extraordinaire parut sur sa face et persévéra jusqu’à son enterrement qui n’eut lieu que cinq jours après. Durant ce temps, son visage était plus beau que pendant sa vie... » (Julien Maunoir).

Avant de pousser son dernier soupir, le curé de Mur (Côtes-d’Armor) voulut prévenir le père Maunoir qui était en mission dans une autre ville. Catherine lui dit qu’il viendra, mais trop tard. Le bienheureux arriva effectivement à Mur après que son corps eut été inhumé.

Patrick Sbalchiero


Au-delà des raisons d'y croire :

La vie de Catherine, si dure et banale en apparence, est jalonnée de longues périodes de joie spirituelle qui échappent à tout déterminisme psychologique.


Aller plus loin :

Louis Kerbiriou, « Missionnaires et mystiques en Basse-Bretagne au XVIIe siècle. Les mystiques : Catherine Daniélou et Marie-Amice Picard », Études, t. 188, Paris, 1926.


En savoir plus :

  • Chanoine Peyron, Catherine Daniélou au pays de Vannes : d’après un manuscrit du père Maunoir, Vannes, 1906.
  • Histoire de Catherine Daniélou, morte en odeur de sainteté et inhumée dans l’église de Saint-Guen, au diocèse de Saint-Brieuc : d’après le R.P. Julien Maunoir, adapté et édité par l’abbé Perrot, R. Prud’homme, 1913.
  • Louis Kerbiriou, Les Missions bretonnes, Paris, 1933.
  • Patrick Sbalchiero, « Quimper (France, Bretagne, Finistère) », dans Dictionnaire des « apparitions » de la Vierge Marie, Paris, Fayard, 2007, p. 787.
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