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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les saints
n°77

Italie, France et Allemagne

Ier siècle, avant 68

Saint Nazaire, apôtre et martyre

Saint Nazaire, accompagné de saint Celse, convertit des milliers d’Européens et échappe plusieurs fois à la mort, par miracle, avant d’être décapité par les Romains.

Giovanni Antonio Merli (?), Saint Nazaire à cheval, 1480, San Nazzaro Sesia, Novara. / © CC0/Laurom
Giovanni Antonio Merli (?), Saint Nazaire à cheval, 1480, San Nazzaro Sesia, Novara. / © CC0/Laurom

Les raisons d'y croire :

  • À Milan, 400 ans après sa mort, le culte rendu à saint Nazaire perdure.
  • Le témoignage d’Ambroise de Milan, Père et docteur de l’Église, est irréfutable : le respect qu’il témoigne envers les reliques de Nazaire prouve la vérité de son martyre.
  • La révélation faite à Ambroise – concernant le lieu où les deux corps reposaient – ne peut être que surnaturelle : il n’existait au IVe siècle absolument aucune indication sur ce lieu.
  • Le pape Damase Ier envoie en personne un coffre-reliquaire à saint Ambroise : une preuve supplémentaire de l’attachement de l’Église à ce martyr.
  • Le succès inouï de saint Nazaire auprès des populations dépasse ses capacités humaines, à commencer par les obstacles linguistiques rencontrés au fil de ses déplacements.
  • Les faits et gestes de saint Nazaire ont été rapidement connus des païens en raison du nombre important de témoins ayant côtoyé le martyr et assisté à ses miracles, tels le sauvetage miraculeux et le phénomène lumineux (en présence de Néron).
  • Les pérégrinations de Nazaire et de Celse témoignent de la véracité des faits : pourchassés en raison de leur foi, leur vie se transforme en une fuite en avant à travers plusieurs pays.
  • L’identité de certains témoins oculaires prouve de manière indubitable l’historicité des événements : Néron, le préfet Anolin, Cornélius (gouverneur de Trèves), le préfet du prétoire à Rome. Tous ne peuvent pas avoir été sujets à des hallucinations.
  • Le village d’Albaro est, de fait, l’un des premiers endroits d’Europe à avoir célébré des messes de façon permanente, dès la venue de saint Nazaire.
  • Saint Nazaire n’est pas issu d’une famille catholique, et sa fermeté dans la foi, absolue et invraisemblable, qu’il manifeste jusqu’au martyre, traduit une intervention surhumaine.       

Synthèse :

Nazaire est le fils d’un juif illustre, nommé Africanus, et de la bienheureuse Perpétue, chrétienne très pieuse, issue d’une famille de la noblesse de Rome. Elle-même avait été baptisée par l’apôtre saint Pierre. À l’âge de neuf ans, Nazaire est très étonné de voir son père et sa mère pratiquer chacun une religion différente. Tandis qu’il hésite à épouser l’une ou l’autre de ces deux religions, ses parents lui enseignent de suivre sa propre voie.

Dieu lui révèle intimement qu’il doit marcher sur les traces de sa mère, et il reçoit le baptême des mains du bienheureux Lin, futur pape.

Son père, informé de son choix, tente de le détourner de sa résolution en lui décrivant les différents tourments qu’on inflige alors aux chrétiens. En vain ! Nazaire se met à prêcher la Bonne Nouvelle avec « la plus grande constance » et reste fidèle à Jésus durant toute sa vie.

Les autorités romaines le mettent sous surveillance ; elles envisagent bientôt de l’arrêter et de s’en débarrasser sans autre forme de procès. Ses parents, craignant pour sa vie, prient ensemble que Dieu le fasse sortir de Rome sain et sauf.

Tandis qu’ils supplient tous deux le Seigneur de sauver Nazaire, il leur vient une idée, aussitôt mise en application : ils font venir leur fils, lui donnent « sept sommiers » chargés de richesses diverses, et lui commandent de quitter la ville sur-le-champ.

Nazaire accepte et leur promet de veiller sur eux dans la prière. Il parcourt alors de grandes distances à travers la péninsule italienne, annonçant l’Évangile et distribuant ses biens aux pauvres.

Dix ans après son départ, il se rend à Plaisance (Italie, Émilie-Romagne), puis à Milan (Italie, Lombardie). Dieu lui indique alors ce qu’il doit accomplir en priorité : se rendre auprès des chrétiens retenus prisonniers. Il devra faire la connaissance de deux frères condamnés à mort, Gervais et Protais, afin de les soutenir.  

Comme Dieu le lui a demandé, Nazaire se présente à l’entrée de la prison de Milan. Contre toute attente, les gardes de service l’autorisent à visiter les prisonniers chrétiens. Il questionne les détenus pour connaître leur identité. Gervais et Protais, qu’il n’avait jamais vus, se présentent à lui, bien qu’ils ne le connaissent pas non plus. Il s’efforce de leur apporter chaleur et réconfort.

Mais le chef de la prison apprend qu’un inconnu, nommé Nazaire, a reçu la permission – sans son accord – de rendre visite aux détenus et, de surcroît, d’encourager les futurs martyrs. Il fait arrêter le futur saint en pleine ville, et le livre sans ménagement au préfet de Rome, qui exerce à cette époque la justice criminelle dans un tribunal d’exception pour les affaires menaçant l’ordre public.

Face aux menaces, Nazaire persiste à confesser Jésus-Christ. Le préfet, ivre de colère, le fait battre de verges, puis le chasse de Rome en le menaçant, si jamais il revient, de le tuer sans délai.

Nazaire commence une courte période d’errance. Tandis qu’il se rend d’un lieu à un autre, devant mendier pour survivre, il fait l’expérience d’une vision extraordinaire : sa mère, décédée peu après son départ, lui apparaît ; après l’avoir encouragé, elle le prie de se rendre en Gaule, ce que fait Nazaire sans en savoir davantage.

Parvenu à Cemenelum (aujourd’hui Nice, France, Alpes-Maritimes), il y prêche sans discontinuer, et convertit beaucoup de gens. Une femme de la noblesse locale lui demande de prendre avec lui son propre fils, nommé Celse, de le baptiser et de l’éduquer chrétiennement.

La réputation de sainteté de Nazaire dépasse les murs de Cemenelum. Quand le préfet des Gaules apprend sa popularité, il ordonne à un groupe de soldats de s’emparer de Nazaire et de Celse. On lui lie les mains derrière le dos, on lui attache une chaîne au cou, et il est jeté dans un cachot sordide. Le lendemain, il doit comparaître devant ses juges. Nazaire ignore alors où se trouve Celse, son petit protégé.

Une fois de plus, Dieu se manifeste : la femme du préfet, informée de l’arrestation du saint et de l’enfant, dit à son mari qu’il est injuste de condamner ainsi des innocents, et que cela peut entraîner la « vengeance des dieux tout-puissants ». Le préfet, se rendant compte que sa femme voit juste, renvoie les deux chrétiens arrêtés la veille, et leur ordonne de ne plus prêcher dans la ville.

Nazaire a alors l’intuition qu’il doit quitter la région. Celse et lui se dirigent vers Genève (Suisse) qu’ils atteignent quelques semaines plus tard. De là, ils rejoignirent Trèves (en Allemagne), où Nazaire, parmi les premiers, annonce l’Évangile. Ici encore, sa prédication et son exemple incitent beaucoup de gens à demander le baptême. Nazaire bâtit un petit oratoire, où il célèbre la messe, et il s’installe avec Celse à proximité.

Lorsque Cornélius, gouverneur de Trèves, apprend le succès de Nazaire, toujours accompagné de l’enfant, il informe l’empereur Néron qui ne tarda pas à réagir en lui ordonnant de les faire emprisonner au plus vite. Néron envoie une centaine d’hommes afin d’empêcher tout soulèvement des habitants de la ville.

Les Romains trouvent les deux chrétiens à côté de leur oratoire. Ils leur lient les mains et disent à Nazaire : « Le grand Néron t’appelle. » Ils le conduisent ainsi enchaîné à Néron. Quant au petit Celse, qui pleure, ils lui donnent des soufflets pour le contraindre de suivre la troupe.

Enfin, ils parviennent à Rome après plusieurs semaines d’une marche éprouvante. Néron, après les avoir rencontrés, les fait mettre en prison, en attendant de réfléchir à la manière de les faire périr.

Quelques jours passent. L’empereur romain se blesse au pied lors d’une partie de chasse. Effrayé, il s’interroge sur l’origine de cet accident, se souvient alors de Nazaire et Celse, et se demande si les dieux ne sont pas irrités contre lui pour avoir laissé vivre ces chrétiens si longtemps. Il les convoque alors à nouveau.

Quand l’empereur aperçoit Nazaire, il se croit victime d’une illusion : le visage du saint brille d’un éclat surnaturel. Il lui ordonne de cesser ses sortilèges, puis de sacrifier aux dieux. Nazaire, conduit au temple, ne dit rien ; il ferme les yeux, puis lève son visage en direction des statues des divinités païennes qui, une à une, inexplicablement, se brisent.

Apprenant cela, Néron commande de précipiter les deux chrétiens dans la mer Tyrrhénienne, avec la consigne, s’ils parvenaient à s’échapper, de les capturer, de les brûler vifs, et de jeter leurs cendres à la mer.

Nazaire et Celse sont embarqués sur un navire. Une fois celui-ci parvenu au large, ils sont précipités dans les flots. Mais, aussitôt, il s’élève autour du bateau une tempête extraordinaire, tandis que le « plus grand calme » règne autour des saints. Les matelots craignent de périr, et certains se repentent des méchancetés qu’ils viennent de commettre envers les martyrs. À cet instant, ces hommes, au seuil de la mort, voient distinctement Nazaire et Celse marcher sur les eaux et remonter sans difficulté sur le navire. Nazaire calme les flots par une prière. L’embarcation, miraculeusement sauvée, prend la direction de Gênes (Italie, Ligurie), où ils débarquent, poussés par l’Esprit Saint.

Nazaire et Celse s’installent à Albaro (aujourd’hui un quartier de Gênes), où le saint prêche évidemment avec un vif succès. Ce village est l’un des premiers endroits d’Italie où furent célébrées des messes.

Enfin, Nazaire et Celse se rendent à Milan où ils avaient laissé Gervais et Protais. Lorsque le préfet Anolin, radicalement hostile aux chrétiens, est mis au courant de leur arrivée, il les fait emprisonner. C’est alors qu’un mystérieux messager apprend à Nazaire ce que son père a vécu en son absence : celui-ci s’est converti au christianisme à la suite d’une apparition de l’apôtre saint Pierre, qui lui a demandé de suivre sa femme et son fils dans la foi chrétienne.

Nazaire et Celse sont rapidement traduits devant un tribunal qui, cette fois, se montre intraitable : les deux chrétiens sont condamnés à être décapités. On les conduit hors de la ville, puis on leur tranche la tête.

Les chrétiens enlèvent leurs corps, qu’ils inhument dans le jardin d’un homme pieux nommé Cératius. La nuit suivante, les deux martyrs apparaissent à celui-ci et lui demandent d’ensevelir leurs dépouilles dans un endroit éloigné de sa maison, pour ne pas être poursuivi par les Romains. Cératius leur demande : « Guérissez auparavant ma fille paralytique. » Cette dernière est guérie à l’instant même. Son père trouve la force de déterrer les deux corps et de les ensevelir comme ils le lui avaient recommandé.

En 395, saint Ambroise, évêque de Milan, est l’objet d’une révélation divine qui l’informe du lieu où sont enterrés les deux martyrs, quelque part dans un jardin hors de la cité. Les corps sont retrouvés dans un état de conservation exceptionnel. Du sang frais, répandant une merveilleuse odeur, s’écoule de la poitrine de saint Nazaire. Les deux martyrs sont transportés dans la basilique des Apôtres (basilica Apostolicum), où ils sont ensevelis lors d’une grande et majestueuse cérémonie. À cette occasion, Le pape Damase Ier envoie un coffret en argent à saint Ambroise pour y déposer les reliques.

Ce dernier écrit ceci au sujet de saint Nazaire : « Nazaire, illustre par le sang généreux qu’il a répandu, a mérité de monter au royaume du Ciel. En souffrant tout ce que les tourments ont de plus cruel, il surmontait la rage des tyrans par sa constance et il ne céda jamais devant les menaces des persécuteurs, car il avait pour le soutenir au milieu de ses combats Notre Seigneur Jésus-Christ qui combattait avec lui. […] Conduit au milieu de la mer, soutenu par les anges, il marche à pieds secs sur les flots. »

Patrick Sbalchiero


Au-delà des raisons d'y croire :

La mémoire collective de plusieurs milliers d’Européens a conservé intacte la vie exceptionnelle de saint Nazaire, dont la sainteté a été proclamée par l’Église.


Aller plus loin :

Bienheureux cardinal Idelfonso Schuster, « Les saints Nazaires et Celse, martyrs », Liber Sacramentorum, disponible en ligne.

 


En savoir plus :

  • Abbé L. Jaud, Vie des saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950.
  • Jacques de Vorangine, La Légende dorée (XIIIe siècle), sous la direction d’Alain Boureau, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2004, disponible en ligne.
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