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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Jésus
n°297

Proche-Orient

Ier au VIe siècle

Les sources rabbiniques rendent témoignage aux miracles de Jésus

Les Évangiles nous montrent que les pharisiens, du moins certains d’entre eux, se sont opposés au message de Jésus. À partir du IIe siècle, leurs descendants ont mis par écrit la tradition orale et leurs enseignements dans différents ouvrages (Mishna, Tosefta, Talmud), ce qui permet de connaître leur point de vue. À plusieurs reprises, Jésus et ses premiers disciples sont mentionnés. Même si ces textes portent un regard négatif sur Jésus, ils viennent appuyer le témoignage des Évangiles le concernant. En particulier, ses miracles sont reconnus, ainsi que ceux effectués par ses disciples en son nom.

© Shutterstock, ArtMari.
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Les raisons d'y croire :

  • Le Talmud et la littérature rabbinique ont été rédigés par des adversaires de Jésus et de ses disciples. Ils n’ont aucune raison d’être complaisants envers eux, et apparaissent donc comme des sources intéressantes de ce point de vue là.
  • Le Talmud, même s’il les déforme, reconnaît plusieurs événements importants de la vie de Jésus, comme son séjour en Égypte et sa mise à mort, corroborant les écrits évangéliques.
  • Le Talmud reconnaît la véracité des miracles de Jésus, mais l’attribue à des forces démoniaques. Cela confirme les propos rapportés dans les Évangiles (Lc 11).
  • Les sources rabbiniques anciennes (Talmuds, Midrash, Tosefta) confirment que les disciples de Jésus continuaient à opérer des miracles en son nom. Les rabbins sont obligés d’interdire aux juifs de recourir à ce moyen de guérison, ce qui montre qu’il était reconnu comme efficace.

Synthèse :

Les Talmuds de Jérusalem et de Babylone sont les deux ouvrages les plus importants du judaïsme rabbinique. Composés de deux parties – la mishna,rédigée en hébreu, et la guemara, rédigée en araméen –, ils servent de fondement à la loi juive, et c’est leur étude qui est au cœur de la formation des rabbins. L’histoire compliquée entre juifs et chrétiens a malheureusement conduit à la censure de certains passages concernant précisément Jésus et les chrétiens, ainsi qu’à la mise en circulation de fausses citations qui nourrissent l’antisémitisme. Il est donc nécessaire d’être très prudent lorsque l’on aborde ce sujet et de se référer aux éditions universitaires de ces ouvrages. Une fois ces précautions prises, l’examen de ces sources, complétées par les autres livres de la littérature rabbinique ancienne (Midrashim, Tosefta, etc.), nous apporte des éléments importants concernant Jésus et les premières générations de chrétiens.

Jésus lui-même est mentionné dans plusieurs textes de la littérature rabbinique. Les textes sont polémiques. Ils l’accusent d’avoir appris la magie en Égypte et de s’être servi de cette magie pour égarer le peuple d’Israël. Même si cette présentation est négative, il est particulièrement intéressant de noter que les rabbins ne cherchent pas à nier les miracles opérés par Jésus, mais qu’ils l’accusent d’avoir utilisé des puissances démoniaques pour les accomplir. Cette accusation rejoint le témoignage des Évangiles, qui mentionnent le fait que des opposants à Jésus l’accusaient de chasser les démons au nom du prince des démons (Mt 10,25 et Lc 11,15).

Un autre fait important est l’exécution de Jésus. Celle-ci est mentionnée dans le Talmud de Babylone (Sanhédrin 43a), qui la date de la veille de Pâques, ce qui rejoint la chronologie de l’Évangile de Jean.

Au-delà de la personne même de Jésus, plusieurs textes attestent que les chrétiens opéraient des miracles en son nom. Là encore, ces miracles sont reconnus. Un des épisodes les plus célèbres concerne le rabbi Éléazar Ben Dama, neveu d’un autre rabbi, R. Ismaël, qui est mordu par un serpent. Celui-ci souhaite être guéri par un chrétien, Jacob, qui utilise pour cela le nom de Jésus. Mais son oncle, rabbi Ismaël, refuse cette guérison et préfère laisser son neveu mourir. Ce récit est rapporté par au moins cinq sources rabbiniques. L’action se déroule sans aucun doute à la fin du Ier siècle ou au début du IIe siècle, car R. Ismaël a vécu entre 65 et 135. Il montre que, déjà à cette époque, les rabbins savaient que les disciples de Jésus guérissaient les malades en son nom et que ces guérisons étaient efficaces, puisqu’ils sont obligés d’interdire aux juifs d’y recourir, par peur que ceux-ci ne se convertissent après avoir été miraculeusement guéris.

Un autre récit, rapporté par au moins quatre sources rabbiniques, témoigne de ces guérisons. Le petit-fils de rabbi Yehoshuah ben Lévi était en train de mourir après avoir avalé quelque chose. Un chrétien le guérit alors au nom de Jésus. Lorsque rabbi Yehoshuah ben Lévi arrive et apprend que son petit-fils a été guéri au nom de Jésus, il s’exclame qu’il aurait mieux valu que celui-ci meure, et c’est ce qui arrive. Le récit se situe un siècle ou un siècle et demi après le précédent, puisque rabbi Yehoshua a vécu entre 225 et 260 environ. Il est considéré comme un des plus grands rabbins de sa génération. On voit que le pouvoir de guérison au nom de Jésus est encore reconnu, mais il fait tellement peur que ce rabbin préfère voir son petit-fils mourir plutôt que d’être guéri au nom de Jésus.

Les témoignages de la littérature rabbinique, même s’ils présentent Jésus et ses disciples de manière négative, sont importants car ils montrent que même ses opposants reconnaissent la réalité des miracles opérés par Jésus et ses disciples.

David Vincent est doctorant en histoire des religions et anthropologie religieuse à l’École Pratique des Hautes Études.


Aller plus loin :

Thierry Murcia, Jésus dans le Talmud et la littérature rabbinique ancienne, Turnhout, Brepols, 2014.


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