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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Guérisons miraculeuses
n°298

Italie

1878 – 1903

Gemma Galgani, guérie afin d’expier les fautes des pêcheurs

Le 11 avril 1903, Gemma Galgani, une jeune Italienne de vingt-trois ans, entre au Ciel. À dix-huit ans, Gemma est la plus jolie fille de Lucques, voire de Toscane. Cette beauté la désole, plus encore les admirateurs qu’elle lui vaut et qui, après l’avoir suivie dans la rue, s’agglutinent sous ses fenêtres, essayant d’attirer son attention. Or, depuis longtemps, n’écoutant que son cœur, Gemma a choisi pour seul époux le Christ, qui, par l’intermédiaire de son ange gardien, l’a demandée en mariage, un jour qu’elle se contemplait dans un miroir, parée de ses bijoux. Il lui a dit d’un ton de reproche : « Les seuls joyaux qui embellissent l’épouse du Roi crucifié sont les épines et la croix. ». Aidée par le monde angélique, mais férocement combattue par les démons, elle veillera désormais à n’avoir pas d’autre parure.

© Shutterstock, anomaly026.
© Shutterstock, anomaly026.

Les raisons d'y croire :

  • Quelques heures avant le décès de sa mère, Gemma, huit ans, prie dans l’église lorsqu’elle entend une voix, qui lui deviendra familière et qu’elle découvrira être celle du Christ, lui demander : « Veux-tu me donner ta maman ? » Malgré sa détresse et au milieu des larmes, elle a le courage de répondre oui. L’on ne peut imaginer qu’une enfant de cet âge ait inventé une locution qui concrétise sa pire terreur, la mort de sa mère, ni qu’elle ait pu accepter, sans secours spirituel, ce qui était pour elle le drame suprême.

  • Aussitôt après la mort de sa mère, comme si le Ciel compensait le sacrifice accepté, Gemma fait ses premières expériences mystiques et progresse si vite dans la vie spirituelle que son curé, surpris, l’autorise à faire sa première communion à neuf ans alors que l’usage – qui perdure jusqu’au début du XXe siècle et la réforme de saint Pie X –, est d’attendre onze ou douze ans, voire davantage. Il faut que la petite Galgani manifeste une maturité exceptionnelle pour les choses de la foi pour que ce prêtre, à cette époque, fasse une exception en sa faveur.
  • Dans un premier temps, Gemma ne s’oppose pas au projet de son père de lui trouver un riche époux, et elle prend même plaisir aux jolies robes et aux bijoux offerts pour la mettre en valeur. Mais, lorsqu’elle reçoit l’apparition de son ange gardien qui lui reproche d’être coquette et de ne pas être à la hauteur de l’amour que lui porte le Christ, Gemma renonce à ses parures, s’habille de robes noires informes, s’enlaidit et fuit toute présence masculine. Ce changement d’attitude, alors qu’elle sait que son mariage est la solution aux difficultés financières des siens, ne s’explique pas sans cette vision.
  • Après le décès de son père, sous la pression familiale, Gemma, qui ne veut plus se marier, supplie le Ciel de la débarrasser de sa beauté. En peu de temps, sa santé décline, on lui diagnostique le mal de Pott. Son état est désespéré. En un mois, rongée de tumeurs osseuses causées par cette forme extrême de tuberculose, elle devient méconnaissable et souffre atrocement.
  • Tous les soins sont vains, y compris un curetage de ses tumeurs osseuses, qu’elle subit sans anesthésie car elle veut souffrir pour les pécheurs. Une mastoïdite puis un début de méningite se déclarent. Le médecin annonce qu’elle ne passera pas la nuit. Alors qu’elle agonise, en pleine nuit, un jeune religieux passioniste lui apparaît en disant : « Gemma, chère petite sœur, je suis Gabriel de l’Addolorata et je dois te demander quelque chose de la part de Dieu : préfères-tu que je t’emmène au Ciel tout de suite ou acceptes-tu de rester ici et souffrir pour les pécheurs ? » Gemma accepte de vivre et d’expier les fautes des pécheurs.

  • Le lendemain matin, le médecin venu constater le décès la trouve sur pied, prête à partir à l’église entendre la messe. Il constate le caractère miraculeux de cette guérison impossible et invraisemblable. Le certificat sera transmis au couvent du Gran Sasso, où repose Gabriel, et ce miracle sera versé au dossier de sa cause de béatification. Il n’y a aucune explication à cette guérison instantanée. Gemma ne connaîtra aucune rechute et ne souffrira d’aucune séquelle jusqu’à sa mort.
  • Gemma passe le reste de ses jours cloîtrée chez elle, ne sortant que pour aller à l’église. C’est là qu’elle développe une spiritualité de l’amour et de l’offrande qui ne peut être dictée que d’en haut, comme l’attestent ces passages : « Veux-tu m’aimer vraiment ? Apprends d’abord à souffrir, la souffrance apprend à aimer » ; « Je t’attends au calvaire » ; « La croix est le trône des vrais amants. »

  • Gemma, depuis sa guérison, a pour père spirituel un prêtre passionniste, Padre Germano, qui sera son premier biographe et qui, confronté aux étranges phénomènes mystiques entourant sa dirigée, fera preuve d’une extrême prudence afin de s’assurer qu’il ne peut y avoir de mystification dans ces événements. Ainsi, lorsque Gemma, stigmatisée, revivra la Passion chaque semaine, il procédera à des examens cliniques des plaies, s’assurant qu’il ne peut s’agir d’automutilation ni d’autosuggestion.
  • Confronté à l’apparition, dans la chambre de Gemma, hors saison, de bouquets de fleurs, de corbeilles de fruits splendides et de courriers qu’elle n’a pu poster ou faire poster, il fait enfermer et surveiller la jeune fille, et constate que cela n’empêche pas ces objets d’apparaître.
  • Décédée en 1903, Gemma est canonisée dès 1940, alors que, sous le pontificat de Pie XI – influencé par son conseiller scientifique, Mgr Gemelli, ancien médecin incroyant converti et devenu prêtre –, les expertises de phénomènes mystiques sont d’une grande sévérité, comme le prouvent les déboires du Padre Pio. Il faut donc que le Vatican n’ait rien trouvé à redire aux épisodes étranges de la vie de la sainte.

Synthèse :

Malgré sa très grande beauté, Gemma Galgani ne veut pour époux que le Christ. Dans une vision, Jésus lui fait dire par l’intermédiaire de son ange gardien que les seules parures dignes de l’épouse du Roi crucifié sont les épines et la croix. La jeune fille les accepte.

Alors qu’elle est atteinte de la tuberculose et qu’elle agonise, un inconnu, d’une sombre beauté et d’une rare séduction, s’assied à son chevet. L’air apitoyé, il s’indigne que « l’autre » – comme il appelle Dieu, qu’il ne peut plus nommer – lui « inflige pareille torture » : « Il est méchant, surtout avec ceux qui l’aiment… Tu vois toi-même comment il traite ses amis. Moi, en revanche, je suis bon avec les miens… ». Il promet à Gemma de lui rendre la santé, la beauté, de lui trouver un riche époux et de lui offrir une vie délicieuse si elle accepte ses offres et renonce à ses sacrifices, pénitences et prières pour les pécheurs. À ces mots, Gemma comprend à qui elle a affaire et crie : « Dehors, Satan ! Mon âme passe avant mon corps ! » Le diable la quitte en lui promettant qu’elle regrettera son refus.

Entre maladie, souffrances physiques, tentations, nuit de l’âme, vexations diaboliques, stigmates, son existence ne sera que douleurs offertes pour le salut des pécheurs. L’une de ses consolations est d’être entourée de son cher ange gardien et de nombreux autres esprits bienheureux. Cette joie est troublée lorsque Gemma s’aperçoit que des démons, pour l’abuser, parviennent à se faire passer pour des anges de lumière, de sorte qu’elle ne peut plus distinguer les uns des autres. Padre Germano lui conseille alors, en cas de doute sur l’identité du visiteur, de lui cracher au visage et de le traiter de « sale bête ».

Cet ordre trouble Gemma, à qui son directeur de conscience répète sans cesse combien elle doit respecter les bons esprits, lui interdisant même de tutoyer son ange gardien, car ce serait lui manquer de respect. Cependant, elle obéit et, en général, ne se trompe pas, jusqu’au jour où, en présence de son ange gardien, elle est saisie d’un doute affreux : est-ce lui ou un démon ? A-t-il trouvé drôle d’emprunter son apparence ? N’y tenant plus, elle se résigne à lui cracher dessus. Quand il s’agit d’un démon, celui-ci, furieux, disparaît en hurlant de rage. Comme ce n’est pas le cas, Gemma, consternée, se rend à l’évidence : elle a craché au visage de son ange gardien bien-aimé. Consternée, elle découvre que, là où son crachat est tombé, est apparue une magnifique rose blanche. Sur ses pétales, en lettres d’or, ces mots : « On reçoit tout de l’amour. » Ce pourrait être la devise de Gemma Galgani.

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.


Aller plus loin :

Hervé Roullet, Gemma Galgani, Roullet, 2020.


En savoir plus :

  • Pères Germano et Félix, Sainte Gemma Galgani, la stigmatisée de Lucques, Brunet (Arras) et Mignard (Paris), 1940.
  • Abbé Jean-François Villepelée, La folie de la croix, sainte Gemma Galgani, Le Parvis,1978.
  • Giuliano Agresti, Amoureuse du Crucifié, portrait de sainte Gemma Galgani (1878 – 1903), Nouvelle Cité, Paris, 1993.
  • Gemma Galgani, Lettres et extases, Brunet (Arras) et Mignard (Paris), 1920.
  • Gemma Galgani, Écrits. Lettres, Téqui, Paris, 1988.
  • Le documentaire (film) The Passion Flower of Christ, 2018 (en anglais).
  • Le film d’Oscar Parra de Carrizosa : Gemma Galgani, 2024 (en italien).
  • Dans la série Saints Alive !, l’épisode 11 sur Gemma Galgani (en anglais).
  • La vidéo d'Arnaud Dumouch : « La vie de sainte Gemma Galgani, l’amoureuse de Jésus et de saint Gabriel de L’Addolorata ».
  • L'article 1000 raisons de croire : « Gabriel de l'Addolorata, le "jardiner de la Sainte Vierge" ».
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