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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les martyrs
n°242

5 février 1597

Nagasaki (Japon)

Le martyre de Paul Miki et de ses compagnons

Sur les traces de saint François-Xavier, les missionnaires jésuites et franciscains ont réussi à enraciner le christianisme sur le territoire japonais. Mais à partir de la fin des années 1580, le shogun décide de lutter contre l’expansion du christianisme, considéré comme un danger national. Nous commémorons le 6 février le martyre des vingt-six personnes crucifiées à Nagasaki en 1597, en répression de la foi chrétienne. Parmi eux, on compte des missionnaires européens, des religieux japonais et dix-sept laïcs : catéchistes, interprètes, médecins et enfants. Comme le Christ, les crucifiés ont été achevés par un coup de lance.

La cathédrale de Nagasaki au Japon / © Shutterstock, Yusei.
La cathédrale de Nagasaki au Japon / © Shutterstock, Yusei.

Les raisons d'y croire :

  • Nous disposons sur ces événements de nombreuses sources historiques fiables, dont un récit détaillé écrit par un contemporain (« Vous serez mes témoins », Histoire du martyre de saint Paul Miki et de ses compagnons).
  • L’exécution de février 1597 est précédée d’une longue marche forcée d’un mois entre Kyoto et Nagasaki afin de dissuader la population de se convertir au christianisme. Mais les condamnés ont une attitude qui interpelle et impressionne tous ceux qu’ils croisent : ils continuent leurs prières avec confiance et profitent de l’audience qui leur est offerte pour prêcher la foi en Christ.
  • Il a été donné la possibilité à certains de ces martyrs de sauver facilement leur vie, mais ils ont préféré défendre le catholicisme. Une telle détermination témoigne de la profondeur et de la beauté de cette foi. En effet, lors de l’arrestation des jésuites étrangers de la maison d’Osaka, Paul Miki était a priori épargné car japonais, mais il insiste pour ne pas être traité différemment de ses frères en Christ. De même, Antoine Deynan a la possibilité d’échapper à la mort sur la croix en raison de son jeune âge (treize ans), mais il refuse fermement, considérant qu’accepter cette relaxe serait une forme d’abjuration.
  • Tous les témoins de l’exécution constatent que « de la joie apparaissait sur le visage de tous » et que « plusieurs chantaient ». La joie prend la place de la peur, car chaque chrétien condamné à mort pour sa foi sait qu’il sera bientôt en paradis : c’est la preuve de l’espérance du Ciel qui les anime.

  • Au seuil de la mort, Paul Miki est si profondément et sincèrement convaincu que la religion chrétienne est vraie qu’il tâche encore de le faire comprendre aux bourreaux et à l’assistance : « Au point où j’en suis parvenu, je pense que personne parmi vous ne croira que je veuille déguiser la vérité. Je vous déclare donc qu’il n’y a aucune voie de salut sinon celle que suivent les chrétiens. Puisqu’elle m’enseigne à pardonner aux ennemis et à tous ceux qui m’ont fait du mal, je pardonne de grand cœur à tous les auteurs de ma mort, et je les conjure de vouloir bien recevoir le baptême chrétien. »

  • Le pardon que Paul Miki accorde à ceux qui le condamnent à la mort, en leur souhaitant du bien, est en outre un signe manifeste de transcendance, car cette attitude magnanime dépasse de bien loin les capacités humaines classiques.

Synthèse :

L’évangélisation du Japon a débuté avec succès en 1549 avec saint François-Xavier. Les missionnaires sont autorisés à prêcher et à distribuer beaucoup d’ouvrages : des livres de piété, de formation à la foi catholique, et des études comparatives entre bouddhisme, shintoïsme et christianisme, qui mettent en évidence la richesse du catholicisme par rapport aux philosophies orientales. La religion catholique gagne rapidement toutes les couches de la société et l’on compte plus de 300 000 chrétiens à la fin du XVIe siècle.

Le pouvoir politique développe une méfiance devant cette expansion rapide, et le catholicisme finit par être considéré comme un danger national. Le shogun Hideyoshi Toyotomi cherche à unifier le pays en limitant l’influence des daïmios locaux et des étrangers. Il considère que le catholicisme, qui est une religion d’importation étrangère, est un obstacle à la mise en place d’un État centralisé ; plusieurs mesures répressives sont donc mises en place. L’antichristianisme japonais n’est donc pas issu du peuple, mais d’une construction politique. En 1587, les missionnaires chrétiens étrangers sont bannis : débutent alors plus de deux cents ans d’une persécution violente. Le christianisme japonais s’enfouit et devient progressivement clandestin.

En décembre 1596, plusieurs chrétiens sont arrêtés pour être mis à mort. Ils sont emprisonnés à Miyako (aujourd’hui Kyoto) et condamnés au crucifiement. Ils partent ensuite pour une marche forcée jusqu’à Nagasaki, lieu de leur exécution. Un mois durant, ils sont exposés de ville en ville afin de dissuader quiconque serait tenté par la foi chrétienne. Sur ce long chemin vers la croix, alors qu’ils se font insulter et moquer, les condamnés montrent une constance admirable, continuant leurs prières et leurs chants.

À Nagasaki, les vingt-six chrétiens sont crucifiés le 5 février 1597, face à la mer et face à l’Occident. Paul Miki, premier jésuite japonais et prédicateur passionné, voyant la foule qui assistait à son supplice, saisit cette occasion pour témoigner encore une fois et annoncer l’Évangile. Les bourreaux achèvent chacun des martyrs par un coup de lance.

On compte vingt-six martyrs crucifiés à Nagasaki ce jour-là : trois jésuites, six franciscains et dix-sept chrétiens laïcs, tertiaires de Saint-François et membres de la communauté de Méaco, dont deux jeunes enfants de chœur. Leurs noms sont :

  • Paul Miki, frère jésuite japonais et grand prédicateur ;
  • Jean Soan (de Goto), frère jésuite japonais ;
  • Jacques Kisaï, frère jésuite japonais ;
  • Pierre Baptiste de Saint-Esteban, prêtre espagnol, chef de la mission franciscaine au Japon ;
  • Martin d’Aguirré, prêtre espagnol, professeur de théologie ;
  • François Blanco, prêtre espagnol ;
  • Philippe de las Casas, mexicain, frère convers ;
  • Gonzalve García, des Indes Orientales, frère convers ;
  • François de Saint-Michel, frère convers ;
  • Côme Tachegia ;
  • Michel et Thomas Cozaki ;
  • Paul Ibarki ;
  • Léon Carasumo (catéchiste et interprète) ;
  • Mathias ;
  • Bonaventure ;
  • Joachim Saccakibara (médecin) ;
  • François de Méaco (médecin) ;
  • Thomas Dauki (interprète) ;
  • Jean Kinoia ;
  • Gabriel de Duisco ;
  • Paul Suzuki (catéchiste et interprète) ;
  • Louis (11 ans) ;
  • Antoine (13 ans) ;
  • François Danto et Pierre Sukejiro ne font pas partie des arrestations de décembre 1596 mais, comme ils s’obstinaient à suivre les prisonniers chrétiens et à les soigner, ils furent arrêtés à leur tour.

Paul Miki et ses compagnons ont été béatifiés par le pape Urbain VIII le 14 septembre 1627 (trente ans après les faits, délai exceptionnellement court) et canonisés par Pie IX le 8 juin 1862. Lors de son voyage apostolique au Japon, en novembre 2019, le pape François s’est rendu sur la colline Nishizaka pour leur rendre hommage.

Solveig Parent


Au-delà des raisons d'y croire :

« La lumière de la résurrection est aussi annoncée là où le sang des martyrs devient semence de la vie nouvelle que Jésus-Christ veut offrir à nous tous. Leur témoignage nous confirme dans la foi et nous aide à renouveler le don de nous-mêmes ainsi que notre engagement à vivre en disciples missionnaires » (pape François, 24 novembre 2029, Nagasaki).


Aller plus loin :

Le film Les 26 martyrs du Japon, film muet japonais réalisé par Tomiyasu Ikeda, produit en 1931 par l’étude japonaise Nikkatsu.


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