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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les saints
n°510

Alsace (France)

Vers 660 – 720

Née aveugle, sainte Odile retrouve la vue lors de son baptême

Adalric, duc d’Alsace au VIIe siècle, espérait beaucoup avoir un fils. Or, son épouse, Bereswinde, accouche en 662 d’une fille qui, de surcroît, est aveugle. Dépité, l’homme ordonne qu’on tue le nouveau-né, mais la mère réussit à le confier à une nourrice, puis à organiser secrètement son accueil dans un couvent. Devenue jeune fille, Odile sera miraculeusement guérie lors de son baptême. Elle sera la fondatrice et la mère abbesse de deux monastères, dont un qui existe encore aujourd’hui. L’Alsace est placée sous son saint patronage.

Vitrail de l'église Saint-Pancrace à Waldolwisheim. / © CC BY-SA 4.0, Ralph Hammann.
Vitrail de l'église Saint-Pancrace à Waldolwisheim. / © CC BY-SA 4.0, Ralph Hammann.

Les raisons d'y croire :

  • L’essentiel de la vie d’Odile de Hohenbourg est rapporté dans la Vita Otiliae, un texte écrit avant 950. À cette époque, l’histoire d’Odile est largement connue et crue car les pèlerinages ont déjà lieu autour des reliques de la sainte. La Vita Otiliae concorde avec des détails qui figurent dans d’autres documents historiques authentifiés du VIIe siècle : Adalric, le père d’Odile, est bien duc ; il a plusieurs enfants, fils et filles, etc.
  • Le fait qu’Odile ait été placée discrètement dans un couvent après sa naissance, qui plus est auprès de sa tante, mère abbesse, et le caractère tardif de l’âge auquel elle reçoit le baptême sont des faits qui s’inscrivent parfaitement dans le contexte social et juridique de l’époque.
  • Tout au long de la vie d’Odile, l’action de Dieu est patente. C’est Dieu, par exemple, qui avertit en songe saint Erhard, un Bavarois, de se rendre dans le couvent rhénan, avec saint Hidulphe, pour baptiser la jeune fille aveugle.
  • La guérison surnaturelle d’Odile pendant son baptême est rapportée non seulement dans la Vita Otiliae, mais aussi dans la biographie de saint Hidulphe (rédigée vers 950) et celle de saint Erhard (rédigée vers 1150). Ces trois documents ont été rédigés par des personnes différentes et dans des lieux différents. Si certains détails divergent (lieu du baptême, personnes présentes), les récits de la guérison en elle-même sont bien concordants.
  • La force des prières continues d’Odile a permis la conversion de son père. Celui-ci est décrit par les chroniques de l’époque comme un homme impulsif, orgueilleux et violent : il est allé jusqu’à renier sa fille, par dépit de la voir handicapée, et jusqu’à tuer son fils par bastonnade… Finalement, non seulement Adalric réintègre Odile dans la famille, mais il lui donne aussi le château de Hohenburg pour en faire un couvent. Ce retournement complet de personnalité n’est guère explicable sans une grâce surnaturelle.
  • Un lépreux arrive un jour à la porte du couvent dont Odile est abbesse. Les religieuses n’osent pas s’en approcher et c’est Odile qui prend soin de lui. Les religieuses, ébahies, voient la maladie de l’homme se résorber en quelques instants sous leurs yeux. Ce miracle fait évidemment grand bruit dans la région et les malades se pressent désormais aux portes de l’abbaye, qui se situe pourtant en haut d’un mont qui n’est pas aisé à gravir. C’est pour cette raison – pour l’accueil des malades qui affluent – qu’une seconde abbaye est fondée en contrebas vers l’an 707 : Niedermunster, c’est-à-dire le « monastère d’en bas ».
  • Après la mort de son père en 690, Odile a une vision de lui au purgatoire. Jusqu’à ce qu’elle le sache sorti de cette épreuve de purification, Odile ne cesse de prier pour obtenir l’expiation des fautes de son père. La vision d’Odile dévoile la communion des saints, c’est-à-dire l’union de tous ceux qui appartiennent au Christ, vivants comme morts – un dogme enseigné par l’Église catholique.
  • Odile s’éteint le 13 décembre 720. Son corps est immédiatement vénéré comme celui d’une sainte, notamment à cause de la ferveur et des témoignages des personnes qu’elle a secourues de son vivant. Aujourd’hui encore, beaucoup de gens se rendent sur son tombeau, au mont Saint-Odile, où plusieurs miracles se sont produits, ainsi qu’à la source, dont l’eau est réputée pouvoir guérir les aveugles.
  • L’empereur du Saint-Empire romain germanique, Charles IV, fait ouvrir la sépulture de sainte Odile le 3 mai 1354. Plus de six siècles après sa mort, le corps de la sainte est retrouvé anormalement bien conservé. « L’ouverture du tombeau fut faite, en présence de l’empereur, par l’évêque de Strasbourg et l’évêque d’Olmus, qui l’avait accompagné. On trouva le corps de sainte Odile entier. La vue de ce saint dépôt redoublant la vénération et la piété de l’empereur, il pria l’abbesse et ses dames de lui en accorder quelque relique » (Hugo Peltre, Vie de sainte Odile, 1699). L’avant-bras de saint Odile a été prélevé pour être placé dans la cathédrale Saint-Guy, à Prague. Le reste de la dépouille se trouve toujours au mont Sainte-Odile.

Synthèse :

À cause de la colère de son père, Odile passe ses premières années à Scherviller, près de Sélestat, puis est élevée au couvent de Palma (aujourd’hui Baume-les-Dames, près de Besançon), dont sa tante est la mère abbesse. Ainsi, l’enfant grandit en paix dans le monastère, dans un climat de charité et de piété. La jeune aveugle parvient jusqu’à l’âge de quinze ans sans avoir reçu le baptême car, dans les premiers temps du christianisme, on ne donnait pas le baptême aux enfants sans les avoir instruits au sujet du sacrement.

À Ratisbonne, en Bavière, un évêque nommé Erhard reçoit du Ciel l’inspiration de traverser le Rhin et de se rendre au monastère de Palma pour y baptiser une jeune fille. Il la baptise puis lui touche les paupières avec le saint chrême. Les yeux d’Odile peuvent alors voir et cette guérison miraculeuse la conforte dans son désir de ne vivre que pour Dieu.

Cet événement fait grand bruit et une foule considérable se presse au couvent pour voir la jeune fille miraculée. Ehrard se rend jusqu’à Hohenbourg pour annoncer la merveilleuse nouvelle à la famille ducale. Mais, bien qu’il ait eu connaissance du miracle que Dieu a opéré en faveur de sa fille, Adalric, par orgueil, ne change pas de sentiments.

Entre-temps, le duc a eu un fils, Hugues, qui souhaite de tout cœur connaître sa sœur. Persuadé que la présence de celle-ci opérerait le changement attendu chez son père, Hugues donne en secret des ordres pour faire revenir Odile. Quand Adalric s’en rend compte, il entre dans une grande colère et frappe si violemment son fils qu’il le tue.

L’impitoyable père, n’acceptant toujours pas Odile comme membre à part entière de sa famille, choisit de l’installer dans une dépendance du château. Odile y mène une vie humble et entièrement dévouée aux pauvres et aux malades. Ce comportement doux et édifiant interpelle son père. Dieu, dans sa grande miséricorde, écoutant les prières incessantes d’Odile, ouvre le cœur endurci d’Adalric et lui fait prendre conscience des fautes que sa barbarie lui a fait commettre. Odile est réintégrée dans la famille du duc, qui, naturellement, souhaite la marier.

Odile s’y oppose fermement, car elle a déjà choisi de donner sa vie à Dieu seul. Elle va même jusqu’à fuguer pour échapper au mariage qui a été organisé. Adalric finit par accepter la vocation de sa fille et lui offre le château de Hohenbourg pour qu’elle s’y installe avec d’autres femmes qui ont fait le même vœu qu’elle. Une stèle romane nous est parvenue, datant du XIIe siècle, représentant le duc donnant Hohenburg à Odile. Autour de la sainte femme, la communauté de Hohenbourg devient rapidement florissante et la mère abbesse partage désormais son temps entre la prière, la direction de l’abbaye, le secours aux malades et l’instruction des novices.

Odile meurt le 13 décembre 720 et sa sépulture suscite tout de suite un culte fervent, qui continue encore aujourd’hui.Les nièces d’Odile sont Eugénie, qui sera abbesse de Hohenbourg, Attale qui fondera le monastère Saint-Étienne, à Strasbourg, et Gundeline qui sera l’abbesse de Niedermunster. Le pape Léon IX canonise Odile de Hohenbourg en 1049 et le pape Pie XII la nomme en 1946 sainte patronne de l’Alsace.

Delphine Petit, adjointe en pastorale au collège épiscopal Saint-Étienne, à Strasbourg.


Au-delà des raisons d'y croire :

Une immense tapisserie (quatre mètres trente de long), datant de 1450, retrace les événements les plus marquants de la vie d’Odile : sa naissance, marquée par la cécité, son baptême et sa guérison miraculeuse, le repentir inespéré de son père, la fondation du couvent de Hohenbourg, puis de Niedermunster, etc.

Cette tapisserie, exposée au musée de l’Œuvre Notre-Dame à Strasbourg, peut être mis en parallèle avec le récit de la vie d’Odile tel qu’il apparaît dans la Vita Otiliae, le manuscrit de Saint-Gall.


Aller plus loin :

Marie-Thérèse Fischer, La Vie de sainte Odile (Xe siècle) et les récits postérieurs, Éditions du Signe, 2006.


En savoir plus :

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