Les innombrables « sceaux de Dieu » recueillis par le Dicastère pour la cause des saints

On estime à plus de huit mille le nombre de saints et de bienheureux reconnus par l’Église catholique, et ces reconnaissances passent depuis des siècles par un processus de validation unique au monde.

Au départ, ce sont la réputation de sainteté d’une personne décédée et une demande du peuple de Dieu qui déclenchent une démarche diocésaine approfondie visant à recueillir tous les témoignages et les documents disponibles pour apprécier la vie du « serviteur de Dieu ». Si cette première étape réalisée par la commission historique diocésaine et par le postulateur de la cause apparaît concluante, toutes les pièces recueillies sont transmises à Rome, qui lance une enquête indépendante dans laquelle un rapporteur, qui suit le dossier, va présenter au Dicastère pour les causes des saints, créée au XVIIe siècle, les éléments de preuve apportés, afin que soit établi un exercice « héroïque » des vertus chrétiennes.

Ensuite, si ce procès est conclu positivement, le processus est suspendu dans l’attente d’un « sceau de Dieu », c’est-à-dire d’un miracle dûment attesté, validé par une commission médicale et théologique, à la fois pour la béatification (sauf pour les martyrs) et plus tard pour la canonisation. Ce n’est ainsi qu’à l’issue d’une très longue et rigoureuse procédure que le pape peut décider la proclamation d’un nouveau « bienheureux » ou « saint ».

Détail du retable de San Domenico, Fra Angelico / © Wikimedia Commons, Sampo Torgo.

Les raisons d'y croire :

Un tel niveau d’exigence n’existe dans aucune autre organisation ou religion, sauf peut-être dans le processus qui conduit Israël à proclamer un « juste parmi les nations », mais, dans ce cas, c’est un processus purement humain et il n’y a aucune recherche de « surnaturel ».

Le fait d’exiger, au terme des enquêtes diocésaine et romaine, que Dieu se manifeste par deux véritables miracles, aussi incontestables que possible, vérifiés au terme d’un long procès très sérieux, est absolument unique au monde.

Le Dicastère pour la cause des saints a produit depuis le XVIIe siècle un nombre tellement considérable de dossiers de béatification et de canonisation qu’elle est elle-même incapable de les dénombrer exactement.

L’ampleur et la qualité de ce travail séculaire conduit à un ensemble de faits extrêmement convaincants que l’on ne peut comparer à rien, dans aucune autre religion.

Synthèse :

Le Dicastère pour la cause des saints est l’un des dicastères (départements) de la Curie romaine, l’organisme administratif central du Saint-Siège de l’Église catholique. Elle a pour mission principale de gérer les processus de béatification et de canonisation des serviteurs de Dieu. Son origine remonte à l’époque de la Contre-Réforme, au XVIe siècle. Le processus de canonisation était déjà en place, mais il était informel et localisé. Pour centraliser et réguler ces processus, le pape Sixte V a créé la Congrégation des rites en 1588, avec la constitution apostolique Immensa aeterni Dei. Cette Congrégation avait pour but de superviser non seulement les rites liturgiques, mais aussi les causes des saints. Au fil des siècles, le nombre de causes de béatification et de canonisation a augmenté, nécessitant une division des responsabilités. En 1969, le pape Paul VI a séparé la Congrégation des rites en deux entités distinctes : la Congrégation pour le culte divin et le Dicastère pour la cause des saints, par le motu proprio intitulé Sacra rituum congregatio. Cette réorganisation visait à permettre une meilleure gestion et une expertise accrue dans chaque domaine spécifique.

Le Dicastère est dirigé par un préfet, nommé par le pape, assisté par un secrétaire et un sous-secrétaire. Elle est composée de divers membres, y compris des cardinaux, des archevêques, des évêques et d’autres experts théologiques et historiques.

Le processus de canonisation comprend plusieurs étapes rigoureuses, structurées de manière à garantir la véracité et l’authenticité de la sainteté du candidat.

Une cause de canonisation commence normalement au niveau diocésain, où le candidat est désigné « serviteur de Dieu ». Une enquête diocésaine est menée pour recueillir des témoignages sur la vie vertueuse et les miracles attribués au candidat. Les preuves recueillies lors de l’enquête diocésaine sont envoyées au Dicastère pour la cause des saints, à Rome. Le Dicastère examine la documentation et peut demander des informations supplémentaires ou des clarifications.
Si le candidat est jugé digne, il est proclamé « vénérable ». Cela signifie que l’Église reconnaît les vertus héroïques de la personne.
Pour être ensuite béatifié, un miracle attribué à l’intercession du vénérable après sa mort doit être reconnu. Une fois ce miracle validé par le Dicastère et approuvé par le pape, le candidat est béatifié et devient « bienheureux ».
La canonisation requiert un second miracle attribué au bienheureux. Une fois ce miracle vérifié et approuvé, le candidat est canonisé par le pape et déclaré « saint ». La canonisation permet le culte public du saint dans l’Église universelle.

Le Dicastère s’appuie sur des commissions de théologiens et de médecins pour évaluer les vertus et les miracles. Les postulateurs, qui sont souvent des religieux ou des laïcs experts, travaillent en étroite collaboration avec la congrégation pour préparer et présenter les causes.

La reconnaissance de nouveaux saints joue un rôle crucial dans la vie spirituelle et pastorale de l’Église. Les saints sont des modèles de vie chrétienne et des intercesseurs proposés à la prière de tous les fidèles. Le Dicastère pour la cause des saints s’efforce de garantir que seuls ceux qui ont véritablement vécu une vie de sainteté exemplaire et qui, au Ciel, sont capables d’intercéder pour nous soient ainsi reconnus par l’Église universelle.

Le Dicastère pour la cause des saints, avec ses procédures méthodiques et ses critères rigoureux, qui ne sont comparables à absolument rien dans d’autres religions ailleurs dans le monde, veille à ce que la reconnaissance des saints se fasse de manière authentique, sérieuse et soumise aux choix du Ciel. Par ce processus, elle contribue à enrichir la tradition spirituelle de l’Église et à offrir des modèles de véritable sainteté aux fidèles. Elle incarne ainsi un des aspects fondamentaux de la mission de l’Église : témoigner de la sainteté de Dieu en exposant la vie de ses plus fidèles serviteurs.

Olivier Bonnassies