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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Guérisons miraculeuses
n°102

Égypte, Palestine, Inde, Liban, France (Pau et Marseille)

1846 - 1878

Mariam, le « petit rien de Jésus » : une sainte de l'Orient à l'Occident

Mariam Baouardy est née en 1846 en Galilée, terre musulmane. À douze ans, elle fait le choix de se consacrer au Seigneur et refuse un mariage arrangé. Elle s’enfuit de chez elle et commence une vie d’errance qui prend fin lorsqu’elle rejoint le Carmel de Pau, en 1867, où sa vie mystique s’épanouit de façon extraordinaire (extases, bilocation, stigmates, prophéties, attaques du diable). Elle accueille ces grâces et traverse les épreuves de sa vie avec un parfait équilibre humain et spirituel grâce à sa grande humilité et son abandon complet au Seigneur. Sainte Mariam de Jésus Crucifié participe à la fondation du Carmel de Mangalore, en Inde, et à celui de Bethléem. C’est là qu’elle meurt, à la suite d’un accident de chantier, le 26 août 1878.

Sainte Mariam de Jésus Crucifié Baouardy / © CC0/wikimedia
Sainte Mariam de Jésus Crucifié Baouardy / © CC0/wikimedia

Les raisons d'y croire :

  • La guérison de Mariam, survenue le 8 septembre 1858, après avoir été égorgée en pleine rue, n’a aucune explication médicale : personne ne lui a porté secours, et la gravité de la blessure ne peut être mise en doute (elle garde toute sa vie une cicatrice de dix centimètres de large). La seule explication est celle de Mariam : elle a été recousue par une religieuse en habit azur, qu’elle a reconnue plus tard comme étant la Vierge Marie.
  • Sa transverbération (transpercement spirituel du cœur par un trait enflammé d’amour) a été matériellement constatée au lendemain de son décès, lorsque le Dr Carpani, chirurgien à Jérusalem, et d'autres témoins ont découvert une cicatrice au niveau de son cœur, comme si elle avait été atteinte par une grande pointe métallique.
  • Les stigmatisations répétées de Mariam ont été observées par divers témoins (ecclésiastiques et médecins) qui ont tous rapporté le phénomène sans la moindre différence descriptive.
  • Aucune des huit lévitations de la sainte n’a eu lieu en privé mais, au contraire, à chaque fois, devant des témoins au-dessus de tout soupçon.
  • Les attaques du démon, dont elle est victime, ne se résument pas seulement à des tentations ou des souffrances morales, mais elles se manifestent par des ecchymoses, des éraflures et divers traumatismes cutanés inexplicables.
  • La thèse d’un déséquilibre psychologique ne repose sur rien : la sérénité de Mariam à travers les épreuves, son sens de l’Église et son obéissance sans faille à ses supérieurs éliminent l’hypothèse de problèmes mentaux.
  • L’humilité dont elle fait preuve jusqu’à sa mort, en essayant de cacher les phénomènes incroyables que Dieu lui envoie, exprime une personnalité parfaitement adaptée à la réalité et consciente de sa petitesse.
  • Le rapport que Mariam entretient avec ses manifestations insolites est ecclésial et théologal : pour elle, leur unique raison d’être est la présence de Jésus en sa vie et la faiblesse constitutive de l’être humain, incapable en son étroitesse de contenir l’amour de Dieu.

Synthèse :

Mariam Baouardy voit le jour à Abellin, en Galilée (Israël) ; à l’époque ce village est aux mains de l’Empire ottoman. Ses parents, d’origine libanaise, catholiques de rite byzantin, ont eu avant elle douze garçons, tous morts en bas âge. En avril 1845, ils se rendent à Bethléem en pèlerinage pour demander à Dieu et à Marie d’avoir une fille. Mariam vient au monde exactement neuf mois plus tard, le 5 janvier 1846.

Deux ans après sa naissance, elle devient orpheline. Elle est adoptée par son oncle paternel. À l’âge de 8 ans, après avoir reçu une bonne formation chrétienne, elle est autorisée à faire sa première communion. Peu après, elle déménage avec son oncle à Alexandrie (Égypte). C’est là, le 8 août 1858, qu’elle vit ses « noces sanglantes ». Son oncle voulant la marier contre son gré (elle désire devenir religieuse), Mariam s’enfuit de chez elle. Elle est recueillie par un musulman qui veut la contraindre à renier sa foi. Elle se défend, prie le Seigneur. Rien n’y fait. L’homme lui tranche la gorge, puis la laisse pour morte dans une rue d’Alexandrie. Là, elle vit une première expérience inexplicable : elle se retrouve dans « une grotte où une religieuse aux vêtements d’azur » recoud la gorge.

De fait, Mariam est sauvée sans que personne lui ait jamais porté secours, hormis son apparition évoquée. Certains ont émis l’hypothèse d’une blessure superficielle. C’est tout le contraire : toute sa vie, elle a conservé une voix brisée et une cicatrice de dix centimètres de large au niveau de la gorge. Les médecins ont constaté qu’il manquait plusieurs anneaux à sa trachée-artère. Mariam identifie bientôt la religieuse inconnue comme la Vierge Marie. Elle reverra plusieurs fois la Mère de Dieu sous le même aspect.

Contrainte à se débrouiller seule, elle enchaîne les petits métiers, passant de ville en ville : Liban, Palestine et, enfin, Marseille. C’est dans la cité phocéenne qu’elle frappe à la porte des religieuses de Saint-Joseph-de-l’Apparition. Elle y est admise en qualité de novice, mais l’expérience tourne court au bout de deux ans, car Mariam est illettrée et maîtrise mal le français. On ne l’autorise pas à prononcer ses vœux temporaires. Elle doit repartir. La maîtresse des novices lui dit qu’elle devrait solliciter le Carmel. En 1867, Mariam est admise dans la communauté carmélite de Pau (France), où elle prend le nom de sœur Marie de Jésus Crucifié.

C’est là que, le 24 mai 1868, elle reçoit la transverbération du cœur lors d’une extase : elle voit un être céleste enfoncer une pointe rougie au feu dans sa poitrine ; elle ressent une immense douleur, puis un sentiment de paix envahit son être. Son expérience est en tous points identique à celle de sainte Thérèse d’Avila en avril 1560.

En 1870, elle est envoyée à Mangalore où, avec quelques sœurs, elle fonde le premier Carmel d’Inde. Elle y prononce ses vœux perpétuels. Deux ans plus tard, elle est de retour en France. Au fil des semaines, sa vie mystique prend un tour incroyable : extases récurrentes en divers endroits (dans sa cellule, dans les couloirs, dans la cuisine, au réfectoire, devant le saint sacrement…). On la questionne : « Ma sœur, où étiez-vous ? – Dans l’amour », répond-elle. À chaque fois, c’est par obéissance envers ses supérieures qu’elle revient à elle. De nombreuses descriptions du phénomène nous sont parvenues. Son corps reste en général souple, ou se raidit quelquefois ; certains la voient se « figer » dans une attitude de ravissement. Personne ne parvient à la faire bouger, et son insensibilité est totale. Une fois, tandis qu’elle boite depuis des jours par la faute d’un clou enfoncé dans son genou, elle tombe en extase : aussitôt elle se met à se mouvoir normalement, s’agenouille et reste dans cette position plusieurs heures. Revenue à elle, elle ne se souvient de rien et se plaint à nouveau de la douleur au genou.

En 1875, elle a une révélation aux conséquences indéniables : elle apprend l’origine surnaturelle de la congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur-de-Jésus, de Bétharram, fondée par Michel Garicoïts, dont les constitutions sont bientôt reconnues par l’Église.

Peu après, elle quitte Pau et gagne Bethléem avec dix autres religieuses pour y fonder un nouveau couvent. Elle est la seule à connaître l’arabe. C’est elle qui supervise les travaux. Lors d’un dernier déplacement en Galilée, Maria rend son âme à Dieu à la suite d’un accident sur le chantier du carmel le 26 août 1878, en allant porter à boire aux ouvriers. Elle a 32 ans.

Outre les extases et les visions, les témoins ont rapporté d’innombrables faits extraordinaires. À huit reprises, on a vu la sainte s’élever au-dessus du sol, jusqu’à plusieurs mètres (au carmel de Pau en juin et juillet 1873 notamment). Le père Buzy, son premier biographe, raconte qu’elle est parvenue une fois au sommet d’un arbre en tenant un scapulaire dans une main et en saisissant délicatement de l’autre l’extrémité d’une branche. On lui demande de s’expliquer : « Comment avez-vous fait pour monter ? – L’Agneau m’a tendu les mains. »

Les stigmates de la Passion apparaissent sur son corps en suivant le calendrier liturgique : les vendredis et lors de la Semaine sainte. La mère Véronique, qui a pansé ces plaies mystérieuses, raconte : « Je puis attester solennellement avoir vu sortir le sang des trous d’épines, dont l’un au milieu du front s’ouvrit devant moi et le sang en jaillit. »

Les apparitions sont nombreuses et variées : Jésus, Marie, saint Joseph, le prophète Élie, des anges… Des médecins rationalistes ont émis l’idée qu’il s’agissait d’hallucinations provoquées par une imagination surchauffée dans un milieu religieux exacerbé. C’est faux : jamais, ni l’équilibre psychologue, ni les facultés cognitives, ni l’adaptabilité au réel de Mariam n’ont été sujets à question. Il en va de même pour les manifestations démoniaques. Certains ont cru y voir une traduction psychosomatique d’un conflit interne… Outre le fait que nul n’a jamais expliqué l’apparition de blessures épidermiques diverses et inquiétantes sur la seule base d’un dysfonctionnement psychique, la panoplie des marques observées sur le corps de la sainte défie toute explication.

À trois reprises, les témoins ont discerné une véritable possession diabolique : une fois à Pau (du 26 juin au 4 septembre 1868) et deux fois à Mangalore (de mai à juin 1871, puis de juillet à août l’année suivante). Les phénomènes qui les accompagnent terrifient l’entourage : Mariam se met à parler dans une langue inconnue (le « konkani », langue parlée dans le centre et le nord de l’Inde par dix millions de personnes), elle blasphème et révèle à voix haute des fautes commises par des religieuses sans qu’elle ait pu les connaître naturellement, etc.

Elle est aussi à l’origine de plusieurs prophéties, toutes réalisées : date de sa mort, de sa profession religieuse, des plans du couvent de Bethléem, de la vie conventuelle en Inde, etc. L’une d’elles a marqué les annales de la mystique : Mariam a averti de son propre chef la hiérarchie de l’Église qu’un attentat à la bombe allait avoir lieu près d’une caserne proche du Vatican ; on n’a pas tenu compte de ses avertissements, et on a dénombré plusieurs morts.

Enfin, les guérisons obtenues grâce à son intercession laissent sans voix. Parmi une foule de témoignages, il faut citer celui du médecin qui s’est occupé de la sainte pendant les derniers mois de sa vie. L’homme de l’art souffrait d’une pathologie dermatologique au pied qui le faisait atrocement souffrir, et face à laquelle la médecine n’offrait guère de solution. Un jour, il eut l’idée de tremper un mouchoir dans le sang coulant des blessures de la Passion. Il l’appliqua sur sa plaie, qui cicatrisa en quelques heures.

Béatifiée en 1983, Mariam, le « petit rien » de Jésus-Christ, selon sa propre expression, est proclamée sainte le 17 mai 2015 par le pape François.

Patrick Sbalchiero


Au-delà des raisons d'y croire :

« Sœur Marie de Jésus Crucifié reflète les différents visages de l’Église : l’Église grecque-melkite dans laquelle elle a été baptisée et élevée, l’Église latine où elle a été initiée à la vie carmélitaine. En dehors de son pays natal, elle s’est insérée dans les communautés chrétiennes du Liban, de l’Égypte, de la France, de l’Inde. » (Discours du pape Jean-Paul II lors de la béatification de Sœur Marie de Jésus Crucifié, en 1983).


Aller plus loin :

Amédée Brunot, Mariam, la petite Arabe, sœur Marie de Jésus Crucifié, 1846 – 1878 (1981), Paris, Salvator, 2009.


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