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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Lévitations
n°264

Grèce

1851 – 1932

Saint Nicolas Planas : la vie pleine de prodiges d’un homme simple

Né en 1851 à Naxos et éduqué par son grand-père maternel, vieux pope qui lui apprend à aimer la beauté et la solennité de la liturgie orthodoxe, Nicolas éprouve tôt le désir d’être prêtre. Ordonné en 1884, il s’installe dans une modeste église, située dans un quartier ouvrier d’Athènes. Son amour de la prière et de la messe nourrira sa vie entière, expliquant ses très nombreux charismes : apparitions d’anges et de saints à ses côtés, lévitations, prémonitions, lecture des âmes, extases… Il remet son âme à Dieu le 2 mars 1932 et, trois jours durant, une foule innombrable vient vénérer sa dépouille.

Icône de saint Nicolas Planas / © Traditional Icons UMS.
Icône de saint Nicolas Planas / © Traditional Icons UMS.

Les raisons d'y croire :

  • Les multiples phénomènes extraordinaires qui jalonnent la vie du père Nicolas Planas sont attestés par de nombreux témoins différents. Les plus connus sont les deux écrivains A. Papadiamandis (1851 – 1911) et A. Moraitidis (1850 – 1929), qui furent ses familiers, ainsi que saint Nectaire d’Égine (1846 – 1920). Le procès de canonisation de Nicolas Planas, entamé en 1992, seulement soixante ans après sa mort, fut mené avec un grand sérieux et permit de rassembler et de conserver les témoignages et documents relatifs à sa vie.
  • En 1861, sur l’île grecque de Naxos, Nicolas, âgé d’une dizaine d’années, annonce soudain à ses parents, pendant la prière de famille : « Père, il faut que je vous avertisse que notre navire, l’Evangelistria, est en train de couler devant Constantinople. » Interloqué, le père ne prend pas ces propos au sérieux mais, bientôt, la nouvelle est confirmée : l’Evangelistria a sombré corps et biens à l’heure et à l’endroit indiqués par le jeune garçon, qui n’oubliera jamais cette prémonition, même s’il croira longtemps que tous les enfants possèdent ce don de double vue. Tel est le premier fait miraculeux dans la vie de celui qui deviendra l’un des plus grands saints orthodoxes contemporains.

  • Nicolas éprouve tôt le désir d’être prêtre, mais de grandes difficultés contrarient sa vocation, comme c’est souvent le cas s’agissant d’hommes appelés à un sacerdoce exceptionnel. La ruine de sa famille et la mort prématurée de son père ne permettent pas de payer les études de Nicolas, que sa mère pousse à se marier jeune. Il ne renonce cependant jamais à sa vocation, ce qui témoigne de la réalité et de la force de l’appel de Dieu. En 1884, la mort de son épouse lui permet de se donner tout entier à son ministère, après avoir été ordonné prêtre et avoir fait vœu de célibat et de chasteté.
  • Nommé à la paroisse Saint-Panteleimon, il en est renvoyé en raison de ses lacunes intellectuelles (il ne lit pas couramment et ne sait pas compter). Ne sachant où aller, il s’effondre en larmes au bord de la route, dans un faubourg d’Athènes. Un inconnu s’approche et lui demande pourquoi il pleure. Nicolas explique qu’il desservait Saint-Panteleimon, mais qu’il vient d’en être chassé. Le jeune homme le relève et dit : « Je suis saint Panteleimon ; sois certain que je serai toujours à tes côtés. » Cette promesse se vérifiera à plusieurs reprises, notamment lors d’une grave maladie : le saint lui apporte un remède qui le guérit instantanément, ce dont témoigneront tous ceux qui l’avaient vu mourant une heure auparavant. De plus, l’apparition lui indique une petite église, Saint-Jean-le-Chasseur, dans le faubourg populaire de Vouligméni, sans desservant car elle regroupe moins de dix familles pauvres. Le patriarcat d’Athènes l’y nommera effectivement peu après.

  • Lors d’une fête de la Saint-Phocas, l’assistance s’étonne de la présence à l’autel d’un inconnu resplendissant. Nicolas explique qu’il s’agit du martyr et que ces présences célestes sont ordinaires quand il célèbre, montrant que la liturgie de la terre est unie à celle du Ciel
  • D’autres jours, les enfants rentrent dire à leurs parents que « Papa Nicolas s’est envolé pendant la messe et qu’il est devenu tout brillant ». Ces lévitations, devant témoins, devenant fréquentes, les mères de famille expliquent, pour préserver la tranquillité du saint, que cela arrive à tous les prêtres quand ils célèbrent.

  • D’autres jours, ce sont des anges qui se manifestent à l’autel ou dans sa vie quotidienne, comme un soir où, s’étant perdu, il est reconduit chez lui par un jeune homme rayonnant qui lui dit, évasif : « Je suis un guide très sûr. » C’est devant sa porte, lorsqu’il verra son obligeant accompagnateur se volatiliser, que Nicolas reconnaîtra son ange gardien.

  • Des foules affluent bientôt dans cette modeste église de quartier défavorisé – preuve qu’il s’y passe bien des choses inhabituelles. La rumeur des phénomènes surnaturels s’est répandue, mais il s’agit aussi de voir célébrer ce prêtre avec une piété hors de ce monde, saisi d’extase, l’entendre prêcher, même s’il parle mal, mais avec un tel amour de Dieu que « les cœurs les plus durs se convertissent en l’entendant », se confesser et bénéficier de ses conseils.

  • La promesse de Jésus à ses disciples – « Ils boiront des poisons et ils ne leur feront pas de mal » (Mc 16,18) – se réalise pour lui le jour où, par erreur, il absorbe le contenu d’un flacon d’arsenic, qui lui fait l’effet d’un verre d’eau.

  • Le père Nicolas mène une vie évangélique. L’esprit de pauvreté et l’abandon à la divine providence qui l’animent ne lui permettent jamais d’avoir plus d’une ou deux drachmes. Il ne demande rien pour ses liturgies, prenant ce qu’on lui donne, mais qu’il redistribue aussitôt pour secourir les pauvres, fonder une œuvre pour les orphelines ou financer les études de garçons méritants. Certains le volent, l’insultent, le moquent, mais se heurtent à son sourire séraphique et finissent par se convertir. Il pardonne à tous et toujours.
  • Sa popularité est si grande qu’il est de notoriété publique que le croiser attire les bénédictions divines. On s’agenouille à son passage et, à la fin de ses jours, quand il peine à marcher, les chauffeurs de taxi se battent pour le transporter gratuitement, certains d’être protégés des accidents et de faire une bonne journée. Ce grand engouement pour quelqu’un de très modeste et de très simple laisse deviner l’extraordinaire de Dieu qui agit par lui.

Synthèse :

Comme beaucoup d’îliens grecs, les Planas vivent du cabotage, c’est pourquoi le naufrage de leur bateau les ruine. À cette perte matérielle s’ajoute pour le père un sentiment de culpabilité à l’égard de ses matelots. Accablé de remords et de tracas financiers, il décède quand son fils Nicolas a quatorze ans. Sa veuve s’installe à Athènes, mais elle ne peut pas payer à Nicolas le séminaire et, craignant qu’il mène une vie déréglée, elle décide de le marier, bien que l’adolescent, fidèle à son rêve de sacerdoce et à son désir de perfection (l’Église orthodoxe accepte le mariage des clercs), préfère garder le célibat.

À dix-sept ans, il épouse Éléni, qui lui donne un fils mais ne comprend rien à ses aspirations mystiques. Exaspérée, elle lui mène la vie dure, sans que Nicolas, « empli de l’Esprit Saint », se plaigne de son sort. Il persévère dans sa vocation, mais se heurte à un nouvel obstacle : son niveau scolaire. Il ne lit pas couramment, ne sait pas compter… Pourtant, la grâce de Dieu aidant, il parvient au diaconat.

Juste avant son ordination sacerdotale, en 1884, Eleni décède, le laissant libre de mener, dans le célibat ecclésiastique, une vie toute donnée à Dieu. Nicolas prononce alors un vœu de célibat et de chasteté définitifs (qui n’est pas demandé pour les popes), renonçant à se remarier – marque d’une recherche de sainteté et de la perfection sacerdotale. Dans le même état d’esprit évangélique, il renonce à ce qui reste de l’héritage paternel à Naxos, et vend tout pour donner l’argent à un voisin endetté.

Nicolas est nommé à la paroisse Saint- Panteleimon d’Athènes, mais il déplaît au clergé et à certains fidèles. En effet, ses lacunes scolaires sont patentes : il bute sur les mots compliqués quand il lit l’Évangile, bégaye quand il est ému, ne peut compter le montant des sommes données pour les liturgies, les siennes, jugées trop longues, n’étant pas payées. Les autres prêtres réclament son renvoi. Il ne se plaint pas, alors que c’est sa vie évangélique même qui lui est reprochée, car elle souligne les carences de celle de ses contemporains.

Le patriarcat l’envoie desservir la misérable église Saint-Jean-le-Chasseur, dans un quartier défavorisé. Nicolas peut y mener la vie évangélique dont il rêve, consacrée à la prière, au saint sacrifice, à son apostolat et aux œuvres de charité, ne réclamant jamais un sou pour ses services, vivant d’herbes cueillies dans la rue et de la générosité de ceux qui lui donnent un verre de lait ou un morceau de pain. Son amour de la messe l’amène à commencer sa messe à huit heures du matin et à l’achever en début d’après-midi, tant il est absorbé par le saint sacrifice. Il ajoute chaque jour les agrypnies – l’intégralité des heures monastiques –, le mémento des défunts qu’on lui recommande (de 2 000 à 3 000 noms pour lesquels il prie des années durant), et tous les saints possibles afin de mieux unir la liturgie de la terre à celle du Ciel.

Même s’il lit et prêche toujours aussi mal, sa sainteté éclate aux yeux de tous et des foules se pressent à ses célébrations, pourtant interminables. Les phénomènes mystiques – extases, lévitations, apparitions, rêves, prémonitions, protection contre les poisons – sont pour lui si banals qu’il finit par croire cela ordinaire. Il lui arrive aussi de lire dans les cœurs, tel ce jour où, refusant l’offrande d’une femme qu’il ne connaît pas et qui apporte des pains pour la consécration, il lui dit : « Je ne peux les recevoir de tes mains tant que tu n’auras pas épousé l’homme avec qui tu vis. » Les plus brillants intellectuels de son temps viennent aussi l’entendre et ne peuvent plus se passer de lui, à l’instar du grand écrivain Papadiamandis, qui dira de lui : « Il était le plus humble des prêtres et le plus simple des hommes. »

Le 2 mars 1932, il est pris d’un malaise tandis qu’il célèbre les saints mystères. Ramené chez lui, il meurt peu après. Le patriarcat d’Athènes l’a canonisé en 1992.

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.


Au-delà des raisons d'y croire :

Au sujet du père Nicolas Planas, Alexandre Papadiamandis dit dans un article « Il est digne de la première béatitude du Sauveur » (cf. Mt 5,1-12).


Aller plus loin :

Martha, Le saint prêtre Nicolas Planas, Fraternité orthodoxe Saint Grégoire Palamas, 1989.


En savoir plus :

  • Ourania Papadopoulos, Papa-Nicholas Planas, The Simple Shepherd of a Simple Sheep, Holy Transfiguration Monastery, 2001 (en anglais).
  • Sur le site Internet Orthodox Christianity Then and Now, l’article « Life of Saint Nicholas Planas (1851 – 1932) » (en anglais).
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