Saint Charbel guérit aux quatre coins du monde

Synthèse :

C’est par une belle matinée d’octobre que nous reprenons la route familière qui conduit au monastère de saint Charbel, où le père Luis Matar, archiviste des miracles de saint Charbel dans le monde, nous attend. Il n’y a que peu de monde sur le parvis, mais, dans la petite chapelle, quelques pèlerins ont entamé un rosaire. Nous descendons dans la crypte avec la même émotion que celle qui nous a saisis il y a tant d’années, lors de notre première visite. Le père Charbel n’a jamais enseigné et rien écrit : sa seule doctrine est l’exemple et cette disponibilité totale de l’âme au silence du cœur et des pensées, pour se fondre dans son Créateur. Près du dernier cercueil qui a reçu sa dépouille, protégé par une grille, une jeune maman est assise à même le sol, un bébé endormi dans ses bras. Elle veille sur ses deux petites filles silencieuses qui, les mains sur le grillage, contemplent la chasse où repose le corps du saint. J’ai toujours été étonné du recueillement et du silence qui règnent dans ce monastère accroché au flanc de la montagne libanaise et qui voit défiler les nationalités, par familles entières, toutes générations confondues.

Retrouver le père Luis Matar est toujours un moment fort : c’est le seul moine qui a vu, en 1950, la « grande exhumation » – la première ouverture officielle du cercueil du saint en vue de sa béatification, alors que la cause avait été introduite dès 1927 ! L’enfant qu’il était n’a jamais oublié la ferveur, ni l’émotion, ni la prière intense et continue de tous ceux qui entouraient la dépouille du moine. Devenu moine à son tour, le père Luis Matar a suivi toutes les étapes et continue jour après jour à suivre la règle monastique, tout en accomplissant la tâche essentielle qu’on lui confie : c’est le comptable des bienfaits que saint Charbel,par son intercession auprès de Dieu, continue à répandre.

 Le père Luis : « Vous allez être étonnés de ce que je vais vous dire : depuis la fête de saint Charbel, cette année, nous avons enregistré en six mois autant de prodiges que nous en répertorions d’habitude en un an, dont près de soixante-trois miracles en août et septembre 2016. Nous ignorons pourquoi !

— Les miracles ont-ils eu lieu au Liban ou dans le monde ?

— Les deux, et notamment ici des phénomènes spontanés. Hier, si vous aviez été là, vous auriez pu entendre une jeune femme parler de sa guérison... Mais je reçois aussi chaque semaine des courriers et des dossiers médicaux de tous les continents. C’est beaucoup de travail et nous avons amélioré les conditions d’enregistrement des guérisons miraculeuses grâce à l’informatique. Un petit CD vous attend sur le bureau dans lequel chaque cas est consigné, en référence aux dossiers médicaux. Nous en avons retenu quatre parmi les soixante-trois qui vous donneront une idée de leurs diversités… »

Guérison par l’huile de saint Charbel aux États-Unis

La miraculées’appelle madame Margaret Jules Bieser, épouse Larry. Elle est née en 1946 à La Nouvelle-Orléans, en Louisiane (États-Unis), où elle en enseigne. Une nuit d’octobre 2014, elle est atteinte d’une paralysie faciale très douloureuse qui nécessite son admission au centre hospitalier du Mémorial de Houston. On diagnostique une sclérose de la joue qui nécessite une intervention chirurgicale. Avant d’être opérée, elle se rend à l’église Saint-Augustin, dans son quartier, et, à genoux devant la statue de saint Charbel, le prie d’intercéder auprès du Seigneur pour obtenir sa guérison. Le curé de la paroisse, le père Jamhouri appartient à l’Ordre maronite du Liban. En apprenant la raison de sa visite, il lui verse quelques gouttes d’huile bénite de saint Charbel dans le creux de la main pour masser sa joue inerte. Confiante, elle s’exécute. À peine a-t-elle effleuré sa joue avec l’huile bénite qu’elle ressent pendant quelques minutes une douleur insupportable, une brûlure et des tiraillements, comme si on lui arrachait la peau avec des pinces... Cela l’inquiète suffisamment pour aller consulter immédiatement son médecin de famille, le docteur Kifan Kaleyram. Il l’ausculte et lui confirme alors que les signes de paralysie ont disparu, et que l’intervention chirurgicale prévue n’a plus sa raison d’être. Elle décide sur-le-champ, avec son mari et le père Charbel Jamhouri, de venir au monastère d’Annaya, au Liban (avec ses certificats médicaux) pour rendre grâce et témoigner publiquement de sa guérison spontanée, le 17 août 2016, à l’occasion de la fête du vénéré saint Charbel.

Il ne connaissait même pas le saint libanais

Madame Dorine Rayane, née aux Philippines, a épousé Ramiche Rayane, originaire d’Inde : tous les deux sont catholiques et travaillent à Dubaï, aux Émirats arabes unis (EAU). Ils sont très pratiquants et ont pour habitude d’aller prier dans une église maronite. Près de l’autel, Ramiche aime se faire bénir sous les icônes des saints qui lui sont familiers. Mais saint Charbel lui est totalement inconnu. Sa femme est atteinte d’un cancer et son pronostic vital est engagé. Il décide de la ramener aux Philippines près de ses parents, mais, avant de quitter les Émirats, il se rend à l’église.

Au moment de sortir du sanctuaire, il se sent retenu par deux mains, qui le retiennent par les épaules alors qu’il passe devant l’image de saint Charbel. Il interpelle le vénéré saint en ces termes : « Moi, je ne te connais pas, mais je t’implore vivement d’intercéder auprès du Seigneur pour guérir ma femme ! » Ils quittent Dubaï pour les Philippines, où l’on hospitalise immédiatement Dorine pour, selon le protocole, poursuivre le traitement. Les premiers examens médicaux, dans ce nouveau centre, se révèlent rassurants. Ramiche s’empresse de chercher une église dans laquelle pourrait se trouver l’image du vénéré saint, toujours inconnu. On lui apprend que c’est saint Charbel, du Liban, dont les prodiges de guérison sont connus dans le monde entier ! Il consulte Internet afin d’en savoir un peu plus sur ce mystérieux saint et finit par entrer en relation avec un ami libanais, Toufik Lucas, qui s’apprête à revenir au Liban pour rendre visite à sa famille. La santé de sa femme ne cesse de s’améliorer et tous deux, en confiance, prient intensément. Quand la guérison est constatée, c’est son ami Lucas qui vient déposer à Annaya le dossier médical des Émirats et des Philippines, le 24 septembre 2016.

Un docteur irakien guéri après une chaîne de prière à saint Charbel

Le docteur Nahla Mansour Issa Laurence Hoba est née à Bagdad (Irak) en 1977. Elle habite à Ain Kawa et appartient à la communauté des Chaldéens. Elle est médecin-radiologue, spécialiste du sonar, du scanner, de l’IRM et elle est très appréciée de ses patients (et dans son milieu professionnel) pour sa gentillesse, son dévouement et ses compétences. Souffrant brusquement de douleurs intolérables et diffuses, elle se rend à l’hôpital universitaire d’Amman, en Jordanie. On lui diagnostique une tumeur au niveau de la colonne vertébrale, avec un phénomène d’inflammation des deux reins. Devant la gravité de son cas, on lui conseille une hospitalisation à Istanbul, en Turquie, où trois spécialistes – le docteur Toufik, urologue, le docteur Tifon, chirurgien, et le docteur Ozlan, oncologue – la prennent en charge durant quatorze mois. Son état s’aggrave et les nouvelles sont alarmantes. Ses parents, ses patients et ses amis ont constitué une chaîne de prières intenses auprès de saint Charbel pour sa guérison par le Seigneur. On apprend alors que saint Charbel est apparu à l’une de ses cousines du Liban pour lui demander de se rendre en Turquie, à l’hôpital où se trouve Nahla, et de l’aider à sortir de son lit en lui tenant les deux mains, car, dit-il : « Je l’ai guérie ! » La cousine obéit immédiatement. Elle va du Liban en Turquie et exécute les recommandations du saint dans une grande confiance. On vient d’arrêter la dialyse et les nouvelles analyses se révèlent surprenantes. C’est effectivement une guérison inexpliquée et inexplicable. Nahla en personne est venue à Annaya, munie de ses certificats médicaux, avec ses proches et ses amis, le 19 août 2016.

Saint Charbel au secours d’un bébé d’une famille musulmane sunnite

La guérison concerne le bébé Issa Mohammad Kiwan (Issa est le diminutif de Jésus). Sa maman Souad Saad El Dine Houri est une jeune musulmane sunnite. C’est son oncle Bassam Houri qui a enregistré la guérison « miraculeuse » (dit-il) de son neveu à Annaya auprès du père Luis Matar. Il témoigne : « Mon neveu Issa est né le 17 mai 2017 à Beyrouth à l’hôpital Makassed. Mais, trois jours après sa naissance, son état de santé s’est brutalement dégradé. De graves troubles respiratoires entraînent sa mise sous oxygène. Les examens décèlent une grave anomalie cardiaque et son pronostic vital est engagé. Les médecins hésitent, laissant entendre que sa pathologie est lourde. Dix jours plus tard, je suis dans une région montagneuse du Liban, à Sayfi, où je fais la connaissance du curé de l’église. Son accueil et son hospitalité sont tels que je me sens en confiance et je lui parle de l’angoisse de ma sœur Souad pour son bébé, qui est entre la vie et la mort. Elle redoute une intervention chirurgicale sans beaucoup de chances de réussite si l’on en croit l’avis des spécialistes. La sœur du curé, Norma, m’écoute attentivement et m’offre des bougies, de l’encens et de l’huile bénite du vénéré saint.

Sur ses conseils, de retour à l’hôpital, j’enduis le corps de mon neveu avec l’huile rapportée, puis je vais prier sur le tombeau de saint Charbel à Annaya, implorant avec beaucoup de ferveur la guérison de mon petit neveu. Je rentre dans l’église, j’allume toutes les bougies qui m’ont été offertes, et je crois voir comme un arc-en-ciel de couleurs. Présage ou pas, je repars confiant pour rassurer ma sœur Souad, qui vient de donner son accord pour l’intervention tant redoutée. Celle-ci se déroule dans un hôpital, à Beyrouth, et l’enfant est sauvé, à la grande surprise du personnel médical. »

L’enregistrement de cette guérison a eu lieu à Annaya le 24 août 2016. Les chirurgiens n’ont fait aucune difficulté pour reconnaître et témoigner des résultats spectaculaires qu’ils ne pensaient pas pouvoir obtenir…

Au-delà des raisons d'y croire :

Malgré toutes les tempêtes qui ont soufflé sur le Proche et le Moyen-Orient, menaçant d’éradiquer les origines du christianisme et provoquant des exodes douloureux, on retiendra que ce saint oriental – le premier saint libanais maronite canonisé par Rome – est désormais connu dans le monde entier, et qu’Annaya, dans la si belle montagne libanaise, accueille des pèlerins de tous les pays et rayonne bien au-delà des rives de la Méditerranée…

Aller plus loin :

• Les autres articles 1 000 raisons de croire sur saint Charbel et sur les miracles accomplis par Dieu à travers lui.

En savoir plus :

• Dr. Ernest Joseph Görlich et Jean-Claude Antakli, L’Ermite du Liban. Vie prodigieuse de saint Charbel Makhlouf, Éditions du Parvis, 2023.
• Dans le guide des saints d’Hozana, les articles « Saint Charbel : vie, miracles, prières » et « Les miracles de saint Charbel ».