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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les apparitions et interventions mariales
n°201

Vallon de Laghet (Alpes-Maritimes)

 1652

La Madone de Laghet

Vers 1629, la petite chapelle du village de Laghet est rénovée et les gens du voisinage viennent à nouveau y prier. Une belle statue en bois polychrome de la Vierge Marie avec l’Enfant Jésus y est placée, portée en procession par les pénitents blancs d’Èze en 1652. Cette année-là, Marie manifeste sa présence invisible par des signes de sa bonté : plusieurs prodiges ont lieu. La renommée de ce lieu de culte grandit et le sanctuaire Notre-Dame de Laghet est aujourd’hui l’un des plus fréquentés en France.

Vue de Notre Dame de Laghet (La Trinité, Alpes Maritimes, France) / © CC BY-SA 3.0 Frantz-Samy
Vue de Notre Dame de Laghet (La Trinité, Alpes Maritimes, France) / © CC BY-SA 3.0 Frantz-Samy

Les raisons d'y croire :

  • L’année 1652 a été nommée « l’année des prodiges » en raison des nombreuses prières qui ont été exaucées à Laghet. Nous pouvons, à titre d’exemple, citer les trois premiers. Hyacinthe Casanova, habitant de Monaco, atteint de la lèpre, obtient sa guérison en demandant l’intercession de la Vierge Marie aussitôt après avoir parlé de cette petite chapelle.

  • Gian Gôme, une veuve monégasque, décide d’aller à Laghet neuf jours de suite pour demander la libération de son fils unique, enlevé par les pirates barbaresques et réduit en esclavage en Afrique du Nord. Elle est avertie en songe dès le second jour que son fils est sur le chemin du retour : il revient effectivement.
  • Marie Aicard, une habitante de la Turbie est épileptique ; très perturbée, on la dit possédée du démon. Son père Charles supplie don Fighiera de prier pour elle à Laghet ; lorsque le prêtre s’exécute, la voilà aussitôt guérie.
  • L’évêque de Nice, Mgr Didier de Palletis, appliquant les décisions du concile de Trente, ordonne une enquête sur les événements de Laghet. Une commission – composée du vicaire général, de religieux théologiens, d’un médecin et d’un notaire – examine les récits des témoins et les preuves de guérisons. Vingt-deux miracles, parmi les trente-six faits allégués en dix-huit mois, sont reconnus, et l’évêque approuve officiellement le culte à Notre-Dame de Laghet le 26 décembre 1653.
  • Le bruit de ces prodiges s’étant répandu, les pèlerins affluent de la région niçoise, mais aussi de Provence, de la Principauté de Monaco et de l’Italie voisine. Des peintures relatant des scènes de maladie, de naufrage ou d’accident commencent rapidement à couvrir les murs de la chapelle, témoignant de la dévotion et de la reconnaissance des pèlerins pour les prières exaucées. Chaque ex-voto mentionne le bénéficiaire du miracle avec la mention « VFGA », c’est-à-dire « votum fecit, gratiam accepit » : « a fait un vœu, a obtenu une grâce ». Aujourd’hui, on en compte plus de 4 000.

Synthèse :

Dès son apparition à Nice, et la création d’un diocèse au IIIe siècle, le christianisme multiplie les canonisations : de sainte Réparate, patronne de la ville, à sainte Rita, patronne des causes désespérées ; des saints martyrs, comme saint Bassus ou saint Pons, aux saints guérisseurs, comme saint Roch ou saint Blaise ; et de nombreux autres encore…

Il existe alors, hors les murs de la cité – à quelque dix kilomètres –, un lieu de pèlerinage cher aux Niçois et dédié à la Vierge : celui de la Madone de Laghet. En ce lieu, que de très anciennes cartes désignent sous le nom de Lagues ou Laguet, s’élève un château, dont quelques ruines semblent encore aujourd’hui attester de la présence. Il tient son nom d’une source, « laghet » étant la transcription d’« aiguetta » (« petit point d’eau »). Le gh est une graphie italienne et l’on pourrait aussi bien écrire « Laguet » (en langue niçoise, on dit « Laguet »).

Une chapelle complètement abandonnée

Dès le XIe siècle, une chapelle baptisée Notre-Dame de Laghet est mentionnée dans les titres de propriété de l’abbaye Saint-Victor de Marseille. Cette chapelle était essentiellement fréquentée par les marins et pêcheurs venant implorer les grâces de la Vierge pour leurs sorties en mer et le résultat de leurs pêches.

Fondée au Ve siècle, l’abbaye Saint-Victor eut une importance considérable au cours du Moyen Âge, tant sur le plan spirituel et culturel que patrimonial. C’est ainsi que l’un de ses abbés, Guillaume de Grimoard, fut élu pape en 1362 sous le nom d’Urbain V. En 1045, Raimbaud de Nice, coseigneur de Nice, comte de Vence et de Cagnes, en union avec sa femme Adélaïde et avec ses enfants, donne, pour le rachat de son âme, le castrum de Lagues à l’abbaye Saint-Victor de Marseille. À la suite de cette donation – qui servait d’abri tant aux hommes qu’aux bêtes, et qui était entourée de quelques maisons dans lesquelles vivaient paysans et bergers –, une chapelle dédiée à Notre Dame est édifiée par les moines de Saint-Victor.

En 1652, don Jacques Fighiéra décide de la restaurer et fait don d’une statue de la Vierge, celle qui est encore aujourd’hui vénérée. Sculptée dans un tronc de sorbier et décorée de peintures polychromes, la statue est portée en procession par les pénitents blancs le 24 juin 1652. C’est alors que la Madone de Laghet se manifeste par de nombreux miracles, guérisons spectaculaires et délivrances de possédés. Les signes se multiplient.

La rumeur se répand, et les pèlerins accourent nombreux. On vient prier la Vierge de la Chapelle, de Nice bien sûr, mais aussi de toute la Provence et de la Ligurie. Devant un mouvement d’une telle ampleur, l’évêque de Nice, Mgr de Palletis, réunit une commission de théologiens pour examiner les faits de Laghet. Le 20 décembre 1653, cette commission conclut à l’authenticité des miracles.

Depuis, des milliers de fidèles ont remercié la Vierge de Laghet pour sa protection et ses bienfaits. Et des centaines d’ex-voto suscepto ont accrochés aux murs de l’église, comme autant de formules de reconnaissance pour l’accomplissement d’un vœu ou les remerciements d’une grâce obtenue. On en compte aujourd’hui plus de quatre mille conservés dans l’oratoire. Huit cents ex-voto sont classés monuments historiques.

Un sanctuaire chargé d’histoire

En 1654, les Niçois font agrandir la chapelle et érigent une majestueuse église dédiée à la Bienheureuse Vierge. La dévotion à Notre Dame de Laghet n’en est que plus forte et sa popularité encore plus grande.

À partir de 1676, et jusqu’en 1903, l’église est confiée à une communauté de moines de Carmes déchaux, originaires de Turin. Ils y construisent le couvent et, conformément à leur vœu de pauvreté, se consacrent à la prière et au travail. Les ducs de Savoie, qui se rendent régulièrement à Nice, y viennent en pèlerinage.

L’année 1792 est mémorable pour le sanctuaire : les troupes révolutionnaires françaises, après avoir franchi le pont du Var, entrent dans le Comté de Nice et occupent la ville. Nobles et religieux fuient et les Carmes disparaissent de France, car la Révolution française supprime toutes les congrégations religieuses dès 1790, saisissant et vendanttous leurs biens. Les pères carmes abandonnent donc le monastère de Laghet pour Turin. La vénérable statue est cachée par un berger. Les bâtiments sont saccagés et tous les ex-voto brûlés.

Il faut attendre 1802 pour que la chapelle soit à nouveau ouverte au culte. En 1811, un décret de Napoléon Ier la met à la disposition de l’évêque Colonna d’Istria, qui y installe des prêtres séculiers. Les Carmes reviennent après la Restauration, en 1815, mais sont expulsés après le vote de la loi de 1901 sur les associations.

Le monastère, vendu aux enchères, est racheté en 1907 par l’évêque de Nice, Mgr Chapon, et devient le petit séminaire du diocèse puis, peu à peu, une maison de retraites spirituelles. En octobre 1952, d’importantes cérémonies commémorent le troisième centenaire du don fait par le père Fighiéra. Elles sont présidées par le nonce de France, Son Éminence le cardinal Roncalli (futur pape Jean XXIII), aux côtés de Mgr Rémond, archevêque-évêque de Nice.

Depuis 1978, l’accueil du sanctuaire, l’animation spirituelle et l’hôtellerie pour les pèlerins sont assurés par les bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre, installées au prieuré de Notre-Dame de Laghet. Depuis 2002, le séminaire de Laghet forme les futurs prêtres des diocèses de Nice, Monaco et Vintimille.

Les ex-voto attirent l’attention non seulement des touristes, de ceux qui viennent prier au sanctuaire, mais aussi de jeunes universitaires français ou étrangers qui étudient le sens de la religion populaire. Le sanctuaire Notre-Dame de Laghet est aujourd’hui l’un des plus fréquentés en France, par des pèlerins venus de tous les pays.

Né à Nice, où il a fait toutes ses études, Richard Pogliano est économiste de formation. Il est devenu historien par passion. Il préside le Cercle de Nice et sa Bibliothèque des Mémoires. Conférencier et auteur de nombreux ouvrages, il a également une chaîne YouTube.


Aller plus loin :

Sur le site Notre Histoire avec Marie, l’article « Notre-Dame de Laghet : cœur spirituel de l’église de Nice ».


En savoir plus :

  • Dans l’encyclopédie mariale de Marie de Nazareth, l’article « Notre-Dame de Laghet ».
  • Charles Astro, « Le sanctuaire de Laghet : le monument et ses œuvres d’art », Nice historique, n° 325, 2001, p. 136-143.
  • Henri Costamagna, « Historique du sanctuaire de Notre-Dame de Laghet », Nice-Historique, n° 385, 2001, p. 59-75.
  • Yves Delsanti, « Piété populaire hier et aujourd’hui à Notre-Dame de Laghet », Cahiers de la Méditerranée, vol. 27, n° 1, 1983, p. 45-77. 
  • Véronique Frantz, « Les premiers miracles de Notre-Dame de Laghet », Provence historique, vol. 52, n° 207, 2002, p. 27-42.
  • Patrizia et Gérard Cletta, Les Cimaises de la grâce : le sanctuaire de Notre-Dame de Laghet et ses ex-voto, Serre Éditeur, 2009.
  • Luc Thévenon, « L’iconographie de la Vierge de Laghet », Nice historique, n° 532, 2001, p. 110-129.
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