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Histoires providentielles
n°312

Italie

XIIIe siècle

Zita et le miracle du manteau

Une nuit glaciale de Noël des années 1250, Zita, servante à Lucques dans la riche famille Pagano de Fatinelli, s’apprête à se rendre aux matines de la Nativité. Bien que l’église San Frediano jouxte le palais de ses maîtres, il fait si froid que Fatinelli, homme brusque et emporté, agacé par la piété de sa domestique, qu’il rudoie sans cesse, est pris de pitié en la voyant se rendre à l’office nocturne avec seulement une pauvre robe sur le dos car elle a, une fois encore, donné ses vêtements chauds aux pauvres. Il lui prête l’une de ses pelisses fourrées, mais, connaissant sa charité parfois excessive, lui intime, sous peine des pires représailles, de prendre grand soin du précieux vêtement et de n’aller surtout pas en faire cadeau à quelque mendiant… Une recommandation que Zita, bouleversée à la vue d’un vieillard grelottant devant l’église, oublie aussitôt. Elle enveloppe le miséreux dans le manteau en lui demandant de l’attendre à la sortie afin qu’il vienne se réchauffer dans la cuisine du palais. Bien entendu, après l’office, le bonhomme a disparu.

Vitrail de Félix Gaudin représentant sainte Zita, dans l'église Saint-Honoré d'Eylau à Paris. / © CC BY-SA 3.0, GFreihalter.
Vitrail de Félix Gaudin représentant sainte Zita, dans l'église Saint-Honoré d'Eylau à Paris. / © CC BY-SA 3.0, GFreihalter.

Les raisons d'y croire :

  • Nous possédons sur la vie et les miracles de Zita un document exceptionnel, rédigé sans doute juste après sa mort, en 1272, soit par Fatinelli lui-même, soit par l’un de ses proches. Ce manuscrit est resté dans la famille jusqu’à ce qu’en 1688 l’un des descendants, le cardinal de Fatinelli, le fasse transcrire et publier afin de répandre l’histoire de la sainte.
  • Cette Vie de la bienheureuse Zita, vierge de Lucques, fidèlement transcrite d’un très ancien codex manuscrit, est authentique, et la caution du cardinal prouve que l’Église validait son contenu.
  • À l’époque de cette édition, le corps de sainte Zita a déjà été exhumé trois fois (et le sera encore deux fois au XIXe siècle) et, par trois fois, on l’a retrouvé intact de toute corruption – miracle qui perdure. Par ailleurs, à l’occasion de son procès de canonisation, l’Église a retenu et étudié cent cinquante miracles parmi les très nombreux faits étonnants de la vie de la servante de Dieu. « Le miracle du manteau », comme on l’appelle traditionnellement, en fait partie. On peut donc le considérer authentique.
  • Sa réputation de sainteté est si grande que l’évêque de Lucques procède en 1278, soit six ans seulement après sa mort, à une levée du corps, ce qui équivaut à autoriser son culte.
  • Le prêt du manteau par son patron est peut-être une mise à l’épreuve de son obéissance, car Zita avait pour habitude de tout donner aux pauvres, même sans que cela lui appartienne, ce qui avait le don d’agacer Fatinelli. Pour qu’elle soit passée outre, il faut que la détresse du vieillard lui ait paru criante.
  • L’autre « défaut » de Zita est sa piété. Elle se lève chaque jour avant l’aube pour assister à matines, ne manque jamais la messe quotidienne, communie très souvent et reste en oraison, jusqu’à oublier l’heure.
  • Cette nuit de Noël, la réaction de Zita est tout à fait ordinaire. Lorsqu’elle constate la disparition du vieillard et du précieux manteau, elle est saisie de panique à la perspective des terribles reproches que son maître lui fera. Elle prépare même des explications et des excuses, alléguant que le pauvre « avait l’air bien honnête » et qu’il a sans doute lui-même été victime d’un voleur…

  • Même s’il ne remet pas en cause pas la probité de Zita, son maître, qui l’avait avertie, est dans une colère folle et compréhensible, qui ne s’est pas encore apaisée dans l’après-midi du 25 décembre. Il menace de la renvoyer immédiatement. Zita n’a donc pas inventé son histoire. Elle redit toutefois sa certitude de la restitution prochaine du vêtement.
  • Sur le coup de trois heures de l’après-midi, on frappe à la porte du palais. Ayant ouvert, l’on voit un homme distingué, beau et beaucoup plus jeune que le mendiant de la veille. Bien que cela semble impossible, Zita affirme qu’il s’agit pourtant du vieillard de la veille, métamorphosé. Il tient d’ailleurs sur le bras la pelisse perdue, qu’il restitue à Zita en la remerciant de la charité qu’elle lui a témoignée.
  • Comme Fatinelli va interroger l’inconnu, celui-ci disparaît sans répondre dans une gerbe de lumière et à la vitesse de l’éclair, ce dont toute la maisonnée est témoin. Chacun est prêt à jurer qu’ils ont vu l’ange gardien de Zita.
  • Tous éprouvent aussi un sentiment de joie ineffable qui perdure longtemps, ce qui est le propre des phénomènes de nature divine.
  • Le clergé lucquois, qui connaît la sainteté de Zita, ne met pas en doute cette histoire, et la porte de San Frediano, devant laquelle elle a prêté le manteau au pauvre, s’appelle toujours Porta del Angelo, porte de l’ange.

Synthèse :

Née en 1211 ou 1218 à Bozzanello, village du Monte Sagrati, à une quinzaine de kilomètres de Lucques, en Toscane, Zita est la fille de pauvres paysans. Quand elle a douze ans, n’arrivant plus à la nourrir, ils lui demandent de chercher du travail. Zita prie pour trouver un emploi et en trouve un chez un riche seigneur, Pagano de Fatinelli, homme dur qui prend bientôt en grippe cette jeune employée trop pieuse et vertueuse, capable, quoique si douce, de se défendre à coups de griffes contre les hommes qui osent des gestes déplacés.

Zita, déclarée patronne des domestiques et des employés de maison par Pie XII, est une servante exemplaire. Elle a toujours donné entière satisfaction à ses maîtres, alors que ceux-ci, pendant des années, lui ont mené la vie dure et se sont méfiés d’elle, car les autres serviteurs, jaloux de son zèle au travail, l’ont calomniée auprès de sa patronne et que sa piété agace son patron. Zita, humiliée, subit toutes les brimades sans se plaindre, voyant dans sa situation inférieure et sa nécessaire obéissance un très sûr moyen de se sanctifier. À l’adolescence, elle fait vœu de virginité perpétuelle.

L’unique défaut de la jeune fille est son bon cœur qui la pousse, dans des excès charitables, à faire inconsidérément l’aumône, non seulement de ce qu’elle possède, mais parfois du bien de ses employeurs, au-delà des permissions qu’ils lui accordent. Ils la tiennent donc à l’œil même si, à plusieurs reprises, la récompensant de sa charité, le Ciel intervient pour remplacer ce qu’elle a donné, comme le jour où la réserve de fèves, que son maître allait vendre et qu’elle avait vidée, est retrouvée intacte et pleine à ras bord, ou celui où le pain qu’elle apportait aux pauvres se change, quand on lui ordonne de montrer ce qu’elle cache dans son tablier, en une brassée de jonquilles et de feuillages printaniers, puis redevient pain pour lui permettre de faire l’aumône.

La ferveur de Zita est telle qu’en oraison elle perd souvent la notion du temps, ce qui peut porter préjudice à son emploi, mais les anges viennent alors à son secours. Ainsi s’aperçoit-elle un matin qu’elle a oublié de pétrir le pain et de le mettre à cuire – retard irréparable qui lui vaudra des reproches. Mais, quand elle rentre, elle trouve la fournée au four, dégageant une si bonne odeur qu’elle ne saurait être ordinaire. Elle attribue ce secours à son ange gardien, car personne ne reconnaît dans la maisonnée lui avoir rendu ce service.

De même, un soir d’hiver où elle s’est rendue en pèlerinage, comme chaque semaine, à un sanctuaire angélique et n’a pas vu l’heure tourner, elle est ramenée instantanément à Lucques, ce dont un cavalier, parti bien avant elle, témoigne, abasourdi de la voir arrivée avant lui alors qu’il fait nuit et que la route, bordée de précipices, est dangereuse. Ce fait sera attribué à un secours angélique.

Levée chaque matin avant l’aube, elle ne manque jamais la messe, même lorsque, en 1241 et pour plusieurs années, le pape jette l’interdit sur Lucques, ce qui empêche la célébration de la messe et des sacrements dans la ville. Pour assister à la messe et communier, la jeune fille n’hésite pas à faire des kilomètres en pleine nuit.

Cette piété est bientôt récompensée, car les phénomènes mystiques deviennent monnaie courante dans la vie de Zita. Alors qu’elle a dû passer la nuit dehors sous une pluie battante, devant l’église où elle veut entendre la messe, elle est préservée de l’averse qui ne la trempe pas ni n’éteint le cierge qu’elle porte. En d’autres occasions, les portes fermées des églises s’ouvrent pour lui permettre de s’abriter.

Ses maîtres, reconnaissant tardivement sa sainteté, lui confient alors les clefs de tous leurs biens et leur gestion.

Atteinte d’une mauvaise grippe, Zita s’éteint le 27 avril 1272 chez ses maîtres. À l’instant où elle rend le dernier soupir, bien qu’il fasse grand jour, une étoile apparaît au-dessus du palais Fatinelli, éclipsant le soleil et avertissant la population que « la sainte est morte ». Les miracles se multiplient aussitôt sur sa tombe.

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.


Aller plus loin :

Pierre Azaïs, Vie de sainte Zite, servante, 1857.


En savoir plus :

  • Anonyme, Vita beatae Zitae, virginis Lucensis ex vetustissimo codice manuscripto fideliter transumpta,)1688 (publié en latin par Mgr Fatinelli).
  • Anonyme, Vita e miracoli de santa Zita, vergine lucchese, 1752 (en italien).
  • Amerigo Guerra, Vita disanta Zita, vergine lucchese, Monza, Artigianelli, 1926 (en italien).
  • Giuseppe Cavalli, Santa Zita, patrona delle collaboratrici familiari, Edizioni Regnum Christi, 1978.
  • Simonetta Simonetti, Santa Zita di Lucca, Pacini Fazz, coll. « Appunti di viaggio », 2006 (en italien).
  • La vidéo de la chaîne YouTube Radio Immaculata : The Life of Saint Zita of Lucca.
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