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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les Apôtres
n°369

De Jérusalem à Hangzhou

Ier siècle

Saint Thomas, du doute à la Chine

L’apôtre Thomas, fêté le 3 juillet, est connu pour être celui qui doute de la résurrection du Christ. Avant la mort de Jésus, Thomas est prêt à mourir pour lui. Il est convaincu de la réalité de sa résurrection après avoir mis les doigts dans ses plaies, et il part annoncer la bonne nouvelle au bout du monde…

Silvestro Lega, Le Doute de saint Thomas, 1850, Pinacoteca Civica di Arte Moderna (Modigliana). / © CC0, wikimedia
Silvestro Lega, Le Doute de saint Thomas, 1850, Pinacoteca Civica di Arte Moderna (Modigliana). / © CC0, wikimedia

Les raisons d'y croire :

  • Thomas doute de la résurrection de Jésus et s’en confie à ses amis apôtres. Son doute est universellement connu, à tel point qu’une expression populaire parle d’« être comme saint Thomas » quand il s’agit de ne croire que ce que l’on voit. Mais ses doutes sont dissipés : Thomas va pouvoir constater la réalité de Jésus ressuscité en touchant ses plaies.

  • Auparavant incrédule, Thomas est finalement tellement convaincu par la résurrection du Christ et par sa bonne parole qu’il va prêcher au bout du monde, au péril de sa vie. D’ailleurs, il finira en martyr, assassiné par un brahmane le 3 juillet 72.
  • Thomas est le fondateur de l’Église d’Orient, qui se déploie de Jérusalem à Hangzhou. Les traces du périple de Thomas jusqu’en Chine sont multiples : le nom de la grotte de Mangesh (« celui qui a touché » en araméen), des traces archéologiques d’une église autour de Merv ; au Turkménistan, les vestiges d’une ancienne basilique ; au Kazakhstan, une pierre tombale tournée vers l’est ; de même, au Tibet, une stèle et une pierre tombale. À l’ouest du Pakistan, Thomas entre en contact avec un roi dont on a longtemps nié l’existence, jusqu’à ce que des pièces frappées à son effigie soient retrouvées en 1834. Des restes archéologiques d’une église sont retrouvés sur l’île de Socotra au large du Yémen.
  • L’Église syro-malabare, ou « Église des chrétiens de saint Thomas », existe toujours aujourd’hui. Les chrétiens qui en font partie transmettent depuis toujours dans leur tradition orale que leur Église a été fondée par l’apôtre Thomas.

Synthèse :

On ignore pourquoi Thomas portait ce nom, qui signifie « jumeau » en araméen, et dont le surnom, Didyme en grec, signifie la même chose. Avait-il un frère jumeau ? On ne le saura certainement jamais ! Thomas et son caractère particulier sont essentiellement rapportés dans l’Évangile de Jean, qui relate que Jésus le choisit comme « l’un des Douze ». Il est donc très tôt introduit dans le cercle le plus intime de Jésus.

Ce qu’on lit de lui dans l’Évangile de Jean en fait quelqu’un d’impétueux et de suspicieux. En effet, alors que Jésus s’apprête à partir pour Béthanie pour aller sauver son ami Lazare et que ses disciples lui rappellent le danger (Jn 11,8), Thomas réplique dans le verset 16 : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui. » Aujourd’hui, on peut dire que dans cette parole est préfiguré le martyre à venir de Thomas, qui, dès le début, a donné sa vie à Jésus. Et puis, tout le monde connaît Thomas le dubitatif, qui ne croit que s’il voit (Jn 20,25), invité par Jésus à mettre ses mains dans ses plaies, afin de croire à sa résurrection. Thomas est aussi le premier à appeler Jésus son « Seigneur et [son]Dieu ».

Après le livre des Actes, les apôtres se dispersent. Thomas se rend avec Thaddée-Barthélémy en Mésopotamie, vers Ninive, après avoir vécu quelques années à Édesse (aujourd’hui en Turquie). Une grotte mystique est retrouvée à Mangesh, près de Ninive, dont le nom signifie « celui qui a touché » en araméen. Puis Thomas pousse vers l’est et prêche l’Évangile aux Parthes, aux Mèdes et aux Perses, des peuples de l’Iran actuel, et semble avoir fondé une église dans l’oasis de Merv, aujourd’hui au Turkménistan, sur la route de la soie. Thomas continue sa route vers l’est et arrive au Gandhara, une province antique du nord-ouest de l’actuel Pakistan, où il est accueilli favorablement par le roi, qui s’intéresse à ses prêches.

Après être rentré à Jérusalem pour rejoindre les apôtres en 51 pour l’Assomption de la Vierge, il se remet en route. On trouve des traces de Thomas sur l’île de Socotra, au sud du Yémen, d’où il se serait embarqué pour le sud de l’Inde, utilisant les vents de mousson, bien connus des commerçants de l’époque. Thomas rejoint alors une communauté juive du sud de l’Inde, où il continue à prêcher la bonne nouvelle. Il fonde alors l’Église que l’on appellera plus tard l’Église syro-malabare, aux alentours de l’actuelle Cochin. Cette Église catholique de rite syriaque oriental, qui existe toujours, s’appelle ainsi du fait de son emplacement sur la côte de Malabar. Thomas ne s’arrête pas là. Il continue vers le sud et l’est de l’Inde jusqu’à Madras (Chennai), avant de fonder une Église à Taprobane, c’est-à-dire le Sri Lanka actuel. Il semble qu’ensuite Thomas se soit rendu en Chine, où il serait resté trois ans, le temps de fonder une hiérarchie ecclésiastique. Il rentre ensuite en Inde, à Madras, où il avait précédemment fondé une communauté.

C’est là qu’il subit le martyre. Le 3 juillet 72, il est tué d’un coup de lance dans le dos, par un brahmane hindou. On peut voir une croix, datée du VIIe siècle, avec une inscription en ancien persan, qui indique le lieu exact de son martyre sur une colline. À Mylapore, quartier sud de l’ancienne Madras, est construit au XVIe siècle un premier édifice abritant les reliques de saint Thomas, détruit et remplacé en 1893 par une église néo-gothique. Les reliques de l’apôtre ont été par la suite transférées à Édesse (Turquie actuelle), où il avait passé plusieurs années. Puis, en 1258, elles sont transférées à Ortona, sur la côte adriatique de l’Italie, où il est aujourd’hui vénéré.

Camille Mino di Ca, récemment baptisée, s’est convertie à cinquante ans. Passionnée par les récits de conversion et les vies de saints, elle rédige pour Hozana et d’autres supports. Elle pratique l’écriture sous différentes formes, y compris la biographie, le théâtre, la poésie et la chanson.


Au-delà des raisons d'y croire :

L’Église syro-malabare, ou « Église des chrétiens de saint Thomas », existe toujours aujourd’hui et revendique fièrement sa fondation par l’apôtre.


Aller plus loin :

Évangile selon saint Jean.


En savoir plus :

  • Ilaria Ramelli, Pierre Perrier et Jean Charbonnier, L’Apôtre Thomas et le christianisme en Asie, Éditions AED, juin 2013.
  • A.C. Perumalil, The Apostles in India, 1971.
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