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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les papes
n°358

Rome

477-537

Saint Silvère, un pape contre les hérétiques

Le pape Silvère connut au VIe siècle l’un des pontificats le plus court de l’histoire. En effet, il fera les frais, tout comme l’ensemble de la sphère religieuse romaine, du conflit entre Constantinople et les envahisseurs goths. Une lutte de pouvoir suit rapidement son accession au trône épiscopal et, au milieu d’intérêts divergents entre Orient et Occident, et au cœur du combat contre l’hérésie monophysite, il est condamné à l’exil. Il meurt le 20 juin 537 sur l’une des îles Pontines, au large de Naples.

Orazio Sammachini, saint Jean-Baptiste jeune en gloire avec sainte Catherine d'Alexandrie et le pape Silvère, 1570-75, palais ducal de Mantoue. / © CC BY 3.0, Sailko.
Orazio Sammachini, saint Jean-Baptiste jeune en gloire avec sainte Catherine d'Alexandrie et le pape Silvère, 1570-75, palais ducal de Mantoue. / © CC BY 3.0, Sailko.

Les raisons d'y croire :

  • Malgré sa position inférieure dans la hiérarchie de l’Église, le sous-diacre Silvère est nommé pape, ce que tout le clergé et les autorités politiques réfutent dans un premier temps. Malgré tout, appuyé par le roi Théodat, Silvère se maintient en place et assume avec vertu le rôle désigné par Dieu pour lui.
  • À une époque fort difficile, où l’Église est troublée par les intrigues politiques et les hérésies, l’élection d’un pape inattendu qui se montrera vertueux et défendra la vraie foi catholique est providentielle : il est manifeste que l’Esprit Saint en guide le choix.
  • Pour avoir voulu défendre la vraie foi en un Christ de double nature, Silvère subit la persécution, l’exil, puis le martyre. Il aurait pourtant facilement pu sauver sa vie en cédant aux instances de l’impératrice byzantine Théodora, qui souhaitait voir rétablir Anthime, un hérétique déchu de l’évêché de Constantinople.
  • Silvère, comme tous les martyrs, demeure un exemple parfait de la détermination et de la force donnée par le Saint-Esprit à ses défenseurs. Il a toujours su défendre l’intégrité de la foi, même contre les intérêts puissants du pouvoir temporel.
  • Privé du siège papal, Silvère accepte son sort avec une résignation qui témoigne de sa profonde humilité et de sa foi en la justice divine. Ses biographes rapportent qu’il semblait personnellement aussi heureux dans les épreuves de l’exil que dans les gloires du pontificat, car il éprouvait une joie sincère à souffrir pour la défense de la foi.
  • Son corps, contrairement à celui d’autres papes morts en exil, ne fut pas transféré à Rome, mais resta sur l’île ; son tombeau devint un centre de guérisons et de miracles, comme nous l’atteste le biographe de Silvère dans le Liber Pontificalis : « Il fut enterré en ce lieu même le 12 des calendes de juillet et là accoururent de nombreux malades, qui furent sauvés. » Sa tombe est donc devenue un lieu de pèlerinage.

  • La nomination au siège papal de Vigile, qui avait participé au complot contre Silvère, a été régularisée après la mort de l’ancien pape. Chose très étonnante, à partir de ce moment-là, le pape Vigile a cessé de soutenir Théodora et l’hérésie monophysite pour défendre fermement l’orthodoxie. Vigile s’est transformé en un autre homme : il exerça les fonctions papales avec autant de piété et de zèle qu’il avait usé de violence et de cruauté du vivant de son prédécesseur. Ce n’est pas sans rappeler la conversion de Saul de Tarse, devenu saint Paul.
  • Aucune hérésie considérable n’a pris le dessus au cours de ce siècle très troublé : la conservation constante de l’Église et du dogme catholique ne peut être attribuée qu’à la protection singulière de Dieu.

Synthèse :

Silvère naît aux alentours de l’an 477, non loin de Rome. Il est un cas quasi unique dans l’histoire de la papauté, puisqu’il est le fils légitime d’un pape, Hormisdas (le second cas, non attesté, serait le pape Innocent Ier, fils du pape Anastase, au Ve siècle). En effet, avant d’être élu pape et même d’entrer dans les ordres, Hormisdas était marié et avait conçu un fils.

On ignore tout de la vie de Silvère avant 536. En avril 536, à la mort du pape Agapet Ier, il est ordonné sous-diacre et s’oppose à la réhabilitation d’Anthime Ier, convaincu d’hérésie monophysite. Pour rappel, le monophysisme était une hérésie en vogue surtout en Orient, qui affirmait que Jésus était d’une seule nature : divine. Elle a été réprimée par le concile de Chalcédoine en 451, qui soutient que Jésus est à la fois Dieu et homme (« une seule personne et deux natures, sans confusion, sans changement, sans division et sans séparation »). Cependant, cette hérésie fait encore de nombreux adeptes, dont Théodora, épouse de Justinien, l’empereur d’Orient.

Contre toute attente, Silvère est élu pape en juin 536 à la mort d’Agapet Ier, imposé par le roi ostrogoth Théodat, qui menace de réprimer toute révolte par la force. Le clergé, mécontent d’élire un pape qui n’a que la condition inférieure de sous-diacre, est forcé d’accepter, d’autant que le candidat de Byzance, Anthime, est un hérétique. Dès les premiers temps de son pontificat, et malgré sa condition initiale de sous-diacre, le pape Silvère montre de grandes vertus.

L’empereur Justinien déclare la guerre aux Ostrogoths et envahit Rome en décembre 536. Dans un désir de paix, Silvère laisse faire. C’est dans ce contexte que Théodora tente d’adoucir la position de Silvère face au monophysisme et de faire réélire Anthime à la position de patriarche de Constantinople. Mais Silvère refuse catégoriquement.

Afin de destituer Silvère, Théodora fomente un complot contre ce dernier, d’autant qu’elle a à cœur de mettre son protégé, Vigile, sur le trône du successeur de Pierre. Elle rédige une fausse lettre qui accuse le pape d’avoir accédé à la demande des Goths d’entrer à Rome pour la délivrer des Byzantins. Silvère ne parvient pas à déjouer le plan diabolique de Théodora, aidée par Vigile. Inefficace dans sa tentative de se disculper, Silvère est arrêté, défait de son habit épiscopal et envoyé en exil à Pataras, en Lycie (actuelle Turquie). Vigile usurpe alors le siège papal.

Cependant, l’évêque de Pataras appuie l’innocence de Silvère et fournit à l’empereur Justinien des preuves irréfutables en ce sens. Ce dernier est donc contraint de renvoyer Silvère à Rome. Mais Vigile, se sentant menacé, exile à nouveau l’ancien pape sur l’île de Palmarola, non loin de Naples, en mars 537. « Je n’ai point abandonné, je n’abandonnerai point ma charge, quoique je vive d’un pain de tribulation et d’une eau d’angoisse », écrit-il à un évêque ami. Il meurt le 20 juin de cette même année, des suites de la faim et de conditions de vie déplorables.

On rapporte de nombreux miracles sur l’île de Palmarola, par l’intercession de saint Silvère, tels que des guérisons, des apparitions aux fidèles en détresse, des sauvetages en mer et la protection miraculeuse de son tombeau.

Camille Mino di Ca, récemment baptisée, s’est convertie à cinquante ans. Passionnée par les récits de conversion et les vies de saints, elle rédige pour Hozana et d’autres supports. Elle pratique l’écriture sous différentes formes, y compris la biographie, le théâtre, la poésie et la chanson.


Aller plus loin :

Liber Pontificalis. Plusieurs éditions disponibles. Consulter également : Louis Duchesne, Études sur le Liber Pontificalis (1877).


En savoir plus :

  • Administration pontificale de la basilique patriarcale Saint-Paul, Les Papes. Vingt siècles d’histoire, Libreria Editrice Vaticana, 2002.
  • Giuseppe Tancredi, S. Ormisda e S. Silverio Sommi Pontefici e i loro tempi, 1135, disponible en ligne (en italien).
  • Compilation exhaustive des différentes sources documentaires et Internet relatant la vie du pape Silvère.
  • François Giry, Les Vies des saints dont on fait l’office dans le cours de l’année, volume 2. Nouvelle édition Legare Street Press, 2023. Ancienne édition disponible en ligne.
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