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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les saints
n°173

214-270

Saint Grégoire le Thaumaturge

Grégoire le Thaumaturge est né vers 214 à Néocésarée et mort vers 270 dans la même ville. Étudiant à Alexandrie en sciences profanes, il est ensuite élève d’Origène, théologien et commentateur de la Bible, à Césarée de Palestine. Après avoir vécu dans la solitude du désert, pour ne se préoccuper que de contempler Dieu et progresser dans la fidélité à son égard, il est contraint d’accepter la charge pastorale du nouveau diocèse de Néocésarée (actuelle Niksar, en Turquie). Favorisé d’une vision céleste qui lui permet de mieux comprendre la foi apostolique, il l’enseigne à ses fidèles. Il accomplit aussi de nombreux miracles qui amènent à Dieu nombre de personnes qui étaient idolâtres. Canonisé, il est fêté le 17 novembre. L’Église orthodoxe le reconnaît aussi comme saint.

Saint Grégoire le thaumaturge, mosaïque de l’église du monastère bysantin Saint-Luc en Béotie (Grèce). / © CC0 Wikimédia
Saint Grégoire le thaumaturge, mosaïque de l’église du monastère bysantin Saint-Luc en Béotie (Grèce). / © CC0 Wikimédia

Les raisons d'y croire :

  • Un miracle est un fait objectif, et le premier critère du récit qu’on en fait doit être l’impartialité. Or, saint Grégoire de Nysse, dans son Éloge de Grégoire le Thaumaturge, en témoigne clairement : « Que toutes les subtilités techniques des écrivains fassent ici silence, elles qui, par quelque discours bien fait, exagèrent les miracles en y ajoutant des amplifications. Car le miracle n’est pas de nature à être amoindri ou grandi par la puissance de l’orateur dans ce qu’il dit. Qu’apporte-t-on en effet au miracle quand on ajoute un élément supplémentaire à ce qui est dit ? Ou encore, comment pourrait-on diminuer la stupeur des auditeurs à propos de ce qui est arrivé ? » (IVe partie). L’orateur qui, un siècle plus tard, dresse le portrait de saint Grégoire de Néocésarée, nous avertit qu’il n’embellit pas par de « pieuses » exagérations les faits qu’il rapporte. Ceux-là suffisent à manifester, par leur caractère supranaturel, l’action divine. Le saint qui accomplit des miracles n’agit pas de lui-même : c’est Dieu qui, par son intermédiaire, fait le bien autour de lui.

  • Ainsi saint Grégoire de Nysse rapporte-t-il par exemple que Grégoire de Néocésarée chassa les mauvais esprits d’un célèbre temple qui leur était dédié et qu’il en convertit le gardien. Ce dernier maudissait l’évêque, qui l’assurait pouvoir lui faire connaître le Dieu véritable, pourvu qu’il le voulût. Le gardien mit Grégoire au défi de réaliser plusieurs prodiges. Grégoire obtint notamment par la prière de faire mouvoir une pierre de dimensions considérables. Il n’est pas difficile d’imaginer que ces scènes eurent de nombreux spectateurs : fidèles païens venus offrir leurs dons et présenter leurs demandes aux idoles, ou encore simples curieux pour qui la lutte spirituelle qui se préparait présentait plus d’attraits encore que le combat de deux gladiateurs ! Le récit s’est transmis oralement jusqu’à ce que saint Grégoire de Nysse le couche par écrit (car d’autres témoignages écrits ont probablement été perdus).
  • Saint Grégoire de Nysse, dont la pensée est connue pour être systématique et logique, n’a pu rapporter ces faits sans s’être assuré lui-même de la fiabilité de leurs sources historiques. Louis Bouyer, par exemple, écrivain jésuite du début du XXe siècle, le considérait comme « l’un des penseurs les plus puissants et les plus originaux que connaisse l’histoire de l’Église, un des rares écrivains dont on puisse être sûr qu’il a lu intégralement les Anciens et qu’il les a parfaitement assimilés. » (La Spiritualité du Nouveau Testament et des Pères, Aubier, 1960). D’autre part, nul homme raisonnable – or, les livres conservés de saint Grégoire de Nysse prouvent qu’il l’était éminemment – ne se risquerait à publier sous son nom des informations dont la fausseté pourrait par la suite être avérée : cela jetterait le discrédit sur l’ensemble de son œuvre écrite. Saint Grégoire de Néocésarée mérite donc objectivement son nom de « thaumaturge ».

  • Grégoire le Thaumaturge a témoigné par la pureté et la sainteté de sa vie de l’authenticité de ses miracles : un comédien ne met pas en adéquation sa vie personnelle avec le personnage qu’il représente. C’est même ce qu’on appelle le paradoxe du comédien : on n’est pas bon comédien parce qu’on épouse de l’intérieur les aspirations du personnage qu’on joue, mais pour d’autres raisons d’ordre technique. Cette distanciation est impossible dans la vie d’un saint. Un homme est d’autant plus saint qu’il est plus uni en toute objectivité à la volonté divine.

Synthèse :

Grégoire, évêque de Nysse, frère de saint Basile – lui-même évêque de Césarée de Cappadoce – et de sainte Macrine, vierge consacrée au Seigneur, prononça son Éloge de Grégoire le Thaumaturge probablement en 379. Il se trouvait alors dans la province du Pont-Euxin (ancien nom de la mer Noire) : celle de son héros, puisque saint Grégoire le Thaumaturge fut au siècle précédent le premier évêque de Néocésarée (l’actuelle Niksar, au centre-nord de la Turquie). Il dresse de lui le portrait d’un moine, conformément aux canons de sainteté de l’époque à laquelle il écrit : depuis la fin des persécutions contre les chrétiens – mise effectivement en œuvre pour la partie occidentale par l’édit de Galère en 311, puis pour la partie orientale de l’empire par l’ « édit de Milan » en 313 qui rendent aux chrétiens les biens confisqués depuis 303 (année qui marque le début de la « grande persécution » sous Dioclétien) et qui leur assurent la liberté de culte –, l’idéal de la vie monastique a remplacé celui du martyre.

Mais il rapporte aussi ses actions de thaumaturge. Le thaumaturge (ὁ θαυματουργός) est, à l’époque chrétienne, l’homme qui accomplit des miracles. Ainsi lisons-nous – sous le stylet de l’orateur – que, durant ses études profanes à Alexandrie, comme plusieurs de ses camarades (garçons débauchés) étaient envieux de l’aura que lui donnait sa vertu, ils dépêchèrent une courtisane qui interrompit la leçon de philosophie auquel Grégoire participait, feignant d’être une de ses fréquentations habituelles. Il ne s’en émut pas, mais demanda à l’un de ses compagnons d’études de donner à la femme l’argent qu’elle réclamait. Quand cette dernière le reçut, elle se mit à hurler, les yeux renversés, et roula sur le sol, s’arrachant les cheveux. La prière de Grégoire l’apaisa immédiatement, donnant à tous non seulement un démenti formel aux accusations, mais encore la preuve de son intimité avec le Dieu tout-puissant.

Chargé ensuite malgré lui des soins du diocèse de Néocésarée – car il préférait vivre dans la paix de la solitude avec Dieu –, Grégoire parcourait le territoire qui lui avait été confié : les campagnes étaient encore très païennes, et le culte aux démons était répandu et régulier. Il se rendit dans un des temples les plus en vue et, par ses prières persévérantes renouvelées toute la nuit auprès de la Trinité sainte, obligea les démons qui l’habitaient à en sortir, et leur interdit d’y retourner. Le gardien du temple, le lendemain, le trouva vide des esprits mauvais. En fureur, il se répandit en invectives contre le futur saint, menaçant de le poursuivre devant les magistrats et l’empereur lui-même ! « À toutes ses menaces, Grégoire répondait en lui proposant en échange l’alliance du Dieu véritable ; il expliquait que par la puissance de celui qui combattait pour lui, il était doté d’une si grande force qu’il avait le pouvoir de chasser les démons d’où il voulait » (Éloge de Grégoire le Thaumaturge, IVe partie). L’homme demanda à l’évêque de prouver de nouveau son pouvoir spirituel, en intimant aux démons d’accomplir le mouvement inverse. L’ordre écrit sur un morceau de parchemin – « Grégoire à Satan : "Viens !" » –, et déposé plus tard par le gardien sur l’autel du temple, réalisa son effet. Un troisième miracle, réclamé et accompli cette fois sur une pierre de dimension considérable, que la prière du saint déplaça à l’endroit désigné par le gardien, acheva de le convaincre. Il crut au vrai Dieu et, renonçant à son foyer, à sa famille et à tous ses biens, il s’attacha au saint pour se mettre avec lui à l’école de la parole divine. Car les miracles n’ont d’autre but que de conduire à Dieu : « Si en effet la puissance du serviteur est si grande... qu’elle commande même aux êtres sans âme, combien se rend-on compte, légitimement, de la supériorité de la puissance du maître de l’univers, lui dont la volonté s’est faite matière, organisation et puissance de l’univers lui-même, de tout ce qui s’y trouve et de tout ce qui le transcende ? » (ibid.) Par l’admiration qu’ils produisent à l’égard de la toute-puissance divine, en l’intelligence de ceux qui en sont les témoins, les miracles désignent Dieu comme celui qui veille au bien de tout homme.

Docteur en philosophie, Vincent-Marie Thomas est prêtre.


Aller plus loin :

Grégoire de Nysse, Éloge de Grégoire le Thaumaturge, Sources chrétiennes n°573, éditions du Cerf.


En savoir plus :

  • Grégoire le Thaumaturge et Origène, Remerciement à Origène, suivi de La Lettre d’Origène à Grégoire, collection « Sources chrétiennes », n°148, éditions du Cerf.
  • Henri Crouzel, « Grégoire le Thaumaturge », article du Dictionnaire de spiritualité, tome 6, colonne 1014 et suivantes.
  • Le monastère d’Osios Loukas – c’est-à-dire le monastère Saint-Luc, près de Delphes – est célèbre pour ses mosaïques à fond d’or du XIe siècle. L’une d’elles représente saint Grégoire le Thaumaturge.
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