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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Lacrimations et images miraculeuses
n°194

Sur la colline de Tepeyac (Mexico)

12 décembre 1531

La tilma de Guadalupe

Le Nican mopohua est le récit de l’apparition du 12 décembre 1531 sur la colline de Peteyac. Rédigé dans un dialecte aztèque de la région de Mexico, très probablement peu après les événements, il rapporte aussi la découverte de l’image de la Vierge Marie sur le manteau (la tilma) de Juan Diego. Quand l’Indien l’ouvrit pour présenter à l’évêque de Mexico les fleurs qu’il avait cueillies sur une terre aride, en plein hiver, à la demande de la Vierge, et qui étaient destinées à servir, à l’égard de l’évêque, de gage d’authenticité de l’apparition, la Vierge représentée sur le tissu se révéla au regard des deux protagonistes et des autres personnes présentes. Plus que les roses qui l’avaient déjà convaincu du bien-fondé des dires de Juan Diego, on comprend que cette image bouleversa l’évêque. Aujourd’hui, nous pouvons toujours contempler l’image, comme l’évêque de Mexico le fit il y a presque cinq cents ans. Or, la permanence de l’image jusqu’à nos jours et les découvertes remarquables que son analyse détaillée a permises explicitent et confirment à notre intention le caractère surnaturel de l’apparition, et témoignent, par les détails de l’image, de la délicatesse de « la belle et noble dame » qui en est l’auteur.

Détail de la tilma de Guadalupe. / © CC0/wikimedia
Détail de la tilma de Guadalupe. / © CC0/wikimedia

Les raisons d'y croire :

  • Le drap tissé en ayate (fibre d’agave) qui, en raison de sa fragilité, ne perdure habituellement pas plus d’une vingtaine d’années, avait quatre cent soixante ans lors de son examen, en 1979, par deux scientifiques des États-Unis, Philip Serna Callahan et Jody Brant Smith. La tilma a presque cinq cents ans aujourd’hui et n’est pas altérée.
  • Ce manteau a de plus échappé de manière prodigieuse à des calamités. En 1785, un artisan orfèvre a malencontreusement renversé sur l’image exposée de la tilma de l’acide nitrique, dont il se servait pour nettoyer le cadre qui l’entourait. L’acide tacha le tissu, mais ne le brûla pas – fait incompréhensible pour un chimiste. On mit de la couleur pour cacher la tache : celle-là s’estompa peu à peu, laissant toujours visible la tache. En 1921, ce fut une bombe, placée parmi des fleurs déposées sur l’autel, sous l’image, qui projeta en l’air les candélabres et tordit le crucifix, mais n’affecta pas le tissu.
  • L’image a été analysée. À partir de fragments du tissu de la tilma, sur lesquels se trouvent des éléments de l’image, Richard Kuhn, un chimiste allemand, prix Nobel de chimie en 1938, a établi que les fibres analysées ne contiennent ni apprêt (ce qui est indispensable lorsqu’on peint sur un support inégal pour éviter que la couleur apportée ne finisse par se détacher et tomber) ni aucun pigment d’origine végétale, animale, minérale, ou encore synthétique.Cela suggère que cette image n’a pas été peinte par une main humaine.
  • De plus, les couleurs de l’image n’ont pas passé à la lumière. Pourtant l’image a été exposée pendant cent soixante ans à la lueur de très nombreux cierges de dévotion, avant qu’elle soit placée en hauteur. Le temps, le rayonnement ultraviolet des bougies, les mains et les objets que les pèlerins ont posés contre elle, la poussière et le mur humide auraient dû décolorer et altérer les pigments. 
  • En 1979, à l’aide de techniques faisant appel au rayonnement infrarouge qui sont utilisées pour découvrir, sur un tableau, les couches de peinture cachées sous la peinture visible, Philip Serna Callahan et Jody Brant Smith, deux scientifiques des États-Unis, ont constaté que, hormis quelques très rares apports de peinture ultérieurs (suite à la tache produite par l’acide), ni le type des pigments composant l’image, ni la permanence de leur luminosité, ni encore la brillance des couleurs n’est explicable. Nul dessin préliminaire, nulle préparation sous-jacente, nulle retouche n’apparaît : la couleur est uniforme et éclatante. 
  • Une photographie grossie, prise en 1929 par le photographe Alfonso Marcué González, révéla le reflet d’un homme barbu dans les yeux de la Vierge. Cette découverte ne s’ébruita pas avant 1951, lorsqu’un dessinateur, José Carlos Salinas, fit la même observation sur une photographie prise en taille naturelle par un autre photographe, Jesus Castano. Plusieurs médecins ophtalmologistes étudièrent alors le phénomène. Précisons avant toute chose que, sur l’image de la tilma, les yeux de la Vierge mesurent 7 à 8 mm de longueur : le tissu grossier du manteau rend très probablement impossible l’hypothèse d’un travail humain. Javier Torroella Bueno fut le premier ophtalmologiste à établir, en 1956, que les reflets observés, placés en des endroits différents suivant l’un ou l’autre œil, étaient conformes aux lois de l’optique en matière d’œil humain. Ce procédé est connu en photographie au XXe siècle, mais ignoré par les peintres jusqu’alors. Un de ses pairs, Jaime Palacios, se prononça de même en 1957.
  • Javier Torroella Bueno a aussi montré que les yeux de la Vierge présentent le triple reflet, qui est observable uniquement dans des yeux vivants et a été découvert au XIXe siècle. Un autre médecin ophtalmologiste, Rafael Torija Lavoignet, aboutit aux mêmes conclusions au terme de l’étude qu’il mena sur l’image de 1956 à 1958. Il précisa que la localisation des reflets dans les yeux est si précise, bien que très complexe, qu’il est impossible qu’elle soit attribuable au hasard. Il eut de plus la surprise de constater que, bien que représentés sur une surface plane et opaque, les yeux de la Vierge réagissent à la lumière de l’ophtalmoscope comme s’ils étaient vivants : l’iris acquiert alors brillance et profondeur. Le médecin et chirurgien Jorge Kuri témoigna également en 1975 de cette dernière découverte.
  • L’invention de la technologie numérique permit encore d’autres découvertes. Un ingénieur diplômé de l’université de Cornell aux États-Unis, José Aste Tönsmann, a ainsi pu numériser sur l’image les yeux de la Vierge, au moyen du matériel dont il se servait pour son travail chez IBM. Ses recherches se firent en deux étapes : de 1979 à 1982, puis de 1987 à 1997. Il put ainsi agrandir jusqu’à 2 000 fois les détails. Il découvrit par ce moyen treize images minuscules. Le récit du Nican mopohua nous apprend que, lors de l’entrevue chez l’évêque de Mexico, le jour où Juan Diego lui apporta les fleurs cueillies, d’autres personnes se trouvaient présentes. Le reflet de leurs silhouettes est resté visible, sur l’image, dans les yeux de la Vierge, probablement parce que c’est au moment où Juan Diego présentait les fleurs à l’évêque, et déployait donc sa tilma,que s’imprima l’image. À l’aide de techniques de simulation numérique, José Aste Tönsmann est parvenu à définir le lieu où la Vierge se tenait à cet instant par rapport aux autres personnages. Enfin, le mathématicien Fernando Oleja Llanes a montré en 2010 la corrélation exacte, d’un œil à l’autre, des positions et des dimensions de la silhouette des personnages.

Synthèse :

Juan rapporte à son évêque qu’une femme qui s’est présentée, en lui apparaissant, comme la Mère de Dieu, l’envoie pour lui demander la construction d’une église. L’évêque l’écoute mais demeure dubitatif. C’est, sur l’injonction de Marie, la brassée de fleurs cueillies dans le froid de l’hiver, dans une lande où les épines et les chardons parvenaient péniblement à pousser parmi les roches, puis surtout l’image de la Madone inscrite sur le drap de la tilma, qui emporte l’approbation épiscopale. Marie sera exaucée : l’évêque construira la chapelle qu’elle a demandée.

Comment cette image se présente-t-elle ? C’est une jeune fille d’une grande beauté, le visage halé, souriant et bienveillant. Ses mains sont jointes en signe de prière ; sa tête, légèrement inclinée et penchée vers la droite, est couverte d’un voile bleu-vert couvert d’étoiles d’or qui tombe jusqu’à ses pieds. Sa robe, serrée à la taille par une étroite ceinture nouée de tissu noir, est blanche et chamarrée d’arabesques fleuries et dorées. Elle se tient debout sur un croissant de lune que supporte un ange, et elle est tout enveloppée d’un nimbe et de rayons solaires qui semblent s’échapper de son corps. Contrairement à certaines critiques qui prétendaient que cette représentation n’était qu’un succédané d’images de divinités aztèques traditionnelles, et donc probablement le fruit de l’imagination d’hommes ingénieux désireux de conduire plus facilement par ce moyen les populations autochtones au christianisme, l’image de « la noble belle dame », comme l’appelle Juan Diego, ne se retrouve dans aucune sculpture, peinture ou manuscrit aztèque. Elle est de plus proprement chrétienne puisqu’elle est figurée enceinte du Fils de Dieu. C’est d’ailleurs sous le titre de « Mère de Dieu » qu’elle se présenta à Juan Diego. On ne peut cependant ranger cette représentation dans aucune école iconographique de la chrétienté. Les traits qu’elle présente sont donc originaux et, de ce point de vue, nouveaux.

Une première constatation s’impose. Le drap de la tilma est tissé en ayate (fibre d’agave). Une étude produite par l’institut de biologie de l’université nationale autonome du Mexique (UNAM), entreprise par Isaac Ochoterena en 1946, a spécifié que la variété d’agave utilisée était l’« agave popotule ». Le drap d’agave, en raison de sa fragilité, ne perdure habituellement pas plus d’une vingtaine d’années. Or, il avait quatre cent soixante ans lors de son examen, en 1979, par deux scientifiques des États-Unis, Philip Serna Callahan et Jody Brant Smith. Il a presque cinq cents ans aujourd’hui et n’est pas altéré. Aucun vernis ne protège l’image qui n’est ni décolorée ni craquelée.

Nous avons exposé plus haut plusieurs faits scientifiques découverts lors d’examens approfondis sur l’image de la tilma. Il en reste un majeur à présenter : l’ordonnancement des étoiles sur le manteau de la Vierge. C’est un prêtre connaisseur de la culture nahuatl, Mario Rojas Sánchez, qui eut l’intuition de la raison de la disposition asymétrique des soixante-quatre étoiles. Les Indiens autochtones de l’Amérique centrale ne peignaient ou ne dessinaient que des faits véritables. Aussi, les représentations, dans la culture aztèque, devaient-elles correspondre à des réalités. Le père Rojas demanda donc à un astronome, Juan Homero Hernández Illescas, de vérifier si la position des étoiles sur le manteau ne correspondait pas à un phénomène observable dans le ciel. Si l’intuition se révélait exacte, ce sont les constellations observables le jour de l’impression de l’image sur la tilma, en présence de l’évêque et d’autres personnes, le 12 décembre 1531, que le manteau devait reproduire. Or ce jour-là, le matin à 10 h 40, se produisait le solstice d’hiver – compte tenu des dix jours d’écart dus au calendrier julien encore en usage. Le solstice d’hiver revêtait pour les Aztèques une forte signification : c’est le retour à la vie du soleil, dont l’éclat se prolonge et croît dès lors. La comparaison de l’image de la tilma avec les cartes du ciel de l’observatoire de Greenwich corrobora l’idée du père Rojas, mais selon deux modalités particulières : les constellations y semblent déformées de manière concave, de la même façon que le planisphère se trouve déformé quand il est projeté sur un plan bidimensionnel. De plus, les constellations apparaissent inversées sur l’image, comme si l’observateur ne les regardait pas de la terre mais de l’univers. Ne serait-ce pas ainsi que Dieu les verrait s’il voyait toutes choses par le moyen d’un organe sensible comme nous ? Le ciel astral n’est-il pas alors le signe du ciel divin, et le nouveau soleil qui accompagne le solstice d’hiver, le signe du soleil de justice, la lumière éternelle qu’est Jésus-Christ ?

Il ressort de ces enquêtes que ni l’origine ni la permanence, ni, non plus, la perfection de l’image de Notre Dame de Guadalupe ne sont explicables naturellement. N’est-ce pas la définition du miracle ? On peut alors considérer que l’image laissée sur la tilma authentifie le message, en substance, de « la noble et belle dame » aux habitants du pays : « Je suis la Mère de Dieu et vous êtes mes enfants. Priez-moi et je vous protégerai et vous garderai à Jésus-Christ, qui est Dieu et vous aime. »

Docteur en philosophie, Vincent-Marie Thomas est prêtre.


Au-delà des raisons d'y croire :

Le nombre d’or, mesure de la perfection géométrique, a été découvert par Euclide au troisième siècle avant l’ère chrétienne. Dans un rectangle dont la longueur est L et la largeur l, il se définit par la formule suivante : L/l = (L+l)/L. Ainsi, le nombre d’or est obtenu quand le quotient de la longueur par la largeur équivaut au quotient de la somme des deux par la longueur. Les proportions géométriques observables dans la nature, dont l’harmonie est remarquable, correspondent à celle du nombre d’or. Cette proportion est aussi nommée « proportion divine » parce qu’elle n’est pas explicable rationnellement et semble être le fait de la main de Dieu. Imitant la nature selon sa définition classique, l’art modèle ses créations sur cette proportion. Un astronome dont nous avons déjà cité le nom, Juan Homero Hernández Illescas, a constaté que l’image de la Vierge de Guadalupe est parfaitement équilibrée parce que composée selon la proportion dorée. Cette propriété n’insinue-t-elle pas, elle aussi, son origine divine ?


Aller plus loin :

David Caron Olivares et Jean-Pierre Rousselle, Notre-Dame de Guadalupe. L’image face à l’histoire et à la science, Plouisy, Éditions Rassemblement à son image, 2014, 264 p., ici p. 183-236.


En savoir plus :

  • Eduardo Chávez Sánchez, La Virgen de Guadalupe y Juan Diego en las informaciones jurídicas de 1666, Eduardo Chávez Sánchez, 2002, 552 p., ici p. 487-508.
  • Jean Mathiot et Jean-Pierre Rousselle, Guadalupe : La Dame du Ciel. Deux prodiges : le Récit – l’Image, Pierre Téqui, 2005, 132 p., ici p. 129-151.
  • Fernando Oleja Llanes, Música en la imagen de Guadalupe, México, Instituto Superior de Estudios Guadalupanos (ISEG), 2010.
  • Miguel Sánchez, Imagen de la Virgen Maria Madre de Dios de Guadalupe, milagrosamente aparecida en la ciudad de Mexico, Mexico, Viuda de B. Calderon, 1648, 192 p.
  • Fidel González Fernández, Guadalupe : pulso y corazón de un pueblo : El Acontecimiento Guadalupano, cimiento de la fe y de la cultura americana, Encuentro, avril 2005, 552 p., ici au chapitre VI : « La tilma de Juan Diego », p. 143-185.
  • Fidel González Fernández, Eduardo Chávez Sánchez et José Luis Guerrero Rosado, El encuentro de la Virgen de Guadalupe y Juan Diego, Libreria De Porrua Hermanos Y, 2001, 608 p.
  • Juan Homero Hernández Illescas, La Virgen de Guadalupe y la proporción dorada, Centro de Estudos Guadalupanos, 1999, 92 p.
  • Mario Rojas Sanchez et Juan Homero Hernández Illescas, Las estrellas del manto de la Virgen de Guadalupe, Francisco Mendez Oteo éd., 1970.
  • Torcuato Luca de Tena Brunet, « Une peinture scientifiquement inexplicable : l’image de la Vierge de Guadalupe », L’homme nouveau, 16 mai 1982.
  • José Aste Tönsmann, Mensaje de sus Ojos, México, Instituto Superior de Estudios Guadalupanos (ISEG), 2011. François Brune présente les conclusions de ce livre dans Le dernier miracle de la Vierge du Mexique, JMG éditions, coll. « Mutation », 2021, 202 p.
  • « Notre-Dame de Guadalupe, la sainte patronne des Amériques honorée au Vatican », Vatican News, 11 décembre 2018 (lire en ligne).
  • L’Instituto Superior de Estudios Guadalupanos (ISEG) possède un site Internet.
  • « Juan Diego, le messager de Notre-Dame de Guadalupe », dessin animé couleur de 30 minutes sur DVD. Éditeur : NS video, collection « Saints et héros », n° 11.
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