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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les visionnaires
n°336

Syrie et Liban

XXe et XXIe siècles

Mariette Kerbage, la voyante d’Alep

Mariette Kerbage est une modeste couturière d’Alep. Se sentant dégradée par les péchés qu’elle commet, cela fait treize ans qu’elle ne communie plus. Mais, fin mai 1982, un ange lui apparaît et lui montre par métaphore comment agit la miséricorde divine. Mariette en comprend toute la force et le caractère extraordinaire. Mariette reçoit ensuite plusieurs autres visions, de la Vierge Marie et de Jésus, grâce auxquelles elle réalise qu’après la miséricorde reçue durant une confession sincère, la communion est une véritable régénération de l’esprit et du corps, grâce à la présence du Christ dans l’hostie.

Entrée du couvent de la Sainte Eucharistie à Braij (Byblos, Liban) / © J-C Antakli
Entrée du couvent de la Sainte Eucharistie à Braij (Byblos, Liban) / © J-C Antakli

Les raisons d'y croire :

  • Mariette Kerbage est toujours vivante aujourd’hui et des faits extraordinaires continuent de se produire dans sa vie. Tout ce qui est rapporté dans cet article peut donc être confirmé par plusieurs témoins.
  • Différentes personnes ont successivement pris la charge de suivre de près et de prendre note des événements surnaturels qui entourent Mariette. Aucune de ces personnes n’est arrivée à la conclusion d’une fraude.
  • Le caractère de Mariette argumente en faveur de la véracité des propos qu’elle rapporte. C’est une personne discrète et simple. Bien loin de chercher l’attention ou la gloire, elle refuse l’attention des médias et choisit une vie monastique enfouie et tournée vers Jésus dans le saint sacrement.
  • Le changement brusque d’attitude après les visions de 1982 confirme qu’il s’est bien passé quelque chose de majeur. Mariette se consacre ensuite entièrement et durablement à la prière et au service d’autrui, sans qu’aucune autre manifestation n’ait lieu durant quatre ans.
  • Sa relation véritable avec Jésus l’amène à choisir la vie consacrée, à prononcer des vœux perpétuels et à entrer au couvent : « Le Christ m’a happée et mon amour pour lui s’est intensifié. »

  • Un « délire mystique » ne provoquerait pas un changement si durable dans le comportement de Mariette et il est peu probable que des visions pathologiques aient pu véhiculer un contenu doctrinal si parfait. Hormis la couture, Mariette n’a fait aucune étude et absolument pas de théologie. Sa scolarité s’est arrêtée en cinquième.

Synthèse :

J’ai rencontré Mariette Kerbage à Alep (Syrie), en 1988, à la demande du père Elias Zahlaoui, le directeur spirituel de Myrna. Il avait été frappé par la concomitance des événements survenus chez elle, à Soufanieh, en 1982, six mois avant ceux de Damas, et pensait qu’il y avait une évidente continuité, même si ces deux jeunes femmes ne s’étaient jamais rencontrées. En la voyant, j’ai tout de suite pensé à cette remarque du très célèbre mariologue père Laurentin : « Le Seigneur pénètre et accomplit de l’intérieur les qualités naturelles de celui ou celle qu’il a choisi pour réaliser ses œuvres. » Car la jeune femme que j’avais devant moi, sans embarras, d’un naturel surprenant, respirait la simplicité.

Mariette est issue d’une famille très modeste, discrète et laborieuse, originaire de Tripoli, au Liban. Née en 1946, elle accepte d’épouser à vingt-quatre ans un jeune syrien, alors qu’elle envisageait de se consacrer à la vie religieuse. Au bout de six ans de vie conjugale, son mari la quitte brusquement pour chercher fortune au Venezuela, la laissant seule avec pour bagages son certificat d’études et son métier de couturière. S’ensuit alors une traversée du désert. Le 27 mai 1982, pendant le mois de Marie, après une confession sincère, l’archange saint Michel lui apparaît. Il lui montre comment agit la Miséricorde divine. L’ange devant elle, creuse une fosse, et il lui explique : « Les péchés sont comme ces deux poignées de terre dans les mains de celui qui se repent.» Il les déposa au fond d’un trou, les recouvrit de terre puis d’asphalte. « Penses-tu, lui dit-il, que ce que j’ai enfoui, puisse ressortir ?
- Bien sûr que non
,
réplique Mariette !
- Il en est de même pour tes péchés. Quand Dieu pardonne Il n’y pense plus jamais, c’est cela Sa Miséricorde».

Troublée, en attente, Mariette prie la Vierge de lui venir en aide et elle entend en songe : « Mariette, prie, prie, sois sans crainte, tu vas me voir avec toi. » Depuis, Mariette se consacre à la prière et au service d’autrui.

Ce n’est qu’en 1986, que les manifestations reprennent. Elle est saisie de grâces : apparitions, locutions, extases suivies de messages, écoulements d’huile d’images de la Vierge à l’Enfant ou de statues... Curieusement, elle aurait pu être emportée ou déstabilisée par ces manifestations, mais sa retenue et sa discrétion surprennent et déconcertent. Rien ou si peu ne filtrera de son petit logement dans le quartier pauvre de Sléimanié, à Alep. Pendant quinze ans, le Seigneur et sa sainte Mère vont partager avec elle et le père Mani, un saint prêtre, cette œuvre discrète et prophétique. Son obéissance et son humilité sont totales et elle fait sienne la devise de son père spirituel : « Pour aimer Dieu, il faut commencer par se faire aimer. Pour se faire aimer, il faut commencer par aimer. Aimez ! Vous serez aimé et vous ferez aimer Dieu. »

En 1990, elle devient laïque consacrée et effectue des retraites de jeûnes et de pénitence. La Vierge lui demande de la représenter en « Vierge de l’Annonciation ». En regardant et comparant les innombrables portraits de Marie, elle retiendra celui qui ressemble le plus à celle qui la visite dans sa chambre, qu’elle a transformée en chapelle. Un artiste peintre local le reproduira et des milliers d’images seront gratuitement distribuées.

Elle abandonne son métier de couturière et s’initie à la vie monastique. À partir de là, dira-t-elle, « le Christ m’a happée et mon amour pour lui s’est intensifié. » La Vierge la pousse à aller à Braij au Liban, pour un trimestre de retraite au sein d’une communauté appartenant à la congrégation de Marie Porte-du-Ciel, au Canada. Puis elle part pour deux retraites de cent jours dans un couvent isolé au Maroc. Les fruits de cette vie contemplative approfondissent sa relation avec le Seigneur, auquel elle s’abandonne totalement. Elle avoue mesurer combien elle a changé « à l’aune de sa joie » car, dit-elle, « quiconque s’approche de lui et vient dans sa demeure est accueilli dans sa miséricorde ». Par obéissance à Jésus et à Marie, et à la suite du décès de la mère supérieure du couvent de Braij, elle accepte alors humblement une nouvelle mission, quitte Alep et s’installe à mi-chemin entre Byblos et Annaya, où le grand saint Charbel l’a conduite, à la demande du Seigneur.

Au pays des Cèdres elle sera aussi discrète qu’à Alep, religieuse au milieu de ses sœurs, refusant toute sollicitation des médias, « servante de la Sainte Eucharistie ». Parallèlement, sans bruit, consciencieux et intègre, le père Mani a recueilli et rassemblé tous les événements qu’il a consignés et partagés avec des théologiens européens, préparant un témoignage dense et sobre des grâces que le Seigneur continue à envoyer en Terre sainte.

Cette vie contemplative, toute entière tournée vers l’adoration, amène Mariette à voir chaque jour le Christ au moment de l’adoration du saint sacrement. Il la conduit à l’essentiel, vers ce monde intérieur qu’elle n’en finit pas de découvrir, et qu’elle veut maintenant faire partager. Elle s’en ouvre au Seigneur et, au mois de mai 2002, un vaste chantier s’ouvre à Braij, sous l’égide de celui qui peut tout. Sous la main de Jésus, Mariette peint des icônes, environ mille toiles par an, pour qu’il se révèle aux autres, comme il s’est révélé à elle, qui a le bonheur quotidien de le rencontrer. Une œuvre donc d’évangélisation, pour la glorification de l’Église, à travers la vie du Seigneur, celle de sa Sainte Mère et celle de l’Esprit Saint. Au dire du père Mani, qui va devenir peu après l’aumônier de la communauté, c’est la première fois dans l’Église – à sa connaissance, ajoute-t-il avec humilité – que le Seigneur s’exprime en peinture, par écrit et en volumes.

Il ne s’agit pas d’images acheiropoïètes (non faites de mains d’homme), miraculeuses à la fois par leur origine mystérieuse et par les miracles qu’on leur attribue. Dans sa disponibilité, son obéissance absolue dans le choix, le déplacement et la conservation de ces toiles, qui pour elles n’ont rien de terrestre ni d’humain, Mariette fait sienne l’explication de Jean Damascène : « Dans l’icône, on ne vénère pas la matière mais le Créateur qui s’est fait lui-même matière pour nous. » Aucune figuration de l’invisible, mais bien de « celui qui s’est rendu visible », afin que nous puissions accéder à la connaissance par une fine intuition, l’image étant à la vue ce que la parole est à l’ouïe.

Son itinéraire, la multiplicité des icônes et leur signification sont, par leur immensité, comparables à l’œuvre de Maria Valtorta. Leur histoire s’inscrit véritablement dans un plan particulier de Dieu envers toute notre humanité.

En 2013, Mariette perd ses deux directeurs spirituels (le père Mani et le père Jules) au moment où sa communauté, composée de six religieuses, est prête à prononcer avec elle les vœux perpétuels, au cours d’une cérémonie présidée par l’évêque catholique-melkite, S.Em. Mgr Salim Kirilos Boutros.

Depuis lors, les événements se poursuivent dans la plus grande discrétion, et c’est seulement le bouche-à-oreille qui amène les pèlerins au couvent. L’accueil y est toujours chaleureux, même si Mariette se retire de plus en plus dans la prière et l’adoration. Elle vit avec ses sœurs dans le projet que Dieu a pour elles, sans questionnement, selon sa sainte volonté. Sous la dictée du Christ, elle tient un cahier avec de nombreuses pages à l’écriture soignée, sans ratures, chapitre par chapitre, dans un arabe littérairement parfait. Elle, la petite ignorante qui a pour seul bagage un certificat d’études... Elle tient aussi un cahier de mathématiques – « d’architecte », pourrait-on dire –, avec des côtes, des longueurs, des hauteurs et des fonctions, des colonnes aux traits tirés à la règle et noircies de chiffres, avec ou sans échelles. À partir de plans, seule dans le silence de la nuit, elle fabrique des maquettes avec ses doigts qui ne lui appartiennent plus, qui ne sont que le prolongement de la volonté du Seigneur : joie, douceur, tendresse, obéissance, prière, adoration, silence, paix et confiance…

« Quand vous priez,dit Mariette, soyez les fils de la réconciliation et demandez la sagesse. » Au cœur d’un monde qui a failli sombrer dans l’abîme des ténèbres de l’horreur en Syrie, Mariette n’a jamais douté, partageant la souffrance et l’agonie de son peuple. Le 1er août 2014, à 8 heures du matin, Jésus lui annonce la fin de la guerre. Elle n’a jamais rien demandé, elle reçoit seulement. Elle dit avec simplicité : « Le Seigneur m’appelle quand il veut et, quelle que soit la tâche que je suis en train d’accomplir, j’arrête tout. Je suis son instrument. Depuis tant d’années, je n’ai fait que sa volonté. »

Son dernier conseiller spirituel, le père Adel Theodore Khoury, a repris dans la plus grande discrétion le travail du père Mani et s’occupe de rassembler l’ensemble des messages reçus depuis 1982. Quinze tomes sont déjà prêts chez les pères paulistes de Jounié, au Liban, en langue arabe.« Tu penses bien qu’avec mon niveau scolaire, ce n’est pas moi qui ai écrit cela ! », me dit Mariette avec un humour décapant. « Fatiguée, Mariette ? » Elle revient vers moi : « Jean-Claude, celui qui aime ne se fatigue pas et ne fatigue pas les autres ! » (Saint Jean de la Croix).

Jean-Claude et Geneviève Antakli, écrivains et biologistes.


Au-delà des raisons d'y croire :

Depuis 2 000 ans, le Seigneur, respectant sa promesse, n’a cessé de nous parler : « Je serai avec vous jusqu’à la fin des temps » (Mt 28,20), ou « Quand vous serez réunis en mon nom, je serai au milieu de vous » (Mt 18,20). Il nous parle, parfois dans l’urgence ; il nous envoie des signes, des avertissements et des messages qui ne complètent pas l’Évangile, mais le confirment à nos oreilles de sourds en le réactualisant. Dans notre manque de foi, ces attentions sensibles renouvellent sa présence et son amour. Dieu envoie ainsi son Fils ou Notre Dame, ses saints ou ses anges, pour nous redire ce que nous avons oublié, pour nous réveiller quand le péril menace. Dans un temps apostolique, dira saint Thomas d’Aquin, tous ces phénomènes concernent moins la foi que l’espérance, celle qui brille comme une étoile dans notre nuit, celle qui est« une vertu surnaturelle par laquelle nous attendons de Dieu avec confiance, sa grâce en ce monde et la gloire éternelle dans l’autre » (Péguy).

Les apparitions peuvent apparaître ambiguës pour plusieurs raisons : les voyants sont le plus souvent des personnes simples, des enfants, en tout cas des messagers dociles qui s’abandonnent à la volonté de Dieu. Il semble, le plus souvent d’ailleurs, que le message s’adapte au messager, qui lui-même reçoit « à sa mesure ». Mais il arrive parfois que le contenu échappe à la connaissance de celui ou de celle appelé à le transmettre. À Lourdes, Bernadette Soubirous, de crainte de l’oublier, répète continuellement le nom que la Dame lui a demandé de transmettre à son curé : « Je suis l’Immaculée Conception» À Damas, lors de la première extase, Myrna reçoit une prière : « Annoncez mon Fils, l’Emmanuel ! » « Qui est cet Emmanuel que je dois annoncer ? », demande-t-elle à son père spirituel, le père Elias Zahlaoui. On voit bien que les messages sont adaptés à une époque, à un pays, à une urgence. Ils sont parfois comminatoires, prémonitoires, ils demandent, ils exhortent.

Les apparitions s’expriment aussi dans la langue de celui ou de celle appelé à les recevoir. La Vierge Marie parle en allemand, en espagnol, en français, en patois et, récemment, pour la première fois, en arabe. La théologie aujourd’hui se méfie de ce surnaturel sensible, car la nature même de la foi est la conviction de ce que l’on ne voit pas, et les révélations privées apparaissent parfois comme des épiphénomènes dangereux, à rejeter comme des tentations. La position de l’Église est donc : mieux vaut se tromper par excès de sévérité que par excès d’indulgence.

L’Ancien et le Nouveau Testament nous ont pourtant familiarisés avec ces événements : d’Abraham aux Actes des Apôtres, les révélations privées (rêves, voix, songes, guérisons, extases, miracles, écoulements d’huiles, de larmes et de sang…) sont attestées tout au long de la Bible, qui ne se dispense pas, elle non plus, d’inviter à la prudence et au discernement à l’égard des faux prophètes et même des fausses visions, tout en dénonçant le rejet systématique du prophétisme, qui aboutit à tarir la communication entre Dieu et son peuple. C’est pour éviter ces déséquilibres qu’il importe de bien percevoir non seulement la valeur, mais aussi les limites de ce surnaturel extraordinaire d’hier et d’aujourd’hui.


Aller plus loin :

Geneviève et Jean-Claude Antakli, Dieu existe. Ses merveilles étincellent sous nos yeux, Éditions du Parvis, 2020.


En savoir plus :

  • Jean-Claude Antakli, Itinéraire d’un chrétien d’Orient, 5e édition, Le Parvis, 2023.
  • Consultez également les autres articles 1000 raisons de croire sur Mariette Kerbage (à paraître).
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