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Les saints
n°57

Milan

XVIe siècle

Saint Antoine-Marie Zaccaria, médecin des corps et des âmes

Dès la fin de ses études de médecine, Antoine-Marie Zaccaria, originaire de Crémone, près de Milan (Italie), choisit de soigner aussi les âmes. Devenu prêtre, il fonde la congrégation des Clercs réguliers de Saint-Paul, qui seront ensuite appelés Barnabites. Il popularise notamment l’adoration du Saint Sacrement auprès des laïcs. Ses trente-sept années de vie sont jalonnées de faits inexpliqués, dûment documentés.

Saint Antoine-Marie Zaccaria / © CC BY-SA 3.0/Barnabitefather
Saint Antoine-Marie Zaccaria / © CC BY-SA 3.0/Barnabitefather

Les raisons d'y croire :

  • Il est certain que rien ici-bas n’engageait Antoine-Marie Zaccaria, médecin installé et sans problèmes matériels, dans la voie du sacerdoce.
  • Les miracles et prédictions de cet homme, comme l’annonce de la date de la mort de sa mère et la sienne, défient l’entendement.
  • On peut citer en particulier le phénomène qui s’est déroulé peu après l’ordination d’Antoine-Marie en 1528. Il désire célébrer sa première messe seul, mais sa réputation attire une foule considérable au pied de l’autel où il officie. Toute l’assistance, présente sans qu’Antoine-Marie ne le souhaite, témoigne d’une clarté éblouissante qui enveloppe l’autel et le prêtre au moment de la consécration et d’une multitude d’anges formant un cercle autour de l’hostie.
  • L’obéissance d’Antoine-Marie vis-à-vis de Rome, comme celle des Barnabites, prouve une profonde humilité que rien n’est parvenu à mettre à mal.
  • Dans son projet d’évangéliser tous les états de vie, le saint fait preuve d’un discernement spirituel hors du commun, préfigurant les perspectives contemporaines du magistère.
  • Son amour de l’Eucharistie est le signe surnaturel de la rencontre entre la tradition évangélique la mieux affirmée et le renouveau théologique apporté par le concile Vatican II.
  • Dès sa mort, le 5 juillet 1539, un culte public commence à lui être rendu. Vingt-sept années plus tard, sa dépouille est découverte totalement intacte. Elle repose actuellement à l’église San Barnaba (Milan).

Synthèse :

Antoine-Marie Zaccaria naît à Crémone (Italie, Lombardie, duché de Milan) en 1502, dans une famille aimante et pieuse. Quelques mois après sa naissance, son père Lazare meurt de manière inattendue. Sa femme, Antoinette Pescaroli, âgée de 18 ans, n’a pas besoin de travailler pour subvenir à ses besoins et à ceux de son petit garçon. Plusieurs hommes désirent l’épouser. Elle préfère plus que tout être une mère aimante et décide de rester seule pour élever son fils.

Elle lui transmet une foi à toute épreuve et un amour immodéré pour les pauvres. Aimant la prière et la liturgie, le jeune garçon fait la rencontre de nombreux pauvres de la ville auprès desquels Antoinette apporte une aide continue. Antoine-Marie assiste aux offices religieux sans montrer d’impatience ou de signes de fatigue. Il devient servant de messe et installe un petit autel qu’il décore à son goût dans un coin de la maison maternelle. Le domestique de la famille se prête parfois à un jeu consistant à écouter le garçon qui imite les paroles et les gestes du curé de la paroisse.

L’intelligence de l’enfant ravit son entourage. À 18 ans, il décide, en accord avec sa mère, d’entreprendre des études de médecine. Il quitte alors Crémone pour rejoindre Pavie, où il suit des cours de philosophie, puis se rend à Padoue, où il s’inscrit à l’illustre faculté de médecine. Devenu étudiant, Antoine-Marie intrigue ses camarades par la vie qu’il mène : messe quotidienne, études, ascèse, confessions, frugalité… Elle lui attire des moqueries. On le surnomme le « dévot ». Mais au bout de quelques mois, sans jamais user de propos autoritaires, Antoine-Marie est parvenu à convertir ses amis, y compris les plus récalcitrants.

En 1524, il est docteur en médecine. Il retourne alors dans sa ville natale où il commence à exercer. Les témoignages que nous possédons sur sa pratique de jeune médecin montrent tous qu’il est doux, prévenant, attentif aux souffrances d’autrui. Certains le voient passer de longs moments auprès des démunis et leur prodiguer des soins gratuitement.

Son confesseur, un prêtre dominicain, se rend compte que le jeune médecin aspire à autre chose. « Ce n’est plus à guérir les corps que Dieu vous appelle, lui dit-il un jour, c’est au salut des âmes que vous devez travailler. » Antoine-Marie réfléchit, prie puis reconnaît en lui cet appel de Dieu. Il fait alors l’acquisition de livres de théologie, d’exégèse et de patristique. Travaillant ces matières tard dans la nuit, et poursuivant son activité médicale le jour, il trouve encore le temps de séjourner de longs moments à l’hôpital de Crémone pour aider les malades, de rassembler des enfants abandonnés pour leur faire le catéchisme, de réunir les jeunes nobles de la ville dans l’église Saint-Vital pour leur parler d’un sujet spirituel, etc. Son entourage ne comprend pas comment il trouve le temps et l’énergie d’accomplir tant de choses et pourquoi sa santé ne vacille pas.

Il est ordonné en 1528. Il désire célébrer sa première messe dans le recueillement, seul. Mais dès cette époque, sa renommée attire bien des curieux. Aussi, de nombreux témoins se retrouvent autour de lui le jour venu. Au moment de la consécration, une lumière éclatante enveloppe subitement l’autel et le futur saint. Au milieu de cette clarté, une « multitude d’anges » forment un cercle autour de l’hostie qui vient d’être consacrée. Tous s’inclinent respectueusement et demeurent dans une attitude d’adoration jusqu’à la fin de la communion.

Ce miracle, constaté par plusieurs dizaines de témoins et parfaitement cohérent avec l’enseignement doctrinal de l’Église, fait d’Antoine-Marie une personnalité parmi les plus célèbres de Crémone : une popularité qu’il n’a jamais recherchée et qui lui vaut à présent les surnoms d’« ange de Dieu » ou d’« homme angélique ». De fait, le zèle d’Antoine-Marie est inexplicable en termes humains : messes, liturgie des heures, catéchisme, multiples prédications et conférences à la paroisse Saint-Vital, soins aux pauvres et aux prisonniers de Crémone… Ses journées et ses nuits ne lui laissent guère de repos mais jamais il ne se dit fatigué. Son cœur, pense-t-on, est devenu « l’asile de la compassion », comme sa maison est désormais le « refuge des pauvres ».

À la fin de l’année 1530, il se rend à Milan, où ses prédications connaissent un engouement semblable. Il y fait la rencontre de deux jeunes aristocrates, Barthélemy Ferrari et Jacques Morigia, et les invite à le rejoindre dans sa démarche d’évangélisation. Deux prêtres milanais se joignent bientôt à eux : c’est le noyau originel de ce qui allait devenir la congrégation des Clercs réguliers de Saint-Paul (désignés plus tard sous le nom de Barnabites).

Sous la direction d’Antoine-Marie, le petit groupe arpente les quartiers de la cité milanaise pour exercer la charité, convertir les âmes et pourvoir aux besoins des nécessiteux. Édifiés par leur exemple, quelques habitants demandent à rejoindre le groupe. Face à ce succès, le saint met au point une règle de vie pour les membres et contacte Rome pour obtenir son aval. Un bref du pape Clément VII, daté du 18 février 1533, reconnaît l’existence de la nouvelle congrégation dont le but est de ramener à Dieu non seulement les pauvres mais toutes les catégories sociales et tous les états de vie (clercs et laïcs), en privilégiant la dévotion eucharistique et l’enseignement de saint Paul.

À cet effet, le saint débute des cycles de conférences spirituelles pour les prêtres dont il s’occupe personnellement. Pour les laïcs, il fonde la Congrégation des mariés dont les objectifs sont en priorité le retour, ou l’intensification, de la pratique religieuse conjointement à la charité envers les pauvres. Enfin, il institue en 1534 une branche féminine : les Sœurs angéliques de Saint-Paul, à qui il confie l’éducation et les soins des jeunes filles pauvres. Ces moniales sont approuvées à leur tour par le pape Paul III, le 15 janvier 1535. Saint Charles Borromée, archevêque de Milan, fixe définitivement leurs constitutions.

Ces réalisations ne doivent pas dissimuler ce qui constitue l’essentiel pour Antoine-Marie : Jésus. Préoccupé par l’ignorance et le manque de respect pour le Saint Sacrement, il établit dans l’église Sainte-Catherine de Milan une nouvelle dévotion bientôt étendue à toutes les paroisses de la ville puis au monde catholique : l’exposition du Saint Sacrement pendant quarante heures, en écho à la durée pendant laquelle Jésus est resté enseveli au tombeau. C’est un succès dès la fin de 1534.

Mais des clercs jaloux et mal intentionnés dénoncent les pratiques de la nouvelle congrégation à l’archevêque de Milan et à Rome, accusant le saint d’introduire dans l’Église des innovations douteuses et d’être fou et hypocrite. Le saint réunit ses religieux et leur dit : « Nous sommes insensés pour l’amour de Jésus-Christ, disait saint Paul, notre guide et notre maître. Il n’y a donc pas lieu de nous étonner et de craindre, si maintenant nous sommes en butte à divers pièges du démon ou aux calomnies des méchants. Le disciple n’est pas au-dessus du maître […]. Loin de haïr ceux qui nous persécutent, nous devons plutôt les plaindre, les aimer, prier pour eux, ne pas nous laisser vaincre par le mal, mais vaincre le mal par le bien. »

Antoine-Marie demande peu après la confirmation de son ordre au pape Paul III. La réponse de celui-ci est sans appel : sa bulle du 24 juillet 1535 renouvelle l’approbation donnée par son prédécesseur et place les Clercs réguliers de Saint-Paul sous l’autorité directe du Saint-Siège. En 1537, la congrégation s’implante à Vicence (Italie, Vénétie) à la demande des autorités diocésaines. C’est la première expansion des Barnabites.

Les témoins de l’époque rapportent nombre de faits remarquables ou miraculeux. Un jour, Antoine-Marie croise un groupe de jeunes gens bruyants, sans doute ivres, prenant à partie les passants. Il s’approche du plus âgé d’entre eux, le regarde et trace sur son front un signe de croix sans que celui-ci ait le temps de dire quoi que ce soit. Quelques jours après, l’inconnu demande son admission chez les Barnabites.

Une autre fois, lors d’un séjour à Guastalla, près de Milan, le fondateur se promène sur les rives du Pô où il aperçoit un adolescent venir vers lui. Il le salue et lui dit en fixant son regard : « Je voudrais, mon fils, vous voir songer au salut de votre âme. Rien n’est plus fragile que la vie humaine. Mon cœur me dit que Dieu vous appellera à lui beaucoup plus tôt que vous ne pensez. » Le jeune homme, en parfaite santé, ne comprend rien à de telles paroles. Mais, frappé de l’extraordinaire charisme du saint, il s’agenouille à ses pieds et lui avoue ses péchés avec un « sincère repentir ». Le lendemain, le garçon périt dans un accident.

Âgé de 37 ans, Antoine-Marie est épuisé par tant d’activités. Prédisant sa fin prochaine, il demande à ses frères : « Conduisez-moi à Crémone. Avant la fin de l’octave des saints apôtres, je dois quitter ce monde, et je veux remettre mon âme à mon Créateur là même où j’ai reçu la vie. » Parvenu dans sa ville natale, il prédit la date exacte de la mort de sa mère : « Ah ! Ma bonne mère, cessez de pleurer, car bientôt vous jouirez avec moi de cette gloire éternelle où j’espère entrer maintenant. » Antoinette Zaccaria meurt en effet peu de temps après son fils.

Les témoins rapportent qu’il a reçu l’extrême onction dans un transport de joie. Quand on lui apporte le viatique, son visage prend une « expression radieuse qu’il garda jusque dans la mort ». Dieu le rappelle à lui le samedi 5 juillet 1539.

Ses funérailles sont célébrées à Crémone. Il est enseveli dans le cimetière du couvent des Sœurs de Saint-Paul. Vngt-sept ans plus tard, sa dépouille est découverte totalement intacte. Elle est alors transférée au monastère de San Paolo delle Suore Angeliche à Milan, avant d’être déplacée en 1891 à l’église San Barnaba.

Dès l’annonce de sa mort, un culte public commence à lui être rendu. Devant de telles manifestations publiques, Urbain VIII exige leur cessation en 1636. Les Barnabites se soumettent aussitôt. L’introduction de la cause est signée par Pie VII en 1807. Le 2 février 1849, Pie IX promulgue le décret d’héroïcité des vertus et, le 3 janvier 1890, son successeur Léon XIII accorde aux Barnabites la réintégration du culte de leur fondateur, ce qui équivaut à une béatification. Dès l’année suivante, la cause de canonisation est relancée.

Antoine-Marie Zaccaria est élevé sur les autels le 27 mai 1897. Le 7 décembre suivant, Léon XIII étend sa fête à l’Église universelle.

D’innombrables personnes, clercs, religieux, laïcs et même incroyants ont rendu hommage à Antoine-Marie et à son incroyable dévouement pour les plus pauvres. Au XIXe siècle, Dom Prosper Guéranger dit de lui qu’il fut, après Gaétan de Thiène mais avant Ignace de Loyola, le « père d’une famille religieuse appelée à réparer les ruines de la maison de Dieu [...],le précurseur de saint Charles Borromée ».

Patrick Sbalchiero


Au-delà des raisons d'y croire :

Même en soustrayant les multiples phénomènes inexplicables de la vie d’Antoine-Marie, l’ampleur surhumaine de sa charité continuerait d’interroger notre raison.


Aller plus loin :

P. Albert Dubois, barnabite, « Le bienheureux Antoine-Marie Zaccaria », Annuaire pontifical catholique (1898, 1899, 1901).


En savoir plus :

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