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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
La Bible
n°58

Terre sainte

VIIIe siècle av. J.-C.

La peinture ultraréaliste des tortures et douleurs du Messie par le prophète Isaïe

Après avoir évoqué la conception du Messie (Is 7,14), sa naissance (Is 9,5), sa prédication (Is 9,1), sa puissance (Is 11,1) et le sens de sa mission (Is 25,8 ; 28,16 ; 42,6), le prophète Isaïe l’a aussi annoncé comme un « Serviteur souffrant », en des termes très frappants, à partir du chapitre 42 de son livre, particulièrement au chapitre 53 : « Objet de mépris, abandonné des hommes, homme de douleur, familier de la souffrance, […]. Or, ce sont nos souffrances qu’il portait et nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous le considérions comme puni, frappé par Dieu et humilié. Il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui. Dans ses blessures, nous trouvons la guérison » (Is 53,3-5). Toutes ces prédictions ont été évidemment parfaitement accomplies dans la Passion et la Résurrection du Christ, et dans la Rédemption qu’il nous offre.

Isaïe (détail), Michel-Ange, 1509, Chapelle Sixtine, Vatican, Rome. /©  CC0/wikimedia
Isaïe (détail), Michel-Ange, 1509, Chapelle Sixtine, Vatican, Rome. /© CC0/wikimedia

Les raisons d'y croire :

  • Le fait que le texte d’Isaïe existait plusieurs siècles avant Jésus-Christ est absolument incontestable sur le plan historique.
  • Un rouleau complet du IIe siècle, avec l’intégralité des 66 chapitres, a été retrouvé en 1947 parmi les fameux manuscrits de la mer Morte. Il est exposé de manière permanente au Sanctuaire du Livre de Jérusalem.
  • Le chapitre 53 en particulier, qui prophétise l’histoire et le destin d’un « Serviteur souffrant » qui justifiera les multitudes (Is 53,11) en prenant sur lui leur péché (Is 53,12), a bouleversé tous ceux qui l’ont médité à travers les siècles.
  • La tradition juive antique a toujours vu dans ce texte une annonce du Messie souffrant (cf. Talmud, Sanhédrin 98b), même si les rabbins modernes se contorsionnent pour essayer de l’interpréter autrement.
  • Décrite dans les moindres détails, il s’agit d’une prophétie étonnante de la Passion et de la Résurrection du Christ, et d’une annonce très remarquable de la Rédemption qu’il a permise.
  • Cette prophétie, comme toutes celles qui annonçaient le Christ, est une réalité unique dans l’histoire du monde et une importante raison de croire qui s’ajoute à toutes les autres.

Synthèse :

Le portrait du « Serviteur souffrant » est brossé par le prophète Isaïe de manière très éloquente, principalement au chapitre 53 de son livre :

« Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme se complaît » (Is 42,1).
« J’ai mis sur lui mon Esprit » (Is 42,1).
« Il ne criera pas, il n’élèvera pas le ton » (Is 42,2).
« Voici que mon serviteur grandira, qu’il sera élevé, qu’il sera placé très haut » (Is 52,13).
« Devant lui, des rois resteront bouche close » (Is 52,15).
« Objet de mépris, abandonné des hommes » (Is 53,3).
« Homme de douleur, familier de la souffrance » (Is 53,3).
« Comme quelqu’un devant qui on se voile la face, méprisé, nous n’en faisions aucun cas » (Is 53,3).
« Or, ce sont nos souffrances qu’il portait et nos douleurs dont il était chargé » (Is 53,4).
« Et nous, nous le considérions comme puni, frappé par Dieu et humilié » (Is 53,4).
« Il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes » (Is 53,5).
« Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui » (Is 53,5).
« Dans ses blessures nous trouvons la guérison » (Is 53,5).
« Le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à tous » (Is 53,6).
« Maltraité, il s’humiliait, il n’ouvrait pas la bouche » (Is 53,7).
« Comme l’agneau qui se laisse mener à l’abattoir » (Is 53,7).
« Comme devant les tondeurs une brebis muette, il n’ouvrait pas la bouche » (Is 53,7).
« Par contrainte et jugement il a été saisi » (Is 53,8).
« Parmi ses contemporains, qui s’est inquiété qu’il ait été retranché de la terre des vivants ? » (Is 53,8).
« Qu’il ait été frappé pour le crime de son peuple ? » (Is 53,8).
« On lui a donné un sépulcre avec les impies et sa tombe est avec le riche » (Is 53,9).
« YHWH a voulu l’écraser par la souffrance » (Is 53,10).
« S’il offre sa vie en sacrifice expiatoire, il verra une postérité, il prolongera ses jours » (Is 53,10).
« Par lui la volonté de YHWH s’accomplira » (Is 53,10).
« À la suite de l’épreuve endurée par son âme, il verra la lumière et sera comblé » (Is 53,11).
« Par sa connaissance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes » (Is 53,11).
« Parce qu’il s’est accablé lui-même de leurs fautes » (Is 53,11).
« C’est pourquoi il aura sa part parmi les multitudes et avec les puissants il partagera le butin » (Is 53,12).
« Parce qu’il s’est livré lui-même à la mort et qu’il a été compté parmi les criminels » (Is 53,12).
« Alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les criminels » (Is 53,12). 

Le psaume 21-22 est aussi très prophétique :

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Ps 22,2).
« Tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête » (Ps 22,8).
« Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre ! Qu’il le sauve puisqu’il est son ami ! » (Ps 22,9).
« Comme l’eau je m’écoule, tous mes os se disloquent » (Ps 22,15).
« Mon palais est sec comme un tesson, ma langue colle à ma mâchoire » (Ps 22,16).
« Une bande de vauriens m’entourent » (Ps 22,17).
« Ils me percent les mains et les pieds » (Ps 22,17).
« Je peux compter tous mes os » (Ps 22,18).
« Ils partagent mes habits, tirent au sort mon vêtement » (Ps 22,19).
« Pas un de ses os ne sera brisé » (Ps 34,21).
« Même le confident qui mangeait mon pain me trahit » (Ps 41,10).
« L’insulte m’a brisé le cœur jusqu’à défaillir » (Ps 69,21).
« J’espérais la compassion, mais en vain, des consolateurs, et je n’en ai pas trouvé » (Ps 69,21).
« Quand j’avais soif, ils m’ont donné du vinaigre » (Ps 69,22).

Ce passage des écrits du livre de la Sagesse évoque aussi le juste persécuté : 

« Tendons des pièges au juste, puisqu’il nous gêne et qu’il s’oppose à notre conduite, nous reproche nos fautes contre la Loi et nous accuse de fautes contre notre éducation » (Sg 2,12).
« Il se flatte d’avoir la connaissance de Dieu et se nomme enfant du Seigneur » (Sg 2,13).
« Il est devenu un blâme pour nos pensées, sa vue même nous est à charge » (Sg 2,14).
« Car son genre de vie ne ressemble pas aux autres, et ses sentiers sont tous différents » (Sg 2,15).
« Il nous tient pour chose frelatée et s’écarte de nos chemins comme d’impuretés » (Sg 2,16).
« Il proclame heureux le sort final des justes et il se vante d’avoir Dieu pour père » (Sg 2,16).
« Voyons si ses dires sont vrais, expérimentons ce qu’il en sera de sa fin » (Sg 2,17).
« Car si le juste est fils de Dieu, il l’assistera et le délivrera des mains de ses adversaires » (Sg 2,18).
« Éprouvons-le par l’outrage et la torture afin de connaître sa douceur et de mettre à l’épreuve sa résignation » (Sg 2,19).
« Condamnons-le à une mort honteuse, puisque, d’après ses dires, il sera visité » (Sg 2,20).
« Ainsi raisonnent-ils, mais ils s’égarent, car leur malice les aveugle » (Sg 2,21).
« Ils ignorent les secrets de Dieu, ils n’espèrent pas de rémunération pour la sainteté » (Sg 2,22).
« Ils ne croient pas à la récompense des âmes pures » (Sg 2,22).
« Oui, Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il en a fait une image de sa propre nature » (Sg 2,23).
« C’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde » (Sg 2,24).
« Ils en font l’expérience, ceux qui lui appartiennent ! » (Sg 2,24). 

Dans la tradition juive, l’antique Synagogue reconnaissait bien le Messie attendu dans la figure du Serviteur souffrant. Les rabbins écrivaient par exemple : « Le Messie s’appelle le membre lépreux parce qu’il est dit : "Il a porté nos souffrances et s’est chargé de nos douleurs, et nous l’avons considéré comme puni, frappé par Dieu et humilié"(Is 53,4) » (Talmud, Sanhédrin 98b). Le Midrasch Yalkut affirme de même que le psaume 22 décrit les souffrances du Messie, ainsi que le rapporte la Dissertation sur l’invocation des saints dans la Synagogue de David-Paul Drach (DISSA, p. 33). Plus profondément, le même David-Paul Drach explique que, depuis les temps les plus reculés, la Synagogue croyait que la « cessation de la souillure ou tache originelle ne devait avoir lieu qu’à l’avènement du Messie ; ce qui veut dire que le Christ du Seigneur devait extirper ce venin (cf. le grand Yalkut-Réubêni fol. 16, col. 1) » (DISSA, p. 31-33), ajoutant : « Maintenant, pour ce qui regarde l’effet rétroactif du mérite infini des souffrances du fils de David, interrogeons les anciens (Dt 32,7), et ils nous diront (Midrasch Yalkut, seconde partie, n  359 traitant du chapitre 60 d’Isaïe) :

"Satan dit devant le Très-Saint, béni soit-il : Maître de l’univers, à qui est cette clarté qui se trouve sous ton trône glorieux ? Dieu lui répondit : À celui qui un jour te fera retourner en arrière, et couvrira ta face de confusion. Satan lui dit : Maître de l’univers, fais-le-moi voir. Dieu lui répondit : Viens et vois-le. Aussitôt qu’il le vit il fut secoué d’un grand tremblement, et il tomba sur sa face en prononçant ces mots : Certainement, ceci est le Messie qui un jour me précipitera dans la géhenne avec toutes les nations infidèles !

Alors le Très-Saint, béni soit-il, commença à faire ses conditions avec le Messie, lui disant : Ceux qui sont réfugiés auprès de toi leurs péchés te soumettront un jour à un joug de fer et te feront devenir comme un veau dont les yeux se ternissent, et ils seront cause qu’on t’oppressera l’âme par ce joug ; et par suite des péchés de ceux-ci ta langue un jour restera attachée à ton palais (Ps 22,16). Consens-tu à cela ? Alors le Messie dit devant le Très-Saint, béni soit-il : Maître de l’univers, peut-être ce tourment durera-t-il plusieurs années ? Le Très-Saint, béni soit-il, lui répondit : Par ta vie et par la vie de ta tête, j’ai prononcé sur toi une semaine (Dn 9,5). Si ton âme s’en afflige je rejette ceux que tu dois sauver dès ce moment. Et il dit devant lui, maître de l’univers, c’est avec la joie de mon cœur et avec l’allégresse de mon cœur que j’accepte tout, à condition que pas un seul d’Israël ne se perdra. Et non seulement les vivants devront être sauvés dans mes jours, mais aussi ceux qui seront déposés dans la terre. Et non seulement les morts seront sauvés dans mes jours, mais aussi tous ceux qui sont morts depuis les jours d’Abraham, le premier homme. Et non seulement ceux-ci, mais aussi les avortons seront sauvés dans mes jours. Voilà ce à quoi je consens, voilà ce que j’accepte.

Les Docteurs enseignent encore : la semaine de l’avènement du fils de David, on apportera des poutres de fer, et on les lui chargera sur le cou jusqu’à ce que sa taille se pliera en deux, et il jettera des cris et il pleurera si fort que sa voix montera jusqu’au ciel. Il dira devant Dieu : Maître de l’univers, jusqu’où y pourront tenir mes membres ? Ne suis-je pas de chair et de sang ?" »

À noter cependant que les rabbins modernes qui ont rejeté le christianisme se contorsionnent pour essayer d’interpréter autrement ces passages, ou même de les « oublier », notamment le fameux chapitre 53 du livre d’Isaïe, si éloquent.

Dans l’accomplissement chrétien, la Passion du Christ et son sens profond sont vraiment en correspondance parfaite avec tout ce qui était annoncé par les prophètes à ce sujet, dans les moindres détails (Lc 24,26).

Olivier Bonnassies


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