Recevoir les raisons de croire
< Toutes les raisons sont ici !
TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Lévitations
n°72

Grottaglie (Pouilles, Italie)

1610-1663

Rosana Battista, brûlante de l’amour du Christ

À seize ans, Rosana Battista refuse avec persistance les prétendants qui se présentent à elle pour l’épouser, et préfère entrer au monastère des Clarisses de sa ville natale, Grottaglie (Pouilles, Italie). Elle s’acclimate très vite à la vie religieuse. Les autres sœurs du couvent découvrent chez Rosana une foi profonde et des qualités de gestion très appréciables. Elles sont aussi témoins de phénomènes mystiques répétés, comme des extases, des lévitations ou des augmentations soudaines et inexpliquées de sa température corporelle, toujours durant des moments de prière. Lorsqu’elle meurt, le 25 juillet 1663, elle est considérée comme une sainte par la population environnante.

© Unsplash/Dolina Modlitwy
© Unsplash/Dolina Modlitwy

Les raisons d'y croire :

  • Devenue abbesse de son monastère, après avoir occupé divers postes à responsabilité, Rosana est tout le contraire d’une rêveuse ou d’une illuminée.
  • La stigmatisation de Rosana (plaie au côté), amplement documentée, a fait l’objet d’investigations médicales, psychologiques et théologiques.
  • Ses lévitations ont été constatées par maints témoins, tous au-dessus de tout soupçon, y compris des personnes très sceptiques, et à divers moments de son existence.
  • Le miracle le plus célèbre de Rosana n’est pas un prodige individuel mais collectif : l’obtention d’une paix impossible, devant plusieurs centaines de témoins, ce qui rend impossible toute possibilité de fraude ou d’illusion.
  • Les autorités ecclésiastiques ont toujours soutenu, aidé et protégé Rosana, malgré la prudence dont elles font preuve au XVIIe siècle sur les expériences mystiques.
  • Son corps est resté incorrompu et flexible plusieurs années après sa mort.

Synthèse :

Rosana est née à Grottaglie, dans la région d’Otrante (Italie, Pouilles), le 2 juin 1610, de Francesco Battista et Elisabetta Bonifacio. Elle est baptisée le surlendemain. Sa famille appartient à la frange cultivée de la population. L’un de ses cousins n’est autre que Giuseppe Battista, l’un des meilleurs auteurs napolitains du XVIIe siècle. Baptisée du nom de Rosa (« rose », en souvenir de la Vierge Marie), la fillette est intelligente, curieuse, et aime prendre part aux conversations des adultes. Avant tout, elle sait écouter avec patience et n’intervient jamais sans raison.

Ses parents lui donnent une instruction complète pour une fille de cette époque : italien, latin, arithmétique, poésie, grammaire, et bientôt musique et art du chant. À quinze ans, sa beauté naturelle et ses qualités relationnelles attirent quelques prétendants qui l’auraient volontiers épousée. Mais voilà plusieurs mois que Rosana est secrètement tentée par un projet de vie bien différent. Enthousiasmée par la vie de saint François d’Assise et de sainte Claire, elle veut prendre l’habit religieux, dans sa province, pour servir celui qu’elle considère comme son unique amour : Jésus-Christ. Sa volonté est telle que les protestations et les efforts successifs de ses parents et de ses amis n’y changent rien. Ce que son entourage ne perçoit pas, c’est qu’il ne s’agit pas d’un simple projet humain, mais d’un appel de Dieu.

En 1626, elle frappe à la porte du monastère Sainte-Claire de sa ville natale, Grottaglie. Connue de certaines religieuses, recommandée par son entourage, la jeune fille fait immédiatement bonne impression, et ses supérieures découvrent en elle une foi hors du commun. Elle est admise en un temps record, s’adapte merveilleusement à la communauté et aux devoirs de la vie contemplative. Le 3 décembre 1628, elle prononce ses vœux. La cérémonie est magnifique : à cette occasion, sa famille et ses amis se sont déplacés.

Peu à peu commence une nouvelle période de son existence. Reconnaissant ses capacités organisationnelles(gestion, administration, règlements…), ses sœurs lui accordent rapidement une confiance absolue. Elle est aux yeux de toutes une religieuse modèle, tant ses vertus d’obéissance et d’humilité sont immenses. Parallèlement, Dieu la gratifie de dons extraordinaires qu’elle essaye, au départ, de dissimuler le mieux qu’elle peut, demandant aux rares moniales au courant de taire les faits. Mais leur existence est rapidement connue dans la communauté, du fait de leur récurrence et de leur aspect incroyable : extases (identiques à celles de sainte Thérèse d’Ávila, par exemple), prophéties, faculté d’accomplir des miracles, etc.

Plusieurs faits ont bouleversé à tout jamais les témoins oculaires. Rosana a ainsi fait l’expérience du phénomène de l’hyperthermie ou « incendie d’amour »,connu dans les annales de la mystique chrétienne (chez Catherine de Gênes, Philippe Néri, etc.) : sans cause médicale, de façon exogène, la température corporelle de Rosana s’élevait anormalement pendant un laps de temps variable, de quelques minutes à une journée complète. Curieusement, cette élévation survient toujours très rapidement : une sorte d’embrasement subite du métabolisme pouvant entraîner des températures très supérieures à celles observées dans les cas les plus graves : jusqu’à 50 °C ! Le déclenchement du phénomène est toujours concomitant à un évènement spirituel : oraison profonde, extase, vision… Des témoins assistent parfois à une scène incroyable : se sentant littéralement « bouillante », Rosana plonge ses mains dans l’eau glacée qui, à son contact, se met à bouillir.

Un autre phénomène a rendu Rosana célèbre, bien malgré elle. À la fin des années 1630, lorsqu’elle pense à l’amour de Dieu, ou après avoir communié, elle sent que son cœur bat parfois avec une violence inexpliquée. Des sœurs lui font remarquer que son cœur émet le même son qu’un « petit tambour » ! Un jour, Rosana prend peur : elle s’aperçoit que les côtes de sa poitrine se sont soulevées, et qu’une plaie s’est formée sur le côté. Plus étrange encore : cette blessure prend la forme et l’aspect d’une rose, qui exhale un parfum suave, mais d’où le sang ne coule pas. Les religieuses veulent faire venir un médecin, mais Rosana leur dit que c’est inutile, que la plaie se fermera bientôt d’elle-même, sans laisser la moindre cicatrice et que tout ceci a une origine surnaturelle. Cette prédiction est parfaitement réalisée. Ce stigmate est réapparu plusieurs fois sans jamais causer le moindre mal à Rosana.

Parmi ces phénomènes répertoriés, les lévitations sont parfaitement réelles et dûment vérifiées. Elles se déroulent selon un scénario invariable : lors d’une extase, à la messe, dans sa cellule ou au réfectoire, ou encore dans la cuisine du couvent, Rosana est soulevée de terre pendant quelques secondes, parfois quelques minutes. La servante de Dieu ne « redescend » que par obéissance religieuse : lorsqu’un clerc lui commande de revenir à elle.

Enfin, elle a des visions mystiques d’une précision et d’une puissance inouïes. Le Seigneur lui apparaît tour à tour sous les traits de l’Enfant Jésus, du Sacré Cœur ou du « Christ aux outrages ». Une « communication » est établie entre elle et l’apparition : Jésus l’aide à réciter un office, lui porte assistance dans la cuisine pour maîtriser un début d’incendie, etc.

Un jour, tandis que les sœurs sont en train de méditer sur la vertu d’obéissance, le Christ apparaît à Rosana, à ses côtés. En sueur, essoufflé, il semble exténué. Son cœur est comme un brasier d’or. Elle lui demande timidement : « Pourquoi es-tu si fatigué ? D’où viennent ces sueurs ? — Je travaille pour ce monastère », lui répond-il. Une seconde scène succède à cette vision : à ses côtés se tient le Christ, blessé, dont les plaies semblables à des rubis, projettent une lumière rougeâtre. Rosana sent son cœur se « liquéfier » et son visage s’« enflammer » ; ce brusque changement de physionomie est constaté par les personnes présentes. Puis de l’« or » s’écoule de la plaie du côté de Jésus, et va pénétrer le cœur de Rosana qui ressent alors des « douleurs mortelles ».

En 1647, par suite d’une politique fiscale inadaptée, des soulèvements éclatent dans la région de Naples. La révolte gronde bientôt à Grottaglie, où le marasme économique inquiète la noblesse et le clergé. À l’aube du 25 juillet 1647, les habitants de la ville se soulèvent. L’émeute, provoquée par un différend entre des artisans et le domestique d’un grand aristocrate, tourne au massacre. Plusieurs nobles sont tués, et les survivants se réfugient dans l’église paroissiale. Certains sont massacrés, d’autres traînés dans les rues pour être tués.

Les sœurs, dont le monastère est situé non loin de là, ont entendu les cris et les coups de feu. Réfugiées dans l’église de leur couvent, elles prient pour que cessent ces horreurs. Mais rien ne se passe. La population viendra-t-elle les chercher à leur tour ? Avec la permission des autres sœurs, Rosana décide alors d’intervenir pour rétablir la paix et l’ordre. Mais que faire face à une foule déchaînée ? Sans attendre, Rosana s’empare d’un crucifix et, en priant, se porte à la rencontre des émeutiers. Pignatelli, un noble de la région napolitaine, décrit la scène : « [Rosana,] un crucifix à la main, se montrant soudain aux personnes agitées, les persuada du bien-fondé de la concorde, remit de l’ordre dans les cerveaux de l’anarchie, exhorta tout le monde à la paix et au calme, et tout, comme par enchantement, rentra dans l’ordre. » Seule une sainte pouvait parvenir à ce résultat, et sœur Rosana l’a fait. Plusieurs hommes laissent tomber leurs armes sur le sol, et le groupe fait demi-tour, regagnant les maisons ou quittant la cité.Toute menace a disparu. Ce miracle de paix retrouvée a été attesté trois cents à quatre cents témoins.

Élue abbesse, Rosana met en pratique une humilité inexplicable. On la voit en train de laver les ustensiles de cuisine, de balayer la cuisine et le réfectoire, d’accueillir celles et ceux frappant à la porte du monastère, de jour comme de nuit…

Après sa mort, son corps est placé dans un coffre, et déposé dans le cimetière communautaire. Une exhumation est pratiquée à la fin des années 1670. La dépouille est trouvée incorrompue et entièrement flexible. Les archives du monastère renferment le compte rendu détaillé et signé de ce phénomène.

Patrick Sbalchiero


Au-delà des raisons d'y croire :

Célèbre pour avoir vécu de nombreux phénomènes mystiques peu ordinaires, Rosana est avant tout admirée pour sa charité envers les pauvres et les déshérités.


Aller plus loin :

Site Internet (en italien) : Grottagliesitablog.


En savoir plus :

Dr Antoine Imbert-Gourbeyre, La stigmatisation, 1894, rééd., Grenoble, Éditions Jérôme Million, 1996, p. 313.

Partager cette raison

LES RAISONS DE LA SEMAINE