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Les mystiques
n°488

Naples (Campanie, Italie)

1882 – 1970

Don Dolindo fait peindre le visage du Christ, tel qu’il l’a vu

Né en 1882 à Naples, don Dolindo Ruotolo est un prêtre capucin qui, sa vie durant, a exercé une charité sans pareille en faveur des plus démunis de ses contemporains. Très recherché comme confesseur et comme conseiller spirituel, il reçoit la visite de milliers de fidèles. Dieu le gratifie de charismes extraordinaires, en particulier des dons de connaissance et de lecture des cœurs. Jésus lui apparaît et il porte les plaies de la Passion. Celui qui avait été surnommé le « saint apôtre de Naples » par Padre Pio meurt le 19 novembre 1970. Son procès de béatification est en cours et l’Église catholique l’a déjà proclamé serviteur de Dieu.

Intérieur de l'église où se trouve la tombe du Père Ruotolo Dolindo à Naples. / © Shutterstock, DyziO.
Intérieur de l'église où se trouve la tombe du Père Ruotolo Dolindo à Naples. / © Shutterstock, DyziO.

Les raisons d'y croire :

  • La catégorie sociale dans laquelle Dolindo grandit n’est guère portée sur les choses de l’esprit, et les débuts de ses études au séminaire sont compliqués : il a beaucoup de mal à apprendre et à comprendre les cours qu’il reçoit. Son intelligence est tout à coup illuminée après qu’il s’est agenouillé devant une image de Notre Dame en disant : « Ô ma douce Mère, si vous voulez que je sois prêtre, donnez-moi de l’intelligence, car vous voyez que je suis un idiot. » Alors qu’il s’était endormi subitement, il se réveille changé au point de comprendre divers points de théologie dogmatique et de philosophie sans jamais les avoir travaillés.

  • Ce prêtre, peu doué pour les études, se révèle un prédicateur hors pair, suscitant des milliers de conversions et de vocations, et un auteur fécond. Il laisse des œuvres doctrinales, ascétiques et mystiques d’une rare justesse. Ce que l’on sait moins, c’est la manière dont il écrivait : la plupart de ses textes n’ont pas été rédigés dans des conditions habituelles de travail intellectuel, mais à genoux dans sa cellule, d’une traite, après de longs moments de recueillement intense et d’extases, souvent en pleine nuit.
  • Son supérieur au séminaire lui avait prédit : « Tu seras martyr, mais de cœur, pas de sang. » Cette prophétie se réalise de manière incompréhensible. Deux ans après son ordination sacerdotale (1905), don Dolindo est victime de graves calomnies qui le conduisent jusque devant un tribunal inquisitorial. Il supporte tout ceci avec une abnégation et une patience sans faille, priant pour ses accusateurs et demeurant dans une obéissance totale aux autorités ecclésiastiques.

  • Vers onze heures et demie, le dimanche 15 septembre 1918 (fête de Notre Dame des Douleurs), le pape Benoît XV, qui a pris connaissance des accusations portées contre le serviteur de Dieu, décide d’interdire à celui-ci de prêcher et de confesser. À cet instant précis, don Dolindo prononce une homélie. Soudain, sans cause apparente, il cesse de parler, comme si quelqu’un lui en avait donné l’ordre. « Je n’arrivais pas à saisir une seule idée, explique-t-il, Jésus m’avait fermé la source de sa parole parce que, à Rome, le pape me l’avait fermée ! J’ai dit aux gens : "Je ne peux pas aller plus loin, je suis submergé par les ténèbres, je n’ai plus de mots." »

  • À l’image de Jésus, don Dolondo pardonne à celles et à ceux qui lui ont fait grand mal, à commencer par son propre père – qui le maltraitait physiquement et moralement – et par ceux qui provoquèrent ses difficultés temporaires avec la hiérarchie ecclésiastique.
  • Au cours des seize années pendant lesquelles le père Ruotolo est frappé de suspense a divinis, à cause de rumeurs mensongères dont il sera totalement innocenté, il ne montre ni rancœur, ni signe de colère, ni découragement. Le père Fenocchio, un de ses adversaires les plus virulents, finit par lui demander pardon et se convertit radicalement.
  • Ainsi la vie de Dolindo est tout entière marquée du sceau de l’Évangile : humilité permanente et totale, obéissance parfaite envers l’autorité ecclésiale, pauvreté à la suite de Jésus…
  • Au-dessus du tombeau du père Ruotolo, dans l’église San Giuseppe dei Vecchi, à Naples, on voit un beau visage du Christ, peint par une jeune artiste, Lucia Altomare La Porta, à qui don Dolindo avait demandé de figurer le visage de Jésus tel qu’il l’avait vu lui-même. S’en sentant incapable, Lucia le pria de chercher quelqu’un d’autre. De fait, les premières esquisses furent rejetées par le serviteur de Dieu, ne correspondant pas à sa vision. Il emmena alors Lucia dans une église, lui demanda de s’agenouiller et lui posa son chapelet sur la tête en disant : « Maintenant, tu ne dois plus t’inquiéter, abandonne-toi à Jésus et ce n’est plus toi qui le peindras, mais Jésus qui le fera de ses propres mains. » Peu après, Lucia rendit son travail au capucin qui s’exclama, émerveillé : « Oui, c’est lui, c’est bien Jésus. »

  • Don Dolindo n’est en rien un exalté, un déséquilibré ou un mythomane. Personne – pas même ses accusateurs en 1907 – n’a osé mettre en cause son parfait équilibre humain.
  • Parmi les nombreuses prophéties de don Dolindo, il y en a une dont la précision extraordinaire mérite d’être soulignée : en 1965, il reçoit un message de la Vierge Marie annonçant qu’un pape polonais gouvernera bientôt l’Église, comme un « nouveau Jean », et qu’il libérera les croyants de la « tyrannie communiste ». Le polonais Karol Wojtyla est élu pape en 1978 et prend le nom de Jean-Paul II.

  • Don Dolindo jouit aussi du don de lecture des âmes : souvent, ses pénitents, avant même qu’ils aient le temps d’ouvrir la bouche pour se confesser, écoutent le père énumérer leurs péchés ! Or, pour plusieurs d’entre eux, il s’agit de leur première et unique rencontre avec le serviteur de Dieu.

Synthèse :

On entend souvent dire que l’enfance des saints est merveilleuse, propice à un épanouissement humain et spirituel. Celle de don Dolindo fait exception. Né le 6 octobre 1882 à Naples, il est le cinquième des onze enfants que comptera la famille. Il est maltraité moralement et parfois physiquement par son père, Raffaele Ruotolo, ingénieur de son état, homme brutal et avare, qui lui impose le jour de son baptême le nom de « Dolindo », qui signifie « douleur ». Sa mère, Silvia Valle, est une femme pieuse mais soumise à son mari. C’est elle qui ouvre l’enfant à la vie chrétienne.

Ce n’est pas d’abord la pauvreté consentie que le petit garçon rencontre, mais la misère matérielle. Les maigres revenus du père provoquent des situations pénibles : la famille manque de vêtements, parfois de vivres… Raffaele refuse d’envoyer ses enfants à l’école, prétextant que la scolarité coûte trop cher.

En 1896, le couple se sépare et Dolindo, avec son frère Elio, est placé à l’école apostolique des Prêtres de la Mission de la via Vergini, à Naples. À la fin de 1899, il est admis au noviciat et, en mai 1901, il passe au studentat des Prêtres de la Mission, qui dure quatre ans, jusqu’en 1905. En 1903, lorsqu’il demande à aller en Chine comme missionnaire, le père visiteur de l’ordre lui répond : « Dieu vous donne ce désir de vous préparer aux souffrances et à l’apostolat. Tu seras un martyr, mais de cœur, non de sang. Reste ici et n’en parle plus. » Le 1er juin 1901, il prononce ses vœux religieux, puis, le 24 juin 1905, il est ordonné prêtre. Il a l’immense joie de célébrer sa première messe le lendemain, assisté de son frère Elio, déjà ordonné.

Il est d’abord nommé professeur de chant grégorien et professeur des clercs de l’école apostolique, à Tarente. Là, un de ses confrères se met à le détester et à le réprimander publiquement, y compris devant les étudiants. On l’accuse à tort de ne pas avoir la moindre autorité sur les jeunes et, en 1907, il est transféré à Molfetta, où il passe six mois dans une paix relative. Mais, à partir du 3 septembre 1907, le jeune prêtre est convoqué par un responsable de son ordre, le père Volpe, pour qu’il lui donne son avis sur une jeune femme nommée Serafina, prétendument douée de charismes surnaturels, au sujet de laquelle le père Volpe avait rendu un jugement positif. Cette femme séjourne à Giovinazzo, près de Molfetta, et le père Dolindo est témoin de ses extases et recueille les messages célestes qu’elle allègue. À son tour, il rend un avis positif.

Or, un point de théologie constitue l’amorce des déboires de don Dolindo : la « voyante » prétend être témoin de la « manifestation de l’Esprit Saint sous la forme d’un enfant ». De surcroît, les propos du serviteur de Dieu parviennent déformés au supérieur général de Naples – on ne sait de quelle manière –, puisque le père est accusé de défendre une hérétique se présentant comme une « incarnation de l’Esprit Saint ». Le 29 octobre 1907, don Dolindo est rappelé à Naples, où on lui ordonne de ne plus s’intéresser à ces faits extraordinaires. Puis on lui interdit de célébrer la messe. Le 4 décembre 1907, il part pour Rome afin de se soumettre au jugement du Saint-Office. Il y est entendu pendant quatre mois consécutifs. Face à ses juges, il soutient fermement son avis sur la voyante : tout ceci est vrai. On le convoque alors devant des psychiatres, qui le jugent totalement sain d’esprit. Ce n’est pas suffisant. Le 15 mai 1908, la mort dans l’âme, il est expulsé de son couvent et doit retourner chez lui.

Dès lors, tourments et peines constituent son lot quotidien. On l’exorcise, on le ramène chez un psychiatre, on l’isole… En vain, il n’en démord pas : les extases de la voyante sont réelles et il considère ses persécuteurs comme ses « bienfaiteurs ».

C’est probablement au cours de l’été 1908 que Dieu commence à le gratifier de dons extraordinaires. Il reçoit des messages divers, d’une haute tenue spirituelle et évangélique, en parfaite conformité avec la théologie de l’Église. Il a notamment des communications surnaturelles avec sainte Gemma Galgani, sa contemporaine. Le 22 décembre 1909, Jésus lui parle de l’Eucharistie.

Don Dolondo déménage bientôt à Rossano (Italie, Calabre), où il reçoit le soutien de nombreux amis, prêtres et laïcs. Des prélats, sachant la qualité de sa vie chrétienne, lui apportent aide et réconfort. Le 8 août 1910, il est enfin réhabilité, après deux ans et demi de suspension. Il est alors nommé vicaire de la paroisse de San Giuseppe dei Vecchi, à Naples, dont son frère, don Elio, est alors curé.

Pourtant, une seconde fois, en décembre 1911, le père Dolindo est convoqué à Rome par le Saint-Office, où il séjourne dans une prison de cette congrégation. Il est renvoyé à Naples en 1912, car diverses accusations pèsent sur lui. Toutes se révèlent être des calomnies graves. En attendant, ses supérieurs portent sur lui un regard négatif. Sa personnalité, ses écrits, ses locutions avec Jésus, tout est jugé très sévèrement, mais rien d’hétérodoxe ou d’immoral ne peut être trouvé chez lui.

Il est enfin réhabilité le 17 juillet 1937, après bien des années de souffrances. Il retrouve ses droits et ses prérogatives de prêtre. Faisant écho à la volonté du pape saint Pie X de replacer l’eucharistie au cœur de la vie chrétienne, il fonde une association, L’Œuvre de Dieu, qui veut promouvoir l’eucharistie pour tous les baptisés. Dans ses dernières années, il est entouré par une foule de jeunes et de personnes diverses qui viennent puiser en lui un trésor de richesses spirituelles. Il crée aussi une revue, l’Apostolat de la Presse, qui diffuse partout l’enseignement du père, y compris dans les milieux les plus éloignés de l’Évangile.

En 1960, une attaque d’apoplexie immobilise son côté gauche. Mais il n’arrête pourtant pas ses activités. Il les adapte avec un merveilleux sens des réalités. Il continue ainsi à écrire à ses filles spirituelles, aux prêtres et aux innombrables correspondants désireux de ses prières… Il naît à la vie éternelle le 19 novembre 1970, rejoignant saint Padre Pio, disparu deux ans auparavant. Il est considéré comme un phare spirituel auprès des Napolitains, et son corps repose dans l’église San Giuseppe dei Vecchi, près du tombeau de son frère Elio.

Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.


Au-delà des raisons d'y croire :

Don Dolindo Ruotolo a été le directeur spirituel de saint Padre Pio lors de son passage au couvent capucin de Pietrelcina (Pouilles, Italie). Ce saint avait une grande estime pour lui et disait aux pèlerins qui venaient le visiter : « Pourquoi venir ici si vous avez don Dolindo à Naples ? Allez vers lui, c’est un saint ! » Il disait également à son sujet : « Rien de ce qui est sorti de la plume de don Dolindo ne doit être perdu. »


Aller plus loin :

Grazia Ruotolo et Luciano Regolo, Jésus, c’est à toi d’y penser – Vie, œuvres et héritage spirituel de don Dolindo Ruotolo dans le souvenir de sa nièce, Ares, 2020.


En savoir plus :

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