La vie mystique de Conchita, épouse et mère

Synthèse :

Maria Concepcion Cabrera, surnommée Conchita, est née le 8 décembre 1862 à San Luis Potosi, une ville située au nord du Mexique, dans une famille bourgeoise. Ses parents sont profondément religieux. À l’âge de vingt-deux ans, le 8 novembre 1884, Conchita se marie avec un ami d’enfance, Francisco Armida. Le couple donne naissance à neuf enfants, dont une fille qui devient religieuse et un fils jésuite.

Concepcion se voue à l’éducation de ses enfants et aux travaux de la maison. Elle est aussi active au sein de sa paroisse et visite ses voisins pauvres ou malades. Attachée à recevoir Jésus dans l’Eucharistie, elle associe sa vie familiale à une intense recherche de Dieu. Elle consacre une bonne partie de ses nuits à l’adoration du saint sacrement. « Le soir, à la tombée de la nuit, je me rendais à l’église Saint-Jean-de-Dieu et là, tout près du tabernacle, je vidais mon cœur près de Jésus. Je lui offrais mes enfants, mon mari, les gens de la maison, lui demandant lumière et prudence pour accomplir mes devoirs », écrit-elle dans son autobiographie. Conchita développe ainsi une profonde vie spirituelle. Elle témoigne d’ailleurs qu’« être épouse et mère n’a jamais été un obstacle à [sa] vie spirituelle ».

En 1889, pendant une retraite, elle entend cette parole intérieure : « Ta mission, c’est de sauver des âmes. » À la suite de ces paroles se développe chez Conchita une maternité spirituelle généreuse envers les âmes. C’est-à-dire qu’elle s’efforce toute sa vie de transmettre la foi aux autres, développant un apostolat rayonnant. Son désir sincère est d’« apporter Jésus à tous » et de « donner [sa] vie pour le salut des âmes dans l’Église ». Par la suite, Concepcion continue d’avoir des entretiens réguliers et familiers avec le Seigneur, qui la guide dans sa mission.

Francisco, l’époux de Conchita, meurt prématurément en septembre 1901, laissant son épouse seule pour élever ses neuf enfants. La mort de son mari, après dix-sept ans de mariage et alors que leur plus jeune enfant n’a que deux ans, est une lourde épreuve. Celle-ci, comme d’autres qu’elle vivra plus tard (notamment la mort d’un de ses enfants), fait comprendre à Concepcion « la science de la Croix ». Elle prend conscience que « toutes les petites ou grandes douleurs ont déjà été vécues par Jésus sur la Croix et en lui peuvent trouver force et sens » (cardinal Becciu, homélie de la messe de béatification, 2019). Elle témoigne avoir fait l’expérience que « la souffrance dans les mains de Dieu donne toujours de bons fruits ».

En 1913, Conchita réalise un grand pèlerinage. À Rome, elle obtient l’approbation de la fondation des Missionnaires du Saint-Esprit par la congrégation des religieux et le pape saint Pie X. Cas unique dans l’histoire des fondations religieuses, Maria Concepcion est aussi l’inspiratrice de quatre autres familles religieuses, chacune ayant des caractéristiques et un objectif propres : l’Apostolat de la Croix (1895), les Religieuses de la Croix (1897), l’Alliance d’Amour (1909) et la Fraternité du Christ Prêtre (1912).

Conchita est aussi la promotrice de la consécration du Mexique à l’Esprit Saint en 1924. Entre 1927 et 1931, elle reçoit du Christ des messages sur le sacerdoce, qui sont par la suite publiés (À ceux que j’aime plus que tout. Confidences de Jésus aux prêtres, Téqui, 2009). Dans les gestes des prêtres, Conchita voit Jésus et elle prend Marie, sa mère, pour modèle : une maternité spirituelle qui se concrétise dans l’ardent désir de donner à l’Église et à Jésus des prêtres saints. Dès 1914, elle avait invité, à la demande de Jésus, à offrir chaque dimanche sa communion pour les prêtres.

Maria Concepcion Cabrera de Armida meurt à Mexico le 3 mars 1937. Elle aura vécu, de son enfance jusqu’à sa mort, dans un climat anticlérical, marqué par de vives persécutions contre l’Église catholique mexicaine, et n’aura eu de cesse de prier pour son pays : « Je demande des grâces spéciales pour ma patrie, qui est si affligée, et dans laquelle sont commis tant de péchés contre l’Église et ses pasteurs. »

Cette figure, extraordinaire dans chacun de ses aspects – épouse, mère, veuve, inspiratrice d’instituts religieux et d’initiatives apostoliques – est reconnue vénérable en 1999 et béatifiée en 2019. Sa tombe est exposée à la vénération des fidèles dans l’église San José del Altillo, à Mexico.

Au-delà des raisons d'y croire :

Conchita, sans échapper aux engagements ordinaires d’épouse et de mère – et précisément en eux – montre comment vivre une rencontre véritable avec le Christ : elle imprègne les activités quotidiennes d’un amour évangélique. Le mariage et la maternité ont été pour elle une façon de découvrir sa maternité spirituelle.

Aller plus loin :

Les ouvrages publiés à partir des écrits de Maria Concepcion Cabrera de Armida. Notamment celui du père Michel-Marie Philipon, Conchita, journal spirituel d’une mère de famille, Éditions de l’Emmanuel, 2003. Peut être partiellement consulté en ligne.

En savoir plus :

• Concepcion Cabrera de Armida, Devant l’autel, cent visites à Jésus-Hostie, Téqui, 1999.
• Concepcion Cabrera de Armida, La Vie dans l’Esprit Saint, Éditions de l’Emmanuel, 2009.
• Concepcion Cabrera de Armida, À ceux que j’aime plus que tout, Téqui, 2009.
• Concepcion Cabrera de Armida, Unir le Ciel et la terre : la souffrance qui sauve, Téqui, 2014.
• Concepcion Cabrera de Armida, L’Incarnation : source de Miséricorde, Saint-Céneré, Téqui, 2017.
• L’homélie de la messe de béatification, présidée par le cardinal Angelo Becciu, préfet de la Congrégation pour la cause des saints.
• L’article « Bienheureuse Maria Concepcion, annonciatrice d’une nouvelle Pentecôte dans l’Église catholique », qui rend compte des annonces prophétiques de Jésus à Maria Concepcion concernant la nouvelle Pentecôte de l’Église.
• Sur cette page, plusieurs extraits des écrits de Maria Concepcion concernant le sacerdoce.
• L’article en anglais « The Miracle that Led to the Beatification of Blessed Conchita ».
• Père Juan Gutieerrez Gonzalez, missionnaire du Saint-Esprit, Conchita Cabrera de Armida, Au cœur du mystère eucharistique, Éditions Pierre Téqui, 2015.
• Méditations sur l’Eucharistie de Notre-Dame de Chrétienté, à partir de la figure de bienheureuse Conchita Cabrera de Armida.
• L’article de L’Osservatore Romano, « Conchita, mère de tous les prêtres ».