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Des miracles étonnants
n°318

Naples (Italie)

Depuis 431 à nos jours

Le miracle de la liquéfaction du sang de saint Janvier

Depuis 431, le sang du martyr napolitain saint Janvier (272 – 305), recueilli pieusement par Eusebia, son ancienne nourrice, et conservé dans deux fioles de verre, gardées dans la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption de Naples, se liquéfie de façon inexpliquée trois fois l’an, lors de cérémonies liturgiques auxquelles assistent des milliers de personnes, tous témoins oculaires des faits.

Antoine Jean-Baptiste Thomas, La procession des reliques de saint Janvier en 1822, lors de l'éruption du Vésuve, 1822, château de Versailles. / © CC0/wikimedia
Antoine Jean-Baptiste Thomas, La procession des reliques de saint Janvier en 1822, lors de l'éruption du Vésuve, 1822, château de Versailles. / © CC0/wikimedia

Les raisons d'y croire :

  • Depuis 1500 (cette date n’est pas celle de l’édification de la cathédrale napolitaine, débutée en 1290, mais de sa reconstruction, après l’effondrement de 1456), environ 1 000 personnes assistent à chacune des trois cérémonies annuelles, soit 3 000 témoins l’an. En multipliant ce chiffre par le nombre d’années écoulées depuis lors, nous parvenons à un total d’au moins 1,5 million de témoins directs – chiffre qui augmente nécessairement si l’on prend en compte les années 1290-1500.
  • Il arrive que la liquéfaction ne se produise pas, alors que le cardinal-archevêque de Naples accomplit toujours les mêmes gestes et prononce les mêmes paroles depuis des siècles : il ne peut donc aucunement s’agir d’un processus purement physico-chimique.
  • La liquéfaction est un miracle, et l’absence de liquéfaction en est un autre : chaque fois que le sang n’est pas devenu liquide, Naples et sa région ont connu immanquablement de graves difficultés dans les semaines ou les mois suivants ; ainsi, par exemple, en 1528 (épidémie de peste), 1698 (éruption du Vésuve), 1767 et 1779 (nouvelles coulées de lave importantes sur les villages des alentours), 1980 (tremblement de terre tuant plus de 2 000 habitants), etc.
  • Inversement, la liquéfaction indique systématiquement que la ville ne souffrira d’aucune catastrophe et qu’elle sera protégée d’une manière inexplicable : 1497 (fin surprenante d’une épidémie de peste), 1631 (interruption brutale de l’éruption du Vésuve), 1944 (les coulées de lave envahissant plusieurs villages autour de Naples se figent littéralement), etc.
  • Parmi ces innombrables prophéties liées au miracle de la liquéfaction, citons la date de mai 1799 : les troupes de Napoléon occupent alors Naples. Signe de mauvais présage, le sang reste alors coagulé. Quelques jours plus tard, l’armée française est contrainte de quitter la ville.
  • Accumulé depuis un demi-millénaire, riche de 22 000 objets précieux (or, pierres précieuses) donnés par des fidèles italiens ou d’autres nationalités, le « Trésor » de saint Janvier témoigne de l’extraordinaire popularité du martyr, incessante et générale, quelle que soit la dynastie régnante à Naples.
  • Le sang ne coagule pas selon un processus « immuable », réglé selon un protocole scientifique strict : il peut ne devenir liquide qu’après plusieurs minutes, ou même au terme de la cérémonie ; une partie seulement du contenu des fioles peut devenir liquide tandis que l’autre moitié reste coagulée, excluant ainsi toute explication naturelle possible (le sang humain coagule en quelques secondes) ; quelquefois, la liquéfaction débute avant que les ampoules soient retirées de l’armoire, ce qui élimine également l’hypothèse d’une action naturelle par manipulation manuelle et élévation de la température des fioles.
  • En 1965, tandis que certains remettent en question l’authenticité des reliques de saint Janvier, le professeur italien Giuseppe Lambertini établit que le squelette qu’il a analysé est celui d’un homme d’environ trente-cinq ans : or le saint est mort à trente-trois ans.
  • Parmi les témoins des miracles de liquéfaction, toutes les catégories sociales sont représentées et, parmi eux, figurent de très nombreuses personnes n’ayant aucun intérêt à mentir ou à promouvoir de faux prodiges : responsables municipaux, régionaux et nationaux, ambassadeurs, capitaines d’industrie, prélats catholiques et responsables religieux divers.
  • Même des papes viennent assister à ces cérémonies : le bienheureux Pie IX en 1849, puis François en 2015, prennent part à l’une des trois cérémonies annuelles. Les pontifes romains ne se seraient jamais déplacés, surtout en public, s’ils n’avaient donné crédit à ces miracles récurrents. Or, on connaît la très grande prudence de Rome en la matière.
  • On a prétendu que le contenu des fioles aurait pu être « préparé », manipulé avant les cérémonies. C’est totalement faux. En effet, laniche liturgique conservant les deux fioles et les reliques du saint est close par deux portes en argent massif, elles-mêmes fermées par deux clés, dont l’une est gardée personnellement par l’archevêque de Naples et l’autre par un représentant des « Députés », compagnie de laïcs dont les membres sont tirés au sort pour prévenir tout abus. Hormis ces deux personnes, personne au monde ne peut ouvrir la niche.
  • Il existe de par le monde une foule de films et de reportages divers montrant le miracle en train de devenir réalité.
  • Il est possible naturellement de liquéfier du sang coagulé en cassant la fibrine (protéine fibreuse) qui emprisonne les globules sanguins, en injectant une solution alcoolisée par exemple. Mais jamais personne n’a surpris quiconque en train d’ajouter un produit dans les fioles : celles-ci sont hermétiquement closes depuis des siècles ; d’autre part, le sang dissous par un processus naturel ne peut redevenir solide, comme celui de saint Janvier ! De plus, une liquéfaction naturelle ne peut se produire qu’une seule et unique fois, contrairement aux prodiges innombrables de la cathédrale de Naples.
  • Dans les années 1980, le Comité Italien pour les Affirmations sur le Paranormal (CICAP) avança l’idée que la liquéfaction serait induite par « thixotropie » (liquéfaction de certaines substances par agitation) ; en 1981, le professeur français Henri Broch reprit une telle explication après avoir enfermé de l’huile de jojoba ou de coco dans une ampoule et tiré des conclusions similaires. Aucune de ces hypothèses n’avance la moindre explication des réalités des miracles du sang de saint Janvier : liquéfaction partielle et parfois nulle, maintien plusieurs jours durant de l’état de liquéfaction, sans aucune manipulation des fioles, etc.
  • En 1989, le professeur italien Pier Luigi Baima Bollone, directeur de l’institut de médecine légale de l’université de Turin, a définitivement établi grâce à des analyses spectrographiques que les deux fioles contiennent bien de l’hémoglobine, ce qui avait été découvert en 1898 puis en 1902 avec des moyens d’investigation moindres.
  • En 1991, trois chercheurs italiens ont annoncé avoir conçu une solution identique à celle des saintes fioles, à l’aide de produits déjà connus au Moyen Âge (carbonate de calcium, chlorure de sodium, chlorure de fer…) – liquides pouvant se solidifier par agitation. En fait, leur produit ainsi élaboré ne prouve rien : si l’on peut le faire durcir, il ne durcira qu’une fois, mais ne reviendra jamais à l’état liquide ; de surcroît, sans intervention humaine (sans secousses), rien ne se passe, ce qui est absolument différent du prodige de Naples, puisque la liquéfaction peut survenir avant même que les fioles soient extraites de leur niche.
  • En 2005, l’astrophysicienne italienne Margarita Hack a repris de telles hypothèses à son compte en déclarant que les fioles contenaient une « composition chimique à base de fer, datant du Moyen Âge, à l’état solide si on n’y touche pas, mais qui devient liquide quand on l’agite » (La Stampa) : ici encore, cette affirmation ne rend absolument pas compte des modalités très spécifiques – uniques et donc non reproductibles en laboratoire – des miracles de liquéfaction des deux fioles.

Synthèse :

Saint Janvier (21 avril 272 – 19 septembre 305) est un Napolitain catholique d’origine noble, évêque de Bénévent (actuelle Italie, Campanie), mort en martyr lors des persécutions sous l’empereur Dioclétien.

Il est arrêté en septembre 305 avec deux autres chrétiens, sur ordre de Dragonce, proconsul de Campanie, tandis qu’il rend visite à un diacre nommé Sosius. Refusant de renier sa foi, il a la tête tranchée, près de la Solfatare de Pouzzoles, au forum dit de Vulcano. Une partie de son sang est recueilli par une femme nommée Eusebia, son ancienne nourrice.

Son culte apparaît très tôt. En 431, son corps est transporté d’Agnano, où il a trouvé la mort, jusque dans les catacombes de Capodimonte de Naples, où une fresque représente la tête du saint entourée de deux cierges. Il est extrêmement probable qu’un culte lui a déjà été rendu discrètement par les chrétiens.

Le premier miracle de liquéfaction du sang a lieu au cours de l’année 431, lors de ce transfert des reliques du saint. La procession qui les transporte fait une halte sur l’actuelle place Bernini ; c’est là que le sang, porté par Eusébia, se met à « bouillonner », en présence de l’évêque de Naples.

En 512, Étienne Ier, évêque de Naples, fait bâtir une petite église en son honneur, dans laquelle sont alors transportés le crâne et les deux ampoules de sang. Au VIIe siècle, un autre lieu de culte est construit à l’endroit du martyre de saint Janvier, lui-même remplacé en 1580 par une église bien plus vaste, le « sanctuaire de saint Janvier », à la Solfatare.

Caché pour éviter les razzias des Lombards dans la région, le sang de saint Janvier est tout au long du Moyen Âge l’objet d’une dévotion populaire intense et immense. Deux cérémonies sont organisées chaque année (le 13 avril, marquant la date de translation des reliques du saint, puis le 19 septembre, jour anniversaire de son exécution), au cours desquelles le sang se liquéfie de façon inexplicable entre les mains de l’évêque de Naples (puis de son archevêque à partir du début du XIe siècle), entraînant une liesse collective exceptionnelle dans toute la cité. Saint Janvier, devenu patron protecteur de la cité napolitaine, jouit d’une popularité exceptionnelle parmi les bienheureux italiens, les croyants considérant qu’il est à l’origine de miracles spectaculaires de sauvetage et de protection des habitants comme, par exemple, des disparitions d’épidémies et des arrêts d’éruption du Vésuve.

Ces deux manifestations annuelles sont mentionnées dans le calendrier liturgique de Naples, dès l’épiscopat d’Athanase Ier (849-872).

Les trois cérémonies annuelles au cours desquelles ont lieu les miracles, telles que nous les connaissons aujourd’hui, se mettent en place parallèlement à la construction de la cathédrale de Naples, dédiée à Notre Dame de l’Assomption, dont le chantier débute en 1290, mais qui ne sera achevée qu’à la fin du XVe siècle.

Chaque 16 décembre (en référence au miracle de la fin de l’éruption du Vésuve, obtenue le 16 décembre 1631), chaque samedi précédant le premier dimanche de mai (transfert du corps du saint de Pouzzoles à Naples), et chaque 19 septembre (jour anniversaire de son martyre), l’archevêque de Naples saisit la poignée du reliquaire contenant les fioles miraculeuses pour les exposer à la vénération des fidèles.

Sans discontinuité ni refroidissement aucuns, les dynasties régnantes à Naples ont conservé le culte de saint Janvier et une grande dévotion pour le sang miraculeux. Au long de ces décennies, le « trésor » offert au saint ne cesse de grossir, prouvant la fermeté du lien unissant les Napolitains à leur saint patron. En 1527, une confrérie de douze familles (des laïcs, dont certains responsables municipaux) est créée pour garder ce trésor ; en 1679, un collier d’or serti de pierres précieuses, d’une valeur inestimable, conçu par Michele Dato, est intégré au trésor ; en 1713, une mitre en argent doré, parsemée de pierres précieuses, est faite par Matteo Treglia ; en 1931, le roi d’Italie Humbert II et son épouse, Marie-José de Belgique, font don au trésor d’un ciboire en or massif et en corail...  Au total, 22 000 cadeaux ont été offerts au trésor de saint Janvier.

Trois fois l’an, devant un édifice plein à craquer, l’archevêque de Naples célèbre d’abord une messe, à l’issue de laquelle il extrait du meuble spécial les deux fioles contenant le sang du saint, qu’il élève ensuite devant les fidèles. Si le sang se liquéfie, c’est un heureux présage ; au contraire, s’il reste solide, Naples connaîtra des difficultés dans l’année en cours. Ces prophéties ont toujours été réalisées depuis les premières ostensions des reliques.

Voltaire et les philosophes du XVIIIe siècle ont ironisé au sujet des miracles de saint Janvier et, depuis la fin du XIXe siècle, plusieurs analyses ont été réalisées, hormis l’étude du liquide contenu dans les deux ampoules, ce qui supposerait de l’extraire sans savoir ce qu’il adviendrait de lui. Pour dire les choses brièvement, aucune de ces analyses n’a tenu compte des circonstances incomparables dans lesquelles surgissent les miracles : primo, d’un point de vue prophétique et spirituel, la non-liquéfaction est un miracle annonçant à coup sûr une catastrophe (les scientifiques ne perçoivent évidemment pas dans ce phénomène de non-désagrégation du liquide un quelconque prodige) ; secundo : la liquéfaction peut intervenir à des moments improbables aux yeux de la science, soit avant même que les fioles soient sorties de leur reliquaire, soit à un moment totalement indéterminé (des heures parfois après « l’agitation » des récipients entre les mains de l’archevêque napolitain, ce qui contredit définitivement les partisans de la théorie de l’agitation manuelle des fioles comme cause de la liquéfaction), soit au terme de la cérémonie. De plus, le sang peut rester en l’état liquide des jours durant, ce qui ne s’est jamais vu dans des conditions naturelles.

Patrick Sbalchiero


Au-delà des raisons d'y croire :

Si le miracle de la liquéfaction n’avait eu lieu qu’une seule fois, ou seulement à quelques dates éparses dans l’histoire, nous pourrions légitimement nous interroger sur l’authenticité du phénomène. Mais ce prodige est attesté depuis plus de quinze siècles, non par des témoins isolés, des hommes d’Église ou des groupes restreints de croyants fervents, mais par des dizaines de milliers de personnes de toutes conditions, de tous âges et de tous niveaux socioculturels.


Aller plus loin :

  • « Janvier (saint) », Dictionnaire d’Histoire et de Géographie Ecclésiastiques, t. 26, Paris, 1997, col. 983-989.

En savoir plus :

  • Thomas Granier, « Un miracle accompli par le contact d’une effigie de saint Janvier à Naples au IXe siècle », Revue belge de Philologie et d’Histoire, 1997, 75, 4, p. 957-966.
  • Anne Mathieu, « Sang (miracles du) », dans Patrick Sbalchiero (dir.), Dictionnaire des miracles et de l’extraordinaire chrétiens, Paris, Fayard, 2002, p. 706-707.
  • M. Mitov, La Liquéfaction du « sang » de saint Janvier. Matière sensible : mousses, gels, cristaux liquides et autres miracles, Paris, Le Seuil, 2010.
  • En anglais : Francesco Paolo de Ceglia, « Thinking with the Saint : The Miracle of Saint Janarius of Naples and Science in Early Modern Europe », Early Science and Medecine, 19, 2014, p. 133-173.
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