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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les martyrs
n°345

Europe de l’Ouest

675-754

Saint Boniface sème la parole en Germanie

Homme de Dieu dès sa jeunesse, celui qui deviendra saint Boniface préfère partir apporter la parole aux peuples païens que profiter de la vie confortable de son monastère anglais. Il présente rapidement des talents pour la diplomatie politique et s’en sert pour répandre la parole dans les royaumes de l’ouest et du nord de l’Europe. Grand voyageur, il rencontre à plusieurs reprises le pape Grégoire II, qui le mandate officiellement pour convertir les païens et lui donne le nom de Boniface. Il se heurte à la fin de sa vie à plusieurs obstacles, y compris au sein de l’Église. Il sera finalement massacré en martyr par des païens frisons, avec ses quelque cinquante compagnons.

© Shutterstock, BasPhoto.
© Shutterstock, BasPhoto.

Les raisons d'y croire :

  • Nous disposons aujourd’hui encore de sermons et d’une centaine de lettres lisibles écrites par Boniface ou son entourage, qui nous permettent de connaître les pensées et les actions de ce saint du VIIIe siècle. Une biographie de saint Boniface a également été écrite peu après sa mort par deux de ses contemporains.
  • Malgré les dangers que représentent les voyages sur les routes d’Europe au Moyen Âge, surtout pour les hommes de Dieu, Boniface n’hésite pas une seconde lorsqu’il s’agit d’aller faire connaître la gloire de Dieu. Il le fait de sa propre initiative, sous l’impulsion de Dieu.
  • Il refuse l’archevêché proposé d’abord par Willibrord en Germanie. Ce n’est que plus tard qu’il sera nommé évêque par le pape, qui, impressionné par sa foi et son zèle, le mandate pour aller conduire les païens vers la foi. Boniface se questionne lui-même : « Comment moi, l’humble moine anglo-saxon, en suis-je arrivé là ? »

  • Boniface bénéficie, sur les recommandations du pape, d’une alliance avec Charles Martel, seigneur de guerre de la région franque de l’époque. C’est une aide providentielle qui va grandement l’aider dans sa tâche de propagation de la foi sur la partie ouest du continent européen.
  • Les régions dans lesquelles Boniface prêche sont largement païennes. Les peuples se convertissent pourtant en l’entendant parler de l’Évangile et en constatant qu’il le met véritablement en action.
  • La Germanie est alors peu à peu convertie et l’Église de la Francie s’unifie sous la conduite de Boniface. Une œuvre aussi pérenne, dont on voit aujourd’hui encore les fruits, ne peut être que soufflée par Dieu. D’ailleurs, Boniface sera à l’origine d’une renaissance culturelle que l’on appelle la « renaissance carolingienne ».
  • Au seuil de sa mort, Boniface ne s’inquiète nullement. Pressentant sa fin proche, il lit un livre de saint Ambroise sur les bienfaits de la mort. Il meurt le 5 juin 754 dans la paix, en martyr sous les coups des païens constitués en armée pour l’abattre, lui et ses compagnons.

Synthèse :

D’origine saxonne, celui qui deviendra saint Boniface et qui s’appelle alors Winifred (ou Wynfrith), naît en Angleterre aux alentours de 675, dans le Devon. Issu d’une famille de propriétaires terriens, il est confié très tôt à un monastère. Il est ensuite placé à Nursling, où il est ordonné prêtre à l’âge de trente ans environ. Rapidement, il se démarque des autres moines et commence à enseigner au sein du monastère. Il compose également un manuel de grammaire latine, ainsi que des œuvres poétiques. Il est vite contraint à s’engager en politique, sollicité par le pouvoir royal pour résoudre des conflits au sein du diocèse de Winchester.

Mais Winifred ne peut s’arrêter à la résolution de conflits dans les contrées anglaises et, poussé par les exemples de saint Willibrord et des moines irlandais, il souhaite partir évangéliser le continent. Ce que l’on appelle à l’époque la peregrinatioest l’équivalent de l’évangélisation et inspire les hommes de Dieu à faire connaître la foi dans les contrées encore païennes. Il se rend alors en Frise, une région du nord-ouest de l’Europe qui longe la mer du Nord (aujourd’hui les Pays-Bas et l’Allemagne), mais se heurte à l’opposition du duc païen des Frisons et rentre en Angleterre, où il est élu abbé de son monastère.

Winifred reprend la route du continent pour se rendre à Rome, où il rencontre le pape qui le charge d’un mandat visant à « conduire les païens à la vraie foi ». C’est là qu’il reçoit du pape son nom de Boniface (« celui qui fait le bien »).

Il repart en Thuringe (région de Germanie), puis en Frise, où il est bien accueilli après la mort du duc frison auquel il s’était heurté. Il comprend rapidement que l’évangélisation peut être entravée ou facilitée par les pouvoirs politiques et, recommandé par le pape, il s’allie avec Charles Martel, grand-père de Charlemagne et militaire franc ayant remporté de nombreuses victoires qui ont permis d’unifier la Gaule, notamment contre les Sarrasins à Poitiers (732). Appelé par le pape à Rome, Boniface est ordonné évêque et ainsi conforté sans sa légitimité. Il poursuit sa mission en Germanie et sera ainsi à l’origine de l’expansion de l’Église dans toute la région. « C’était tout un pan du monde occidental qui, dans les décennies à venir, allait se trouver, si Dieu le voulait, rassemblé, et même, peut-être, unifié », dit saint Boniface dans une correspondance. Il convertit les peuples et fonde des monastères, de moines et de moniales, qui constituent selon Benoit XVI « des phares de diffusion de la foi et de la culture chrétienne dans ces régions ». Il établit également des diocèses.

C’est là qu’advient l’épisode du chêne et du sapin, qui serait à l’origine du sapin de Noël : alors qu’un groupe de druides vénère un chêne sacré du culte de Thor, Boniface donne l’ordre de l’abattre. En tombant, l’arbre écrase tout sur son passage, à l’exception d’un jeune sapin. Comme il était en train de prêcher la Nativité, il déclare : « Désormais, nous appellerons cet arbre "l’arbre de l’Enfant Jésus"»

Sa mission se poursuit en Germanie et il établit son archevêché à Mayence. Comme le rappelle Benoit XVI : « Cet esprit de cohésion autour du successeur de Pierre s’est transmis aux Églises, objets de sa prédication, unissant à Rome l’Angleterre, l’Allemagne et la France. Ce facteur a grandement contribué à la constitution des racines chrétiennes de l’Europe, qui ont produit tant de fruits au cours des siècles suivants. » Malgré tout, Boniface se heurte à l’opposition de certains évêques, enracinés dans des croyances superstitieuses et des mœurs divergentes, notamment à Cologne. Il les combat, non sans difficultés. Dans l’Église franque, il fonde des synodes provinciaux à la mort de Charles Martel et entretient des relations parfois tendues avec le père de Charlemagne, Pépin le Bref. C’est en 744 qu’il fonde le monastère de Fulda. Il demande à le placer sous la direction directe su Saint-Siège avant d’y finir ses jours.

Toute sa vie, Boniface s’est évertué à réformer l’Église et à faire en sorte de mettre un terme à la collusion naissante entre pouvoir et Église, qui entretenaient parfois des rapports ambigus, s’instrumentalisant l’un et l’autre. Le 5 juin 754, jour de la Pentecôte, alors qu’il s’apprête à confirmer de nouveaux convertis (ou à prêcher, selon les sources), il est massacré à coups d’épée avec cinquante-deux de ses compagnons par des Frisons païens. Avant sa mort, il aurait prononcé : « Cessez le combat, mes enfants, voici l’heure de la délivrance ! » On le trouva criblé de blessures, tenant en main le livre de saint Ambroise, Du bienfait de la mort.

Ses reliques sont transférées à l’abbaye de Fulda, en Allemagne, où elles demeurent aujourd’hui. Fulda est devenu le centre religieux de l’Église catholique où l’épiscopat allemand se réunit chaque année.

Camille Mino di Ca, récemment baptisée, s’est convertie à cinquante ans. Passionnée par les récits de conversion et les vies de saints, elle rédige pour Hozana et d’autres supports. Elle pratique l’écriture sous différentes formes, y compris la biographie, le théâtre, la poésie et la chanson.


Au-delà des raisons d'y croire :

« Le courageux témoignage de saint Boniface nous rappelle aussi qu’en favorisant la diffusion de la culture, le christianisme aide au progrès de l’humanité », ajoute Benoit XVI. Saint Boniface est en effet considéré comme l’un des précurseurs de la renaissance carolingienne.


Aller plus loin :

L’audience générale du pape Benoît XVI du mercredi 11 mars 2009 : « Saint Boniface nous encourage à accueillir la Parole de Dieu ».


En savoir plus :

  • Willy-Paul Romain et Georges Duby, Saint Boniface et la naissance de l’Europe, Robert Laffont, 1990. Consultable partiellement en ligne.
  • René-François Rohrbacher, « Saint Boniface de Mayence : ses liens avec le Saint-Siège et la royauté » dans Histoire universelle de l’Église catholique (livre 52, de l’an 741 à l’an 755), disponible en ligne.
  • Boniface (trad. Ephraim Emerton), The Letters of Saint Boniface, Octagon Books, 1973 (en anglais).
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