Saint François de Sales, docteur de l’Amour divin

En 1586, à Paris, un étudiant savoisien, François de Sales, est en proie à des idées noires et près de désespérer. Sensible aux débats théologiques sur la question de la grâce et de la prédestination qui secoue les milieux intellectuels, il s’est mis en tête, s’il est vrai que Dieu en destine certains à la béatitude éternelle, et d’autre à la damnation, qu’il pourrait faire partie de ces infortunés… Cette pensée lui est intolérable, il en perd l’envie de vivre, se laissant dépérir de tristesse. Un matin, dans un dernier sursaut d’espoir, il se traîne à l’église Saint-Étienne des Grès et s’effondre au pied de la statue miraculeuse de la Vierge que l’on y vénère, implorant son secours.

Les raisons d'y croire :

• Il n’y a rien d’étonnant, et d’ailleurs M. de Sales le racontera lui-même, à ce qu’un jeune intellectuel comme lui s’intéresse au débat théologique qui secoue la fin du XVIe siècle.

• En cette année 1586, François, à force d’assister à des débats contradictoires et d’étudier thèses et antithèses défendues par des esprits d’égale valeur, ne sait plus ce qu’il doit penser et croire. Il faut appréhender la gravité du sujet pour comprendre l’ampleur de la crise traversée par le futur saint : si certains, quoi qu’ils fassent, sont voués à la perdition éternelle, que faire ? À quoi bon croire ? Son désespoir s’accroît. Des pensées noires dont il ne peut se débarrasser l’obsèdent.

• La terrible crise spirituelle qu’il traverse attaque sa science de Dieu et sa vertu précoce. L’on reconnaît dans cette tentation contre la foi et l’espérance une mise à l’épreuve permise par le Ciel mais orchestrée par le démon, étape bien connue de la vie mystique. Le diable, dans une démarche classique, tente de pousser François de Sales à bout, voire à un geste irréparable.

• Il s’agit aussi d’une purification préalable aux grandes choses que le Ciel attend de lui. En lui révélant ses faiblesses et lui apprenant à ne plus compter sur ses propres forces, cette épreuve peut le délivrer de la tentation d’orgueil consistant à s’attribuer les dons d’En-Haut. Tout cela relève, là encore, d’un parcours spirituel classique.

• Non loin de son domicile se trouve une église, Saint-Étienne des Grès, où l’on vénère une Vierge noire, Notre-Dame de Bonne Délivrance, réputée assurer aux femmes enceintes un accouchement heureux. Spirituellement à l’agonie, sa foi lui souffle que Marie seule, étrangère aux palabres universitaires, est capable de lui rendre la lumière et la paix, de le délivrer de cette sorte d’emprise démoniaque qui le pousse à la mort. Effondré devant la statue de Notre-Dame de Bonne Délivrance, en larmes, François prononce une prière admirable, expression de son amour pour le Christ : « Ô Seigneur, si je ne dois point Vous voir, ne permettez pas, du moins, que jamais je vous maudisse et vous blasphème ! Et si je ne puis Vous aimer en l’autre vie puisque personne ne Vous loue en enfer, que du moins je mette à profit, pour Vous aimer, tous les moments de ma courte existence ici-bas ! » À peine a-t-il prononcé cet extraordinaire acte d’amour et d’abandon, l’angoisse qui étouffait son âme disparaît. Notre-Dame de Bonne Délivrance a délivré François.

•  Jusqu’à son dernier souffle, il se vouera au service de la Vierge Marie et celui de Son Fils et enseignera l’amour immense de Dieu pour les hommes et que chacun peut se sauver à coup sûr, dans l’état où Dieu l’a placé. L'Église reconnaît l'autorité exceptionnelle de saint François de Sales dans le domaine de la théologie : Pie IX le proclame Docteur de l’Église en 1877 en le surnommant « Docteur de l'Amour divin ».