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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Lacrimations et images miraculeuses
n°364

XIII et XIVe siècles, jusqu’à nos jours

Notre-Dame du Perpétuel Secours

« Notre-Dame du Perpétuel Secours » est une icône de l’école crétoise qui se trouve aujourd’hui dans l’église Saint-Alphonse, à Rome. C’est une peinture sur bois, de style byzantin, qui semble remonter au XIIIe ou au XIVe siècle, et peut-être même avant. Elle représente une Vierge de la Passion, c’est-à-dire la Vierge Marie tenant en ses bras l’Enfant Jésus qui regarde les instruments de la Passion présentés par deux archanges. Le tableau, qui a opéré de nombreux miracles depuis son départ de l’île de Crète, fut par la suite gardé par les pères augustins jusqu’en 1798 (date de la prise de Rome par les troupes du Directoire) dans une église dédiée à l’évangéliste saint Matthieu, mais aujourd’hui disparue. Elle a été ensuite été confiée aux Rédemptoristes par le pape Pie IX en 1866. La fête de Notre-Dame du Perpétuel Secours est célébrée le 27 juin.

Icône de  Notre Dame du Perpétuel Secours. Église Sainte-Anne, Rome. / © Shutterstock, Adam Jan Figel.
Icône de Notre Dame du Perpétuel Secours. Église Sainte-Anne, Rome. / © Shutterstock, Adam Jan Figel.

Les raisons d'y croire :

  • Un marchand apporte jusqu’à Rome ce chef-d’œuvre de l’art byzantin. Mais l’icône est d’abord gardée pour une dévotion privée. La Vierge Marie apparaît alors à plusieurs reprises pour demander que son image soit exposée publiquement et honorée dans un sanctuaire entre Sainte-Marie-Majeure et Saint-Jean-de-Latran. Ce souhait est respecté en installant l’icône dans l’église Saint-Matthieu, sur la colline de l’Esquilin.
  • Dès la procession d’intronisation, le 27 mars 1499, une femme paralysée d’un bras est miraculeusement guérie à son contact. Placée au-dessus du maître-autel, comme en un trône de miséricorde, l’image semble accueillir ceux qui entrent dans l’église, attirés par sa réputation. Le sanctuaire de la Vierge bénie devient rapidement l’un des plus fréquentés de la Ville éternelle. L’icône Notre-Dame du Perpétuel Secours est honorée par le peuple romain comme une image miraculeuse, plusieurs siècles durant.
  • Nombreux sont les témoignages des contemporains, qui attribuent à l’icône des pouvoirs miraculeux. Un prédicateur jésuite du XVIIe siècle, le père Carocci, s’écrie un jour dans l’église du Gesù : « Chers compagnons de nos pèlerinages, si quelqu’un d’entre vous veut plaire à Marie, qu’il aille entendre la messe des pèlerins, et prier devant la sainte image. Ah ! Qui, pendant sa vie et à sa mort, n’a besoin de son perpétuel secours ? » C’était en effet alors le sentiment commun à Rome.

  • L’icône est cachée en 1798 par crainte des profanateurs du Directoire et tombe momentanément dans l’oubli. Quarante-deux ans plus tard, le tableau est retrouvé à la suite de plusieurs coïncidences étonnantes. De plus, il est à nouveau possible de respecter le souhait exprimé par la Vierge Marie : là où se tenait jadis l’église Saint-Matthieu est aujourd’hui établie la maison mère de l’ordre des Rédemptoristes, fondé par saint Alphonse de Liguori.
  • En avril 1866, une gigantesque procession de 50 000 personnes conduit l’icône à l’église Saint-Alphonse. Deux nouvelles guérisons se produisent alors : un petit garçon de quatre ans souffrant d’une grave fièvre gastrique inflammatoire et une fille de huit ans qui avait perdu l’usage de ses jambes depuis plusieurs années.
  • L’icône a été très abondamment copiée et diffusée dans le monde entier (Italie, France, États-Unis, Chine, et ailleurs…). Ce culte n’aurait pas pris une ampleur universelle si les hommes n’avaient pas constaté à de nombreuses reprises le caractère miraculeux des faveurs obtenues par l’intercession de Notre Dame du Perpétuel Secours.

Synthèse :

La tradition populaire veut que l’icône ait été emportée au XVe siècle d’une église de l’île de Crète par un marchand qui fuyait l’avancée turque avec plusieurs de ses compatriotes : « Crois ou meurs » était le cri de guerre à l’adresse des peuples auxquels les Turcs s’imposaient. Les Crétois s’embarquèrent donc à destination de l’Italie. Une tempête se leva : parce qu’ils s’étaient confiés à la protection de la Vierge en priant devant l’icône, tous atteignirent sains et saufs un port d’Italie.

De là, le marchand gagna Rome, étape pour lui d’un plus long voyage. Mais une maladie l’obligea à s’y arrêter. Alité, il comprit intérieurement que son pèlerinage ici-bas était près de s’achever. Il remit alors l’icône miraculeuse au pieux ami qui l’hébergeait, lui faisant promettre de la remettre à une église de Rome pour qu’elle y fût exposée publiquement et honorée. Mais l’épouse de ce dernier fut séduite par la beauté du tableau et batailla pour que l’œuvre d’art demeurât chez eux. La Vierge apparut alors par trois fois à celui qui avait violé son serment. Cependant, malgré les reproches entendus, ce dernier manqua de courage et ne put avoir gain de cause contre sa femme. Il mourut peu de jours après. C’est la fille de l’intrépide femme qui la convainquit. C’était encore une enfant à l’âge tendre. Elle lui rapporta qu’une dame resplendissante de beauté lui avait demandé de répéter à sa mère qu’elle désirait que l’icône fût exposée à la vénération des fidèles et qu’elle avait précisé : « Je veux être placée entre mon église bien-aimée de Sainte-Marie-Majeure et celle de mon fils de Saint-Jean-de-Latran. » C’était, sur la colline de l’Esquilin, l’église Saint-Matthieu qui était ainsi désignée par la Mère de Dieu. Le précieux tableau fut donc remis aux religieux augustins irlandais, qui avaient la garde de ce temple.

Trois cents ans de paix et de grâces furent octroyés par la Reine du Ciel à ceux qui venaient la prier devant son image. Mais, en 1798, les troupes françaises du maréchal Berthier entrent à Rome, proclament au nom du Directoire la République romaine et s’emparent de la personne du pape Pie VI, qui mourra en exil à Valence l’année suivante. Sur l’ordre de Masséna, qui a succédé à Berthier, l’église Saint-Matthieu est détruite le 3 juin 1798. Une trentaine d’autres églises de Rome subiront le même sort. À la demande du nouveau souverain pontife Pie VII, élu en 1800, les pères augustins vont alors se réfugier au monastère Saint-Eusèbe, puis s’installent en 1819 au couvent de Sainte-Marie-in-Posturela, emportant toujours avec eux la sainte image. Par crainte des profanateurs, les religieux la placent dans une chapelle privée de leur couvent. Ils ne relèveront pas l’antique pèlerinage. La dévotion à la Madonne de la Passion, dont ils ont été les garants pendant des siècles, tombe ainsi peu à peu dans l’oubli.

Vers 1840, unique religieux de Saint-Matthieu à être encore en vie, le frère Orsetti rapporte souvent à un jeune Romain familier du monastère, Michele Marchi, l’importance que revêtait l’icône, du temps de ses jeunes années : « Regarde bien cette sainte Madone, Michel ; elle s’appelle la Vierge du Perpétuel Secours. Elle fut autrefois en grande vénération dans l’église Saint-Matthieu et, chaque année, on célébrait une fête solennelle en son honneur. »Deux ans avant sa mort, presque aveugle, il prend le jeune homme pour confident et insiste sur les nombreux miracles que la Mère de Dieu a accomplis par l’intermédiaire de son image. En 1852, son protecteur décédé, Michele Marchi songe à embrasser la vie religieuse. Il apprend que les fils spirituels de saint Alphonse de Liguori, appelés Rédemptoristes, viennent d’acquérir à la demande du pape la villa Caserta pour en faire leur maison générale. Il se sent attiré par ce lieu dont lui a parlé plusieurs fois don Orsetti, et il y prend l’habit en 1855. Or, des recherches historiques menées par un des religieux du nouveau couvent établissent rapidement que l’église Saint-Matthieu, oubliée depuis plus d’un demi-siècle, se trouvait dans le parc de la villa. Le rédemptoriste historien raconte à ses frères ce qu’il a lu dans les archives : l’église abritait une image de la Vierge Marie, qui était miraculeuse. Le frère Marchi s’exclame alors avec joie : « Cette Madone miraculeuse existe encore ; je sais où on l’a cachée, je l’ai vue bien des fois ! »

Mais quel titre peut justifier de réclamer aux Augustins la sainte image ? Des années passent, ponctuées par la prière assidue de tous les frères afin de connaître la volonté divine, et la conviction que l’image doit revenir chez elle s’affirme de plus en plus : comment expliquer que les Rédemptoristes, cherchant à établir une maison en la Ville éternelle, se sont installés sans le savoir sur la propriété dans laquelle s’élevait naguère l’église disparue ? L’église Saint-Alphonse, qu’ils ont bâtie entre 1855 et 1859, ne se trouve-t-elle pas, elle aussi, entre les basiliques Sainte-Marie-Majeure et Saint-Jean-de-Latran ?

Étonnante coïncidence qui a permis au culte de la Vierge Mère sous le titre du Perpétuel Secours de reprendre vigueur ! N’est-ce pas plutôt la prévoyance de la Providence qui voulait ainsi attirer de nouveau les hommes à leur Mère du Ciel et obtenir d’elle l’aide dont ils ont besoin pour lui plaire ? C’est le pape Pie IX lui-même, très dévot à la Madonne, qui écrit pour demander aux pères augustins de remettre l’image de Notre-Dame du Perpétuel Secours aux Rédemptoristes. Depuis le 19 janvier 1866, tout pèlerin peut la vénérer en l’église Saint-Alphonse (Sant’Alfonso all’Esquilino).

Depuis lors, des milliers de copies de l’image ont été reproduites à l’initiative de la congrégation des Rédemptoristes pour la vénération des croyants, et la dévotion à Notre-Dame du Perpétuel Secours s’est répandue dans le monde entier. Elle est aujourd’hui devenue universelle.

Docteur en philosophie, Vincent-Marie Thomas est prêtre.


Aller plus loin :

Desurmont Achille, C.Ss.R., Dévotions : Sacré Cœur de Jésus, N.-D. du Perpétuel Secours, saint Joseph, Paris, Librairie de la Sainte-Famille, 1907. Il s’agit du tome IV des Œuvres complètes du religieux rédemptoriste. L’extrait concernant notre sujet est disponible en ligne.


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