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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Bilocations
n°539

Italie

1919 – 1973

Maria Teresa Carloni, mystique au service des chrétiens persécutés

Née en 1919 en Italie, orpheline à trois ans, Maria Teresa s’éloigne de l’Église à l’adolescence. Après une conversion fulgurante à trente-deux ans, elle participe aux souffrances de la Passion tous les vendredis et reçoit les stigmates. À partir de 1953, elle commence un extraordinaire apostolat au service des croyants persécutés dans les pays communistes : discrètement ou par bilocation, elle va rencontrer les chefs des Églises persécutées, alors emprisonnés, au goulag ou très surveillés, pour les soutenir et transmettre leurs demandes aux papes. Elle leur apporte de la compassion et organise des aides. Après sa mort, le 17 janvier 1983, tous rendront publiquement hommage à son action historique. « L’héritage de Maria Teresa Carloni appartient à toute l’Église » (Mgr Capovilla, secrétaire de saint Jean XXIII).

© CC0
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Les raisons d'y croire :

  • En avril 1951, pour sa grand-mère mourante, Maria Teresa est amenée à échanger à nouveau avec un prêtre. Alors qu’elle est fâchée depuis l’adolescence contre l’Église, elle demande au prêtre de se confesser. Après seize heures de confession, Maria Teresa retrouve sa confiance envers l’Église et sa paix intérieure. Elle comprend que cette conversion ne vient pas d’elle mais du Christ. Désormais, son objectif de vie ne bougera plus : elle veut, en réponse à l’amour du Christ, s’abandonner totalement à Dieu, quoi qu’il lui en coûte.
  • Dès lors, les manifestations de son amour sincère envers Jésus ne manquent pas : prières, pénitence, charité, particulièrement envers les démunis…
  • En janvier 1952, elle confie à son confesseur qu’elle a une conversation intérieure avec Jésus, qui lui propose de participer à sa Passion. Maria Teresa n’a pas un caractère doloriste, mais elle accepte. Tous les vendredis, pendant trois heures, elle partage physiquement et spirituellement la Passion et l’agonie du Christ. Le 11 avril 1952 – un Vendredi saint –, Maria Teresa reçoit pour la première fois les stigmates aux pieds, aux poignets et aux côtes, devant un témoin. Ce phénomène se reproduira régulièrement, notamment à l’occasion d’une messe publique.
  • Un examen psychiatrique approfondi est mené par un médecin non croyant, qui conclut que Maria Teresa est parfaitement normale : « Je trouve une détermination délibérée et une simplicité d’agir qui sont à l’opposé de ce qu’on appelle habituellement le tempérament hystérique. »

  • Maria Teresa offre ses souffrances pour les chrétiens persécutés. Elle est soutenue dans son désir de leur venir en aide par des voies extraordinaires, par exemple la bilocation, qui lui permet de se rendre auprès de prêtres emprisonnés ou dans des diocèses isolés. La première bilocation de Maria Teresa sera pour rencontrer et réconforter le cardinal polonais Wyszynski, emprisonné depuis 1953 dans des conditions difficiles. Quand il est libéré, en 1956, il invite Maria Teresa en Pologne et la présente comme « sa plus grande et fidèle amie ».

  • Ainsi, malgré le rideau de fer, elle réussit à lier de grandes amitiés avec les chefs d’Église de l’Est. Elle devient même un intermédiaire, recueillant secrètement leur appel de détresse et en informant les papes, afin de pourvoir à leurs besoins de façon ciblée. La confiance dont ont fait preuve successivement les papes à son égard (Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul II) est un gage certain en faveur de Maria Teresa Carloni.
  • Maria Teresa offre aussi sa vie de prières pour ceux qui persécutent l’Église, notamment Staline, prenant en modèle la charité universelle dont a fait preuve Jésus.
  • Le surnaturel, très prégnant dans la vie de Maria Teresa, ne l’empêche pas de demeurer une personne discrète, simple, ordinaire, humble et plutôt effacée.
  • Les charismes supranaturels de Maria Teresa ont tous un sens au service de l’Église et des autres : la participation à la Passion et les stigmates pour la communion des saints dans le Christ, les bilocations pour apporter réconfort et aide derrière le rideau de fer.

Synthèse :

Maria Teresa Carloni est née en 1919 à Urbania, dans le nord-est de l’Italie. Elle perd ses deux parents à l’âge de trois ans et une vieille grand-mère l’élève seule. À l’adolescence, elle est dégoûtée de l’Église, et même du Christ, par des prêtres infidèles à leur promesse d’ordination. Elle cesse toute pratique religieuse, perd toute joie et toute raison de vivre, et elle est tentée par le suicide. Elle cherche alors dans l’action sociale une raison de vivre et sert comme infirmière durant la guerre. Mais son fiancé est tué sous ses yeux et elle retombe dans la morosité.

Elle vivote ainsi depuis des années, loin de Dieu et de l’Église quand, en 1951 – elle a alors trente-deux ans –, sa grand-mère mourante lui demande d’aller chercher le prêtre de la paroisse pour les derniers sacrements. Elle le fait et, quand elle le rencontre, lui demande de l’entendre en confession : c’est pour elle une ultime tentative pour rejoindre Dieu.

Elle ouvre son cœur au prêtre. Seize heures de confession ! Elle vit alors une conversion fulgurante. Elle ne voit qu’un avenir possible pour elle : vivre pour Jésus car, comme elle le lui dit, « Je t’aime avec la même violence qu’un jour je t’ai haï. » La prière et la fréquentation des écrits des saints deviennent son pain quotidien. Très vite, elle se met au service des plus pauvres : lépreux, malades, victimes d’inondation, enfants d’un sanatorium.

C’est alors qu’elle commence à ressentir un phénomène étrange, peu avant le Vendredi saint 1952 : une voix cherche à lui parler à l’intérieur d’elle-même et lui murmure d’aimer Dieu toujours plus. Elle confie son trouble à son confesseur. D’abord méfiant, il se rend à l’évidence : c’est la voix de Jésus qui propose à Maria Teresa de participer à sa Passion. Elle accepte. Un examen psychiatrique conclut qu’elle est parfaitement normale. Elle va désormais revivre la Passion régulièrement, les vendredis, dans son corps et son âme, pour le salut des âmes, surtout des prêtres ; quelques mois plus tard, elle est stigmatisée.

L’année suivante, Jésus lui propose de souffrir pour les chrétiens alors persécutés en Europe de l’Est et, bientôt, pour Staline lui-même, alors proche de la mort. Elle accepte aussi. Un an plus tard, Jésus lui propose de porter les souffrances du cardinal croate Stepinac, alors en résidence surveillée en Yougoslavie. En décembre 1954, nouvelle étape : première bilocation, auprès du cardinal Wyszynski, alors emprisonné en Pologne, pour le réconforter. Puis un premier voyage en train pour discrètement faire se rencontrer les cardinaux Minszenty et Stepinac, venus secrètement à Innsbruck grâce à des complicités. Ils lui demandent de porter des messages au pape. Maria Teresa réussit à rencontrer Pie XII et à le convaincre de la véracité de ses messages.

Elle va désormais rencontrer pour les consoler, par bilocation ou secrètement, les chefs des Églises persécutées, emprisonnés ou surveillés. Après Pie XII, saint Jean XXIII, saint Paul VI et saint Jean-Paul II auront la même confiance en elle. Elle prendra ainsi une part non négligeable à la résistance des Églises de l’Est. Après 1989, les cardinaux Wyszynski, Mindszenty, Stepinac, Slipyj, Beran et Tomasek, et bien des évêques de ces Églises persécutées témoigneront de son action en leur faveur, sur place et auprès des papes, et souligneront l’importance historique de cette femme pour leur Église.

D’incessantes souffrances physiques, des attaques démoniaques et un dégoût de vivre s’abattent sur elle et détruisent sa santé. Mais un grand confesseur de la foi, le cardinal Tomasek, de Prague, la soutient en lui écrivant : « Qui travaille pour le règne de Dieu fait beaucoup. Qui prie pour le règne de Dieu fait mieux encore. Qui souffre pour le règne de Dieu fait tout. Voici votre mission. »

De plus, Maria Teresa aide des jeunes séminaristes soudanais. Elle se rend au Soudan, où la situation des chrétiens du Sud est très difficile. Plusieurs deviendront évêques.

Elle complète son action en organisant des aides pour les Églises souffrantes et en écrivant sur elles. Elle écrit aussi sur la Vierge Marie, sur les saints et particulièrement sur l’Eucharistie comme source d’espérance dans la vie chrétienne, appelant à devenir des « âmes eucharistiques ». Pour elle, « toute une vie de prière et de pénitence ne pourra avoir la valeur, même de façon infinitésimale, des dons et des grâces reçus en une seule messe bien suivie et vécue»

Alors que la maladie et les souffrances portées avec Jésus la font décliner, sa maison d’Urbania, où une chapelle est installée avec le soutien des papes, devient un haut lieu de rencontre d’évêques et de prêtres du monde entier. Elle meurt en 1983, après avoir eu la joie de rencontrer à plusieurs reprises saint Jean-Paul II. Son procès de béatification est ouvert en 2016.

Didier Rance, diacre, historien, ancien directeur de l’Aide à l’Église en Détresse (AED) France, est l’auteur de plus de trente ouvrages. Il est membre de la Commission pontificale pour les nouveaux martyrs, à Rome.


Au-delà des raisons d'y croire :

Jésus a dit : « Celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense » (Mt 10,42).


Aller plus loin :

Didier Rance, Maria Teresa Carloni, Salvator, Paris, 2020 (traduction polonaise, 2023).


En savoir plus :

  • Maria Teresa Carloni, Eucharistie, source d’espérance, Mame, 2023.
  • Le site Internet (en italien) dédié à Maria Teresa Carloni.
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