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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Lévitations
n°565

Italie

1880 – 1952

Edvige Carboni, la mystique de Pozzomaggiore

Née en Sardaigne dans une famille d’agriculteurs en 1880, Edvige Carboni fait partie de l’admirable cohorte des voyantes et stigmatisées italiennes. Les phénomènes mystiques auxquels elle a été sujette ont marqué ses contemporains, tout comme son amour des pauvres et des plus faibles. Très pieuse, elle souhaite devenir religieuse, mais se laisse finalement convaincre de demeurer dans le monde pour soutenir sa famille. Dans les conditions les plus normales pour une femme sarde laïque du XXe siècle, Edvige Carboni a vécu une expérience extraordinaire de communion avec le Seigneur et avec la Passion de Jésus. Le pape François l’a proclamée bienheureuse en 2019.

© Shutterstock/NATNN
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Les raisons d'y croire :

  • Dès son plus jeune âge, Edvige fait l’expérience d’une intimité particulière avec Dieu. Son journal nous apprend beaucoup sur sa vie spirituelle et sur les apparitions dont elle est gratifiée : son ange gardien, la Vierge, le Christ et plusieurs saints.
  • Ses stigmates apparaissent en 1911 et sont constatés par plusieurs témoins dignes de foi. Jusqu’à la fin de sa vie, le 17 février 1952, Edvige offre ces souffrances pour la conversion des pécheurs.
  • Edvige Carboni a tout d’une femme mentalement équilibrée et en bonne santé physique. Il fait peu de doute qu’elle n’aurait pas inventé ces visions, ni se serait infligé elle-même des blessures en se mutilant.
  • Son dialogue constant avec le Seigneur atteint des moments de grande intensité. Edvige a été vue en train de léviter, en extase, pendant qu’elle priait. Chiara Maria Cuccuru témoigne sous serment : dans l’église de Pozzomaggiore, « je restai abasourdie en voyant la servante de Dieu [Edvige Carboni]soulevée à plus d’un mètre au-dessus du pavement, en prière. Je ne puis faire autrement que de m’écrier : "Maman, une femme qui vole !" Le curé, don Solinas, sortit alors de la sacristie et m’ordonna de partir, mais je ne voulus pas obéir. Peu après, cette dame redescendit sur le prie-Dieu, et alors je retournai à l’école ». Ce n’est pas là le seul épisode de lévitation attesté de la vie d’Edvige Carboni. Plusieurs témoignages figurent dans les documents officiels de son procès de béatification.

  • Il faut aussi souligner qu’Edvige n’a jamais rien réclamé pour elle et a vécu avec simplicité de son travail. Faisant preuve d’une authentique humilité, elle n’a jamais utilisé ses dons pour attirer l’attention sur elle ; au contraire, elle s’est efforcée de les dissimuler.
  • Les phénomènes surnaturels qui l’entourent suscitent tout de même chez certains de la méfiance, voire de la jalousie. Victime de calomnies, elle fait l’objet d’une enquête canonique en 1925, à l’issue de laquelle elle est totalement disculpée.
  • Edvige fait preuve d’une bonté et d’une charité indéniables. Aide aux pauvres, visite aux malades, prière pour les démunis… Son comportement est entièrement cohérent avec la personne qu’elle aime et souhaite imiter en tout point : Jésus-Christ.
  • Au moins un miracle intervenu après sa mort est dû à son intercession, ce qui a entraîné sa béatification. En avril 1953, un tailleur de pierre de quarante-cinq ans, Antonio Fois, se blesse violemment au pied droit. Pendant des mois, médecins et orthopédistes essaient de le soigner, mais la plaie suppure. Ostéomyélite et gangrène aggravent tant la situation que les médecins conseillent d’amputer. Le 17 février 1954 – jour du deuxième anniversaire de la mort d’Edvige Carboni – la femme du blessé assiste à la messe à l’église Saint-François d’Alghero. Elle prie de tout son cœur pour la guérison de son mari par l’intercession de la vénérable. À son retour à la maison, le pied d’Antonio a repris une couleur rosée, ne lui cause plus aucune souffrance, et il peut reprendre son travail. La guérison est instantanée, complète, durable et inexplicable à la lumière des connaissances médicales actuelles. La concomitance chronologique et le lien entre l’invocation d’Edvige Carboni et la guérison de l’homme sont évidents.

Synthèse :

Venue au monde le 2 mai 1880 à Pozzomaggiore, au nord-ouest de la Sardaigne, la jeune Edvige Carboni grandit au sein d’une famille ordinaire d’agriculteurs. La vie est rude à cette époque pour les gens de sa condition. Mais Edvige fait montre très tôt de dispositions mystiques exceptionnelles. Petite, elle assiste à la messe tous les jours et fait bientôt le catéchisme aux enfants de son entourage. C’est, dit-on, dès ses cinq ans qu’elle a ses premières apparitions surnaturelles : elle voit le Christ, mais aussi la Vierge Marie et son ange gardien.

Investie dans de nombreux mouvements religieux et de multiples confréries, comme le tiers ordre franciscain, Edvige se préoccupe beaucoup du sort des pauvres et des nécessiteux, et leur porte assistance. Elle est naturellement attirée par la vocation monastique, mais c’est son confesseur qui l’incite à demeurer le soutien de famille qu’elle est devenue depuis le décès de sa mère. C’est un vrai renoncement pour Edvige, mais elle l’offre, lui aussi, pour la rédemption des péchés et le salut des âmes. Alors qu’elle a trente ans, en 1911, le Christ lui apparaît encore, lui confiant cette fois-ci un message personnel : « Je souhaite que tu sois l’image de ma passion », lui dit-il. Et dès lors, Edvige Carboni est marquée des stigmates et revit la Passion du Christ dans sa propre chair. Bien qu’elle tente de dissimuler ces phénomènes surnaturels, ils sont éventés. Et bientôt, devant le grand bruit que cela provoque, les médisances et les calomnies, elle doit déménager avec sa famille pour Rome. En 1929, elle s’y établit définitivement.

Travaillant toujours au service de son entourage, Edvige s’adonne surtout au service des déshérités, des malades et des pauvres. Elle s’illustre particulièrement pendant la guerre par son abnégation. Elle soigne les prisonniers et les blessés de toutes les nationalités.

Après la guerre, elle continue de souffrir et offre cette fois-ci ses souffrances pour les chrétiens persécutés par les régimes communistes. C’est le père Felice Capello, jésuite de grande renommée, qui devient son confesseur. Edvige Carboni ramène beaucoup de monde dans l’Église grâce à son témoignage. Quand elle s’éteint, le 17 février 1952, un jeune ouvrier communiste vient déposer un bouquet de fleurs sur sa dépouille en disant : « C’était vraiment une sainte. »

Deux grands sommets auront marqué la vie d’Edvige Carboni : la contemplation constante du Seigneur Jésus et l’adoration de l’Eucharistie. La « contemplation de l’Amour crucifié » aura constitué en effet pour cette Italienne la véritable source de la vie, et cette « spiritualité passioniste » l’a portée dans les moments difficiles.

L’enquête préliminaire pour sa canonisation est menée dans le diocèse de Rome de 1968 à 2001, puis elle est transférée au Saint-Siège. En 2017, le pape François la déclare vénérable. L’année suivante, un miracle lui est attribué. Le pape François proclame Edvige Carboni bienheureuse le 15 juin 2019, par la voix du cardinal Becciu, qui célèbre une messe devant cinq mille personnes à Pozzomaggiore, là où elle était venue à la vie terrestre. Comme cela sera souligné dans son procès de béatification, Edvige Carboni incarne les « plus belles vertus de la femme sarde de l’époque » : humble, forte, généreuse, travailleuse et fière.

Jacques de Guillebon est essayiste et journaliste. Il collabore notamment à la revue catholique La Nef.


Au-delà des raisons d'y croire :

Parmi ses contemporains, saint Padre Pio et saint Louis Orione la tenaient en haute estime. Padre Pio et Edvige Carboni ont chacun parlé de la sainteté de l’autre : deux remarquables témoignages.


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