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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Des juifs découvrent le Messie
n°18

Allemagne

1891-1942

Edith Stein « unie au Christ, telle une catholique, et à son peuple telle une juive »

Née dans une famille juive pratiquante, Edith Stein effectue un chemin intellectuel et spirituel de conversion au catholicisme. Philosophe et théologienne brillante, elle enseigne et donne des conférences à travers toute l’Allemagne malgré un climat défavorable tant envers les juifs que les femmes. Elle développe en particulier une théologie de la femme, ainsi qu'une analyse de la philosophie de Saint Thomas d'Aquin. Elle poursuit ses travaux au Carmel avant d’être arrêtée et envoyée à Auschwitz où elle sera remarquée pour son comportement aimant et dévoué envers les autres prisonniers.

© CC0/wikimedia
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Les raisons d'y croire :

  • Edith Stein est mue par un désir exigent de recherche de la vérité. Sa convertion au catholicisme en 1921 est un cheminement dont on peut suivre les différentes étapes au travers sa vie et ses écrits. 
  • Edith est très attachée à sa mère qui est juive pratiquante. Elle assume pourtant de la peiner et de se détacher du judaïsme qui est la religion de son enfance, pour suivre le Christ.
  • Edith est dotée d’une intelligence hors du commun qui est reconnue de ses paires (à titre d’exemple, le philosophe Edmund Husserl est très élogieux à son sujet). La rationalité n’est pas étrangère aux éléments qui amènent Edith à se convertir. 
  • Dans le camp d’extermination nazi, Edith Stein porte un témoignage d’amour bouleversant par l’attention et la tendresse qu’elle porte aux plus faibles. « Elle est, dans un monde de négation de Dieu, un témoin de la présence de Dieu » (Professeur Jan Nota).
  • Les écrits laissés par Edith Stein animent une soif de vérité et mettent l’intelligence dans une dynamique semblable à la sienne, qui mène au Christ.

Synthèse :

Edith Stein est née en 1891 dans le Royaume de Prusse, dans l’Empire allemand. La mère d’Edith est juive pratiquante et très pieuse. 

Dès le plus jeune âge, Edith Stein est très attirée par les études, c’est une excellente élève. A l’adolescence, elle abandonne la pratique religieuse « En pleine conscience et dans un choix libre, je cessai de prier ». Elle lit énormément et développe un intérêt particulier pour la philosophie qu’elle va étudier à l’université de Breslau après son baccalauréat. Plus largement, elle suit aussi des cours de psychologie, d’histoire et étudie plusieurs langues.

Lorsqu’Edith Stein découvre les thèmes développés par Edmund Husserl, elle se rend à Göttingen où se rassemblent les principaux philosophes de la phénoménologie.  Edith est la première femme en Allemagne à présenter une thèse en philosophie (« Sur le problème de l'empathie »). Elle devient la collaboratrice d’Husserl pour qui elle effectue un travail de recherche et de synthèse conséquent. Il écrit à son sujet : « Le grand style qui préside à l'élaboration de ces apports, le caractère scientifique approfondi et la finesse qu'elle a montrés là, méritent au plus haut point d'être reconnus ». 

La conversion d'Edith Stein est le fruit d'un itinéraire intellectuel et spirituel qui s'étend sur plusieurs années. Elle distingue elle-même plusieurs étapes clés : 

  • Visitant la cathédrale de Francfort, Edith voit une femme sur le chemin retour du marché qui entre faire une courte prière, comme une visite, puis s'en va. « C’était pour moi quelque chose de tout à fait nouveau. Dans les synagogues et les temples que je connaissais, quand on s’y rendait c’était pour l’office. Ici, au beau milieu des affaires du quotidien, quelqu’un pénétrait dans une église comme pour un échange confidentiel. Cela, je n’ai jamais pu l’oublier. »
  • Edith est aussi profondément marquée par la mort au front de son ami philosophe Adolf Reinach en 1917. Le rayonnement moral de la veuve de celui-ci interpelle fortement Edith : « La cause décisive de ma conversion au christianisme fut la manière dont mon amie accomplit par la force du mystère de la Croix le sacrifice qui lui était imposé par la mort de son mari »
  • Edith lit le Livre de la vie, l’autobiographie de sainte Thérèse d'Avila. Elle le lit avec passion, comme s’il s'adressait personnellement à elle. A travers les mots de sainte Thérèse, Edith rencontre la parole du Christ. Elle comprend que la vérité qu’elle cherchait dans la philosophie est une Personne et que cette Personne est Amour. « Lorsque je refermais ce livre, je me dis : ceci est la vérité. »

Annoncer cette conversion à sa mère est très difficile pour Edith (« Quant à ma mère, ma conversion est la plus lourde peine que je puisse lui porter »). Elle est baptisée en 1922 et entre au carmel de Cologne onze ans plus tard en prenant le nom de sœur Thérèse Bénédicte de la Croix. Elle y poursuit ses travaux qui ne pourront pas être publiés de son vivant à cause des lois antisémites du Troisième Reich. 

Devant le danger que représente l’accession au pouvoir du parti nazi, Edith Stein a l’autorisation de partir au Carmel d’Echt, aux Pays-Bas où elle se plonge dans l’étude et la traduction des œuvres de Saint Jean de la Croix. Elle est finalement arrêtée par les S.S. en 1942 en compagnie de sa sœur qui l’avait rejoint au Carmel. Edith Stein assume pleinement d’être du peuple juif et d’appartenir à la lignée du Christ. « J'avais cessé de pratiquer la religion juive et je me sentis de nouveau juive seulement après mon retour à Dieu. » Déportée à Auschwitz, elle meurt à l’âge de 51 ans. Ceux qui la côtoyèrent dans le camp d’extermination furent frappés par son témoignage d’amour et la décrivent comme un « ange de la consolation ». 

Edith Stein est canonisée en 1998 par Jean-Paul II, qui dit à son propos  « une fille d’Israël, qui pendant les persécutions des nazis est demeurée unie avec foi et amour au Seigneur Crucifié, Jésus Christ, telle une catholique, et à son peuple telle une juive ».

Solveig Parent


Au-delà des raisons d'y croire :

Edith Stein a donné plusieurs cours et conférences sur le thème de la femme. Elle fait appel à la théologie, la psychologie et la philosophie pour chercher la spécificité (Eigenart) de la femme face à l’homme, et leur destinée respective. Dans le contexte sociétal actuel, son travail demeure d’une pertinence déroutante.


Aller plus loin :

L'encyclopédie du site de Marie de Nazareth : https://www.mariedenazareth.com/encyclopedie-mariale/les-grands-temoins-marials/aux-xx-et-xxi-siecles/sainte-edith-stein-1891-1942/


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