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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Les grands témoins de la foi
n°543

France, Rome (Italie), Terre sainte (Israël)

1953 – 1975

Claire de Castelbajac transfigurée par la joie de Dieu

Née en 1953, rayonnant d’une joie exceptionnelle, Claire de Castelbajac a vécu de façon extraordinaire les vingt et une années de son existence ordinaire. Sa sainteté joyeuse, perceptible par ceux qui ont croisé sa route, éclata aux yeux de tous après sa mort. Déclarée vénérable par l’Église catholique en 2009, Claire est aujourd’hui en route vers la béatification.

© Shutterstock/HERONOP
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Les raisons d'y croire :

  • Depuis son plus jeune âge, Claire de Castelbajac fait preuve d’une joie de vivre peu commune, y compris dans la maladie qui la frappe dès l’âge de quatre ans et qui l’accompagne tout au long de sa vie : des problèmes digestifs et respiratoires lui causent des maux récurrents, petits ou grands… Elle explique qu’au cœur des épreuves, c’est dans son amour pour Dieu et dans l’amour de Dieu pour elle qu’elle puise la force d’être toujours heureuse.
  • Pendant un pèlerinage en Terre sainte, elle explique découvrir « l’amour de Dieu, immense, étonnant et simple » et se sentir « pleine de joie divine ». Alors qu’elle était confrontée à plusieurs échecs douloureux dans sa vie étudiante et personnelle, son entourage constate à son retour qu’elle est « transfigurée par la joie ».

  • À contre-courant de la jeunesse sécularisée des années 1960-1970, cette jeune fille physiquement et affectivement fragile vit avec radicalité et persévérance la vocation à la sainteté à laquelle elle se sent appelée depuis le plus jeune âge.
  • Claire prend exemple sur l’amour universel de Dieu pour vivre l’amour du prochain à un degré de plus en plus intense, offrant ses cadeaux de Noël aux enfants pauvres, finançant des œuvres d’Église avec son argent de poche, préparant des gâteaux pour les personnes sans domicile… Claire saisit chaque instant qui lui est donné pour faire voir l’amour divin à toute personne qui croise sa route.
  • Claire tombe très gravement malade en janvier 1975, après une expérience spirituelle mystérieuse devant la grotte de Lourdes. Elle a alors vingt et un ans. Atteinte d’une méningite foudroyante, Claire vit les derniers jours de sa vie de façon héroïque, plus heureuse que jamais : en louant Dieu et en aimant ceux qui l’entourent. Ce comportement serein face à l’agonie est en ligne avec le verset biblique dont elle a parlé à plusieurs reprises : « La perfection de l’amour, c’est une confiance assurée pour le jour du jugement » (1 Jn 4,17).

  • En apparence, Claire de Castelbajac a donc eu une vie très courte et très ordinaire. Mais, depuis son décès, le 22 janvier 1975, son rayonnement ne s’est pas éteint, il n’a fait que se déployer, bien au-delà de sa terre natale. De nombreuses personnes n’ayant jamais connu Claire de son vivant témoignent qu’elle est devenue pour eux une amie intime dans la prière et témoignent avoir reçu des grâces en demandant son intercession auprès de Dieu.
  • En 1979, l’abbaye Sainte-Marie de Boulaur, à défaut de vocations suffisantes, envisage de fermer. Le père abbé général de l’ordre cistercien, après avoir entendu parler de Claire de Castelbajac, morte quelques années auparavant dans la région, propose à la communauté de demander par la prière à la jeune fille une chose impossible : cinq vocations en un an… et les cinq vocations demandées arrivent ! La communauté de Boulaur connaît depuis un développement sans précédent. Grâce à l’intercession de Claire de Castelbajac, aujourd’hui encore, de nombreuses vocations continuent d’affluer à l’abbaye de Boulaur.

Synthèse :

Née à Paris le 26 août 1973 dans une famille aimante et très croyante, Claire connaît une enfance heureuse, au Maroc puis dans le Gers. Très tôt, cette enfant au tempérament parfois exubérant fait preuve d’une joie de vivre peu commune, y compris dans l’épreuve de la maladie qui la frappe dès l’âge de quatre ans et qui l’accompagnera tout au long de sa vie. Dès qu’elle est en âge de le comprendre, Claire offre ses souffrances à Jésus afin qu’il les transforme en amour. Très jeune, Claire se montre d’une grande générosité et aime donner le meilleur de ce qu’elle a aux autres. Alors qu’elle a à peine quatre ans, elle désire partager ses cadeaux de Noël à des enfants pauvres. Sa grande sensibilité, qu’elle peine à canaliser, déploie chez Claire une capacité à aimer et à s’émerveiller qui ne la quittera jamais. À l’âge de huit ans, elle demande :

« Papa, vous savez ce que je veux être plus tard ?
— Oui, je le devine, tu veux être religieuse.
— Non, c’est plus fort que ça.
— Alors je ne devine pas.
— Je veux être sainte, voilà ! C’est plus fort que d’être religieuse, hein
 ?
 »

À l’âge de onze ans, Claire entre au collège chez les religieuses du Sacré-Cœur de Rangueil, où elle lie des amitiés très fortes, approfondissant sa vie spirituelle, sa formation intellectuelle et son engagement concret au service des autres. Avec son argent de poche, Claire envoie à l’Aide à l’Église en Détresse (AED) une offrande qu’elle signe « Claire, treize ans ». Au même âge, la jeune fille exprime quant à sa vocation des hésitations qui l’accompagneront jusqu’à la fin de sa vie. Comme Thérèse de Lisieux, Claire a de grands désirs et aimerait tout choisir : « Quand je serai grande, j’aurai des enfants, un mari, et je serai en Océanie, en Chine ou en Afrique, pour propager la gloire du Bon Dieu. » Si elle a parfois du mal à apprécier l’une ou l’autre de ses camarades, Claire se fait violence pour les aimer : « Jésus chéri, doux et humble de cœur, qui avez aimé les hommes jusqu’au plus méprisant, avec vous, avec vous seul, j’arriverai à l’aimer, ça sera dur, mais j’y arriverai ; si je ne l’aime pas, si vraiment je ne peux pas, je ferai comme si. » Durant ces années de collège, Claire prend la décision d’être contente en toutes circonstances : « Je suis très heureuse. J’ai du bonheur en trop, ça déborde. Voulez-vous que je vous en donne ?Je suis contente, contente, toute remplie de bonheur, d’un bonheur qui ne peut pas se définir. »

Les années au lycée Sainte-Marie-des-Champs se révéleront plus difficiles pour Claire, en raison d’épreuves familiales, de maladies à répétition, d’un certain isolement relationnel, mais aussi du contexte religieux troublé, dans le sillage de mai 68. À cela s’ajoute une certaine fragilité affective, qui nécessitera des détachements difficiles. Cependant, Claire refuse de faire peser son fardeau sur les autres ; choisissant de sourire, elle fait de la joie un combat de tous les instants. « Accepter ; c’est un peu se dire : Bon ! On m’envoie cette tuile, prenons-la du bon côté et offrons-la à Dieu. Se résigner : zut ! Cette tuile m’embête ; de toute façon, pas d’autre moyen que de l’offrir à Dieu. En faire de l’amour : Dieu a la bonté de permettre cette tuile pour que je la lui offre de tout mon cœur pour sa gloire. » Claire demeure une adolescente heureuse de vivre, attentive aux autres et d’une réelle profondeur spirituelle, puisée dans l’eucharistie, qu’elle reçoit quotidiennement. Une fois son bac en poche, cette âme d’artiste, amoureuse de la beauté, commence à Toulouse des études d’histoire de l’art. Installée dans une chambre d’étudiante, Claire prépare des gâteaux qu’elle distribue aux personnes sans-domicile qu’elle croise dans les rues. « La sainteté, c’est l’amour à vivre les choses ordinaires pour Dieu et avec Dieu, avec sa grâce et sa force », écrit-elle à dix-neuf ans.

Admise au Restauro, la prestigieuse école de Restauration d’œuvres d’art, Claire s’envole pour Rome. Dans ce milieu artistique, peu chrétien, Claire goûte une liberté nouvelle qui la fascine autant qu’elle la déstabilise. Sensible aux sollicitations des garçons de son âge, délaissant progressivement ses études et sa vie de prière, sous l’influence de relations amicales parfois compliquées, Claire glisse peu à peu dans une vie superficielle et désordonnée. Tiraillée entre l’idéal évangélique et une vie de facilité qui ne la comble guère, Claire traverse une période de doutes, de combats intérieurs et sa foi s’étiole. « Je me rends compte à quel point de vanité et d’égoïsme facile je suis tombée sous l’appellation trompeuse d’émancipation de moi-même… »

Au printemps 1974, alors qu’elle est au fond du gouffre, en pleine dégringolade humaine, scolaire et spirituelle, Claire décide de revenir à son amour de toujours : le Christ. « Il ne faut pas, je crois, se passionner pour des questions adjacentes, mais tout pointer vers Dieu et que vers lui. » Purifiée par ce temps de tiédeur spirituelle, Claire expérimente une véritable renaissance. Durant l’été 1974, la jeune fille est invitée à se joindre à un pèlerinage en Terre sainte. Dépouillée de tout, matériellement et spirituellement, Claire va vivre une conversion : « Je découvre l’amour de Dieu, immense, étonnant et simple […]. Je me sens pleine de joie divine », écrit-elle ainsi à ses parents : « Chaque jour qui passe me gonfle un peu plus de paix et de ferveur, et de reconnaissance envers le Créateur. Vous ne pouvez imaginer combien j’ai changé depuis quinze jours, et je sais que cela durera. Au fond, avant, à part la messe […] et mes familiarités avec la Sainte Vierge, je vivais comme une païenne, et je m’aperçois maintenant combien tout, dans la vie, doit être tourné vers Dieu, et que si on le pense vraiment, cela ne demande même pas d’effort, tellement c’est naturel. » À son retour, Claire est littéralement transformée : son enthousiasme naturel s’est enrichi d’une joie profonde et spirituelle, associée à une paix inébranlable : « Je crois que j’ai été choisie par Dieu pour être la plus comblée de ma génération. »Rayonnant de la lumière de Dieu, Claire désire ardemment révéler à ceux qui l’entourent la source de son bonheur : elle passera une nuit entière à faire connaître Dieu à un jeune homme qui n’avait jamais entendu parler de lui : « La charité chrétienne, c’est d’aimer les autres parce que Dieu les aime. Voilà, entre autres, ce qui me bouleverse de joie divine. »En automne 1974, Claire est envoyée par son école à Assise pour participer à un chantier de restauration de fresques dans la basilique Saint-François, notamment celles de sa sainte patronne, Claire d’Assise. Pendant cette période, logée chez des bénédictines, Claire plonge dans une vie de prière intense. L’amour de Dieu purifie, simplifie, unifie toute sa vie : travail, prière, relations aux autres. Transfigurée de joie lorsqu’elle retourne chez elle, pour les vacances de Noël, elle confiera à sa mère : « Je suis tellement heureuse que si je mourais maintenant, je crois que j’irais au Ciel tout droit, puisque, le Ciel, c’est la louange de Dieu, et j’y suis déjà. »

Après une expérience spirituelle mystérieuse, vécue à Lourdes, où elle reste devant la statue de la Vierge plus d’une heure, face contre terre, Claire tombe malade, à la veille de son départ en Italie. Hospitalisée d’urgence, Claire ne cesse d’exprimer son amour à ceux qui l’entourent. Quelques jours avant de mourir de cette méningite foudroyante, apercevant l’ancien curé de son village venu lui rendre visite, elle demande l’eucharistie : « Apportez-moi, apportez-moi, il faut que je le loue ! » Tel fut le refrain de ses derniers jours sur terre : « Il faut que je le loue ! » Le 22 janvier 1975, Claire rejoint son Bien-Aimé dans les demeures célestes. « Tu as pour vocation le bonheur », disait-elle peu avant sa mort. Celle qui a toujours cherché quelle serait sa vocation n’a pas attendu d’avoir la réponse pour répondre à sa vocation première :être sainte en rayonnant de la joie de Dieu.

Thomas Belleil, auteur de livres de spiritualité, diplômé en sciences religieuses à l’École Pratique des Hautes Études et en théologie au Collège des Bernardins.


Aller plus loin :


En savoir plus :

  • Père Dominique-Marie Dauzet, Claire de Castelbajac. Que ma joie demeure, Éditions Presses de la Renaissance, 2010.
  • Mère Emmanuelle Desjobert, Prier 15 jours avec Claire de Castelbajac, Éditions Nouvelle Cité, 2018.
  • La biographie romancée pour les 10-15 ans, écrite par l’abbaye Sainte-Marie de Boulaur : La joie des enfants de Dieu, Claire de Castelbajac, Éditions Téqui, 2006.
  • Solange de Castelbajac, Vivre Dieu dans la joie : Claire de Castelbajac, Yeshoua Éditions, 2023.
  • Laurence Bohec, « Moi, Claire de Castelbajac… », Yeshoua Éditions, 2023.
  • Sur le site Internet Notre Histoire avec Marie, l’article rédigé par une moniale de Boulaur : « Claire de Castelbajac, le bonheur pour vocation ».
  • L’émission « Les Belles Figures de l’Histoire » du 11 novembre 2023 : « Claire de Castelbajac, servante de Dieu ».
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