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Conversions d'athées
n°420

Québec

XX siècle

Gunman, du crime au Christ

Surnommé « Gunman », Pierre Racicot a mérité sa réputation de gros dur, se servant de son « gun » à tout bout de champ. En septembre 1983, il est sur le point de tuer deux gardiens quand il se fait prendre par la police. Mais Pierre a juré de ne jamais finir sa vie en prison. Pour cela, il porte depuis toujours sur lui une dose létale à s’injecter en cas d’arrestation. Déterminé à mourir, il s’administre la dose, mais il est secouru à temps. Condamné à une peine de vingt-deux ans de prison, il tente à nouveau de mettre fin à ses jours, mais est encore sauvé. Ce qui le sauvera véritablement, en prison, c’est la rencontre avec un chrétien qui commence une prière pour lui. Pierre est alors comme foudroyé par Jésus et croit immédiatement. Du jour au lendemain, il est transformé et voue sa vie au Christ.

© Shutterstock/MIA Studio
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Les raisons d'y croire :

  • Sans foi ni loi, Pierre Racicot pratique le vol à main armée dès sa jeunesse. Il lui est arrivé de s’adresser à Dieu, mais, comme rien ne s’est passé, il part du principe que Dieu n’existe pas et il continue sa vie de délinquant, puis de criminel.
  • Il arrive à un stade où la vie n’a aucune valeur pour lui, ni la sienne ni celle des autres. Assoiffé de vengeance dès la moindre offense, il avoue que c’est la haine qui le garde en vie.
  • En prison, il rencontre un chrétien qui, à ses côtés, prend l’initiative de prier pour lui et dit : « Jésus est mort à ta place sur la croix ! » « Et là, bang ! À l’instant même, j’ai cru ! » : Pierre est immédiatement et complètement converti. Dieu existe, c’est certain. Il rentre dans sa cellule et verse toutes les larmes de son corps pendant trois jours, lui qui ne pleurait jamais.

  • Il a suffi d’une petite phrase pour que lui soit révélée la plus grande vérité : on ne peut trouver d’autre explication à la conversion totale et fulgurante de Pierre qu’une grâce surnaturelle.
  • Son comportement change totalement du jour au lendemain. Pierre, que l’on ne voyait jamais sourire, arbore maintenant en permanence un large sourire. Il cesse de vendre de la drogue à ses codétenus et dévore la Bible. Ce changement de comportement est tellement surprenant que tout le monde pense d’abord qu’il feint la conversion pour obtenir une libération conditionnelle.
  • Mais ce n’est pas le cas : lorsqu’il comparaît devant des commissaires, Pierre ne sollicite pas particulièrement sa libération. Lui qui avait toujours craint de finir sa vie en prison, il se fiche maintenant du temps qui lui reste à faire, puisque, de toute manière, il est « dans l’éternité avec Dieu ». En revanche, à chaque question qui lui est posée, il répond en parlant de Jésus.
  • Pierre entend un soir une voix qui lui annonce qu’il sera libéré de prison. C’est a priori impossible étant donné son dossier : il est considéré comme dangereux. Pourtant, contre toute attente, Pierre bénéficie en effet d’une remise de peine et est libéré.
  • Preuve additionnelle de la sincérité de cette conversion, la foi de Pierre perdure bien au-delà de sa libération de prison. Il passe le reste de sa vie à évangéliser les jeunes et anime aujourd’hui un café chrétien.

Synthèse :

Depuis ses quatorze ans, Pierre Racicot est un habitué des vols à main armée. À dix-huit ans, en 1978, lorsqu’il entre pour la première fois dans une prison d’adultes, il n’est pas peu fier : on le surnomme « Gunman », c’est-à-dire un gars qui joue au « gun » et qui n’a pas peur de mourir. Rapidement à l’aise dans sa prison, il passe pour un dur, un héros, et rencontre de grands criminels qui l’initient au braquage de banques. Jusqu’à présent, le jeune délinquant n’avait œuvré que dans le vol de particuliers. Mais, après ce séjour en prison, « les maisons privées, c’était terminé ». À sa sortie, il commence seul à faire des « hold-upettes », c’est-à-dire des petits hold-up faciles. Toutes les deux ou trois semaines, il entre dans les banques sans même vérifier s’il y a un gardien et récolte de coquettes sommes. Car Pierre ne craint rien. Il s’est juré de ne pas finir sa vie en prison et, pour ce faire, il a toujours sur lui de petites fioles de Tabasco emplies d’un produit létal qu’il a dosé parfaitement pour l’injection fatale, en cas d’arrestation. Il a récupéré ce « stock » dans un chenil où il a travaillé plus jeune : « J’en avais gardé. Dans mon sac, quand je faisais des banques, j’avais toujours mes fioles pis [en canadien, pis signifie « et »] mes grenades, au cas où je me ferais prendre, sachant que j’encourais une peine qui serait trop lourde. Ça m’a toujours habité. La vie, pour moi, c’était comme ça. Je ne connaissais rien d’autre. Me tuer, ça faisait partie de moi» Approché par un gang, Gunman se fait prendre lors d’un braquage de banque et récolte sept ans de peine. « La peine était trop petite pour me suicider... », dit-il tout en concédant que ce séjour en prison fut vraiment difficile. Il était avec les durs, les tueurs.

Mais, en prison, Pierre ne songe qu’à une chose : les coups qu’il fera une fois sorti, les banques qu’il va braquer. « Tu passes tes soirées à penser à ça. Tu t’endors en pensant à ça. C’est la haine qui te garde en vie. Ça ne pouvait pas être l’amour ; je ne savais rien de l’amour. J’étais un tas de haine. Si tu me faisais quelque chose, je m’en souvenais. Même après deux ans, je te retrouverai et je te ferai payer, même si j’allais me faire prendre. » Une fois sorti, Pierre reprend sa routine de braquages de banques.

Il sait qu’il fait le mal. « Des fois, je parlais à Dieu... Je lui disais : "Si tu existes, montre-toi ! Tu le sais, le mal que je vais faire !" J’étais quand même allé à l’école chez les sœurs... Il y avait un fond, mais comme il ne se passait jamais rien, je me disais qu’il n’existait pas. » Pierre, désormais aguerri, ne cache même plus son visage lors des braquages et ne s’embarrasse plus de gants. Il sait que, de toute façon, si on l’attrape, il se suicidera.

Il rencontre un nouveau gang qui prépare un braquage de camion blindé, dans lequel il faut tuer les gardiens. « Là, j’étais rendu loin. Je n’avais jamais tué personne, j’avais eu de la chance. » Afin de s’y préparer avec le matériel nécessaire, Pierre et son complice Bill font en septembre 1983 un braquage qui tourne mal. La police est prévenue. Alors que les deux criminels sortent pour rejoindre leur voiture complice, des policiers arrivent sur les lieux. Pris de cours, ils entrent dans une maison et prennent en otage son unique habitante, une femme âgée. Peu à peu, la maison est encerclée et Gunman sort afin de négocier une petite peine pour son complice Bill, ce qu’il obtient, grenade à la main. Il ajoute : « Quand je serai mort, Bill va sortir avec l’otage. » Les policiers et un avocat présent le supplient de ne pas passer à l’acte. Pierre se retourne et entre dans la maison ; il pénètre dans une chambre afin de s’isoler et sort sa seringue emplie du liquide fatal. Il sait qu’il lui faut deux shots pour être sûr de mourir. Avant d’insérer un premier shot dans sa cuisse, en intramusculaire, il fait une prière de repentance, sans trop savoir comment : « Je sais pas si t’existes, mais si t’existes, reste avec ma femme pis mes enfants... Moi, je mérite l’enfer, mais reste avec eux... » Là, il se met à pleurer et s’étonne lui-même : « C’est quoi ce braillage-là avant de mourir ? »Pierre n’avait jamais pleuré de sa vie ! Il se fait le second shot… et se réveille à l’hôpital après quatre jours de coma.

Après plusieurs jours de délire, il prend conscience qu’il est encore en vie : il est furieux. Il passe au tribunal et écope de vingt-deux ans d’emprisonnement. De retour en prison, il tente de se trancher la gorge, non sans avoir fait une seconde prière de repentance, et se retrouve le lendemain à l’infirmerie, sauvé de justesse. Mais Pierre devient fou enragé d’avoir été sauvé et en veut à la terre entière.

Deux ans plus tard, alors qu’il prépare une évasion, Pierre rencontre un chrétien de la prison qui lui parle de Jésus et se met à prier à ses côtés pour lui. Pierre entend alors : « Jésus est mort à ta place sur la Croix. » À l’instant même, Pierre est foudroyé : il croit aussitôt. Bouleversé, il doit quitter le jeune homme pour faire bonne figure et ne pas montrer son trouble. Il se précipite dans sa cellule et se met à pleurer comme un enfant. Il y reste trois jours sans voir personne. Dieu existe, c’est certain : « J’étais rempli de l’amour de Dieu ! Mon cœur était ouvert à Jésus ! L’Esprit Saint était en moi et je pleurais à chaudes larmes. J’étais incapable de me montrer aux autres comme ça. Je n’étais plus le même homme, et je me disais qu’on allait s’en apercevoir et venir me battre ! »

Pierre se met à fréquenter le groupe chrétien et ne peut s’empêcher d’afficher désormais un large sourire. Personne ne croit à son changement ; on le croit feindre une conversion pour obtenir une liberté conditionnelle. Du jour au lendemain, les gens qui viennent lui acheter de la dope se voient repartir bredouilles : Pierre « n’a plus rien à vendre ». Pierre découvre la Bible, émerveillé. Peu à peu, « le temps que j’avais à faire en prison n’avait plus aucune importance ! Je savais que je passerais l’éternité avec Dieu et que les années ici n’étaient rien ! Ma vie était totalement changée. Je savais que je devais cesser de faire le mal. Alors, je me suis dit que je ne m’évaderais plus. J’acceptais tout ! »

Un soir, alors qu’il prie, il entend une voix lui annoncer qu’il sera prochainement libéré. Il pense que c’est le malin qui veut le tenter, car il n’a absolument aucune chance d’être libéré. Mais la parole revient plus fort les soirs suivants. Une religieuse de son groupe, avec qui il s’était lié d’amitié, décide d’aller voir l’enquêteur des vols à main armée de Montréal pour lui parler de la conversion de Pierre : « Bonjour ! Je suis la sœur en Jésus-Christ de Pierre Racicot. Il a changé sa vie. Il l’a donnée à Jésus ! Il est transformé. » Au matin de sa comparution, Pierre arrive tout joyeux et, sans jamais demander la moindre remise en liberté, il répond à chaque question en évoquant Dieu qui s’est révélé à lui. Il dit que sa vie de criminel est derrière lui, qu’ils peuvent le laisser sortir s’ils le veulent, mais qu’il se fiche bien d’être en prison pour le reste de sa vie, maintenant qu’il est avec Jésus ! Et le verdict tombe : « D’après votre dossier, Pierre Racicot, vous êtes un criminel irrécupérable. Vous avez eu toutes les chances possibles et imaginables dans votre vie. Cependant, à cause de votre foi, on vous laisse une dernière chance dans la société»

Transféré à la prison de Cowansville, il se lie rapidement d’amitié avec l’unique chrétien présent parmi les détenus. À sa sortie, il laisse dix-huit chrétiens derrière lui. Libéré, Pierre s’engage ensuite dans l’évangélisation des jeunes. Il anime aujourd’hui un café chrétien à Montréal.

Camille Mino di Ca, récemment baptisée, s’est convertie à cinquante ans. Passionnée par les récits de conversion et les vies de saints, elle rédige pour Hozana et d’autres supports. Elle pratique l’écriture sous différentes formes, y compris la biographie, le théâtre, la poésie et la chanson.


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