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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Corps conservés des saints
n°549

Écosse, île de Houat et presqu’île de Rhuys (Morbihan, France)

Vers 490/494 – 565

Gildas : toutes les marques de la sainteté

Gildas (ou Giltas, ou encore Gweltaz en breton) voit le jour vers 490/494 dans le royaume de Strathclyde, en Écosse, près de Glasgow. Élevé dans un monastère, il est ordonné prêtre puis se retire, en ermite, sur l’île de Houat en 536, au large du littoral morbihannais. Sa réputation de sainteté est telle qu’il doit s’exiler sur la presqu’île de Rhuys pour échapper aux fidèles et aux curieux. Il y vit en ermite, dans un grand dénuement. Surnommé « le Sage », il meurt le 29 janvier 565 sur l’île de Houat.

Vitrail de l'église Saint-Gildas de Magoar / © CC BY-SA 3.0, GO69.
Vitrail de l'église Saint-Gildas de Magoar / © CC BY-SA 3.0, GO69.

Les raisons d'y croire :

  • Saint Gildas n’est pas un personnage légendaire : au regard de la faiblesse numérique des sources du haut Moyen Âge (IVe au VIIIe siècle), la vie et l’œuvre de saint Gildas dit le « Sage » sont tout à fait circonstanciées et correctement documentées.
  • Plusieurs auteurs font référence à sa vie et à son œuvre : saint Colomban (Lettres, vers 600), Bède le Vénérable (Histoire ecclésiastique du peuple anglais,I, 22, De temporibus, De temporum ratione), Alcuin (Lettres), Wulfstan d’York (Sermo Lupi ad Anglos), Giraud de Barri…
  • Gildas est un homme de vaste culture qui a légué à la postérité l’une des sources documentaires parmi les plus importantes pour connaître l’histoire de la Grande-Bretagne de son époque : le sermon De excidioet conquestu Britanniae ac flebili castigatione in reges, principes et sacerdotes(« Sur la ruine et la plainte de la Bretagne et les reproches éplorés contre les rois, les nobles et les prêtres »). Saint Gildas est aussi l’auteur d’une règle monastique, courte mais d’importance, intitulée De pænitentia (De la pénitence).
  • Mise en regard de l’activité qu’il déploie au quotidien pendant des années, son ascèse alimentaire reste humainement inexplicable : un adulte dont la consommation quotidienne de calories est inférieure à mille cinq cents calories est a priori incapable de mener à bien autant de tâches.
  • Après son décès, le 29 janvier 565 sur l’île de Houat, des moines veulent emporter son corps, mais le navire fait naufrage. Des semaines plus tard, l’épave est découverte sur la plage de Crouesty. Cet événement est miraculeux à plusieurs titres : il est impossible que les courants maritimes aient poussé l’embarcation jusque sur cette plage, la distance entre celle-ci et l’île de Houat étant d’une quinzaine de kilomètres ; et, même si le naufrage avait eu lieu à mi-parcours, la distance eût encore été trop importante.
  • Surtout, le corps du saint est retrouvé entièrement préservé, ce qui est rigoureusement impossible pour un corps humain qui a séjourné dans l’eau depuis plusieurs semaines.
  • Au cours du Xe siècle, son corps est transporté jusqu’à Châteauroux (Indre, France) pour échapper aux exactions commises par les Vikings. À cette date, il est encore retrouvé intact, sans trace de décomposition organique ni de moisissure.

Synthèse :

Gildas est né à la fin du IVe siècle en Écosse, non loin de Glasgow, de parents chrétiens. Enfant, il est confié aux moines d’une grande abbaye où il reçoit une solide éducation et une formation chrétienne des plus étendues. Ordonné prêtre à l’âge de trente ans, il se retire en 536 sur l’îlot de Houat,au large du littoral morbihannais, lieu resté païen, où il évangélise les quelques habitants, principalement des familles de pêcheurs. Il effectue de nombreux voyages dans son pays natal, en Angleterre et en Irlande.

Cependant, sa réputation de sainteté lui attire une foule de fidèles, qui demandent prières, conseils, exorcismes, miracles… Les fidèles lui apportent argent et cadeaux, parfois de grande valeur, mais lui n’accepte ni objet ni pièce de monnaie. Pour trouver la paix, il est contraint de s’installer sur la presqu’île de Rhuys (Morbihan, France), où il débarque sur une embarcation de fortune appartenant à des personnes venues lui demander d’intercéder pour elles. Ses biens se résument à des vêtements légers et à la croix de bois qu’il avait plantée devant sa caverne.

Là, il vit seul, dans l’anfractuosité d’un rocher, en ermite pauvre et plongé en Dieu. Son lit rudimentaire est fait d’algues séchées et sa nourriture s’avère des plus frugales : il mange le poisson qu’il pêche lui-même, sur un minuscule bateau, après l’avoir fait cuire sur des feuilles sèches ; une source découverte miraculeusement à son arrivée l’approvisionne en eau potable. Bien que la mer soit souvent houleuse, il ne lui est jamais arrivé quoi que ce soit. Il ne consomme jamais le moindre bout de pain, ne boit pas de vin et ignore l’alimentation carnée.

Gildas rend son âme à Dieu un 29 janvier sur l’île de Houat. Alertés, ses principaux disciples veulent emporter son corps jusque sur le continent. Mais leur bateau sombre. Le corps du saint est alors perdu à tout jamais.

Quelques semaines plus tard, on retrouve l’épave sur la plage du Crouesty (Morbihan, France), avec, à l’intérieur, le corps de saint Gildas totalement intact. Les moines du monastère Saint-Gildas-de-Rhuys le récupèrent le jour même, érigeant à l’endroit de la découverte miraculeuse du bateau un « autel commémoratif ». Puis, le 11 mai, ils inhument le bienheureux dans leur église ; à cette date, son corps reste parfaitement incorrompu.

Les moines se réclamant de la spiritualité de Gildas fondent une abbaye sur l’actuel territoire communal de Saint-Gildas-de-Rhuys. Abandonné vers 919 à cause des raids des Vikings, le monastère est restauré à partir de 1008, à la demande du duc de Bretagne Geoffroy Ier. Désormais abbaye bénédictine, elle devient un centre spirituel de premier plan en Bretagne.

Vers 919, par crainte des invasions, les moines de l’abbaye Saint-Gildas-de-Rhuys transportent les reliques du saint près de Châteauroux (Indre, France), auprès du seigneur du Déols, Ebbes le Noble, qui, généreusement, participe à la construction d’un nouveau monastère en ce lieu. Cette communauté reste un phare spirituel dans la région jusqu’en 1622, année où elle est sécularisée. Les religieux sont alors dispersés, les bâtiments laissés à l’abandon, et les reliques de saint Gildas disparaissent.

Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.


Au-delà des raisons d'y croire :

Bien documentés, l’esprit de pauvreté et l’humilité du saint sont passés à la postérité. Toute son humanité est placée sous le regard de Dieu. Pionnier de la vie monastique dans le sud de la Bretagne, il est l’un des grands acteurs de l’évangélisation de ces contrées. Son zèle pastoral l’a mené bien au-delà des rivages armoricains puisqu’il n’a cessé d’entretenir des relations avec les chrétiens gallois et irlandais.


Aller plus loin :

Sur le site Internet France Catholique, l’article : « Gildas, l’ermite évangélisateur ».


En savoir plus :

  • Saint Gildas le Sage, Abbé de Rhuys, tiré de : Les Petits Bollandistes : vies des saints, tome 2.
  • Ferdinand Lot, « Mélanges d’histoire bretonne. VII. La Vie de saint Gildas », Annales de Bretagne, vol. 23, no 2, 1907, p. 247-299.
  • John Campbell, Eric John et Patrick Wormald, The Anglo-Saxons, Londres-New York-Victoria, Penguin Books, 1991.
  • Christiane M. J. Kerboul-Vilhon (traduit du latin), Gildas le Sage, vies et œuvres, Sautron, Éditions du Pontig, 1997.
  • Alheydis Plassmann, « Gildas », dans John T. Koch, Celtic Culture: A Historical Encyclopedia, 2006, p. 806-810.
  • Michael Lapidge et David Dumville, Gildas: New Approaches Studies in Celtic History, 5, Woodbridge, 1984.
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